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L’argumentation indirecte

Publié le 06/05/2012

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        L’argumentation indirecte a été utilisée au temps du classicisme jusqu’au temps des lumières par des écrivains, dans des contes, fables et autres textes philosophiques. On peut alors se demander : Quels était l’intérêt de cette argumentation indirecte et quels en était les limites?  Ou plutôt, pourquoi s’exprimer par le biais de phrases que le lecteur doit interpréter lui-même pour y trouver le message caché ? Cette méthode littéraire peut se justifier par le fait que les auteurs étaient soumis à cette forme de récits imagés, à cause de l’oppression   politique et du contexte historique. Ou alors, juste parce qu’ils la trouvaient plus appropriée ou plus efficace. On en viendra, alors à s’interroger sur les avantages de l’argumentation indirecte mais aussi sur ses limites.

 

         En premier lieu, certain contextes historique obligeaient les auteurs à dissimuler leurs pensées par des propos codés ou imagés. L’argumentation indirecte lui permet de faire des détours pour éviter d’évoquer pleinement la ou les problématiques. On peut mentionner le fait que sous certaines monarchies, telle que la monarchie absolue, les critiques visant le régime politique ou autres injures sociales, étaient interdites : la censure. Pour pouvoir mettre leurs textes à la disposition du peuple, les auteurs devaient écrire de façon indirecte. La Fontaine, par exemple, auteur célèbre pour ces apologues, ou plutôt, ces fables, a utilisé ce genre littéraire pour critiquer des personnes de la cour par des personnifications ou des prosopopées (dans Les Fables, en 1668).

 

        Mais elle ne permet pas seulement d’éviter la censure, elle permet aussi de critiquer plus librement. Exprimer plus facilement leurs pensées, par un point de vue différent, voire étranger, de la population française. Ce qui permet plus d’indulgence de la part de la cour. Par exemple, dans les Lettres Persanes, Montesquieu s’exprime par le biais de deux dirigeants persans : Usbek et Rica, en exposant les opinions de deux personnes n’ayant pratiquement pas connu le paysage et la politique française.

        Enfin il est certain que les fables, ou même les contes, sont plutôt explicites et possèdent une logique que la population est propice à la comprendre plus facilement. Ce qui amène l’auteur à toucher une plus grande partie de la population, grâce à une meilleure compréhension de leur part. La Fontaine en est le meilleur exemple car ses fables ont toujours été fictionnelles et courtes. De plus, elles possèdent un schéma narratif plutôt harmonisé : la situation initiale est perturbée par un évènement, déclenchant des péripéties, qui amènent à la situation finale.

         Le principe de l’argumentation indirecte est de ne pas exhiber directement le problème, le sujet, ce qui amène l’auteur à ne pas influencer ou dicter une opinion sur quelque chose de précis. Le lecteur ne se sentira pas opprimer ou submerger par les pensées de l’auteur et aura une plus grande aisance à lire et à comprendre. De plus, grâce à la disposition de cette forme d’argumentation, le lecteur n’est pas confronté à prendre parti pour quelqu’un ou quelque chose, il est donc libre de ses pensées, ce qui lui permettra de traduire le message par son propre intellect. Mais pour cela, il doit être attentionné et réactif à chaque allusion. Par exemple, je cite, dans Les Fables de La Fontaine, « Le Singe et le Léopard », le singe évoque le fait que le léopard, ne misant que sur son physique, ennuie les passants, alors que le singe, en tant que fabuliste, retient leur attention. Avec un peu de réflexion, on comprend clairement que la critique, indirecte, porte sur les personnes de la cour, les courtisans vaniteux, mais la conclusion, elle, n’est pas évoquée, le lecteur est donc libre d’en tirer ce que bon lui semble. Les écrivains ont eu fréquemment recours à l’apologue dans un but de critique du pouvoir ou de l’institution politique, car la fiction permettait en effet de contourner plus facilement la censure, rendant le texte inoffensif.

         En second temps, l’apologue possède aussi une face ludique, un peu joueuse, car si la fiction est évoquée à l’essai rigoureux, c’est par ce qu’étant plaisante, elle retient davantage l’attention et permet de s’adresser au plus grand nombre. L’auteur traite sa critique de façon divertissante, et amène le lecteur à prendre du plaisir lors de la lecture, voire de le faire rire. Ce qui laisse place à l’imagination du lecteur. Pour exemple, j’évoquerai la fable, citée précédemment, car celle-ci est une preuve de la présence d’humour dans un apologue. Le vaniteux  léopard expose le fait que le roi désire posséder son pelage, or celui-ci en parle avec tant d’insistance que ses paroles tournent au pléonasme, ce qui amène à la satire pure et simple.

         Enfin, on peut citer la fonction didactique de l’argumentation indirecte. En effet, les apologues et autres contes ne manque pas de moralité ou d’enseignement, dans leur conclusion. Je citerai un exemple bref et concret, le conte du Petit Chaperon rouge ne pourrait pas être interpréter comme étant un simple avertissement contre le danger de parler à des inconnus ? De nos jours, on fait souvent référence à des dictons, qui sont, à l’origine des morales de fables, telle que « rien ne sert de courir, il faut partir à point ». Ceci est la preuve des bienfaits intellectuels que les fables, contes et autres textes philosophiques ont pu apporter à la population

 

 

          Tous ces intérêts sont, donc, très favorables à l’auteur car ils lui permettent de publier et de critiquer, en bien ou en mal, mais il existe aussi des intérêts pour le lecteur, étant donné qu’ils ne partagent pas le même savoir, voire les mêmes compétences. L’argumentation indirecte permet donc aux lecteurs de mieux comprendre, puis interpréter à leur façon le message de l’auteur.        

 

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