Le droit est-il une revendication ou une exigence ?

Le droit, revendication ou exigence ?Conçu comme l'objet d'une revendication subjective, permanente et illimitée, le droit se fragmente en « droitsparticuliers» et s'anéantit finalement dans les contradictions de la pure subjectivité.Ainsi un journaliste écrivait récemment : « les chiens ont des droits comme les hommes », tandis que le théoricien de l'anarchisme individualiste, Max Stirner, affirmait déjà : «Le tigre a tous les droits et Moi qui l'abats - Moi l'Unique -, j'ai aussi tous les droits.»Il est clair que « le mot de droit, comme dit Rousseau, ne signifie ici rien du tout ». Nous ne sommes pas encore dans une société humaine, mais bien dans une jungle, où aucune instance supérieure n'est habilitée à mettre un terme à ce perpétuel conflit de forces, dont chacune vise sans cesse à «reculer les bornes » de son territoire ou à déplacer furtivement les bouteilles à son profit. Dans un tel «état de nature», «l'homme est un loup pour l'homme» (Hobbes) et la violence est souveraine.En fait, la société a besoin de la preuve que la revendication «sociale» n'est pas une manifestation anodine de la subjectivité : et il n'y a pas de preuve plus convaincante que le risque de la vie ou de la fortune. Ce «risque pour le droit » (Hauriou) démontre que la reconnaissance de son droit est indispensable à la personne morale du sujet qui risque le tout pour obtenir une partie. En ce sens, rien n'est jamais acquis, fût-ce «par le courage et la victoire» (Cournot). Les droits particuliers ne sont maintenus qu'autant que les bénéficiaires sont prêts à risquer pour les défendre.