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L'emploi du temps

Publié le 08/02/2015

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L'emploi du temps : « Ô temps suspend ton envol ! et vous heures propices, suspendez votre cours ». Cette citation d'Alphonse Lamartine montre que le temps est irréversible, on ne peut pas le pérenniser afin de sauvegarder les instants de délices. L' « emploi » vient du latin implicare (« impliquer »), c'est l'usage que l'on fait de quelque chose. Le temps, le second terme de l'expression vient du latin tempus qui signifie une durée limitée. L'expression « l'emploi du temps » peut donc se traduire de la façon suivante que l'homme bien que soumis au temps, y jouit d'une liberté, qui s'indique dans la façon d'utiliser le temps. Cette durée limitée a donc une fin, comme l'explique Heidegger, l'homme dès sa naissance par son inscription dans le temps est un « être pour la mort ». Par conséquent, nous nous poserons la question comment l'homme pourrait-il maîtriser ce qui le maintien dans la finitude ? Nous verrons dans un premier temps qu'il n'est pas possible d'échapper au temps, ce qui nous amènera dans un second temps à nous demander quel doit être notre rapport avec celui-ci et enfin que le manque de temps est un syndrome à dépasser. Tout d'abord, en analysant de plus près le temps, il apparait que ce dernier n'est pas porteur que de destruction. En effet, le temps aussi synonyme de durée, comme le suggère Bergson, car il est la conscience même, « pont jeté entre le passé et l'avenir ». Ainsi, si, d'un côté le temps fait disparaître, paradoxalement, de l'autre côté, il maintient le passé dans le présent et l'avenir. Ainsi, grâce au temps, nous nous maintenons présents à nous-mêmes conscients d'être toujours la même personne malgré le temps qui passe. Dès lors, notre conscience ne nous fait plus saisir seulement ce que le temps détruit, elle est aussi à même de nous signaler ce que le temps maintient en nous, donc ce qu'il ne fait pas passer. Tant et si bien que nous souhaitons parfois faire disparaître les souvenirs que le temps maintient trop « présents » en nous. L'hystérique qui souffre de réminiscences est ainsi malade de ses souvenirs refoulés, qu'il n'arrive pas à oublier. Donc, vouloir échapper au temps ne consisterait pas seulement à vouloir échapper à son caractère destructif, mais consisterait aussi, d'une part, à vouloir échapper au fait que certains souvenirs restent « présents en nous alors que nous voudrions les publier et, d'autre part, à vouloir nous « délivrer »du sens que le temps nous donne à poursuivre. Par conséquent, su le temps peut être perçu à la fois comme ce qui détruit, mais aussi comme ce qui ne fait pas disparaître, c'est peut-être que incriminons le temps au lieu de nous incriminer nous-mêmes, selon que notre existence nous échappe ou nous pèse. Ainsi, le sens que nous mettons à vouloir échapper au temps est donc contradictoire et vain, subjectif et non objectif. De plus, cette obligation de vivre avec le temps nous mène à l'approprier. Choisir le sens du passé par rapport à de nouveaux projets, c'est assumer librement une histoire en décidant de nous-mêmes de la poursuivre ou de changer le sens. De même l'art, la science sont des moyens de pérenniser notre existence en faisant don à l'humanité et non plus en voulant illusoirement ne pas mourir. En effet, le temps n'est rien en lui-même, c'est une simple mesure possible, donc une dimension de notre existence, au même titre que l'espace. Ainsi, c'est dans le temps et grâce au temps que les choses apparaissent au même titre que l'espace. C'est dans le temps et grâce au temps que les choses nous apparaissent et prennent un sens. Dans notre société moderne, cette appropriation du temps se traduit par la mise en place d'un emploi du temps qui nous permet d'être le plus productif. Une réflexion sur les pratiques collectives du temps montre la même hétérogénéité. Les mesures du temps changent avec l'évolution des techniques, et en fonction des besoins : le temps du travail obéit à des rythmes différentes selon qu'il est apprécié dans l'Antiquité, le Moyen-âge ou à l'époque contemporaine. On constate ainsi que nous vivons parmi des temps hétérogènes : au rythme intime se superpose le temps des occupations sociales, ou celui de la science, ou celui d'un record à battre, ou celui des loisirs, etc. Le temps n'est donc pas absolu, et l'homme se l'approprie pour le vivre et le mettre à profit selon des modalités très variées. Enfin, tous les agendas, emplois du temps, électroniques ou de papier, que nous mettons à jour nous donnent l'illusion de maîtriser le cours de nos journées, mois, années, n'y changeront rien: la plupart d'entre nous vivent sous la pression de l'urgence, avec l'idée que le temps, si précieux (rappelons que le temps, c'est de la vie, tout simplement), nous échappe. On déclare souvent manquer de temps. Cette carence peut devenir source de mal-être pour une majorité d'entre nous comme par exemple les jeunes qui se plaignent en premier lieu du temps passé dans les transports et à étudier. Cette impression de vivre dans l'urgence provoquent des dysfonctionnements, sentiment de ne jamais bien faire et donc chute de l'estime de soi, frustration, irritabilité et perte de la confiance en l'autre) affectant notre sentiment d'exister et notre vie affective. Au point que l'on peut parler désormais d'un syndrome du manque de temps et que certains analystes n'hésitent pas à considérer la maladie d'Alzheimer comme emblématique, entre autres, d'une désorientation temporelle générale. Cette possibilité de pouvoir satisfaire rapidement ses besoins dans notre société provoque des dégâts entre les membres de la société. Certaines personnes semblent très proches l'espace d'un moment, ne manifestent plus aucun signe d'intérêt quelques heures plus tard et semblent incapables de maintenir une décision dans la durée. Plus nous changeons de tâches (lire, puis surfer sur Internet, puis parler au téléphone, etc.), plus nous avons l'impression que le temps file. Installer des «tranches» de temps monochrome, consacrées à une seule activité, permet donc d'intensifier le sentiment de durée. Le véritable secret d'un temps plus confortable reste ainsi celui qui semble le plus difficile à mettre en oeuvre dans nos sociétés de l'«hyperchoix»: renoncer. «L'organisation ne suffit plus, il faut désormais sélectionner: dans ses relations, dans ses activités... et même dans ses potentiels. Admettre qu'à notre époque il est possible de s'accomplir dans tout un tas de dimensions, mais pas dans toutes.» Nous pouvons conclure que la volonté d'échapper au temps bien que compréhensible du fait du caractère destructeur et irréversible du temps, s'avère en réalité absurde car vaine. Pour échapper au temps, il faut donc lui faire face et ne pas s'enfuir. Il faut l'approprier de la meilleure des manières.

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