Le pari de Pascal
Publié le 20/02/2011
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On comprend alors comment il a pu assimiler cette affirmation à un pari ou, d'une manière générale, à un jeu de hasard.
Il y a iciun gain en perspective, c'est la vie éternelle; il y a aussi un enjeu, ce sont les plaisirs terrestres dont nous faisons le sacrifice.
Il estvrai que, dans les jeux ordinaires, on ne sacrifie pas définitivement sa mise: on n'y renonce que provisoirement et avec la penséede la retrouver, entière et accrue, dans son gain.
Ici au contraire, le sacrifice est irrévocable ce n'est pas le paradis de Pascal quinous rendra les plaisirs auxquels nous aurons renoncé ici-bas ; il nous donnera plus et mieux sans doute, mais il nous donneraautre chose.
Pour rendre la comparaison tout à fait exacte, représentons- nous une loterie dont le lot unique soit une oeuvre d'art.L'argent que nous coûte notre billet est bien, cette fois, un argent sacrifié: nous ne le reverrons pas, même si nous gagnons, sousforme d'argent: mais il se retrouvera éminemment, pour parler comme Descartes, dans la valeur du lot.
Pascal remarque a plusieurs reprises que nous sommes forcés de parier, soit dans un sens, soit dans l'autre.
"Ne point parier queDieu est", lui fait dire Port-Royal, "c'est parier qu'il n'est pas".
Il est facile d'expliquer cette nécessité, sans faire intervenir, commeM.
Havet, la crainte de l'enfer.
Nous parions que Dieu est quand nous renonçons, en vue du bonheur à venir, aux satisfactions del'amour-propre.
Mais il n'y a pas, à l'égard de l'amour-propre, de neutralité possible: car il nous est naturel, ou plutôt il est notrenature même: ne pas y renoncer par un acte exprès, c'est lui abandonner entièrement la direction de notre vie; c'est donc agircomme si nous n'avions rien à espérer dans une autre; c'est affirmer pratiquement que Dieu n'est pas.
Celui qui parie que Dieu est, n'a à craindre, s'il se trompe, que le néant.
Celui qui parie que Dieu n'est pas compte, au contraire,sur ce néant: mais que lui arrivera-t-il s'il se trompe et si son âme subsiste après sa mort? Il aura perdu, par sa faute, un bonheurinfini, et cette perte sera déjà pour lui un immense malheur.
Est-il voué, en outre, à des souffrances positives et, pour parler lalangue de la théologie chrétienne, aux peines de l'enfer? On ne peut pas dire que Pascal n'ait pas envisagé cette éventualité: il enparle dans quelques passages qui ne sont pas sans rapport avec notre texte; il n'en parle pas dans ce texte même et ne la fait pasentrer dans les calculs sur lesquels il fonde son pari.
Nous n'avons ici devant nous qu'une alternative, celle de la vie éternelle et dunéant.
"Si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez, vous ne perdez rien."
Pascal compte cependant les plaisirs de cette vie pour quelque chose, puisqu'il en fait l'enjeu du pari.
Dans les calculs qui vontsuivre, il les représente par l'unité.
Mais ce n'est que pour se conformer à l'opinion commune: car il se réserve de montrer qu'ilssont faux et de nulle valeur.
Il anticipe ici sur ce qu'il dira plus tard..
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