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La souveraineté selon Jean Bodin

Publié le 05/12/2010

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bodin

I)Les six livres de la Republique : une réponse au contexte historique de la France du 16eme siecle

 

A-La remise en question du pouvoir royale par les Protestants: les guerres de religions en France (1562-1598)

 

=>Protestants vs Catholiques

-pendant les 40 années qui suivent les premier sermons de Luther, de nombreux Français des classes aisées se rallient à la religion protestante (on dit aussi «réformée«)

-les premiers troubles religieux apparaissent sous le roi Francois Ier pendant la premiere moitié du 16eme siecle. Pour lui, la Reforme et donc le protestantisme, est dangereuse pour son autorité. Mais c’est vraiment sous le reigne d’Henri II que les tensions s’empirent quand il met en place une législation antiprotestante avec des édits répressifs

-En 1559, Henry II meurt. Ses enfants sont trop jeunes pour lui succeder donc sa femme Catherine de Médicis pourvoit la régence. Les tensions entre Protestants et Catholiques continues de s’accroitre

-d’un coté on retrouve une elite de la noblesse et de la bourgeoisies qui se pensent plutot disciples de Calvin plutot que Luther et veulent introduire un systeme de republique oligarchique (exemple de la hollande) en France // d’un autre coté on retrouve certains nobles catholiques qui cherchent a imposer leurs propres aspirations et desirs a la famille royale comme par exemple la famille de Guise qui influencent Francois II

 

=>Affaiblissement du pouvoir royale

-cette periode fait ressentir un affaiblissement du pouvoir royale : d’une part, les successeurs d’Henri II sont bien trop jeune pour raigner, le pouvoir est dans les mains de la Reine Mere – les protestants francais veulent se servir de cette faiblesse de la monarchie pour Reformer le systeme ; le systeme feodale s’est laissé emporter. Le pouvoir souverain se voit de moins en moins puissant face au pouvoirs de ses seigneurs dans leurs fiefs et principautés assignées. De plus, les assemblées d’Etat Generaux pour discuter avec le roi l’etat du royaume deviennent plus importants. De plus en plus, le roi a besoin de l'appui de ses sujets pour pouvoir prendre des décisions qui seront respectées. Et, malgré les efforts d’Henri II pour empecher l’accroissement du mouvement de Reforme, il y a de plus en plus de protestants en France. Le pouvoir royal est donc remis en cause par des hommes de lois et des lettrés qui veulent la Reforme c’est a dire une plus grande dépendance du roi à l'égard de ces assemblées.

 

=>La France prise dans le chaos et le conflit des guerres civiles

-Apres 8 guerres civiles violentes et apres la mort de milliers de Protestants et Catholiques (on estime qu’il y a pres de 2 millions de personnes qui ont ete victimes de ces guerres civiles, un dixieme de la population francaise), ce n’est qu’en 1598 qu’Henry de Navarre, roi de France, passe l’Edit de Nantes : cet edit instaure un État catholique dans lequel le protestantisme est toléré, mais reste défavorisé. 

 

B-Jean Bodin, un philosophe politique en faveur d’un pouvoir unique pour assurer la paix

 

=>Proche de la famille royale mais en faveur de la négociation entre Catholiques et Protestants

-Pour Jean Bodin, philosophe politique français né a Anger en 1529, cette période marque une division grandissante entre factions en France et donc une augmentation des conflits entre groupes et individus. Bodin etait proche du pouvoir royale et en 1576 il est nommé l’avocat du roi a Laon. Cette même année, aux Etats Generaux de Blois, qui ont pour but de résoudre le probleme des guerres civiles, Bodin déclare qu’il est en faveur de negotiation a la place de guerres avec les Protestants. Cet avi est tres mal pris par la famille royale, le clergé et la noblesse française.

 

=>L’idée de souveraineté : Les Six Livres de la République, 1576

-en 1576, dans ce contexte d’une France en pleine guerres de religions, il écrit Les Six Livres de la République dans lequel il énonce ce qu’est, pour lui, d’apres lui la souveraineté nécessaire au bon fonctionnement de la République

-pour lui, la seule manière d’assurer la paix dans un pays est en ayant un unique souverain (soit une personne ou un groupement de personnes appelé « assemblé «) qui détient tout le pouvoir. 

- le problème de la France pendant ces guerres de religions est le fait qu’il y a de la place pour trop d’opinions différentes sur ce qu’est ou devrait être la République française. S’il n’y avait pas eu cet « espace « pour le grandissement de mouvements Réformistes et contre-reformistes et de pensées diverses sur le pouvoir royale, il n’y aurait pas eu de conflits. Si tous le monde avait ete obligé d’agir selon la volonté du roi, il n’y aurai pas eu d’opinions divergeantes et donc aucunes raisons pour l’apparition de conflits et de guerres : « il ne serait pas possible de se garantir des attaques des etrangers, si les forces etaient bien unies ; voilà pourquoi il me semble necessaire, pour la conservation des particuliers, qu’il y ait une certain assemblee, ou bien un homme seul, auquel l’on donne la puissance d’armer et de convoquer selon les occasions et la necessité de la defense publique […] auquel on laisse la liberté de traiter et de faire la paix toutes fois et tant qu’il le jugera nécessaire […] « en gros : « droit de guerre et de paix a un seul homme «

 

=>La cité parfaite selon Bodin reflète les imperfections de sa France contextuelle

-Comme il nous l’explique au chapitre XIII, une cité parfaite est « un Etat bien policé, ou aucun particulier n’a le droit de se servir de ses forces comme il lui plaira pour sa propre conservation […] ou le droit du glaive privé est oté « - un état parfait est celui où chaque particulier soumet sa volonté a celle du souverain. Encore une fois, si ce modele avait ete reel en France au 16ieme siecle, les Protestants n’auraient pas eu l’occasion de se revolter contre le pouvoir du roi et de l’église Catholique puisque leurs volonté aurait ete celle du souverain ; de plus, si le droit du glaive privé avait ete reelement oté, les revoltes et les violences civiles ne se seraient pas produites non plus

 

II)L’importance du souverain : le souverain pour la République c’est comme l’âme pour le corps

 

A-La definition d’une souverainté ideale

 

=>Une illustration de l’Etat parfait avec le souverain comme ame de la Republique

-pour illustrer son idee de souveraineté Bodin nous explique que la définition typique du souverain, si comparé au corps humain, mettrai ce pouvoir de souveraineté comme la tete et l’etat comme le corps. Mais Bodin lui dirait plutot que le corps c’est l’Etat, la tete c’est les conseils du souverain, et le souverain serait l’âme du tout. 

 

=>Un pouvoir perpétuel et absolu

-donc, pour assurer cette paix et cette harmonie dans l’Etat, le souverain, âme du corps de la Republique, doit avoir un pouvoir perpétuelle et absolue - perpetuelle : parce que si ce pouvoir n’est pas perpetuel alors il peut etre renversé et perd de sa credibilité aux yeux des individus et absolue par la supériorité du souverain – le souverain n’a pas l’obligation de respecter ses propres lois ou celles qui ont ete imposées par ses prédécesseurs – il est injusticiable 

-Sans le pouvoir absolue et perpetuelle du souverain, il y aurait de la place pour la manifestations d’opinions individuelles qui mèneraient inévitablement aux conflits 

-« le jugement et les délibérations dependent de celui qui tient les epees de guerre et de justice, cest a dire de celui qui en possede la souveraineté « symboliquement, cette phrase signifie que le souverain a le pouvoir morale (juge) et physique (guerrier) sur son domaine et sur son peuple

-le souverain a aussi la puissance d’armée, la puissance de punitions : « il faut pourvoir a la surete par la punition et non pas par le seul lien des pactes et des contrats « , le choix des doctrines de l’Etat, 

 

=>Les limites de ce pouvoir 

-Bodin ajoute l’idee qu’une personne ne fera jamais la guerre contre elle-meme et que donc la puissance du souverains sur les particuliers doit etre egale a la puissance du particulier sur sa propre personne (chp XVIII). 

-meme si le souverain est injusticiable, il est quand meme toujours obligé de respecter les lois naturelles (le vrai et le faux) et divines (la piete et l’impiété) - Sa puissance est de ce fait supreme parce qu’elle est au dessus de la lois des hommes mais quand meme en dessous de la loi naturelle et divine « la plus haute que les hommes puissent raisonnablement conferer et meme qu’ils puissent recevoir « 

-MAIS si le souverain décide d’imposer a son peuple des actions qui vont contre la loi divine alors le peuple a le droit de refuser ces actions mais il devra cependant accepter d’être puni par le souverain – donc le souverain garde un pouvoir sans limites mais le peuple garde le choix finale d’agir ou non en sachant que s’il choisit de ne pas obeir, il devra en subir les consequences choisit par le souverain

 

B-Une philosophie qui va au dela du probleme de la France : le probleme du genre humain

 

=>la malignité des hommes

-il est clair que Bodin ne fait pas particulièrement confiance au genre humain : « car qui est-ce qui ne connaît la malignité des hommes et qui n’a fait quelque fâcheuse experience du peu qu’il y a se fier a leurs promesses, quand on s’en rapporte a leur conscience et quand ils ne sont pas retenus dans leur devoir par l’apprehension de quelque peine ? «

-d’apres lui, on ne peut pas faire confiance a l’etre humain de bien se tenir au nom de la Republique si celui ci n’a pas la peure d’etre puni

-pour agir correctement pour le bien de la Republique, l’etre humain doit avoir une motivation… ou plutot ne doit pas avoir l’option de mal agir. Et s’il choisit de mal agir, alors il doit savoir qu’il en subira forcement les consequences

 

=>Le problème des opinions personnelles

-les actions d’une personne sont gouvernées par ses opinions personnelles : « chacun mesure son bien au pied de ses plaisirs et contentements « (chp. 1) qu’importe l’effet que cela pourra avoir sur ceux qui l’entourent

-comme nous l’avons vu, pendant les guerres de religions en France, ce sont justement ces opinions personnelles basées sur le profit de tel ou tel individu ou de tel ou tel famille qui ont creé du chaos et de la violence en France// Bodin, au lieu de se referer aux Protestants ou aux Catholiques en particulier, ramène le problème aux impulsions personnelles de l’individu qui menent, selon lui, aux conflits avec ses voisins

-en choisissant une assemblée ou un homme qui detiendrait le pouvoir absolue et perpetuelles, il y aurait une diminution de la place restantes pour que ces idees individuelles puissent se developper

 

=>Le souverain : l’ame du peuple – ordre et vie

-l’idee de l’ame est cette force qui donne vie et ordre au corps humain

-le souverain donne vie a la Republique en assurant la protection du peuple (droit de guerres ou de paix)

-le souverain donne de l’ordre a la Republique en limitant la place pour que l’opinion humaine ne se concrétise en conflits

-pour cela, il met en place des lois civiles (ordonnances et edits que le souverain a publiés pour servir de regles aux actions de particuliers). Ces lois civiles ont pour but de :

-delimiter des règles générales afin de diminuer l’espace qu’il reste pour les opinions personnels qui pourrait nuire a la paix 

-prescrire des mesures publiques pour que chacun sache ce qui lui appartient et ce qui appartient à autrui et donc eviter des problemes de propriété

-plus généralement faire savoir ce qu’on doit faire ou eviter dans le cours de la vie civile

-mais Bodin reconnait que l’ame ne peut pas faire vivre le corps sans la tete ; c’est a dire qu’il reconnait qu’un seul souverain, du a la taille d’un territoire et aux grands nombres de personnes qui l’occupent, doit nommer des ministres ou des conseils pour l’aider a assurer son pouvoir absolue et perpetuelle au sein de la Republique et de ses citoyens

 

Sources: 

 

Jean Bodin, Les Six Livres de la Republique, Livre I, chap. I et chap. VIII

 

Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Paris : Librairie Arthème Fayard, 1980

 

Arlette Jouanna, Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1559–1598, Robert Laffont, coll. « Bouquins «, 1998

 

The Stanford Encyclopedia of Philosophy : http://plato.stanford.edu/entries/bodin/

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