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Lecture Analytique Automne Malade (Apollinaire)

Publié le 02/10/2010

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Automne malade a été écrit par Guillaume Apollinaire et est présent dans le recueil de poésie Alcools. Cet auteur devient l’un des précurseurs de la poésie moderne. C’est un poème qui n'a pas été publié avant la parution d'Alcools, mais dont on trouve des ébauches dès 1902. Il a donc été publié la première fois en 1913. Ce poème, comme de nombreux autres présents dans Alcools tel que  Rhénane d’automne , a pour thème l’automne. 

Dans Automne malade, bien que le thème lyrique soit traditionnel, on y perçoit tout de même l’originalité d’Apollinaire. 

 

Lecture

 

Il serait donc intéressant d’étudier comment Apollinaire mêle dans ce texte tradition et modernité. 

 

Le poème s’organise de la façon suivante : 

-le premier strophe comprend 4 vers et parle de la menace que court l’automne

-la seconde strophe comprend 7 vers et met en place un hiver destructeur qui met fin au splendeur de cette saison. 

-la troisième strophe composé de 2 vers reprend un sujet banale nous faisant mémérer le printemps. 

-enfin le quatrième strophe comprenant 10 vers, à un ton beaucoup plus lyrique mettant en place la fuite du temps et la mort du poète et de l’automne. 

 

I- Un thème traditionnel

 

A- l’Automne : un thème lyrique 

 

Comme nous l’avons dit précédemment, le thème de l’automne est très utilisé par Apollinaire et par un très grand nombre de poète. 

Apollinaire se consacre à la mort de cette saison qu’il a l’air de tant aimé. En effet il utilise de nombreux termes qui suggère la mort de l’automne : vers 1 « Automne malade «, vers 2 « tu mouras «, vers 6 « meurs «…

Mais l’auteur, nous rappelle les splendeurs de cette nature. En effet, il utilise de nombreux terme nous montrant que la mort de cette saison arrive au moment le plus beau : vers 2 « roseraies «, vers 4 « vergé «, vers 6 « richesse «, vers 6 « fruits mûrs «, vers 15 « fruits «. 

Cependant une menace guette cette saison : l’hiver. L’auteur va alors utiliser de nombreux terme qui décrivent l’hiver comme destructeur : vers 3 « aurait neigé «, vers 7 « neige « et vers 6 « blancheur « qui nous fait penser à un linceul, associant donc les termes hivers et mort. 

Cette idée de menace est repris par le vers 9 « des éperviers planent « qui annonce la pourriture des fruits de cette saison. 

Le vers 10 « sur les nixes nicettes aux cheveux vert et naines «, confirme la menace que connaît l’automne. En effet, ces nymphes des eaux, présents dans la mythologie germanique ont des « cheveux vert «, cette couleur annonce la mort et la malédiction. 

La violence tourbillonnante et destructrice de la neige et du vent est suggéré au vers 2 et 3, créant ainsi une nouvelle menace. En effet on passe d’un vers très court (le vers 1) à un très long (le 2ème), qui fait penser à une rafale de vent qui enfle jusqu’à perdre haleine.  

De plus les animaux selon Apollinaire ont déjà senti la menace de cette mort. Par la scène classique des vers 12 et 13 « Aux lisières lointaines / les cerfs ont bramé «, Apollinaire crée une sorte de plainte. En effet le passé composé « ont bramé « donne un caractère résolu au chant d’amour de ces animaux. De plus les assonances en [è] et en [é] crée une sorte d’harmonie suggérant une longue plainte des cerfs.

Cette nature est en attente, c’est un moment triste. Le vers 16 « le vent et la foret qui pleurent « nous le confirme. 

 

B- la mise en relation de l’état moral d’Apollinaire et de la saison de l’Automne 

 

Dans de nombreux romans, poésie, tel que Une vie de Maupassant, le comportement des personnages est souvent lié à la nature qui les entoure. Or ici, ceci est très visible : en effet il existe une étroite harmonie entre la saison qui connaît un moment de fort trouble et de détresse, et l’état d’âme de l’auteur. Cette harmonie est suggérée dès le début du poème. En effet « adoré « vers 1 et « pauvre automne « vers 5 exprime très bien la sympathie, la compassion d’Apollinaire pour cette saison. Mais cette idée est renforcée dans la dernière strophe : le « et « qui ouvre le vers 14 montre l’affection du poète pour l’automne. « Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs «, l’emploi du vocatif « ô « et la répétition du verbe aimer entourant le terme « saison « renforce cette idée d’amour et de compassion. Le registre est lyrique tel une déclaration d’amour. 

Cette dernière strophe s’achève sur une comparaison entre la vie que subit le poète et la saison. En effet, « la vie s’écoule « vers 22, 23, nous montre que le poète s’éteint, il y a une fuite du temps tel la nature qui suit son cycle toujours recommencé. Il y a donc l’image civilisé de la course du temps avec les termes « un train qui roule « qui est comparé au cycle que connaît l’Automne.  

Nous pouvons penser que le poète associe cette saison à une perte d’amour. En effet, au vers 10, les nymphes des eaux qui tuent l’automne sont « naines « et elles n’ont « jamais aimé «. La menace de l’hiver pèse donc sur tout ce qui n’a jamais aimé. Ces « nixes « sont des être difforme est laids symbolise la femme incapable d’amour mais qu’on ne peut s’empêcher d’aimer. L’hiver est donc un moment de désespoir amoureux pour le poète.   

Le poète va alors très vite livrer son cœur trop plein d’amour à cette nature mélancolique. 

 

II- Un poème original 

 

A- Un thème toutefois très travaillé 

 

Apollinaire place son poème dans un thème bien connu. Toutefois, il ne s’attarde pas sur les couleurs flamboyante de l’automne et à tout ses caractères pittoresque : il ne s’attache qu’au signe, qui, en cette saison, sont annonciateurs de l’hivers et donc de la mort. 

De plus ce poème, s’inspire de son voyage en Rhénanie, d’où la référence à ces nymphes de la mythologie germanique. Il y a donc un mélange de culture, de tradition. 

B- La musicalité dans ce poème

Apollinaire a réussi à créer un certain rythme malgré une différence importante dans la versification. En effet le mot « automne « revient à trois reprises au début du poème (vers 1, 5 et 17), au vers 14, « que j’aime « est repris deux fois. Il existe aussi de nombreux couples symétriques « en blancheur et en richesse «, « de neige et de fruits mûres «, « feuille à feuille «. 

La première strophe se caractérise par une versification particulière. En effet les vers passent successivement de 9, 15, 6 à 4 syllabes, créant ainsi une sorte de tempête puis un apaisement. Cette idée est renforcer pas les sonorités moelleuses de « neige « et « verger « contrastant avec la fulgurance bruyante de la tempête. 

Le mouvement est inverse dans la seconde strophe où la calme douceur du début contraste avec la violence de l’avant dernier vers : sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines « qui est un alexandrins. 

Dans la dernière strophe, comprenant 10 vers, au contraire, il y a un rythme régulier. La dernière strophe qui se présente sous l’apparence de 6 vers de deux syllabe « les feuilles/ qu’on foule/ un train/ qui roule/ la vie/ s’écoule «. Il y a donc en tout un alexandrin. Le rythme est régulier créant une certaine mélancolie. Il fait penser à la chute des feuilles et à la fuite du temps : le poète s’éteint tel que l’automne.   

Conclusion : 

A travers ce poème descriptif, Apollinaire établit une relation entre la mort prochaine de l’automne et la situation amoureuse désespérée de l’auteur. Bien que le thème soit assez courant, le poète reste unique par la mélancolie qu’elle inspire grâce à la diversité des rythmes, l’harmonie des sonorités. Il s’agit donc aussi d’un poème lyrique. L’irrégularité des vers dans ce poème prévoit la mise en place des Calligrammes et la poésie contemporaine.

 

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