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Le personnage d'Alberto dans Si c'est un Homme de Primo Levi

Publié le 25/10/2012

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primo levi
Si c'est un homme, de Primo Levi : Le personnage d'Alberto Dans le témoignage de Lévi, plusieurs personnages sont présentés. La plupart sont représentatifs de la vie menée au Läger. Alberto Dalla Volta apparaît régulièrement tout au long du récit, résultat de la volonté de l'auteur de rendre hommage à un homme différent des autres par son caractère et ses actions. Alberto arriva à Auschwitz par le même convoi italien que l'auteur, accompagné de son père. Celui-ci fut emporté dans la sélection de l'automne 44, tandis qu'Alberto, après avoir passé un an au Läger aux côtés de son meilleur ami, disparut dans la marche d'évacuation de Janvier 45. On verra tout d'abord quelles sont les caractéristiques de ce personnage dans le cadre du Läger, puis on analysera la relation entre Alberto et Levi, avant de montrer en quoi ce personnage est un héros de roman. I-Les caractéristiques de ce personnage au sein du Läger Le personnage d'Alberto est jeune, il a 22 ans, et Italien comme l'auteur. Il apparaît régulièrement dans le livre, et incarne un personnage qui se distingue de la masse de prisonniers du Läger. Alberto se distingue par sa capacité d'adaptation aux conditions de la Buna. En effet, celui-ci parvient toujours à obtenir plus que la ration de nourriture imposée grâce à diverses astuces. En effet, l'ami de l'auteur invente des ruses au cours desquelles il entreprend des négociations ou des échanges commerciaux. Après quelques mois de Läger, Alberto crée « l'opération lime « (p.157). Celle-ci consiste à faire du profit en mettant en jeu une possession. Alberto a l'idée de faire un emprunt plutôt que d'utiliser ses propres objets. Il emprunte une lime au magasin d'outillage (comme celui-ci garde un registre avec tous les emprunts, il est impossible de garder l'objet). Sur le marché, il échange la lime empruntée contre deux limes de même valeur. Il en rend une au magasin, et vend la deuxième contre une certaine quantité de rations de pain. Ainsi, le personnage parvient à faire du profit, même dans un milieu impliquant tant de restrictions. Ces initiatives font preuve de l'instinct de survie du protagoniste. Il utilise toutes ses capacités pour se construire une vie un peu plus confortable que celle imposée par la politique du Läger. En effet, Alberto fait preuve de « débrouillardise « par le fait qu'il a en poche tous les outils nécessaires pour tisser des liens dans le Läger qui pourraient lui venir en aide : il n'apprend que les mots utiles dans la communication avec les autres Häftling (détenus en Allemand), et utilise ses capacités de dialogue et d'observation pour établir son propre réseau professionnel dans la Buna : « Le chef cordonnier est une de ses connaissances, peut être que quelques litres de soupe suffiront «, p.156 lorsqu'il veut réparer les chaussures de Lorenzo; « Il sait qui il faut corrompre, qui il faut éviter, qui on peut amadouer, à qui on doit tenir tête «, p.61, « la popularité dont il jouit « p. 62, « civil de confiance « p.157 qui l'aide à échanger sa lime lors de l'opération lime. Ses capacités et ses plans de survie ne profitent pas qu'à lui mais aussi à son meilleur ami Primo, avec lequel il a tissé un lien particulier de confiance. II- Relation avec l'auteur D'après l'auteur, « Alberto est [son] meilleur ami « (p.61). Il lui est dévoué et fidèle, il est toujours là pour lui et ne veut que son bien. En effet, lorsque Levi rentre au laboratoire en tant que chimiste, Alberto n'est pas sélectionné mais vient tout de même féliciter son ami : « Plusieurs camarades me félicitent ; Alberto le premier avec une joie sincère sans ombre d'envie « (p.148). De plus, lorsque les prisonniers valides partent du camp pour échapper à l'arrivée des Russes, Levi reste car il est malade et Alberto vient lui faire ses adieux : « Ce fut le tour d'Alberto venu me dire au revoir par la fenêtre, au mépris de l'interdiction « (p.166). Au cours de leur emprisonnement, une relation basée sur la confiance s'installe entre les deux hommes. Alberto devient le confident de Levi : il n'hésite pas à lui faire part de ses réflexions « J'y repense, j'en parle à Alberto « (p.137), « Je le dit à Alberto : on va vraiment au Chlorure de Magnésium, ça au moins, c'est sûr « (p.109) en parlant de l'entrepôt où va se dérouler l'examen de chimie qu'ils vont passer ensemble. Il est le « compagnon de lit à qui se fier « (p.62). Les deux amis parlent souvent ensemble de leur journée, de leur états d'âme et se soutiennent mutuellement : « Depuis que je suis au Laboratoire, Alberto et moi nous ne travaillons plus ensemble et nous avons toujours beaucoup de choses à nous dire «, p. 155 ; « Nous nous dîmes au revoir en peu de mots : nous nous étions déjà dit tant de fois tout ce que nous avions à nous dire « (p.166). La relation entre Alberto et Primo basée sur l'honnêteté et la fidélité, reflète les valeurs morales qu'il transmet naturellement à son ami son entourage. III-Un héros transmettant ses valeurs morales Le héros du roman est caractérisé par le fait qu'il conduit l'action, partage ses expériences et transmet ses valeurs personnelles. Il se démarque de la foule d'hommes ordinaires et incarne le désir d'échapper à un mode de vie qui le limite. Alberto correspond au type de héros emblématique, c'est-à-dire qui connaît ses valeurs et construit ses actions autour d'elles, sachant quel est son rôle et quel est son but. Tout en travaillant pour soi-même il respecte son entourage et vit un peu pour les autres aussi. Il incarne la personne qui refuse de se soumettre à l'ennemi : « Il a compris avant tout le monde que cette vie était une guerre « p.61, et à la politique imposée à laquelle il est opposé, ce qui est dans sa nature : « Alberto, mon ami indompté, ne s'accommodera jamais d'un système ; il a dans les veines un sang bien trop libre «p.148. Il n'arrive pas à s'habituer à une routine, particulièrement celle d'Aushwitz, car c'est un homme dont « l'instinct le porte ailleurs, vers d'autres solutions, vers l'imprévu, l'improvisé, le nouveau. A un bon emploi, Alberto préfère sans hésitation les incertitudes et les batailles de la « profession libérale « «, p.148. Ainsi, Alberto est un homme qui se pose des défis et qui n'aime pas dépendre d'un supérieur. Il diffuse aussi un comportement par lequel il ne laisse pas ses camarades prisonniers de côté. En effet, la politique implicite du Läger impose de travailler « chacun pour soi «, de ne pas partager, et de garder précieusement ce qui peut être utile. Même si Alberto a tissé des liens qu'il utilise pour son propre bien, il ne profite jamais injustement de ses relations et de ses autres connaissances : « Il lutte pour sa propre vie, et pourtant il est l'ami de tous «, p.61. L'auteur remarque que malgré sa popularité et ses capacités d'adaptation, Alberto n'est « pas devenu un homme cynique «, p. 61. Contrairement à des hommes comme Henri, qui ne s'intéresse à une personne que si celle-ci peut lui venir en aide, Alberto respecte ses promesses (comme le pacte de partage établit avec Levi). Nous avons étudié en première partie les caractéristiques du personnage d'Alberto : sa capacité d'adaptation, de survie et son sens de l'intégration. Puis nous avons vu la relation qu'Alberto entretient avec le narrateur basée sur la confiance et le partage. Et enfin, nous avons défini les valeurs morales que ce héros cherche à transmettre, à savoir le respect de l'être humain, l'entre aide et la lutte perpétuelle pour la vie. Nous pouvons donc conclure qu'Alberto est un personnage aux multiples caractéristiques morales qu'il diffuse, par sa nature, à son entourage. Il représente l'incarnation du combat pour la liberté et s'oppose à l'idéologie nazie. Après sa libération, Levi prit contact avec la famille d'Alberto. Mais la mère et le frère semblaient s'être laissé bercer par un rêve éveillé, préférant s'inventer l'histoire d'un prisonnier ne retrouvant plus sa famille, plutôt que d'affronter la dure réalité de sa mort et de ses conditions.

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