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Laclos, les Liaisons dangereuses (extrait).

Publié le 07/05/2013

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liaisons dangereuses
Laclos, les Liaisons dangereuses (extrait). Dans une lettre adressée à la marquise de Merteuil, Valmont fait le récit de sa rupture avec la présidente de Tourvel. Au froid calcul de sa démarche s'ajoute le cynisme d'une analyse sans pitié où la malheureuse éconduite ne semble plus qu'un jouet. Valmont confesse sans scrupules les moindres détails de l'épisode à celle qui est la complice d'un amusement dont il finiront par être tous deux les victimes. Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos (lettre CXXV) [...] Par bonheur je me ressouvins que pour subjuguer une femme tout moyen était également bon ; et qu'il suffisait de l'étonner par un grand mouvement, pour que l'impression en restât profonde et favorable. Je suppléai donc, par la terreur, à la sensibilité qui se trouvait en défaut ; et pour cela, changeant seulement l'inflexion de ma voix, et gardant la même posture : « Oui, continuai-je, j'en fais le serment à vos pieds, vous posséder ou mourir. « En prononçant ces dernières paroles, nos regards se rencontrèrent. Je ne sais ce que la timide personne vit ou crut voir dans les miens, mais elle se leva d'un air effrayé, et s'échappa de mes bras dont je l'avais entourée. Il est vrai que je ne fis rien pour la retenir : car j'avais remarqué plusieurs fois que les scènes de désespoir, menées trop vivement, tombaient dans le ridicule dès qu'elles devenaient longues, ou ne laissaient que des ressources vraiment tragiques et que j'étais fort éloigné de vouloir prendre. Cependant, tandis qu'elle se dérobait à moi, j'ajoutai d'un ton bas et sinistre, mais de façon qu'elle pût m'entendre : « Hé bien ! la mort ! « Je me relevai alors ; et gardant un moment le silence, je jetais sur elle, comme au hasard, des regards farouches qui, pour avoir l'air d'être égarés, n'en étaient pas moins clairvoyants et observateurs. Le maintien mal assuré, la respiration haute, la contraction de tous les muscles, les bras tremblants, et à demi élevés, tout me prouvait assez que l'effet était tel que j'avais voulu le produire ; mais, comme en amour rien ne se finit que de très près, et que nous étions alors assez loin l'un de l'autre, il fallait avant tout se rapprocher. Ce fut pour y parvenir, que je passai le plus tôt possible à une apparente tranquillité, propre à calmer les effets de cet état violent, sans en affaiblir l'impression. [...] Source : Laclos (Pierre Choderlos de), les Liaisons dangereuses, Paris, Garnier-Flammarion, 1981. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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