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Lecture analytique: Le début de la cérémonie, le roi se meurt, Ionesco

Publié le 20/01/2011

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Ionesco (1909-1994) est considéré comme le père du theatre de l’absurde ou insolite . Il est aussi maitre de l’art de la dérision et exprime dans la plupart de ces pièces la difficile condition de l’Homme, de facon comique. Ainsi dans Le Roi se meurt ,pièce en un acte representé pour la premeire fois en décembre 1962, l’auteur nous donne a voir le comportement et les manieres d’un individu confronté a sa propre fin. Dans une atmosphere de fin du monde, ou tout se defait, tout tombe en ruine, le roi est informé de sa mort prochaine,qu’il avait jusque la toujours repoussé. Dans cette tragédie burlesque, ou chaque personnage a une symbolique précise et ou tout tourne autour de la mort, le but de Ionesco est « d’excorsiser l’angoisse « de cette fin incontournable. Nous étudierons alors le double sens du début de la « cérémonie « et nous verrons en quoi cet extrait releve du caractere insolite.

 

   I. Le début d’une cérémonie.

 

   1) Un double sens.

Cet extrait correspond au debut d’une cérémonie annonce par le garde a la 1ere ligne : « la cérémonie commence «. le lecteur remarque au fil du texte que cette ceremonie peut etre interpretee de deux facons differentes. Apres l’annonce du garde les didascalies annoncent « un mouvement général. Mise en place de la cérémonie. Le roi est sur le trone, marie a ses cotes. « ces derniers se mettent alors tut a tour a réciter une priere adressé au temps : on croit alors a une ceremonie royale ou religieuse. Mais une autre conception de ce terme se degage peu a peu. En effet le debut de cette ceremonie peut egalement etre compris comme le debut de la fin. Pour le roi, le processus de mort est enclenché. Celui-ci comprend trois paliers, d’abord la dénégation puis la révolte et enfin la résignation. Le roi entame dans cette scene le premier stade puisqu’il refuse de voir la réalité en face « je ne veux pas mourir « repete ‘il sans cesse. C’est a la replique de medecin que le lecteur comprend le veritable sens de cette cérémonie : la mort est alors comparée a un rite, un spectacle.

 

   2) Une fin incontournable et incontrolable.

 

Ce processus de mort est alors incontournable, rien ne peut empecher la mort du roi. Ce sentiment est bien refleter das l’extrait. Dans un premier temps, la priere adresse au temps ne change rien. Le roi qui a l’habitude de tout controler, pense d’abord qu’il va pouvoir faire remonter le temps mais rien n’y fait. La répétition a quatre reprises de la phrase « que nous soyons … « souligne bien le caractere incoutournable de la mort. On passe aussi de « que nous soyons il ya vingt ans « a « que nous soyons hier soir « ce qui marque le desespoir du roi et de la reine et le besoin pressant de gagner si ce n’est une journée. La réplique de la reine Marguerite brise tous leurs espoirs et les confronte a la triste réalité « Il n’y a plus de temps «. Sa mort est meme prédite par l’univers, en effet le medecin déclare que « sur les registres de l’univers, sa majesté est portée defunte «. la mort est alors incontrolable, ce qui reforce l’angoisse du roi et egalement celle du lecteur. Deux types de réactions s’opposent alors, chaque reine a une symbolique précise.

 

   3) La symbolique des deux reines.

En effet, la reine Marie, « seconde épouse du roi et première dans son cœur « représente l’espoir, elle veut donner au roi la force de résister, « Espere tout de meme, espere encore « lui dit elle. Elle pense que le roi peut éviter la mort, « la crise passera « dit-elle das une réplique. Elle incarne alors tout ce qui est difficile de quitter, les beaux souvenirs… Elle s’oppose ainsi a la reine Marguerite, premiere epouse du roi, beaucoup plus severe, qui incarne la raison, la réalité, la vérité, elle lutte contre la volonté de vivre du roi. Elle sait que la mort est inéluctable et meme si elle s’exprime avec beaucoup de froideur, elle veut simplement aider le roi a affronter la mort. Elle brise alors tous les espoirs, la moindre illusions qui selon elle ne l’aide pas : « Ne l’embrouille pas. Tu ne lui fais plus que du tort. « dit-elle a Marie. Dans la derniere réplique du roi « les rois devraient etre immortel «, elle conteste ses parloes mais sans le casser complétement, elle le ménage et ne fait que nuancer les propos de celui-ci : « Ils ont une immortalité provisoire. « Cette oxymore met en relief encore une fois la fatalité du destin.

    Ainsi cette scene expose au lecteur le début de la mort du roi, les reines n’y peuvent rien. Cette mort est inéluctable. Ionesco se sert alors de l’absurde, de l’ionsolite pour faire rire le lecteur mais aussi pour renforcer le coté tragique de la pièce.

 

   II. Le caractère absurde, insolite de la scène. 

 

   1) L’intemporalité.

D’abord cette piece regroupe des caracteristiques propre au theatre de l’absurde ou insolite. Ionesco prefereait ce derier terme dans lequel il voyait « un caractere d’effroi et d’emerveillement face a l’étrangeté du monde « alors que l’absurde est synonyme de non-sens. Dans cette scene, le lecteur est surpris par l’absence de reperes spatio-temporel. En effet, le lieu n’est pas bien définie, on sait simplement que l’action se déroule dans une salle du trone. Aussi le temps n’est plus un repère, il est completement détraqué. On le voit bien dans unes des replique de Marie qui fait remarquer que « les cheveux du roi ont blanchit tout d’un coup « que « les rides s’accumulent sur son visage. Il a vieillit soudain de quatorze siècles. «. l’auteur nous presente alors un monde nouveau, completement décalé, ou une reine peut ordonner au temps de s’arreter « temps , arrete toi « exige la reine Marie. Cette absence de repres spatio-temporel marque l’intemporalite de la pièce puisque la mort est une fatalité universelle, chaque Homme y est confronté.

 

   2) Les effets comiques.

De l’absurdité de cette scene, se dégage un effet comique. En effet le décalage de certains personages renforce l’effet comique. Certaines répliques du medecin, par exemple, sont complétement décalé « Nous regretterons beaucoup Votre Majetsé ! On le dira c’est promis ! « Cela est censée rassuré le roi sur le fait qu’ils ne l’oublieront point mais elle ne fait qu’augmenter son angoisse, puisque cela certifie la mort du roi et il parle d’un futur dans lequel le roi n’a pas sa place puisqu’il doit mourir. Aussi sa réplique « Si vite démodée « lorsque le roi vieillit tout d’un coup, fait rire. Son commentaire est déplacé face a la gravité de la situation. En outre, le fait que sa lunette puisse voir « au dela des murs et des toits « est completement absurde et fait sourire. Le garde a lui aussi un role plutôt comique dans la pièce, il annonce tout ce qu’il etend sans réfléchir, de facon mécanique. Par exemple lorsque le médecin déclare que « Sa majesté est portée défunte sur les registres de l’univers « celui la annonce alors « Le roi est mort, vive le roi « ou encore lorsque la reine Marie s’exlame « la crise passera « celui-ci reprend « le roi passe « ce qui est comique puisque ce qu’il dit est en total contradiction avec le sens de la réplique de Marie. D’autre part, au début de l’extrait l’aspect rite religieux qu’entame le roi et Marie est totalement ridicule. Le comique est donc tres présent tout au long de la scene.

 

   3) Le comique au service du tragique.

Meme si ,aux premeirs abords , cette scene fait rire le spectateur, ce n’est qu’apres reflexion qu’il se rend compte du malaise qui y est dénoncé. Les répliques déplacé font rire , certes, mais elles reforcent egalement le caractere tragique de la pièce. les répliques du garde par exemple sont comiques mais dénonce egalement une certaine légéreté humaine. En effet, ce n’est pas lui qui est concerné par la mort mais le roi, cependant la fin prochaine de celui-ci ne lui cause aucune émotion, il annonce ses répliques comme un robot. Cela met en relief le décalage entre le roi, paniqué par sa mort et le garde, totalement indifférent. Par exemple dans sa réplique « le roi est mort, vive le roi « on voit bien cette indifference : il célèbre déjà la venue du prochain roi, en jettant directement le roi Bérenger a l’oubli, ce qui est en contradiction avec la réplique du médecin qui déclare « Nous regretterons beaucoup votre Majesté ! On le dira c’est promis ! «. la réaction du roi est egalement comique puisqu’il réagit comme un petit enfant en pleine crise parcequ’il ne peut obtenir ce qu’il veut. Il manifeste son refus de mourir de facon répétitive a de nombreuses reprises. Le spectateur rit de cette réaction mais se rend vite compte du tragique de la situation et a quel point la mort est difficile a affronter.

 

      Ainsi dans cette scène, ionesco met en scène de facon comique le fatal destin de l’humanité : la mort ; on peut alors se demander si le roi ne representerait pas chaque Homme devant sa propre fin, le spectateur assisterait alors a une simulation de sa mort. Ionesco a toujours manifesté beaucoup d’angoisse pour celle-ci, il confie d’ailleurs « j’ai toujours été obsédé par la mort. La mort c’est la condition inadmissible de l’existence. «. Lors d’une interview, un journaliste lui demande si cette pièce lui a permis d’exorciser son angoisse de la mort, il répond « Non, en aucun facon. «.

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