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Le bonheur dans Le Rouge et le Noir

Publié le 30/10/2011

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Pour Stendhal seuls le plaisir et le bonheur peuvent donner assez de lucidité et d’énergie pour rendre compte de la réalité humaine et sociale. Le bonheur occupe donc une place importante dans sa production littéraire, et en ce qui nous concerne, dans Le Rouge et le Noir. Le bonheur est une notion par essence difficile à définir, chacun en a une conception plus ou moins différente. Le bonheur dans ce récit est atteint de manière différente pour les personnages principaux que sont Mme de Rênal, Mathilde de La Mole et Julien Sorel. On trouve 152 occurrences du terme « bonheur « et 92 de « heureux –euse « dans Le Rouge et le Noir, ce thème peut donc être considéré comme important dans le récit. Le bonheur est plus souvent recherché qu’atteint, il se caractérise à travers la plénitude qu’il apporte aux personnages. Ce sentiment est aussi souvent relié à l’amour dans sa dimension réciproque ou dans sa dimension individuelle, vécu par l’un des protagonistes. Pour Julien les moments de bonheur les plus intenses sont ceux vécus lors de sa captivité à Besançon, et également la période tranquille de Vergy cependant il ne s’en rendra compte que plus tard et regrettera ce bonheur perdu. Le bonheur est également évoqué dans son amour pour Mathilde mais c’est alors plus une victoire et une domination qu’une béatitude pleine. Mme de Rênal connait le bonheur dans sa relation avec Julien, Mathilde dans sa soumission amoureuse. En quoi, dans Le Rouge et le Noir, le bonheur s’atteint-il et s’accomplit de manière différente pour ces trois personnages et comment le bonheur en tant que notion est-il envisagé dans l’œuvre ? Nous verrons tout d’abord le rapport de Julien Sorel au bonheur et son évolution. Dans un deuxième temps nous analyserons le rapport au bonheur des deux figures féminines majeures de l’œuvre, Mme de Rênal et Mathilde. Pour finir nous étudierons la figure originelle du bonheur dans le roman.

 

Julien traverse deux périodes heureuses : avec Mme de Rênal, et plus particulièrement à Vergy, ce qu’il ne réalisera qu’après et en prison. Il pense éprouver du bonheur dans sa relation avec Mathilde, ce combat perpétuel pour la domination ne répond cependant pas à la définition profonde du bonheur. Eeee , Dans sa relation avec Mme de Rênal qu’il séduit d’abord par devoir, le bonheur vient après. Leur pureté mutuelle empêche le spectre de l’adultère de trop et s’imposer et permet à Julien de recevoir une douce éducation sentimentale. Ainsi on trouve au chapitre  9 « Mme De Rênal, transportée du bonheur d'aimer, était tellement ignorante, qu'elle ne se faisait presque aucun reproche. « puis au chapitre 16 « Quand il restait à Mme De Rênal assez de sang-froid pour réfléchir, elle ne revenait pas de son étonnement qu'un tel bonheur existât, et que jamais elle ne s'en fût doutée. «. Julien joue un rôle et se rend compte de son bonheur qu’une fois qu’il l’a perdu, pendant ses réflexions solitaires en prison : « il pouvait se livrer tout entier au souvenir des journées heureuses qu'il avait passées jadis à Verrières ou à Vergy. Les moindres incidents de ces temps trop rapidement envolés avaient pour lui une fraîcheur et un charme irrésistibles. « (Partie II, chapitre 39).Vergy apparait comme un havre de paix où il s’abandonne à la joie de vivre, c’est un lieu calme dans la nature où la hiérarchie sociale est gommée, en effet M. de Rênal est souvent absent et Julien est le seul homme à tenir compagnie à Mme de Rênal et Mme Derville. L’harmonie présente entre Julien, les enfants et Mme de Rênal donne l’image d’une famille unie avec Julien dans le rôle de précepteur paternel, on peut le voir avec l’épisode de la chasse aux papillons. A,              Dans la deuxième partie du roman, où Julien va découvrir Paris, la nature du bonheur qu’il éprouve change, ce n’est plus une plénitude mais le sentiment de nouveauté et de victoires personnelles qui y priment. Au dernier chapitre de la première partie on peut lire «Le bonheur d'aller à Paris […] éclipsait

tout à ses yeux.« puis au chapitre « Le bal «, Julien est à nouveau « au comble du bonheur. Ravi à son insu par la musique, les fleurs, les belles femmes, l'élégance générale, et, plus que tout, par son imagination, qui rêvait des distinctions pour lui et la liberté pour tous. «. Son ambition, sa volonté de faire fortune lui font prendre pour du bonheur ce qui n’est que la fraicheur de la nouveauté et d’ailleurs il découvre vite les réalités mesquines de la société où il commence à évoluer. Il en va de même pour le bonheur qu’il pense trouver dans sa relation avec Mathilde, ce sont plus des combats pour asseoir la domination que de l’amour partagé et donc le bonheur qu’il partageait avec Mme de Rênal ne peut s’y retrouver, ainsi on peut lire au chapitre 31 : « ce bonheur était plus d’orgueil que d’amour «, précision que le narrateur donne au lecteur. Julien le réalisera plus tard, en prison, lieu ultime de jouissance du bonheur pour notre héros, « je suis plus heureux seul que quand cette fille si belle partage ma solitude « (Partie II, chapitre 40). C’est en prison que Julien connaitra le bonheur véritable, pendant sa captivité il se rendra véritablement compte de la puissance de ses sentiments pour Mme de Rênal, « Dans le fait, il en était éperdument amoureux. Il trouvait un bonheur singulier quand, laissé absolument seul et sans crainte d’être interrompu, il pouvait se livrer tout entier au souvenir des journées heureuses qu’il avait passées jadis à Verrières ou à Vergy. « (Partie II, chapitre 39). Il n’est plus aliéné à la société, son enfermement physique et son isolement permettent une libération de son esprit, la clarté se fait sur ses sentiments concernant les deux femmes de sa vie. Mme de Rênal est la seule chose qui occupe son esprit et son bonheur y est lié de façon très claire : « Il songeait à Mme de Rênal, si, avant le dernier moment, il avait le bonheur de la voir « (Partie II, chapitre 42) ; « Julien l’embrassa avec un bonheur tout nouveau pour lui. Ce n’était plus l’ivresse de l’amour, c’était reconnaissance extrême. « (Partie II, chapitre 43). Au final pour Julien le bonheur est associé à ses retrouvailles avec son premier amour, « Non, je serais mort sans connaitre le bonheur, si vous n’étiez venue me voir dans cette prison. « (Partie II, chapitre 45).

 

Mathilde et Mme de Rênal connaissent ou pensent également connaitre le bonheur. Il prend des dimensions différentes pour ces deux femmes.

Mme de Rênal est une femme simple, ses enfants suffisent à son bonheur avant qu’elle ne s’éprenne de Julien. Par ailleurs les occurrences du terme « bonheur « dans le roman sont le plus souvent associées à Mme de Rênal et son amour pour Julien. Sa simplicité et sa bonté d’âme maternelle en font un être porté vers le bonheur, elle ne le cherche pas mais le constate au fil des jours : « Elle ne put résister au torrent de bonheur qui inondait son âme après tant de jours de désespoir « (Partie I chapitre 8) ; « Les heures qu'on passa sous ce grand tilleul […] furent pour elle une époque de bonheur. « (Partie I, chapitre 9) ; « Son âme fut comme enlevée par ce bonheur charmant qui depuis quinze jours l'étonnait plus encore qu'il ne la séduisait. « (Partie I, chapitre 11). Son bonheur consiste en grande partie à améliorer le confort de Julien, à lui faire plaisir comme on peut le voir dans l’épisode du passage du roi à Verrières où elle prend à cœur de faire de Julien un garde d’honneur : « Julien était le plus heureux des hommes […] Une personne était plus heureuse que lui. D’abord elle l’avait vu passer… « (Partie I, chapitre 18)

Mathilde a un rapport au bonheur plus subtil, elle le perçoit comme un dû. Au vu de son rang social, de sa richesse, elle pense posséder un droit d’accès au bonheur qui cependant lui échappe : « quels avantages le sort ne m'a-t-il pas donnés : illustration, fortune, jeunesse hélas ! Tout, excepté le bonheur. « (Partie II, chapitre 8). Son bonheur n’appartient pas au présent car elle est trop orgueilleuse, elle le vit dans la vie d’une autre, par exemple en projetant l’histoire de la reine Margot et de son ancêtre Boniface sur sa relation avec Julien : « Le ciel me devait cette faveur. Il n'aura pas en vain accumulé sur un seul être tous les avantages. Mon bonheur sera digne de moi […] Il y a déjà de la grandeur et de l’audace à oser aimer un homme placé si loin de moi par sa position sociale « (Partie II, chapitre 11) ; « A la noblesse près, qui lui manque, c’est l’amour de Marguerite de Valois pour le jeune La Mole « (Partie II, chapitre 12). Le bonheur pour Mathilde c’est être dominé, vaincue ou tout au moins se trouver en position de faiblesse : « Mademoiselle De La Mole ravie ne songeait qu’au bonheur d’avoir été sur le point d’être tuée. « (Partie II, chapitre 18) ; « Oui, tu es mon maître, lui disait-elle encore ivre de bonheur et d'amour « (Partie II, chapitre 19).

La notion de bonheur dans le roman prend des aspects variés, en cohésion avec la perception qu’en a Stendhal. Le héros stendhalien est un homme qui jette toute son énergie dans la recherche du bonheur, recherche au cours de laquelle il affirme son ego, c’est-à-dire son individualité. Il surmonte tous les obstacles ou trouve dans l’obstacle bonheur recherché, comme pour Julien en prison. C’est l’homme libre qui trouve le bonheur à l’état brut, Julien dans la grotte qui surplombe Vergy est ainsi « plus heureux qu’il ne l’avait été de la vie, agité par ses rêveries et par son bonheur de liberté « (Partie I, chapitre 12). La promesse du bonheur ne peut s’accommoder des arguments d’autorité et des contraintes de la société, la fin de Julien en témoigne d’elle-même. La mort est salutaire, elle est appréhendée comme entièrement positive par le héros dans un état de béatitude, elle dessine les traits originels du bonheur. Ces traits originels sont la connaissance de soi et la liberté dépouillée des contraintes de la société.

 

Si La Chartreuse de Parme est le roman de la « chasse au bonheur «, Le Rouge et le Noir rend également compte de l’opinion de Stendhal sur cette notion, un bien légitime qu’il s’agit de conquérir. Julien Sorel passe par différentes strates avant d’atteindre la béatitude heureuse dans les derniers moments de son existence, Mme de Rênal de par sa simplicité touche au bonheur plus simplement que les autres protagonistes du roman, Mathilde quant à elle n’est heureuse que dans la soumission car son âme est trop fière pour se contenter du bonheur d’aimer qui convenait à Mme de Rênal.

Le bonheur change de définition pour chacun d’entre nous, dans le roman la tendance générale semble dessiner un bonheur synonyme de liberté acquise ou donnée, une plénitude du sentiment d’amour et une proximité de la nature, comme à Vergy, dans la grotte surplombant Verrières ou le jour de la mort de Julien, « un beau soleil réjouissait la nature «.  

« Mademoiselle De La Mole ravie ne songeait qu’au bonheur d’avoir é\ té sur le point d’être tuée.

« (Partie II, chapitre 18)\ ; « Oui, tu esmon maître, lui disait-elle encore ivre de bonheur et d'amour « (\ Partie II, chapitre 19). La notion de bonheur dans le roman prend des aspects variés, en cohé\ sion avec la perception qu’en a Stendhal.

Le héros stendhalien est un homme qui jette toute son énergie dans la recherche du bonheur\ , recherche au cours de laquelle il affirme son ego, c’est-à-dire son individualité.

Il surmonte tous les obstacles ou trouve dans l’\ obstacle bonheur recherché, comme pour Julien en prison.

C’est l’homme libre qui trouve le bonheur à l’état brut, Julien da\ ns la grotte qui surplombe Vergy est ainsi « plus heureux qu’il ne\ l’avait été de la vie, agité par ses rêveries et par son bonheur de liberté\ « (Partie I, chapitre 12).

La promesse du bonheur ne peut s’accommoder des arguments d’autorité et des contraintes de la \ société, la fin de Julien en témoigne d’elle-même.

La mor\ t est salutaire, elle est appréhendée comme entièrement positive par \ le héros dans un état de béatitude, elle dessine les traits ori\ ginels du bonheur.

Ces traits originels sont la connaissance de soi et la liberté\ dépouillée des contraintes de la société. Si La Chartreuse de Parme est le roman de la « chasse au bonheur «\ , Le Rouge et le Noir rend également compte de l’opinion de Stendhal sur cette notion, un bien légitime qu’il s’agit de con\ quérir.

Julien Sorel passe par différentes strates avant d’atte\ indre la béatitude heureuse dans les derniers moments de son existence, Mme de\ Rênal de par sa simplicité touche au bonheur plus simplement que les autres protagonistes du roman, Mathilde quant à el\ le n’est heureuse que dans la soumission car son âme est trop fière pour se contenter du bonheur d’aimer qui convenait à Mme \ de Rênal. Le bonheur change de définition pour chacun d’entre nous, dans le \ roman la tendance générale semble dessiner un bonheur synonyme de liberté acquise ou donnée, une plénitude du sentime\ nt d’amour et une proximité de la nature, comme à Vergy, dans l\ a grotte surplombant Verrières ou le jour de la mort de Julien, « un\ beau soleil réjouissait la nature «.. »

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