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PARTI PRIS DES CHOSES (le) de Francis Ponge (résumé & analyse)

Publié le 07/11/2018

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PARTI PRIS DES CHOSES (le). Recueil de proses poétiques de Francis Ponge (1899-1988), publié à Paris chez Gallimard en 1942.

 

Les « choses » (au sens large) dont Francis Ponge s'efforce de rendre compte dans ce recueil sont toutes tirées d'une réalité très commune et peuvent être classées en plusieurs catégories. Parmi elles on trouve quelques espè ces de la faune la plus courante (« la Crevette », « le Papillon », « Escargots », « I'Hu?tre », « Notes pour un coquillage »), des minéraux («le Galet »). des objets fa briqués par l'homme («le Cageot », «la Bougie »), des comestibles (« le Pain » « l'Orange ») . des phénomènes natu rels (« Pluie », « le Cycle des saisons ») mais aussi des lieux familiers («le Restaurant Lemeunier rue de la Chaussée d'Antin ». « les Trois Boutiques », « R.C. Seine no ») ou des attitudes humaines caractéristiques (« la jeune Mère », « le Gym naste »). L'écrivain s'efforce de décrire chacune de ces « choses » de telle manière qu'il par vienne à établir entre celle ci et sa propre activité une analogie, un point de contact.

 

L'écrivain selon Ponge a des leçons à tirer de la façon dont la nature et les objets se donnent à voir et à lire : leçons de style, de vocabulaire, de « rhétorique » aussi nombreuses et variées qu'apparaissent ces choses elles-mêmes. Et point n'est besoin de chercher bien loin les manifestations de ces bonheurs d'expression, la réalité la plus banale y pourvoit en abondance. Le moindre mollusque se prête à une vertigineuse observation et offre matière à une enrichissante identification : « Quel bonheur, quelle joie donc d'être un escargot », car c'est appartenir à cette espèce d'animaux dont la coquille, << partie de leur être, est en même temps œuvre d'art ». Il s'agit pour Ponge de trouver la forme par laquelle les mots employés (par leurs jeux ou le recours à leur étymologie) ou les tournures syntaxiques parviendront à une correspondance plus ou moins étroite avec la chose envisagée.

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« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Des objets considérés à la loupe... Dans une modeste série de trente-deux poèmes en prose, dont la longueur varie entre quelques lignes et quelques pages, le poètes'ingénie à décrire des choses indiquées par le titre du poème ; des objets de peu de conséquence : Le Cageot, La Bougie, revaloriséspar son regard bienveillant ; des choses comestibles : L'Orange, Le Pain, Le Morceau de viande, observées sous un autre angle quecelui de la simple consommation ; des animaux peu prisés : L'Huître, Le Mollusque, Escargots, Le Papillon.

La Crevette ; des végétaux :Les Mûres, La Mousse.

A ces textes, sont associés d'autres poèmes qui font la synthèse de leur attrait aux yeux de Ponge : Faune etflore.

Végétation.

Quand il condescend à décrire des êtres humains, c'est pour les réduire ironiquement à une fonction : Le Gymnaste,La Jeune Mère.

Quand il élargit le champ de ses investigations, le poète interroge les substances, les matières, les formes : Pluie, LeFeu, De l'eau.

Dans quelques textes, c'est toute une atmosphère que le poète retire de ses contemplations : Le Cycle des saisons,Bords de mer, RC Seine n °. Une extraordinaire maîtrise verbale Dès ce premier recueil, le rapport de Ponge au monde est strictement établi, et ses méthodes poétiques d'appropriation du langageexpérimentées, adoptées et magistralement utilisées.

Ce rapport au monde fait du poète un contemporain privilégié, capable dedécouvrir les qualités cachées ou méprisées des plus humbles objets.Ses méthodes sont aussi efficaces qu'inattendues.

Elles tiennent de la rigueur scientifique et de l'intuition poétique.

D'une part, Pongeattache une grand prix à l'étymologie qui rénove le sens oublié des mots et aux formules sobres, voire lapidaires, qui n'appellent pasde fioritures.

Par ailleurs, ses meilleures réussites tiennent aux analogies phonétiques, souvent voisines des jeux de mots, et auxcomparaisons saugrenues : le pain ressemble à la Cordillère des Andes, la viande à une usine...

Un impalpable humour ajoute unedistance étudiée, si mince soit-elle, entre l'objet et le texte.

1 • LE CONTEXTE C'est « hors du vieil humanisme » que Francis Ponge a trouvé sa voie poétique.

Matérialiste résolu, compagnon de route sceptique dusurréalisme, plus engagé dans le communisme, il a longuement et discrètement élaboré une oeuvre majeure de la poésiecontemporaine.

Publié en 1942, son premier recueil poétique, Le Parti pris des choses, instaurant un nouveau regard sur le monde, aété perçu comme une remise en question de la littérature.

Il s'inscrit pourtant dans une tradition poétique qui remonte à Malherbe. 2 • LE TEXTE Les trente-deux textes du Parti pris des choses, poèmes en prose, leçons de choses, esquisses et méditations, témoignent à la fois durefus des genres littéraires, notamment de la distinction entre prose et poésie, et d'un regard aigu et amusé sur le tout et le rien : unfruit, un coquillage, un objet, une silhouette, un climat, un lieu banal fournissent la matière poétique, familière et insolite.

Leurévocation prend « le parti des choses contre les hommes », selon le mot de Sartre.

L'objet littéraire, le « proème », qui explore etexprime les choses doit, en effet, leur tenir lieu de définition. 3 • LES THÈMES MAJEURS • Le coeur secret des chosesTout l'art de Ponge vise à mieux rendre compte des choses que ne le font les « définitions » du dictionnaire, dont l'autorité absolue estavant tout humaine.

Seule la poésie peut formuler cette « essence » des choses que l'auteur tente de percer à jour, avec les troisarmes de l'observation, de l'imagination et du langage ; elle exprime l'objet par l'impression qu'il dégage à travers sa couleur et saforme : ainsi la prononciation du mot « orange » contient la moue de la bouche prête à boire le jus du fruit.

L'impassibilitéEn « prenant parti pour les choses », l'auteur refuse toute tentation idéaliste, tout lyrisme, toute perception émotionnelle de la réalité ;il rejette les « vertiges déformants de l'inspiration », récuse même l'étiquette de poète : son art cherche à enregistrer, à « cueillir » lesphénomènes, non à leur imposer un contenu.

La quête inachevée d'un sensLa singularité de cette poésie est qu'elle échappe au conformisme de la définition ; les choses, les phénomènes et les gens dépeintsgardent un sens ouvert.

L'écriture devient une ascèse, sans cesse en quête d'équivalences avec l'objet.

Au bout du chemin, laconnaissance est poétique : « Le mystère vient de la justesse ; de l'accumulation des mots, de l'agencement des mots justes.

» 4 • L'ÉCRITURE L'acrobatie verbale Le jeu de langage ou de mots est la matière même du texte dePonge.

Dans un va-et-vient constant, la description et la transformation inventive par jeux étymologiques et phonétiques se succèdent,non sans jubilation de l'auteur : «À mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot...

» (Le Cageot).

Une véritablealchimie du verbe joue du retour aux racines (« formule » : « petite forme »), de la polysémie (« précipitation » : « chute de pluie etempressement ») et des mots-valises (« amphibiguïté »).

Une mise en abyme du langageLa forme littéraire de ce recueil révèle un « parti pris théorique » de l'auteur : le poète est, conformément au sens étymologique dumot, un fabricant, un artisan.

Sa matière est le langage, matière verbale qui devient l'objet même du poème, au même titre que laréalité évoquée, dans un jeu sur les mots et les choses que l'auteur appelle « objeu ».. »

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