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La régionalisation de l'économie est-elle un obstacle au principe de libre-échange affirmé et défendu par l'OMC ?

Publié le 02/02/2011

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Introduction
Le commerce international est régi par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui a pour objectif le développement de la mondialisation des échanges. Depuis ces dernières années, les flux commerciaux importants s'effectuent entre quelques grands regroupements ou associations de pays comme l'Union européenne, l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) ou encore l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) qui dominent le commerce mondial. On peut envisager ce phénomène comme une régionalisation de l'économie. Cette régionalisation est-elle un obstacle aux objectifs de l'OMC ? Dans une première partie, nous préciserons ce que représente l'organisation régionale des échanges internationaux, puis nous montrerons que la régionalisation permet le développement des échanges internationaux préconisé par l'OMC avant de présenter en quoi cette régionalisation peut être perçue comme un obstacle au libre-échange.
I. La tendance à la régionalisation
Le régionalisme constitue une tendance forte de l'organisation mondiale des échanges. Il se présente comme un regroupement d'États pouvant s'associer pour déterminer des règles de coexistence qui permettent une intégration plus ou moins poussée de leur association. Il peut s'agir d'établir une zone de libre-échange, une union douanière, un marché commun, une union économique ou encore une intégration économique. Dans tous les cas, on trouve une organisation qui favorise la protection des États associés en matière de commerce international par le biais de règles protectrices (la PAC européenne) et de préférence régionales. De son côté, l'OMC, Organisation mondiale du commerce, permet aux États de conclure des accords en vue d'instaurer le libre-échange pour tous produits et services. Des négociations se déroulent en permanence pour aboutir à des accords de libre-échange. Plus de 140 pays adhèrent à l'OMC. On observe une forte polarisation géographique des échanges. En effet, le commerce mondial est dominé par trois grandes régions développées ou en cours de développement rapide. On distingue l'Europe, l'Amérique du Nord et l'Asie du Sud-Est associée au Japon. Ces régions, qui dominent le commerce mondial, connaissent une croissance économique forte. D'autres ensembles, comme l'APEC, association entre l'Asie et l'Amérique ou le MERCOSUR en Amérique du Sud, prennent de l'importance.
II. La régionalisation, moteur des échanges
Les échanges réalisés au sein d'une même région (intrarégionaux) ou zone mondiale (intrazones) représentent environ la moitié du commerce mondial des marchandises. En définitive, les grandes unions commerciales régionales ne font qu'officialiser et/ ou rationaliser l'organisation des échanges liés à la proximité géographique des pays qui les composent. Si la régionalisation a le plus souvent pour conséquence une intensification des échanges à l'intérieur de la zone (libre-échange de zone), cette augmentation n'est pas excessive et elle a même tendance à faire augmenter la part liée au commerce mondial. Ainsi, les exportations des principales zones de libre-échange représentent 60 % du commerce mondial. L'intégration régionale constitue souvent une étape préalable à l'insertion dans le libre-échange mondial pour des États qui apparaissent progressivement sur la scène internationale. D'ailleurs, le nombre d'accords interrégionaux négociés dans le cadre de l'OMC est extrêmement faible si on le compare aux accords de libre-échange auxquels participent les États de manière indépendante (un peu plus de 200 contre plusieurs milliers).
III. Les obstacles au libre-échange
Il est vrai que le régionalisme peut constituer un frein au libre-échange dans les accords bilatéraux négociés entre grandes zones car des pays isolés sont laissés à l'écart. De même, ce type de négociation entre zones puissantes rend plus complexes et difficiles des accords passés avec d'autres États, notamment envers les pays en développement, dans la mesure où le déséquilibre des forces ne permet pas d'obtenir des concessions favorables. On observe que les négociations multilatérales, qui peuvent déboucher sur des conflits importants (difficulté de trouver des accords sur les produits culturels, sur l'acier, en matière agricole, etc.), engendrent un repli des États au sein de leurs zones régionales. La mondialisation et ses conséquences sur l'emploi, liées à l'augmentation de la concurrence et aux délocalisations, ont tendance à freiner les accords de libre-échange dans la mesure où l'on considère que les conditions de la concurrence ne sont pas respectées (dumping social, règles environnementales inexistantes dans les PED, ultralibéralisme axé sur le profit). Une opposition aux principes du libre-échange se manifeste dans de nombreux États (hommes politiques, économistes) pour réclamer la mise en œuvre de règles protectionnistes. De même, lors des réunions de l'OMC, du G7 ou du G20, les altermondialistes manifestent leur opposition à l'OMC, réduisant d'autant son prestige et son impact en matière de régulation du commerce mondial. La régionalisation permet également de mettre en œuvre des politiques de régulation concernant l'internationalisation des économies qui seraient difficile à gérer au niveau des États, des marges de manœuvre plus importantes pouvant exister à l'intérieur d'ensembles économiques régionaux. Les pays en développement de certaines zones, comme l'Afrique notamment, peuvent ainsi favoriser ce type d'échanges avant d'intégrer pleinement les échanges internationaux.
Conclusion

La montée des régionalismes peut s'envisager comme la réorganisation d'une économie mondialisée permettant aux États de s'intégrer à des structures de proximité qui, si elles freinent le libre-échange que met en œuvre l'OMC, constituent également un moyen de participer à ses échanges de façon graduelle. La crise de 2008/ 2009 montre bien que les zones économiques, interdépendantes les unes des autres, représentent les intermédiaires d'États qui ont pour objectif d'internationaliser leurs échanges avec l'ensemble des pays de la planète et non pas seulement dans le cadre de la zone régionale à laquelle ils appartiennent. De nouvelles régulations mondiales vont certainement permettre un développement plus rationnel du libre-échange.

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