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L'échec révolutionnaire

Publié le 22/02/2012

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Plusieurs facteurs contribuent, à partir du printemps 1919, à ce qu'ouvriers et paysans tentent de s'emparer des usines et des terres pour devenir maîtres de leur destin. Le pays est alors touché de plein fouet par la crise économique mondiale, à laquelle ni le secteur privé ni l'État n'arrivent à faire face. Ce qui rend les disparités sociales d'autant plus insupportables à une large frange de la population que constitue le prolétariat ouvrier et agricole. De plus, la révolution qui vient d'éclater en Russie fait alors des émules dans toute l'Europe, et particulièrement en Italie, où le pouvoir économique et politique reste aux mains d'une poignée de nantis, désormais accusés d'avoir accumulés des fortunes pendant la guerre, sans en faire bénéficier leurs salariés la paix retrouvée. C'est ainsi qu'un premier mouvement de type révolutionnaire, totalement spontané, débute dans les grandes villes ouvrières du nord de la péninsule. Les ouvriers déclenchent plusieurs grèves, qui s'accompagnent bientôt de pillages dans les magasins d'alimentation tant leur pouvoir d'achat s'est dramatiquement réduit. D'autorité, les Bourses du travail organisent des distributions de vivres pour faire face au rationnement instauré par le gouvernement. Cette première vague d'agitation retombe à l'automne, mais pour mieux repartir en janvier de l'année suivante. Les grèves touchent à nouveau le nord du pays, ainsi que la fonction publique. Les revendications salariales s'accompagnent désormais d'un discours plus politique : les ouvriers revendiquent le droit de posséder une partie des usines. Ce mouvement débouche, à l'été 1920 sur une occupation générale des grands centres de production. Des comités d'usines, défendus par des « gardes rouges », armés, s'emparent de la gestion de certaines firmes. Devant cette situation quasi insurrectionnelle, le gouvernement se décide enfin à réagir, et annonce de vagues promesses. Les grévistes, à bout de ressources, et qui, de plus, se sentent lâchés par un parti socialiste qui s'est révélé incapable de répondre à ce mouvement social par des solutions politiques, reprennent le travail, avec un profond sentiment d'échec. Dans les campagnes, ce sont les cohortes de paysans sans terres qui passent à l'action, en juillet 1919. Se sentant trahis par un gouvernement qui, pendant la guerre, leur a promis un début de partage des grands domaines agricoles, mais qui n'en fait rien, ils occupent certaines exploitations. Et ce d'autant plus volontiers qu'ils ont formé le gros des troupes pendant le conflit, et qu'ils demandent à en être remerciés. Drapeau rouge à la main, ils occupent certains domaines, dans le Latium, puis la vallée du Pô. Bientôt, toutes les régions agricoles sont touchées. De nouveau, le mouvement s'achève, en 1920, en échange d'engagements de la part des pouvoirs publics. Et là encore, la déception sera à la mesure des espoirs suscités. Mais industriels et grands propriétaires terriens sont définitivement affolés. Ils n'ont plus aucune confiance dans les capacités de l'État à juguler de nouvelles flambées révolutionnaires et à faire respecter l'ordre. C'est pourquoi ils se tournent vers les milices fascistes, qu'ils arment et payent pour faire régner la terreur dans les champs et à la sortie des usines. L'issue de cette démarche sera fatale à la démocratie italienne.

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