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La Révolution industrielle : origines, innovations et émergence d'une nouvelle ère

Publié le 07/01/2011

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LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE INTRODUCTION : Base de notre société actuelle, La Révolution Industrielle-dont les premiers signes commencent dès la fin du 18ème siècle en Angleterre- a permis l’essor d’un système économique (le capitalisme) ainsi que de nouvelles normes sociales. Des innovations en chaîne améliorent progressivement le quotidien ; cependant, leurs conditions d’accès sont différentes selon le niveau social. La Révolution Industrielle s’est formée de plusieurs vagues de croissance : la première basée sur l’utilisation du charbon ; puis, plus tard, l’électricité et le pétrole lui donneront un nouveau souffle. La Révolution Industrielle est aussi le théâtre d’une société de consommation et médiatique en devenir : la publicité fait son apparition ainsi que la radio (début 20ème). Mais avant de parler de Révolution Industrielle, il faut d’abord s’interroger sur ses origines puis sur ces innovations et enfin sur ces conséquences. I)    LES ORIGINES 1)    La démographie L’Europe occidentale connaît dès le 19ème siècle un processus de croissance démographique. Des progrès dans la médecine, une alimentation moins dépendante des cultures céréalières (culture de la pomme de terre par exemple), une amélioration progressive du niveau de vie ainsi que des changements de mode de vie en sont les principaux facteurs. La population européenne augmente de 65% en un siècle, passant de 162 millions d’habitants à 265 millions1. Les grandes villes se développent : Paris voit sa population multipliée par 4 en 80 ans (de 1800 à 1880) ; même constat pour Londres, qui frôle avant 1900 avec les cinq millions d’habitants. Des métropoles, des régions se spécialisent dans l’exploitation de ressources naturelles ou la production textile: par exemple, Liverpool, Manchester (Royaume-Uni) ou encore les bassins miniers du Nord- Pas de Calais forment des « pays noirs » autour de l’extraction du charbon. Dans certaines villes, les familles ouvrières s’entassent autour des  usines (même dans des greniers et des caves !) et leurs conditions de vie sont misérables. Le rapport Villermé de 1840 est à ce titre éloquent. Certes, la « révolution démographique » a permis de développer certains marchés (consommation plus forte) et a fournis une force de travail plus importante mais il faut nuancer sa progression. Les taux de croissance ne s’accélérèrent qu’après 1800. Pour La France, celle-ci fut lente : « 24.5 millions d’habitants en 1750, 29 millions en 1800 et 36 millions en 1850 »1 (soit une progression annuelle entre 1800 et 1850 de 140 000 habitants seulement). Source : 1 Chiffres disponibles in La Révolution Industrielle p239, Verley. 2)    La révolution agricole La « révolution agricole » a été un préalable à la révolution industrielle, cette dernière n’aurait pu se produire sans. Rostow, dans Les étapes de la croissance économique montre une relation entre le take-off (décollage de l’économie) et l’accroissement de la productivité agricole. Selon lui, « des changements révolutionnaires dans la productivité agricole sont une condition essentielle pour la réussite du take-off » En effet, l’agriculture aurait fourni de la main d’œuvre à l’industrie (par l’exode rural), du capital (augmentation des revenus des propriétaires fonciers) et développé le secteur de l’industrie de biens intermédiaires. Cependant, il faut relativiser les effets. La France, par exemple reste un pays fortement rural et le produit agricole représente les trois quarts de produit physique au 18ème siècle. Jusque le milieu du 19ème siècle, les crises frumentaires restent assez  fréquentes et la croissance de la production agricole entre le 14ème siècle et le milieu du 19ème est quasi-nulle. Néanmoins, même si l’agriculture ne s’est pas modernisée d’un coup de baguette magique, certains changements simples (plus ou moins adoptés rapidement selon les pays) comme le recul de la mise en jachère, une diversification des cultures etc. ont amélioré la situation sensiblement.  Les progrès agricoles ont donc servis de tremplin à la révolution industrielle et non le contraire. En effet, l’augmentation des niveaux de vie aurait suscité une croissance de la consommation de produits manufacturés, et par conséquent un développement des secteurs industriel et minier. II)    DES INNOVATIONS EN CHAÎNE 1)    Changement de système énergétique et innovations dans les techniques de production Contrairement au système préindustriel où les deux tiers de l’énergie provenaient des humains ou des animaux ; la révolution industrielle se marque par l’utilisation du charbon puis, plus tard, de la mécanique. La Grande-Bretagne est la première à s’engager dans l’emploi du charbon qui est une ressource abondante et facilement exploitable. Attention : la révolution charbonnière se généralise qu’à partir de 1850 environ, l’énergie hydraulique prime jusque là (notamment dans l’industrie textile). A partir 1850, la production charbonnière mondiale augmente de moitié tous les dix ans. L’Europe passe de 40 millions de tonnes produites par an en 1840 à 100 millions de tonnes par an dont 65 millions produites en Grande-Bretagne ! Cette dernière montre bien sa superpuissance mondiale à cette époque. Concernant les techniques de production, la révolution industrielle est avant tout une révolution technique. L’innovation montre son rôle moteur en permettant des gains de productivité, en créant de nouvelles branches industrielles (chemins de fer…), de nouveaux débouchés et de nouveaux produits. Ainsi, l’innovation apparaît comme une solution aux blocages de la Société d’Ancien-Régime. Parmi celles-ci, on peut noter la fameuse Machine à vapeur de James Watt en 1769 (qui est une amélioration de celle de Newcomen) dont les brevets tombent dans le domaine public vers 1800. D’autres machines apparaissent principalement dans le secteur du textile où la mécanisation est la plus précoce et la plus avancée (exemple : Water Frame en 1768). Cependant, vu les coûts excessifs des machines (celle de Watt incluse), leur généralisation est lente. Par ailleurs, d’autres techniques notables sont à relever dont celle de la maîtrise de la forge pour substituer le charbon de terre au charbon de bois dans la sidérurgie. 2)    Révolution des transports et autres grandes innovations Dans cette révolution des transports, les chemins de fer ont joué un rôle majeur et les premiers proviennent des ateliers sidérurgiques. En effet les usines de matériel ferroviaire demandent de très grandes quantités en matière de fonte, d’acier, de fer et de bois. Les années 1840 sont marquées par un essor du chemin de fer qui est à l’origine de la seconde phase de croissance de la Révolution Industrielle. Il se produit d’abord en Grande-Bretagne puis en Belgique et en France. Les premières grandes lignes commerciales font leur apparition : Liverpool-Manchester en 1830 ou encore Saint-EtienneÛ Lyon en 1832. A titre d’information, le réseau Français passe d’environ 500 km en 1840 à plus de 23000 40 ans plus tard ! (cf. La Révolution Industrielle, Verley, page 507) Certes, le chemin de fer est vecteur de la croissance de la sidérurgie mais il faut souligner également son rôle primordial dans l’unification des marchés intérieurs, dans l’extension des marchés, dans les nouvelles structures commerciales ainsi que dans la diminution des coûts de transport et le désenclavement des campagnes. Parmi les autres grandes innovations, on peut noter l’ère de l’industrie chimique induite par les besoins des secteurs textile et agricole (découverte de la dynamite par A. Nobel en 1866 par exemple) ; l’ère de l’électricité (pile Volta en 1800, du télégraphe en 1844 etc.), de l’aviation (Ader, Blériot…) ; de l’automobile et du transport maritime (contribution au  développement de la mondialisation des flux économiques). III)    « UN NOUVEAU MONDE » 1)    L’essor du capitalisme Avec la Révolution Industrielle, le capitalisme-ce système économique caractérisé par la propriété privée des moyens de production (par opposition au socialisme et à son caractère collectif), l’individualisme et la recherche du profit- s’amplifie. Pourtant, le capitalisme ne naît pas pendant la Révolution Industrielle mais s’amplifie. On peut dater des bases lors du 16ème siècle lors des grandes découvertes ou même avant (Route de la Soie au Moyen-âge…). Par la colonisation, le capitalisme s’étend à l’échelle de la planète au 19ème siècle : les échanges s’intensifient… Sur le plan économique, le capitalisme met en place un nouvel état d’esprit : des institutions se créent pour protéger l’individu et la propriété privée ; l’homme est réduit à son statut d’agent économique ; l’idée du prix se répand, foi dans le progrès, culte du machinisme… Ainsi, le capitalisme apparaît comme une rupture forte par rapport au féodalisme : l’entreprise devient l’expression de la modernité. La Grande-Bretagne joue alors son rôle de puissance économique et financière mondiale (et industrielle jusque vers 1870) en devenant « le banquier du monde »et en prônant une faible intervention de L’Etat dans l’économie (on peut retrouver cette thèse de « l’Etat gendarme » chez A. Smith). Ce principe propre au libéralisme limitant l’Etat à ses propres fonctions régaliennes est propre au capitalisme et  se diffuse progressivement en Europe. Pourtant, certaines économies prônent un certain protectionnisme ou un rôle de l’Etat plus interventionniste avant de se lancer dans le rattrapage économique : c’est le cas de la Prusse ou de La Russie. 2)    Critiques du capitalisme Au niveau social, des voix se lèvent pour critiquer le capitalisme. Pour Marx, dans Le Capital, ce système  repose sur la propriété privée et le salariat. Selon lui, le capitalisme prône « la lutte des classes » entre la bourgeoisie qui détient les moyens de production et les prolétaires contraint de vendre leur force de travail, exploités et rémunérés en dessous de la valeur réelle de leur production. De plus, le capitalisme crée « une armée industrielle de réserve » composée de chômeurs qui est  une population flexible. Les autres rejets du capitalisme sont émis par ceux que l’on appelle les « socialistes utopiques ». Parmi eux se trouvent Proudhon ou encore  Saint-Simon. Proudhon s’oppose à la propriété qu’il considère comme du vol car elle est contraire aux principes égalitaires et de liberté. Saint-Simon  pensait que « la classe industrielle est la classe fondamentale, la classe nourricière du pays » (source : Dictionnaire d’Economie et de Sciences Sociales, C.-D Echaudemaison, Nathan 2001). Par classe industrielle, il faut entendre les banquiers, les mathématiciens, chimistes, etc. c’est-à dire ceux qui détiennent les connaissances pour utiliser le progrès à bon escient. Les premières bases d’une volonté d’entreprendre autrement par le biais de l’économie sociale sont même énoncées par Charles Gide lors de l’Exposition Universelle de 1900. CONCLUSION La Révolution Industrielle a développé un certain esprit qui est encore valable de nos jours (« course » à l’innovation, recherche de croissance…). Si la Grande-Bretagne apparaît comme pionnière jusqu’à la fin du 19ème siècle, son hégémonie va progressivement disparaître. En effet, elle garde des conditions de prestige (grandes banques, entreprises…) mais les USA rattrapent  leur niveau vers 1880-1890. Plusieurs raisons peuvent expliquer  cette croissance américaine : d’une part, l’immigration qui aurait fourni une main d’œuvre abondante à l’industrie ; et d’autre part, des conditions favorables à la libre entreprise. Il faut noter cependant que le produit industriel des USA ne dépasse le produit agricole que dès les années 1880. Ainsi, les USA s’imposent progressivement dans le paysage économique mondial.

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