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Le contre transfert est-il un cadre ? Caroline Thompson

Publié le 11/11/2011

Extrait du document

« Madame Thompson  tu es ma maman «

 

C’est avec cette phrase que débute notre texte, nous renvoyant à ce qui a été étudié récemment sur les états limites, et notamment au premier chapitre de Jacques André, dans le même livre : à savoir la question du transfert, notre problématique d’aujourd’hui.

 

Chez les états limites (notamment avec l’exemple de Little), Thompson nous explique que « la nature confuse (…) la perception de l’objet lui-même « bon, je commence déjà à paraphraser, mais toute cette phrase peut se résumer de cette manière, l’analyse d’un état-limite se défini par une modification de sa perception d’objet, donc par un aménagement du transfert (d’où le fait que cela fasse écho au texte de Little). La relation patient-analyste (par conséquent le contre-transfert) a une place primaire dans ce genre de cas

 

(Attention : ceci est l’avis de Thompson qui s’appuie sur le texte de Winnicott et de Little, ce n’est pas un avis général, cependant, je reste assez d’accord)

 

Le contre-transfert a pour but de poser une base de régression pour le patient. Dans le cas de Margaret Little, il y a une espèce de relation « mère-enfant «, une instauration d’un espace transitionnel afin de palier à une carence de holding. Et cela se voit par le fait même que Winnicott lui tiens les mains, c’est la une démonstration très métaphorique de cette régression.

Little voit le contre-transfert comme un concept fondamental dans la cure d’un état limite par conséquent.

 

 

Problématique de Caroline Thompson page 24 : comment le contre-transfert envisagé comme une butée de la cure  peut-il être considéré comme l’élément essentiel de la cure ? Et comment sortir de cette nouvelle dynamique ?

 

Margaret Little, qui est analyste, s’intéresse aux états-limites, qu’elle est elle-même.

Je n’ai pas forcément compris la phrase d’après, cependant je vais essayer de la résumer : Les états limites se définiraient par des ratés dans les stades de développement, le fait même que l’analyste accompagne le patient dans une régression, c’est pour lui faire revivre ces stades de développement afin de réintégrer l’essentiel (dont la relation à l’objet dont nous avons parlé en début d’exposé, et qui a une place essentiel).

 

Dans ces stades de développement essentiel, Little revient au principe de base instauré par Freud, à savoir l’auto-érotisme, à ce que j’en ai compris (cette page n’est pas forcément super facile…) Freud considère l’auto-érotisme (anobjectal donc) comme Libidinale, alors que Little écarte cette possibilité : la sexualité n’est pas un fondement de la vie psychique, elle n’est pas constitutif de la psyché (page 24)

 

Margaret écrit deux textes sur le contre-transfert « le contre-transfert et la réponse qu’y apporte le patient «  et «  la réponse totale de l’analyste aux besoins du patient «  à remettre dans leurs contextes historiques : le premier a été écrit lors de son analyse avec E.Sharpe. Vous n’êtes pas sans savoir que Winnicott a été l’analyste de Little, par conséquent il y a eut un échec avec Sharpe, c’est ce qu’elle écrit donc dans ce premier article. Dans le deuxième, elle est analyste et a finis son analyse avec Winnicott, et souligne bien évidemment le rôle plus qu’efficace qu’à jouer le contre-transfert dans la réussite de sa cure.

 

(Plan identique que le texte de Thompson)

 

 

Le transfert psychotique

 

On assiste à une nécessité d’instaurer une « psychose de transfert «. Problème : qu’est ce que c’est que ce charabia ? Pour cela, elle met en évidence l’opposition entre névrose et état limite à travers le transfert. Pour la névrose, il y a une nécessité qu’une névrose de transfert prenne place, c'est-à-dire la répétition d’une relation passée qui prenne place, une certaine fantasmatisation de l’analyste.

Pour la psychose de transfert, l’analyste devient (je cite) le « support d’une projection délirante «. Et devient l’objet de transfert.

 

On va revenir très rapidement à ce qui a été dis mercredi dernier, Les bases idéales d’une analyse sont posé sur le principe d’un ressentis de l’absence, d’une intériorisation de celle-ci, afin de pouvoir constituer une relation saine à l’objet (rappelons le que chez le borderline, « «l’absence fait cruellement défaut «)  , la citation de Christopher Bollas est plutôt intéressante sur ce point la , la capacité que donne l’analyse à pouvoir faire élaborer quelque chose de nouveau , de jamais ressentis. Ce qui nous amène directement à Winnicott, l’élaboration de l’absence, la constitution d’un moi-propre  ne s’est jamais fait chez un borderline, par une carence affective maternelle  (fixez-vous à la mère suffisamment bonne pour plus de renseignements)

 

Et la, c’est le drame. Nous avons d’un côté l’analyse, qui par le transfert adopte une répétition d’une carence/manque, et de l’autre un borderline souffrant d’une carence avec sa mère. Dans ces cas la vous allez me dire quel intérêt de faire vivre une carence à nouveau chez un etat limite ?

Question intéressante posée par Thompson : « comment travailler cette carence en analyse, sans s’offrir comme objet substitutif ? «

C’est ce que Winnicott accepte de faire dans l’analyse de Little.

 

 

è Il y a une parenthèse assez intéressante de J.André qui pose la question de la carence chez le nourrisson. Il n’y a pas de carence pour le bébé, c’est « toujours trop, toujours traumatique « ce ne serait donc pas une défaillance initial de la mère, mais une excitation du bébé. Cela dis pour Thompson ces deux idées vont de pairs car la défaillance de la mère « est l’excitation du nourrisson «, mais la défaillance maternelle est visible selon elle dans le vécu clinique des analystes, elle va le prouver un peu plus loin avec l’analyse de Nina.

 

Revenons à nos moutons : à travers les états limites et les enfants, il y a un surinvestissement sur l’analyste associé au transfert, ce qui rend l’analyse plus que compliqué (on peut reprendre l’exemple de l’analyse Winnicott/Little ou l’investissement était total (avec l’objet transitionnel du mouchoir) et éprouvante pour l’analyste qui se fait pour ainsi dire « victimiser « par le borderline , borderline qui adore dépasser les limites du cadre , alors que chez les névrosés , il y a ce jeux de séduction , avec cette idée de vouloir transgresser les règles (chose que le borderline ne se prive pas de faire , et c’est même à cela qu’on reconnaît son mode de fonctionnement dixit Caroline Thompson)

 

L’analyste est donc investi par le borderline comme objet réel, et aussi comme objet du transfert.

 

Thompson souligne que cela se remarque chez les enfants, elle souligne surtout qu’à cause de cela, certains analystes ne veulent pas travailler avec les enfants, considérant que ce n’est pas du travail analytique.

 

-          Est-ce une critique de la pensée de J.André dans le premier chapitre qui trouve que le travail de Winnicott ne relève pas forcément  de l’analyse ?  Quoi qu’il en soit, cette question fait débat encore –

 

C.Thompson trouve que ce travail est important, car il permet je cite de « naviguer entre différent investissement «.

Pour cela, elle nous narre l’analyse de Nina

 

Analyse de Nina

 

Qui est cette Nina ? Pour faire simple, c’est une gamine  de 5 ans que sa mère amène en consultation, la mère attaque d’entrée en expliquant que « depuis qu’elle est née, elle a gâchée ma vie «. On  déjà qu’il y a un « petit « problème dans la relation mère-enfant. Au niveau de son comportement, elle pleure toute les nuits,  fait de grosse crise de colère, et éprouve une jalousie féroce pour les autres enfants.

Durant l’analyse, elle dessine beaucoup, mais se rabaisse elle-même, estimant que ce qu’elle fait est nul, ou mal dessiné (première hypothèse : influence d’une mère un peu trop violente)

 

Nina remet en cause la place de Caroline Thompson, en estimant qu’elle « préfère Mme P, qui elle, a un chat «. La première question que l’on peut se poser, c’est qui est cette Mme P ? Elle est enfaite la thérapeute de Nina, que Nina voit très peu, et qui est peu apprécié par la mère de Nina. La mère quand à elle est en analyse avec la même analyste que sa meilleure amie, ce qui est stupide étant donné que le transfert s’en retrouvera forcément affecté. Soulignons également que la mère avait entendu beaucoup de bien de Caroline-T. Vous voyez ou je veux en venir ? La mère clive entre bon et mauvais è conséquence déjà sur l’enfant. Mais ce n’est pas tout, Thompson essaye d’avoir des explications, si Mme T est trop « mauvaise «, si elle a fait une erreur, elle n’obtiendra rien èaucune réponse.

De ce fait, elle tente de renvoyer Nina et sa mère auprès de Mme P, mais elle leur redonne rendez-vous pour la marche à suivre. Seulement voila, en partant, la mère déclenche une nouvelle situation de « crise « lorsque Caroline Thompson s’intéresse aux dessins de Nina « Mme P elle ne s’y intéressait pas elle «. Nina pose la question si elle peut garder ses dessins, chose à laquelle Thompson lui répond clairement non et Nina nous tape une sublime crise de nerf, ce qui ravit sa mère « vous avez vu «, dit-elle fièrement. Pour la contenir et lui donner des limites, elle lui propose de le mettre dans une enveloppe, et de ramener cette enveloppe à la prochaine séance, chose qu’elle effectue sans problème, mais sa mère lui tombe encore dessus « elle l’avait oublié dans la voiture lors de notre première séance (…) «. Caroline Thompson décide alors de prendre en charge Nina dans un contexte plutôt strict, étant donné que la mère sabote plus ou moins délibérément et qu’en clivant analyste bon/analyste mauvais, Nina clive aussi mais dans l’autre sens, par attitude de contradiction avec sa mère.

Elément important pour la suite è la phrase « Madame Thompson, tu es ma maman «, phrase d’amour, ou la pulsion de destruction est ancrée (« tuer ma maman «) ;  et le lapsus de C-Thompson qui appelle Nina « Caroline « (son propre prénom donc).Elle se rend compte également que Nina est le prénom de sa propre fille. Sa remarque sur les rôles est d’ailleurs très judicieuse, ils se confondent. Nous ne sommes plus dans une relation analyste-patient, mais dans une relation de type mère-filleè le fait donc d’avoir fait une erreur, un lapsus en appelant Nina « caroline «, cela lui enlève une grosse partie de son angoisse. Elle qui investissait sa mère comme toute-puissante, donc terrorisé par elle, se rend compte en investissant Caroline comme sa propre mère, qu’elle n’est enfaite pas toute puissante du tout, qu’elle est capable de faire des erreurs.

C-Thompson effectue ainsi une contre-régression transférentielle, c’est elle qui devient patiente.

 

 

Le contre-transfert et l’utilisation de l’objet.

 

Il y a de grosse difficulté à définir le contre transfert, cela peut-être soit très restrictif, soit très large (tel la définition de Margaret Little) qu’on pourrait définir comme toute les réactions de l’analyste. Il est préférable selon Thompson d’utiliser le terme de transfert, pour éviter une hiérarchisation, à savoir qu’il existe un transfert, puis un contre-transfert. Elle défend vaillamment l’idée que le transfert de l’analyste a une primauté, que c’est SON transfert qui a une incidence sur la cure. Et pour cela, elle s’appuie à nouveau sur le texte de Margaret Little , qui pour vivre ces expériences de régression avec Winnicott, devait attendre le bon vouloir de celui-ci, ceci étant lié en grande partie à ses disponibilités…C’est donc LUI qui gérais les mouvements de régression de Margaret . Ce principe implique donc un engagement profond de la part de l’analyste.

Peut-on pour autant dire que le contre transfert est synonyme de disponibilité de l’analyste ? Elle nous explique qu’il est déterminé par la nature de l’analyste, certains se font atteindre plus que d’autre, Ella Sharpe par exemple mettais une espèce de mur de connaissance psychanalytique entre elle et Little, tandis que Winnicott aménageais son cadre. Cela résulte donc également beaucoup de l’histoire personnelle de l’analyste.

 

La défense chez le patient limite joue un rôle très important, elle « délimite l’intérieur de l’extérieur «, en clair, la défense a pour but de maintenir un édifice dans une certaine stabilité, alors qu’il peut s’écrouler à tout moment (ce qui me fait véritablement penser à la « crainte de l’effondrement chez Winnicott)

Elle explique que la neutralité bienveillante, cette espèce de barrière défensive qu’utilise l’analyste fasse à son patient, rend toute tentative de guérison d’un état limite, plus que difficile, l’analyste doit garder à l’esprit qu’il doit-être malléable par le patient pour pouvoir l’aider à établir ce processus de régression.

 

Christopher Bollas nous explique qu’en se laissant utilisant comme un objet dans le transfert, Winnicott a permis l’élaboration du self, qui a priori était virtuel, faux jusqu’à présent (cf : as if de Deutsch et faux self de Winnicott). Rappel : quand je parle de self, j’entends par la le self winnicottien, c'est-à-dire la personnalité.

 

Il faut donc qu’en se laissant utilisé par le patient, qu’il devienne objet. En se laissant utiliser comme tel, l’analyste permet au patient de se constituer (de former sa manière d’être), mais seulement si l’analyste le permet. (Il faut savoir encore une fois que ce mode d’action reste quand même très difficile pour l’analyste qui est avant tout un humain, et non un terminator rappelons le)

 

Pierre Fédida lui nous explique que cette malléabilité de l’analyste lui permet de dessiner les contours d’un vase pour l’état limite, afin justement de lui assurer ses propres limites. Par la relation à l’autre (l’analyste) le sujet limite peut recréer les propres limites de son corps, nécessaire à sa guérison.

 

Vous concédez donc qu’une analyse dans ce cas est difficile, l’analyste pouvant avoir du mal à supporter les projections d’humeur

Le silence à lui aussi une place très importante, étant donné que la reconnaissance de l’autre passe également par l’écoute de son silence. L’essentiel est avant tout qu’il y ait présence de l’analyste et du patient pour que cela soit entendu bien évidemment.

 

Donc comme je l’ai dis, ce type de transfert n’est pas aisé pour l’analyste, il doit accepter le fait de se faire utiliser comme un objet. De qu’elle manière ? En le précisant au patient simplement, lui indiquer qu’il est prêt. Pour Margaret Little , il doit lui fournir un « pare-excitation, ou Moi auxiliaire , pour lui retirer progressivement «,  ainsi , il doit lui permettre de se faire attaquer, en lui indiquant que cela est possibleèle passage à l’interprétatif doit également être visible. On peut penser que cela correspond à une sorte d’union, de retour à l’état mère-enfant.

 

Ce qui est étonnant aussi, c’est que Little écrit les erreurs reconnus par Winnicott : la ou les mères échouent par un trop, ou par un manque (sans même le reconnaître) lui, n’hésite pas à dire son/ses erreursèil est le symbole de la mère suffisamment bonne, la métaphore vivant de son terme, l’analyste suffisamment bon en quelque sorte.

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