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Le libéralisme et son évolution dans les pays industrialisés de 1860 à 1939 (histoire)

Publié le 09/02/2011

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histoire

Julia Milot 1ES1

 

Le libéralisme et son évolution de 1860 à 1939 dans les pays industrialisés

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Le libéralisme politique est une doctrine issue de la Philosophie des Lumières au XVIIIème siècle qui s'est développée en réaction à l'absolutisme royal. Son pendant économique est né quelques décennies plus tard en opposition à l'interventionnisme naissant de l'Etat. On le caractérise par la formule "laissez faire, laissez passer" (Vincent de Gournay).

Au XIXe siècle, les révolutions industrielles vont permettre un développement des économies occidentales. Libéralisme économique puis libéralisme politique s'imposent à peu près partout en Europe et rien ne semble devoir freiner leur expansion. Mais comment le libéralisme a-t-il évolué aux XIXe et XXe siècles ? Dans une première partie, nous étudierons en quoi la fin du XIXe siècle fut pour le libéralisme un âge d'or sans précédent. Dans un second temps, nous verrons pourquoi l'Etat a dû intervenir dans l'économie, puis nous terminerons par les différentes contestations du libéralisme.

 

 

 

Le libéralisme politique naît à la fin du XVIIe siècle au Royaume-Uni avec John Locke. Les théories de Locke seront largement reprises et popularisées par certains philosophes des Lumières français comme Montesquieu (1748 : "L'Esprit des lois"), Condorcet ou Turgot en France, par Kant en Allemagne, et par Jefferson aux Etats-Unis. Elles reposent sur cinq principes fondamentaux : la séparation des pouvoirs ; la souveraineté du peuple (qui l'exerce par l'intermédiaire de ses représentants) ; le refus de l'Absolutisme (le pouvoir est là pour protéger les citoyens, non pour les soumettre) ; la valorisation de l'individu, de ses libertés et son autonomie par rapport aux pouvoirs et par rapport à la société; la neutralité de l'Etat par rapport aux croyances et convictions, qui pose le principe de la laïcité. Ces trois derniers principes donnent directement naissance au libéralisme économique. Celui-ci a été théorisé pour la première fois par l'économiste écossais Adam Smith, dont l'ouvrage "Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations" (1776) constitue l'un des ouvrages les plus importants de l'histoire économique et le véritable point de départ du libéralisme économique. Il pose pour base une société constituée d'individus, dans laquelle chacun poursuit ses intérêts propres. La loi du marché (offre et demande) assure naturellement l'équilibre entre production et consommation (Smith parle d'ailleurs de l'intervention d'une "main invisible"). Le libéralisme a donc pour principes la libre entreprise (qui permet l'initiative privée), la libre concurrence (qui favorise les produits les moins coûteux à qualité égale), et le libre-échange (qui favorise le commerce). L'Etat doit respecter la propriété privée et ne pas intervenir dans l'économie, ni fixer des réglementations abusives ou exiger une fiscalité trop lourde.

Avec l'industrialisation, la bourgeoisie se développe partout en Europe où apparaissent de grandes dynasties industrielles comme les Schneider en France, les Krupp en Allemagne ou les Morgan aux Etats-Unis. Par ses principes, le libéralisme est la doctrine qui sert le mieux les intérêts de cette classe. Et ce n'est pas un hasard si les pays où le libéralisme s'épanouit le mieux sont ceux où existent déjà une bourgeoisie importante comme l'Angleterre ou la France. On retrouve d'ailleurs certaines valeurs de la bourgeoisie dans le libéralisme : le goût du travail, l'épargne, la réussite sociale. La doctrine libérale va s'installer progressivement dans toute l'Europe, tout d'abord en Angleterre puis dans le reste du continent. Elle imprègne simultanément l'économie et la politique et, dans la deuxième moitié du XIXème siècle, libéralisme économique et libéralisme politique vont aller de pair. En France, le second empire devient par exemple progressivement moins autoritaire sur le plan politique, tout en étant de plus en plus libéral sur le plan économique. Symbole de cette politique, la France va signer en janvier 1860 avec l'Angleterre un traité de libre-échange. Ce mouvement général n'empêche pas de temps en temps des périodes de repli. Une crise de surproduction va entraîner une période de dépression économique entre 1873 à 1895, appelée aussi la grande dépression. La France revient alors à des pratiques plus interventionnistes (tarif méline en 1892, lois anti-trust de 1890) et protègent ses productions nationales en instaurant de nouveaux tarifs douaniers. Dans l'ensemble, la deuxième moitié du XIXème siècle se caractérise cependant par le triomphe de l'idéologie libérale tant sur le plan poltique que sur le plan économique.

 

 

Au tournant du XXe, siècle, les économies occidentales sont en plein essor et rien ne semble devoir contrarier le développement du libéralisme. Deux évènements de nature très différente vont cependant bouleverser cette évolution et entraîner une intervention importante de l'Etat dans l'économie : la première guerre mondiale et le krach boursier de 1929.

La guerre de 1914-1918 va ébranler en profondeur l'économie des pays européens. En quelques mois, tout le capital et le travail disponible se concentrent dans les industries de guerre largement entre les mains de l'Etat. Les pouvoirs publics vont exercer un contrôle accru sur toute l'économie pour planifier l'effort de guerre et un grand nombre d'entreprises ne travaillent plus que pour l'Etat. Chez les principaux belligérants (Allemagne, France, Angleterre) le commerce extérieur va même être placé complètement sous son contrôle. Oubliés, les grands principes libéraux qui entendaient limiter l'intervention de l'Etat dans l'économie, cantonner son action au seul financement des infrastructures de transports (construction de routes, de canaux et de chemin de fer) et faciliter les exportations des entreprises à l'étranger. Non seulement, l'Etat revient en force mais il occupe même une place centrale. La fin des hostilités ne va pas mettre fin du jour au lendemain à ce dirigisme inédit. En Europe, les Etats restent très présents dans l'économie, interviennent directement pour aider à la reconstruction et n'hésitent pas à recourir au protectionnisme pour protéger les industries mises à mal par la guerre. Aux Etats-Unis, principal bénéficiaire du conflit, le gouvernement plaide au contraire pour une ouverture maximale des frontières de façon à pouvoir écouler les énormes capacités de production de l'industrie américaine. La Société des Nations, ancêtre de l'ONU, s'aligne sur la position du président américain Wilson et prescrit la suppression de toutes les barrières économiques entre les nations.

Ces tensions entre la vieille Europe et les Etats-Unis vont encore s'accroître avec la crise de 1929. Celle-ci débute par un énorme krach boursier à New-York, le 24 octobre 1929. Rapidement la crise financière se transforme en une gigantesque crise économique qui va progressivement contaminé le monde. En période de crise, les libéraux prônent le « laissez-faire «. Pour eux, le libéralisme est par nature capable de s'auto-réguler et les crises sont même utiles car elles permettent l'élimination des entreprises en difficulté et renforcent celles qui sont plus compétitives. De leur point de vue, il faut donc laisser les crises se résoudre d'elles-mêmes en laissant s'opérer des mécanismes naturels du marché. L'ampleur de la crise de 1929, l'importance des faillites et le développement d'un chômage de masse va cependant pousser les Etats à intervenir à nouveau dans l'économie comme le préconise alors l'économiste britannique, John M Keynes. Contrairement aux libéraux, ce dernier estime qu'en période de crise, l'Etat a un rôle à jouer. Il doit relancer la consommation en pratiquant une politique de hausse de salaires et lutter contre le chômage par une politique de grands travaux. C'est ce que va faire le président Franklin D. Roosevelt aux Etats-Unis en lançant le New Deal en 1933. En Europe, la crise économique s'étend d'abord à l'Allemagne et l'Angleterre et touchera plus tardivement la France qui s'y enfoncera pour de nombreuses années. Partout, l'Etat fait preuve d'interventionnisme dans leur économie mais cette crise va surtout être marquée par la fin du libéralisme politique dans de grands pays européens. L'Italie puis l'Allemagne bascule dans le fascisme. La France elle-même est confrontée à mouvements extrémistes des ligues qui manquent de renverser la République en 1934. Le libéralisme politique et économique triomphant du début du siècle est en 1939 partout battu en brêche.

 

 

Doctrine influente, le libéralisme est cependant contesté dans la seconde moitié du XIXe siècle. Nombre d'auteurs s'opposent à lui, tant du point de vue politique qu'économique. Ces adversaires les plus importants sont les penseurs qui se réclament du socialisme. Ce courant de pensée est divisé en plusieurs groupes : - le socialisme utopique : il prône la transformation sociale et l'édification d'une société idéale, fondée sur l'abondance et l'égalité. Il est né dans les années 1820-1830 avec des penseurs comme Saint-Simon, Fourier. Les socialistes utopiques fondent l'ensemble de leurs critiques du capitalisme autour de ses conséquences néfastes sur le développement de l'homme. C'est Friedrich Engels qui les appela utopiques, ce dernier leur reprochant de trop négliger la réalité sociale, l'existence du prolétariat et l'importance de la lutte des classes.

- le socialisme scientifique : son principal théoricien est Karl Marx, économiste allemand. Il défend une théorie politique basée sur la conception matérialiste de l'histoire (lutte des classes), et caractérisée par l’objectif de la mise en commun des moyens de production et d'échanges ainsi que par la répartition des biens équitablement à tous. Il lutte pour un monde sans classes sociales, sans états et sans oppression. Pour arriver à ce résultat, il faut que le prolétariat ouvrier (classe dominée) renverse la bourgeoisie (classe dominante), afin qu'il puisse mettre en place une société égalitaire à tout point de vue, et empêcher la bourgeoisie de reprendre le pouvoir (ce phénomène a pour nom "dictature du prolétariat").

- le socialisme libertaire (ou anarchisme) : il est principalement théorisé par Proudhon. C'est une idéologie visant d'une part à l'abolition de l'État et du capitalisme, et d'autre part à l'instauration d'une société égalitaire, délestée des principes de la propriété privée, des institutions de type étatique, et fondée sur l'autogestion et la responsabilité individuelle. Le courant anarchiste refuse toute forme d'autorité.

Au début du XXe siècle en France, l'ensemble des forces socialistes s'unifie au sein d'un parti : la section française de l'internationale ouvrière (SFIO). par la suite, le mouvement socialiste français se divise et donne naissance à la suite du congrès de Tours en 1920 au Parti communiste et au Parti Socialiste.

D'autres courants contestataires s'opposent au libéralisme : le traditionalisme (idéologie qui prône un retour à un régime traditionnel, condamnant l'individualisme du libéralisme et l'égalitarisme du socialisme), et le catholicisme social (doctrine qui ne remet pas en cause l'économie capitaliste libérale mais cherche à en corriger les effets les plus négatifs sur le plan social). Ce courant du catholicisme peu apprécié par Rome créera la Jeunesse Ouvrière Chrétienne et encouragera le patronat catholique à prendre des mesures sociales envers les ouvriers. Aux côtés de ces idéologies politiques, les ouvriers, de plus en plus exploités avec l'avancée de l'industrialisation, se rassemblent en syndicats pour mener une action collective et organisée qui vise à améliorer leur situation. Les idées défendues par les syndicats sont le droit de grève (en 1825 en Grande-Bretagne, en 1864 en France) et la reconnaissance du droit de se syndiquer (loi Waldeck-Rousseau en 1884). Le syndicalisme français, dit d'action directe, est caractérisé par ses intentions révolutionnaires et d'indépendance vis-à-vis des partis politiques. Ces principes sont affirmés lors du congrès de la CGT (Confédération Générale du Travail, syndicat créé en 1895) d'Amiens en 1906 (charte d'Amiens).

 

 

 

Le libéralisme, qui apparaissait comme une doctrine révolutionnaire à sa création, fut de plus en plus contesté avec le temps, ne prenant pas en compte la condition des classes laborieuses, et ne laissant pas l'Etat intervenir dans l'économie. La première guerre mondiale et la crise de 1929, où le libéralisme n'a pu s'autoréguler, entraînèrent sa remise en cause. Cela permettra à de nouvelles idéologies de prendre le pouvoir. Le nazisme, le fascisme mais aussi le communisme seront les supports idéologiques de nouveaux régimes : les totalitarismes.

 

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