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Le Théâtre Doit-Il Être Lu Ou Vu ?

Publié le 02/10/2010

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 Depuis l’Antiquité les amateurs de théâtres peuvent assister à une représentation d’une pièce, mais dès la Renaissance, ils peuvent également s’adonner au plaisir de sa lecture. Nous allons voir que les avis des auteurs diffèrent sur ce point. Molière affirme dans l’avis aux lecteurs de L’Amour Médecinque « les comédies ne sont faites que pour être jouées et je ne conseille de lire celle-ci qu’aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre «. Il s’agit ici de montrer les avantages la représentation théâtrale et ceux de la lecture d’une pièce de théâtre. Nous étudierons tout d’abord le théâtre en tant que spectacle, puis nous travaillerons sur la lecture d’un texte théâtral et enfin nous analyserons ces deux procédés lorsqu’ils sont associés. 

 Le théâtre est pas nature même un spectacle. Le nom commun « Théâtre « vient du latin theatrum qui signifie "ce qui doit être vu". Historiquement, il n’existe que par et pour la représentation. On sait par exemple que la Commedia Dell’arte ne comportait quasiment pas de texte et reposait sur l’improvisation. 

 De plus, l’émotion théâtrale n’est pas forcément produite par le texte. La dernière scène de La Reine Mortede Montherlant le prouve. C’est en effet une scène muette, rythmée par des gestes solennels des acteurs, où l’on assiste en silence au couronnement de l’héroïne qui vient d’être exécutée. 

 En somme, le théâtre fait partager des émotions collectives que ne peut ressentir le lecteur solitaire. En effet quelques représentations ont donné lieu à de grandes manifestations, on peut par exemple citer la « bataille « d’Hermani, de Victor Hugo en 1830. 

 Le théâtre est donc en premier lieu destiné à la représentation, mais sa lecture peut elle aussi avoir des avantages. 

 Il arrive que le théâtre soit prédestiné à la lecture. Certains auteurs écrivent leur pièces dans le seul but qu’elle soit lues. Chez Musset, les didascalies sont très importantes, elles permettent au lecteur de composer une représentation imaginaire de la pièce. En 1832, il écrit donc Un Spectacle dans un Fauteuil, un recueil de pièces qui n’est pas destiné à être représenté. 

 La suppression des didascalies permet d’ailleurs une liberté plus vaste pour le lecteur, c’est en tout cas la thèse défendue par l’abbé d’Aubignac qui, en 1657 interdit les didascalies dans sa Pratique du théâtre, en affirmant qu’une pièce doit être bonne à lire. 

 C’est ainsi que le lecteur se fait lui-même metteur en scène, il peut imaginer ce qui n’est pas précisé et laisser son esprit vagabonder, il transforme les décors et les costumes des personnages à sa guise. Il peut inventer sa propre représentation comme il l’entend. Dans l’île des Esclaves de Beaumarchais, le lecteur peut évaluer le degré de sarcasme qu’utilise Arlequin lorsqu’il prononce ses répliques. 

 Nous venons d’étudier le théâtre en tant que spectacle et en tant qu’œuvre littéraire, nous allons maintenant voir l’association de ces « deux théâtres «. 

 Pour apprécier complètement une œuvre théâtrale, le lecteur et le spectateur se complètent. La lecture permet de ressentir l'œuvre à la façon de l'auteur, la représentation celle du metteur en scène et des acteurs. 

 Mais il y a des pièces visuelles que l'on ne se représente que difficilement en les lisant. Par exemple l’acte III de Rhinocéros d’Eugène Ionesco, la transformation de touts les hommes en rhinocéros est difficilement imaginable lors d’une lecture. 

 En définitive, être témoin d’une représentation théâtrale est le sens premier du théâtre. Depuis l’Antiquité, les hommes se réunissent dans les théâtres pour assister ensemble à des spectacles. Mais on peut également affirmer que la lecture d’un texte théâtrale est importante car le théâtre repose souvent sur son contenu, son texte. Le lecteur est son propre metteur en scène, il est libre de tout imaginer, de tout inventer à la seule lecture de la pièce. D’autre part, il peut donc être considéré comme une œuvre littéraire. L’association de la lecture et de la représentation ne serait-elle pas la solution idéale ? S’imprégner du texte, l’envisager à sa guise, et le ressentir à la manière du metteur en scène par la suite. Chacun est donc libre d’être lecteur et/ou spectateur.

 

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