Devoir de Philosophie

« Le parti pris des choses » de Ponge

Publié le 29/09/2010

Extrait du document

ponge

 

 

La poésie n'est plus dans le choix du sujet (cageot, mollusque, morceau de viande = sujets a priori dépourvus de toute connotation poétique !) mais dans la manière de dire. La poésie est un art de la parole. Il s'agit de faire du « neuf « avec du « vieux « = en effet les mots sont usés par le temps.

Ponge déclare « tout se passe pour nous comme pour des peintres qui n'auraient à leur disposition pour y tremper leurs pinceaux qu'un même immense pot où depuis la nuit des temps tous auraient eu à délayer leurs couleurs «

 

Il y a un discrédit attaché au langage de la communication, et à la poésie lyrique (seule parole poétique reconnue) qui est enlisée... Et donc il y a un défi du poète au langage. Un sujet banal, pauvre, un langage « usé « → le texte devient un tour de force.

Ce défi a une finalité, un but : il faut changer l'homme, en changeant sa manière de voir le monde. Faire surgir de la banalité un monde inouï.

 

Constat de départ = rupture entre les mots et les choses ; nous vivons dans un monde d'idées, de mots, de représentations, on ne connaît pas vraiment le monde. On a perdu le contact concret avec le monde. Il faut donc faire renaître les choses par les mots dans toute leur épaisseur sensible.

 

Associer la définition et la description de l'objet, que cela ne fasse plus qu'un : la définition (concept, abstrait) et la description (aspect concret). Faire exister les choses dans leur présence concrète et dans leur vérité, « rendre compte du contenu entier de leurs notions « (Ponge)

 

le choix des objets

proximité : à l'opposé des grandes idées ou des grands sentiments

aspect concret : objets pour lesquels l'homme a une relation profonde, ceux qui le touchent dans la vie concrète

banalité : objets apparemment sans intérêt, sur lesquels on n'a rien à dire (défi pour le poète)

respect : considérer les objets comme des personnes (voir les personnifications, fréquents anthropomorphisme)

le titre : « parti pris des choses « → prendre parti pour, opter pour, prendre position, idée d'une décision inflexible, mais aussi un choix arbitraire, partial. Aucun a priori, aucune logique, on y trouvera de tout.

Réflexion sur un classement possible des textes (certains textes peuvent se trouver dans plusieurs catégories) : 1) objets de consommation; 2) ustensiles, 3) objets d'ameublement 4) animaux, 5) fruits, fleurs, végétation 6) espèces, genres 7) personnes 8) paysages, lieux, moments

qu'en conclure ?

→ les objets sont inépuisables, pas de limite

→ confrontation entre l'objectivité des objets (ce qu'ils sont) et la subjectivité de la démarche (ce qu'ils sont pour l'homme, voir « rhum des fougères « par ex)

→ aspect encyclopédique : recréer le monde, par fragments.

 

pourquoi parler des objets ? Une démarche philosophique

 

Choisir des objets modestes pour atteindre l'absolu, minimiser, pour aller plus loin.

a) modifier le rapport de l'h au monde : aspect philosophique. « il ne s'agit pas tant de formuler des opinions ni même des goûts, que de formuler n'importe quoi selon nous-mêmes; donner notre rapport au monde, notre relation au monde «

passer de la conquête et de l'impérialisme de l'homme sur les choses (elles n'existent pas en elles-mêmes, ne sont que des accessoires ou des alibis ) à une coexistence, une harmonie. Donner la parole aux choses = leur témoigner considération, respect.

b) redonner à voir les choses dans leur authenticité; dépoussiérer le dictionnaire,r edonner aux choses leur aspect concret et sensible. Rajeunir notre rapport aux choses, montrer qu'on peut trouver dans les objets les plus banals un abîme de sensations.

c) traduite le sentiment de l'existence : montrer que c'est dans son rapport authentique aux choses que l'homme existe. Les objets sont porteurs de valeurs humaines.

 

Stratégie de Ponge

 

aspect provocateur : tout utiliser, faire l'expérience des limites du langage : préciosité, humour, mauvais goût... pour atteindre la vérité de l'objet.

Relation au lecteur : agressive; lecture inconfortable, non fluide, qui oblige le lecteur à devenir actif, à s'investir pour comprendre. Partenaire privilégié, qui doit continuer au-delà du texte.

 

Liens utiles