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Le Dénouement Au Théatre

Publié le 28/09/2010

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  Chaque pièce de théâtre possède un dénouement. Etymologiquement, dénouement vient du verbe dénouer : défaire un nœud qui lui-même vient du latin « nodare « : «  faire un nœud «. Au théâtre, le dénouement constitue la partie finale d’une pièce de théâtre où, traditionnellement, le « nœud «  se défait et les problèmes se résolvent. Dans le théâtre moderne l’intrigue peut être suspendue et son dénouement ouvert. Qu’attendent l’action et les spectateurs du dénouement, que veut-on leur faire passer par ce dénouement ? Tout d’abord nous analyserons ce que l’on peut attendre du dénouement au niveau de l’action. Ensuite nous nous pencherons sur ce qu’attendent les spectateurs de ces dénouements.

 

      Bien que les dénouements soient caractéristiques de chaque genre théâtrale, on constate tout de même un certain nombre de caractéristiques présentent dans chaque dénouement et qui en font son utilité. En effet, le dénouement est l’achèvement de la pièce. C’est donc un des moments capital d’une pièce car c’est là que l’intrigue s’achemine vers son terme. Il est en fait la dernière réponse à cette série de questions posées tout au long de la pièce. Le dénouement-résolution (le dénouement traditionnel et le plus utilisé) par exemple, apporte une solution aux problèmes rencontrés par les personnages. Cette résolution est peut être provoquée de plusieurs manières types : l’action d’un des personnages de l’intrigue, l’intervention d’un personnage extérieur à l’intrigue (celui qui « tombe du ciel «, tel un deus ex-machina antique) ou encore un événement extérieur à l’action qui se déroule sur scène (rapporté par un messager par exemple). Le dénouement doit, dans tous les cas, être logique, cohérent et habile étant donné qu’il ne doit pas décevoir. Dans le théâtre classique, cette fin qu’est le dénouement doit répondre à trois exigences : il doit être nécessaire donc ne pas être le fruit du hasard, (notamment ne pas être amené par un deus ex machina), être complet, c’est-à-dire que les réponses à toutes les questions doivent être amenées et que le sort des personnages doit être sellé. Enfin il doit être simple et rapide car il est préférable qu’il se situe juste avant l’épilogue. On trouve cependant des dénouements plus originaux tels que le dénouement-anéantissement ou le dénouement-recommencement. Dans le premier, l’histoire s’achève sans qu’aucune perspective ne soit posée sur l’avenir et que le sort des personnages ne soient pas fixés comme dans Cendres de Beckett où la fin de la pièce laisse Henry, silhouette solitaire, debout à nouveau au bord de l'eau en train de faire abstraction de tout ce qui l'entoure pour pouvoir créer son propre monde infini : « HENRY.-Rien, toute la journée rien. (Un temps).Toute la journée, toute la nuit, rien. (Un temps) Pas un bruit. Mer. RIDEAU." Le second indique que l’action va recommencer, soit à l’identique, soit avec une légère modification comme dans En attendant Godot de Beckett qui se termine sans que le personnage attendu tout au fil de la pièce soit arrivé et qui finit sur ces mots : « VLADIMIR.- Alors, on y va ?/ ESTRAGON.- Allons-y. / Ils ne bougent pas. / RIDEAU. « . Les dernières répliques de la pièce sont au mot près celles de la fin du premier acte.

      Chaque dénouement est cependant conforme au genre. Subséquemment la tragédie à ses propres caractéristiques. Un fait assez général est que la tragédie se dénoue par la mort d’un de ses héros. Il ne faut cependant pas en faire une règle tel Rivarol, écrivain français du XVIII° qui réduisait la tragédie à ces mots : 1er ACTE. Le héros mourra. / 2e ACTE. Il ne mourra pas. / 3e ACTE. Il mourra. / 4e ACTE. Il ne mourra pas. / 5e ACTE. Il meurt.  Dans la tragédie, l’action du dénouement n’est que rapporté sur scène. On ne montre par exemple pas la mort de quelqu’un.  C’est notamment ce que l’on remarque dans Hernani de Victor Hugo où les deux protagonistes se suicident l’un par obligation et l’autre par choix. On trouve cependant quelque exception comme Phèdre qui meurt sur scène.

      Tant le dénouement peut être la mort du protagoniste, la consommation d’une catastrophe, ou l’innocence opprimée, il peut aussi être le triomphe du héros principal, l’achèvement d’une œuvre ou l’innocence sauvée. Ainsi on trouve aussi des caractéristiques propre à la comédie. Les dénouements heureux lui sont plutôt réservés. Rivarol définissait la comédie de cette manière. 1er ACTE. L’amoureux se mariera. / 2e ACTE. Il ne se mariera pas. /3e ACTE. Il se mariera. / 4e ACTE. Il ne se mariera pas. / 5e ACTE. Il se marie.  Cependant toutes les comédies ne se réduisent pas à des affaires de mariages. En attendant Godot par exemple fait partie de la comédie française.

 

      Si le dénouement est fait de caractéristique, il a pour but de répondre aux attentes des lecteurs et des spectateurs et parfois de faire passer un message.

 

      En effet le théâtre agit toujours par la double-énonciation. Cela correspond à une énonciation s'adressant à deux destinataires distincts. De manière générale, le théâtre est une double énonciation en ce sens qu'un personnage, sur scène, lorsqu'il s'adresse à un autre personnage, s'adresse également aux spectateurs. Le dénouement est donc utile car il doit plaire à ce public. Les spectateurs attendent que la fin d’une pièce de théâtre les surprenne et satisfasse leur curiosité. Il ne doit donc pas les décevoir, ce qui le rend essentiel. Les spectateurs attendent plutôt à rire quand ils vont voir une comédie et à être touché par la règle de catharsis dans la tragédie. La catharsis est l'épuration des passions par le moyen de la représentation dramatique. Elle consiste en fait à rendre les spectateurs plus heureux quand ils sortent de leur représentation car ils auront vu des choses qui sont plus tristes que celles qu’ils vivent et se sentiront donc «  chanceux «.

      Auparavant, une grande importance était attachée au dénouement sous le rapport de la moralité. En effet, il était autrefois de bon ton qu’un drame montre le vice puni et la vertu récompensée. La visée moralise des pièces de théâtre est très présente  à partir du XVII° où elle peint les mœurs ou les caractères de son temps.

      Enfin, la pièce de théâtre inscrit de par son dénouement, un ultime sens dans l’esprit du spectateur. Une pièce s’achève d’ailleurs souvent par une dernière parole censée résonner aux paroles du spectateur. L’analyse de celle-ci permet de saisir une signification de l’intrigue. On voit notamment cela dans Les Mains Sales de Jean-Paul Sartre qui se termine sur ces mots : OLGA, criant. – Allez-vous-en ! Allez-vous-en ! / Hugo ouvre la porte d’un coup de pied / HUGO, il crie. – Non récupérable. / Rideau. La dernière parole résonne bien dans l’esprit du spectateur et donne la signification ultime de l’intrigue : Le héros à une absolue liberté et refuse toute récupération de son action.

 

      Chaque genre théâtrale admet des dénouement différents mais plutôt types. Ainsi, le dénouement succède à la crise et à son acmé ce qui en fait un moment capital de la pièce. Le dénouement ne doit surtout pas décevoir les spectateurs car c’est les dernières phrases  d’une pièce qui inscrivent un ultime sens dans leurs esprits.

 

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