Devoir de Philosophie

Le Théâtre Au XVIIème Siècle

Publié le 10/10/2010

Extrait du document

 

Le théâtre au XVIIème siècle

 

Aucun siècle n’est celui d’un seul genre en littérature. Toutefois il semblerait qu’à chaque siècle un genre prédomine ou est particulièrement florissant. C’est le cas de la poésie au XVIème siècle, de la littérature d’idées au XVIIIème et du roman au XIXème. Le XVIIème, lui, est communément  surnommé dans la littérature française le Grand Siècle du théâtre.

Pour vous en parler aujourd’hui, je suivrai le plan suivant :

I. La vie théâtrale au XVIIème siècle

1) Où va-t-on  voir une pièce de théâtre?

2) Comment se déroule une représentation?

3) A quoi ressemblent les costumes et les décors?

II. Du baroque au classicisme

1) Une période de transition

2) La règle des trois unités

3) Bienséance et vraisemblance

III. Comédie et tragédie

1) Progression de la comédie

2) Perfection de la tragédie

3) Synthèse des points communs et différences entre les deux genres

 

I. La vie théâtrale au XVIIème siècle

 

1) Où va-t-on  voir une pièce de théâtre?

  A Paris, des salles permanentes accueillent les spectateurs : la salle de l’Hôtel de Bourgogne, celle du Palais-Royal où joue Molière, celle du théâtre du Marais notamment. Les troupes ont leur théâtre attitré. Cela peut entraîner des querelles ou aussi aboutir à des fusions. C’est ainsi que s’est constituée la Comédie-Française, par l’association de plusieurs troupes dont celle de Molière.

  Il existe également beaucoup de salles privées au XVIIème siècle. Les gens aisés et raffinés soutiennent le théâtre notamment en accueillant des troupes dans leurs salons pour divertir leurs invités.

  Enfin, on peut voir des pièces de théâtre sur des scènes de fortune dans les villes et les campagnes. Bon nombre de troupes ambulantes -comme l’Illustre Théâtre de Molière en son temps- parcourent les routes et jouent où ils sont accueillis. Cette tradition de la tournée a largement survécu au XVIIème siècle.

 

2) Comment se déroule une représentation?

  Les places de théâtre ne sont pas très chères à l’époque : tout le monde peut assister à une représentation. Toutefois, chacun a sa place dans les salles : les nobles et les grands bourgeois prennent des loges,  les petits bourgeois sont installés sur des gradins en amphithéâtre et le peuple reste debout dans le parterre devant la scène à la même hauteur. Certaines personnes à la mode ont le privilège de s’installer sur la scène.

  En conséquence, le désordre règne : la salle est bruyante, il y a du mouvement. L’ensemble est très vivant mais sûrement aussi un peu confus et fatigant. Certains spectateurs parlent aux comédiens, les invectivent parfois même.

  Les spectacles sont longs, ils se composent généralement d’une comédie en trois actes suivie d’une tragédie en cinq. Les représentations se font plutôt dans l’après-midi, de quatorze à dix-huit heures. Il y a en moyenne sept entractes, les comédiens peuvent souffler pendant qu’on mouche les chandelles.

 

3) A quoi ressemblent les costumes et les décors?

  Les costumes varient selon le genre de la pièce :  costumes grecs, romains, orientaux… pour les tragédies, selon l’origine des personnages campés et vêtements contemporains pour les comédies. Cela pouvait accentuer encore la confusion déjà créée par la proximité spatiale des spectateurs et des acteurs. Habillés semblablement, comment les différencier?

  Les décors dépendent quant à eux de la période du XVIIème siècle à laquelle on se réfère. Au début du siècle, l’intrigue des pièces se situait dans différents lieux, plusieurs décors étaient alors confectionnés, toutefois, par manque de place, on les mettait tous ensemble sur scène, les uns à côté des autres. Lorsque la règle des unités s’impose, vers 1640, un seul décor posé sur scène correspond au lieu unique représenté dans la pièce.

  Des effets pouvaient être mis en place : les pièces à machines étaient très prisées. A la Cour, elles pouvaient exceller en prouesses techniques, en effets spectaculaires. Des feux d’artifices pouvaient même être tirés. Le spectacle était grandiose pour les comédies-ballets où la danse et la musique démultipliaient les effets artistiques (Le Bourgeois gentilhomme, Le Malade imaginaire…).

 

 

II. Du baroque au classicisme

 

1) Une période de transition

  Le théâtre du début du XVIIème siècle est nommé « théâtre irrégulier «. Il doit cette appellation à son goût de l’outrance, à son absence de règles et de mesures. Puis de 1630 à 1661 le théâtre évolue beaucoup. La nécessité de trouver des règles claires, le goût grandissant de la société pour la modération et la raison expliquent l’évolution du théâtre baroque (ou théâtre irrégulier) au théâtre classique (ou théâtre régulier).

  Après une première génération baroque autour de Théophile de Viau (Pyrame et Thisbée 1621), une génération de transition apparaît avec Mairet ou Corneille qui pratiquent à la fois le théâtre régulier et irrégulier. Le mouvement est progressif.

  La répartition des genres témoigne de l’évolution du théâtre : la tragi-comédie disparaît au profit des comédies qui, moins farcesques, acquièrent leurs lettres de noblesse. Un dramaturge comme Corneille après avoir été l’auteur à succès du Cid n’écrit plus que des tragédies dans la deuxième partie de sa vie.

 

2) La règle des trois unités

   Qu’en un lieu, en un jour, un seul fait accompli

   Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli.

Boileau

  L’évolution  des lieux multiples au lieu unique se fait peu à peu, elle aboutira en 1640. Ainsi, Corneille, par exemple, en 1636 place Le Cid  dans quatre lieux différents : le palais du roi, la maison de Chimène, la maison de Rodrigue et une place publique, et en 1640 situe Horace dans une salle de la maison du héros éponyme.

  Un même souci de simplification, en vue d’une plus grande cohérence pour le spectateur entraîne les auteurs à limiter dans le temps l’intrigue de leur pièce. L’idée est qu’il y ait le moins de différence possible entre le temps de la représentation et le temps représenté. La règle générale est celle des vingt-quatre heures car on imagine que l’action continue -avec une accélération acceptée- pendant les entractes. Racine a su pousser à l’extrême cette règle en imaginant, dans Bérénice par exemple, une action inférieure à six heures.

  L’unité d’action procède du même effort. Le théâtre n’étant pas lu comme un roman, les conditions de représentation n’étant pas faciles, il est apparu nécessaire de ne pas multiplier les actions. C’est aussi une façon de concentrer une idée et de lui donner une force maximale. Une pièce comme Phèdre entièrement centrée sur la passion dévorante de son héroïne est très épurée.

  Une quatrième unité peut-être ajoutée, celle de ton. On ne mélange pas les genres mais on distingue clairement comédies et tragédies, rejetant par là-même les tragi-comédies.

 

3) Bienséance et vraisemblance

  Les bienséances veulent qu’on ne choque pas : il ne doit donc rien y avoir d’indécent ou de violent sur scène. Les meurtres, les duels, la vue de tout sang sont proscrits. Les morts nécessaires à l’intrigue ont donc lieu hors de la scène et font l’objet d’un récit, comme celui de Théramène dans Phèdre.

  Le théâtre est un lieu de conventions sociales. Il faut proscrire tout ce qui ne pourrait être accepté comme vraisemblable par les spectateurs. Il faut convenir aussi aux goûts délicats de la Cour de plus en plus intéressée par le théâtre. Les rebondissements romanesques de la tragi-comédie ne sont plus acceptables. 

  L’idéal classique est celui de la juste mesure et de la concentration. Les pièces doivent donc être épurées, le nombre de personnages diminue, les pièces s’organisent nuances. L’action débute alors que la crise a déjà éclaté. Les données sont fournies aux spectateurs dans l’exposition, les évènements de la pièce mènent clairement au dénouement attendu.

 

III. Comédie et tragédie

 

1) Progression de la comédie

    Le début du siècle est une période de crise pour le genre, Mairet ou Corneille le font revivre un peu dans les années 1630 mais c’est seulement entre 1661 et 1680 qu’il atteint son apogée. La comédie devient bien plus jouée que la tragédie. Ce succès doit beaucoup à Molière mais aussi à l’évolution du public et à celle de la comédie elle-même qui devient plus modérée et plus élaborée conquérant ainsi le public de Cour.

  La comédie est basée sur une intrigue traditionnelle : les jeunes premiers, aidés par des serviteurs rusés, combattent la tyrannie d’opposants à leur mariage. Sur ce fond se développent des comédies de différents types : de mœurs (Tartuffe), de caractère (Les femmes savantes).

  L’éventail des comédies est large : des pièces sont toujours proches de la farce (Les Fourberies de Scapin), certaines, exceptionnellement, restent assez irrégulières (Dom Juan : trente-six heures, plusieurs décors, grande tension dramatique), enfin des pièces sont des spectacles complets (Le Malade imaginaire et sa farandole de docteurs ; Le Bourgeois gentilhomme et ses apparitions de merveilleux).

 

2) Perfection de la tragédie

  Avec la progressive prédominance de la comédie et la disparition de la tragi-comédie, la tragédie devient représentante presque exclusive du théâtre marqué par la tension dramatique. Cela permet au genre de s’affirmer dans toute sa spécificité, dans toute sa pureté avec le théâtre de Racine qui domine en maître le genre.

  La règle des trois unités aide à la concentration de l’intrigue sur un destin qui se noue, sur la lutte impossible de personnages contre leur fatalité, sur l’attente tendue de l’inéluctable catastrophe. Le spectateur y contemple sa propre misérable condition et médite sur la destinée humaine. La passion de Phèdre pour Hippolyte la détruira, le peuple romain n’acceptera jamais que Titus épouse Bérénice…

  L’épuration de l’intrigue est confortée par celle de la langue : le vers de Racine est parfait, c’est du cristal (« Objet infortuné des vengeances célestes, // Je m’abhorre encore plus que tu ne me détestes.«). Les antithèses révèlent les contradictions internes des personnages. La musicalité des phrases fait naître un lyrisme qui porte la souffrance des héros. Les fréquents recours à la mythologie permettent de donner de l’envergure aux personnages, de les placer dans des sphères exemplaires.

 

3) Synthèse des points communs et différences entre les deux genres

  Sept données peuvent permettre de distinguer comédies et tragédies. 

  L’origine des personnages qui est la haute noblesse de gouvernement dans la tragédie contre la bourgeoisie dans la comédie de mœurs ou de caractère, la bourgeoisie ou la noblesse dans la comédie d’intrigue.

  Les héros des tragédies tendent aux mythes (Œdipe, Phèdre…), ceux des comédies aux types (le barbon, la servante rusée…).

  L’exercice de la liberté est contraint par la force de la fatalité dans la tragédie, par l’emprise du caractère ou de la société respectivement dans les comédies de caractère et de mœurs.

  Le ton de la pièce est totalement tendu dans la tragédie, il est gai, parfois tendu dans les comédies.

  Le ton du dénouement est malheureux, exceptionnellement heureux dans les tragédies, toujours heureux dans les comédies.

  Les tragédies sont écrites en cinq actes dans un langage soutenu, généralement versifiées, les comédies sont écrites en langage courant, varient de trois à cinq actes et ne sont qu’exceptionnellement versifiées.

  Les émotions suscitées chez les spectateurs  sont la pitié, la terreur et parfois l’admiration dans la tragédie, la curiosité, la sympathie ou la moquerie envers les ridicules dans les comédies.

 

Pour conclure, il nous est apparu que le théâtre était un art très vivant au XVIIème siècle : foisonnant, aimé et joué bien avant d’être écrit (parfois après coup et pour une petite minorité). Le théâtre du Grand Siècle a aussi été un art en évolution, en se régularisant il a aboutit à marquer clairement la différence et les particularités des comédies et des tragédies. La preuve de sa force de vie comme de son aboutissement est que le théâtre du XVIIème siècle est toujours d’actualité :  Phèdre au « Théâtre 12 « ou Tartuffe à « La Traversière « (parodie).

 

Liens utiles