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L'enfer c'est les Autres: Vrai ou faux?

Publié le 02/10/2010

Extrait du document

 

I) … dans le contexte

 

L’enfer c’est les Autres  est la fameuse morale de la pièce Huis – clos, écrite par le grande dramaturge Jean Paul Sartre. Clairement énoncée à la fin de l’oeuvre, elle représente une sorte de conclusion qui met en question les difficultés que les gens rencontrent dans les rapports avec l’autrui. En vérité, les trois personnages de la pièce sont, à tour de rôle, l’enfer de l’autrui, devenant ainsi des inquisiteurs.

Garcin, Inès et Estelle sont les trois prisonniers dans cet Enfer, un enfer inhabituel présenté comme une chambre d’hôtel, mais qui n’est pas le lieu de la torture phisyque parce que l’idée de base dans la pièce est le jugement implacable de l'autrui, porté sur nous. Ainsi, on constate une tension permanente entre l’être et le paraȋtre car chacun de personnages porte un masque pour voiler leur essence: Garcin pretend être un pacifiste, un militant contre la guerre, Inès fait semblant d’être une personne très oneste et intelligente, et Estelle prentend d’être une sainte qui ne veut qu’aider les autres. Mais, en realité, les biographies des trois personnages seront devoilées petit à petit par les autres; Garcin est un lache qui a été tué pour déserteur, Estelle est une narcissique et enfanticide, Inès représente la méchanceté.

      Il y a un triangle de pouvoirs entre les personnages. Les trois, Inès, Garcin et Estelle, ont tous les trois besoin des autres. Garcin sera le premier à réaliser cela, en disant: «Aucun de nous ne peut se sauver seul; il faut que nous nous perdions ensemble ou que nous nous tirions d'affaires ensemble«. Estelle est une femme très coquette qui a constamment besoin d'être vue par les autres. Lorsqu'elle se rend compte qu'il n'y a pas de miroir en cet enfer, sa seule ressource devient le regard des autres. Inès le comprend, et elle la taquine : «si je fermais les yeux, si je refusais de te regarder, que ferais-tu de toute cette beauté?«. Mais Estelle a surtout besoin d'un homme, de quelqu'un qui puisse satisfaire son désir érotique. Elle essaie de convaincre Garcin de la vouloir : «Est-ce que tu me désires ? [...] C'est tout ce que je veux.«.

      Les vraies identités sont divulguées progressivement dans la pièce par l’intermédiaire de la parole et du regard. La parole est en fait l’accusateur, car la tension s’accumule pendant la conversation, tandis que le regard est le vrai enfer des personnages qui sont obligés de découvrir eux mêmes à travers du regards des autres. Et, vu le fait qu’ils sont condamnés à passer l’éternité ensemble, ils seront toujours les victimes des regard des autres. Donc, la parole et le regard sont les uniques instruments pour masquer l’être, mais, en même temps, ce sont les seuls qui peuvent devoiler le paraȋtre.

      A la fois bourreaux et victimes, les trois personnages sont seulement des accusateurs et commentateurs passifs. Ils sont la somme de leurs actes passés et, maintenant, ils n’ont plus pouvoir de décision sur leur existence. Ils existent seulement grâce à l’autre qui ne fait qu’imposer son jugement. Ils sont à la fois dans le monde et hors du monde, vivants et morts même dans la vie, ils sont vus comme des objets par les autres, qui les caractérisent, les étiquettent en quelque sorte, alors qu'ils ne peuvent plus changer le sens de leur vie en ajoutant ou en y refaisant certains actes. Les trois personnages rafigurent le concept sartrien de l’être en soi, selon lequel, le personnage est extérieur à la conscience, concept qui désigne celui qui est sans liberté et qui donc ne peut plus exercer sa force d’agir sur sa vie ou sur les autres. Et c’est exactement ce qui arrive aux personnages de Huis – clos: Garcin, Estelle et Inès sont morts et en enfer. Et ils ne peuvent rien changer du fait qu’ils avaient été laches ou méchantes. Or « comme nous sommes vivants,  j'ai voulu montrer par l'absurde l'importance chez nous de la liberté, c'est à dire l'importance de changer les actes par d'autres actes. Quel que soit le cercle d'enfer dans lequel nous vivons, je pense que nous sommes libres de le briser. Et si les gens ne le brisent pas c'est encore librement qu'ils y restent. De sorte qu'ils se mettent librement en enfer «.[1]

 

II) ... dans l’acception commune

(interprétation)

 

La replique de Garcin l’enfer c’est les Autres est bien connue, mais pas tout le monde connait son vrai sens. C’est-à-dire que, pour une personne quelconque, elle peut signifier, sans une lecture de la pièce de Sartre, que les rapport entre les gens sont toujours empoisonnés, des rapports infernaux. Or, dans sa pièce, Sartre met l’accent sur la présence des autres personnages, qui est embarrassante, et de plus elle est obligatoire, une présence qui détermine l’idée que nous avons de nous mêmes. Et, comme l’auteur même l’avoue, on se définit toujours par ce que les autres disent et pensent de nous. Dans ce sens, on peut constater la vraie dépendence qu’il y ait entre les être humains et qui, comme dans Huis – clos, crée un enfer.

      Pour pouvoir mieux interpréter le sens de cette réplique, il faut expliquer d’emblée le sens du mot enfer. Dans les religions, c’est ce lieu destiné au supplice des damnés. Par extension, ce terme qualifie une chose excessivement déplaisante, pénible. En conséquence, par le terme « enfer « on pourrait surprendre l’idée d’un enfermement en une situation spatiale, mais aussi temporelle qui serait extrêmement pénible. Ainsi, dire que l'enfer c'est les autres c'est souligner que la vie avec eux conduit à la dissension, au calvaire et, donc, à l'enfer. Mais, de nos jours, les rapports avec les autres sont inévitables et, à la fois, indispensables, parce que nous avons besoin d’être toujours en contact avec les autres personnes pour développer notre sens civique et pour connaȋtre nous mêmes par les yeux des autres.

      Par rapport à la réalité (mais aussi à la pièce de Sartre), les Autres désigneraient toutes les personnes de notre entourage avec lesquelles nous avons un rapport qui toujours deviendrait au bout du compte problématique. Ce qui rend ce syntagme encore plus intéresant et difficile à expliquer, c’est la manière dans laquelle il est emploié par Sartre; il est écrit avec des majuscules, ce qui prouve l’importance que le dramaturge donne à l’autrui dans le contexte de la pièce.

      Une première interprétation de l’affirmation l’enfer c’est les Autres pourrait suggerer qu’il n’y a rien de pire que l’autrui. Mais, ce n’est pas le sens saisi dans la pièce Huis – clos. Sartre veut prouver par l’intermediaire de son oeuvre que la compréhension que nous avons de nous mêmes dépend de la vision que les autres ont de nous. Lorsqu’on veut se connaître, savoir qui l’on est, on se sert des éléments extérieurs qui nous caractérisent (nos actions, nos paroles) et que les autres perçoivent; ce sont alors les connaissances que les autres ont déjà sur nous et qui, en somme, leur appartiennent déjà parce qu’ils nous jugent dès qu’ils nous voient. En somme, les autres nous donnent toujours une matière à réfléchir sur nous-mêmes.

      Comme le dit Sartre dans L’Etre et le Néant: « autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi-même «. Donc, on constate la présence d’un rapport d’interdépendance entre les êtres humains, qui est interpréte par Sartre comme ayant des effects négatifes sur les gens dans certains cas. C’est-à-dire que tout relation (soit elle d’amitié, familiale, amoureuse) amene des conflicts intérieurs qui sont provoquent par la personne pres de nous et qui rendent notre vie un vrai enfer sur la terre. Néanmois, nous ne pouvons pas vivre seuls, isolés; ainsi, les autres deviennent une nécessité, pas un choix, comme d’ailleurs l’affirme le Duc de la Rochefoucauld: « Celui qui croit pouvoir trouver en soi-même de quoi se passer de tout le monde se trompe fort ; mais celui qui croit qu'on ne peut se passer de lui se trompe encore davantage «.

En plus, Sartre souligne dans Huis – clos le thème de la liberté. En tant qu’illustrations du concept de l’être en soi, les trois personnages de la pièce sont privés de liberté. Ils n’ont plus le choix de leurs actes, ils n’ont pas le droit de se juger eux mêmes, ils doivent seulement subir les conséquences de leur vie passée et, maintenant qu’ils sont dans l’enfer, il faut qu’ils endurent les regards de l’autre. Donc, au moment où on pense que l’enfer est représenté par les autres, on se rend compte que nous sommes, dans un certain sens, privés de liberté, c’est-à-dire que les rapports avec les autres nous limitent parce que nous devons toujours tenir compte des personnes qui se trouvent près de nous. Il s’agit d’une contrainte d’orde psychologique qui équivaut de nos jours au stress causé par les rapports avec les autres, trop difficiles à maintenir. Nous sommes par conséquent enfermés dans un cycle de vie (dans lequel nous sommes obligés à garder certaines règles, comme, par exemple, tenir compte de l‘opinion de l’autre): c’est ce que Sartre appelle « l’encroûtement «, terme qui se traduit, en sens figuré, comme l’action de se complaire dans ses habitudes. Si on ne réagit d’aucune manière a cette routine, et si nous avons avec les gens des rapports qui sont empoisonnés, malsains, cela nous amènera à une situation insupportable. En effet, cet encroûtement est un circle vicieux qui prouve que si on ne brise pas le cadre de ces soucis, ce qui nous opprime et ce qui nous fait souffrir, on ne change donc pas non plus ce que les autres voient de nous, ni donc leurs pensées à notre égard. On devient ainsi le prisonnier du regard que les autres portent sur nous et nous devenons les vicitmes du jugement des autres.

Mais, d’autre parte, l’affirmation de Sartre peut être contesté, parce que nous pouvons aussi vivre sans le jugement des autres sur nous. C’est-à-dire qu’il y a des moments ou des situations dans lesquels nous ne devons pas nous soumettre aux autres. Dans certains cas, nous avons la liberté totale de nos choix et de nos opinions, sans dépendre de ce que l’autrui pense à cet égard. Il faut ajouter que les rapports avec les autres sont très variés et ils ne doivent pas nécessairement amener un enfer. Si nous sommes dépendants et enfermés par le regard que les autres portent sur nous, comme le dit Sartre, il est bien possible que nous soyons libres au moment où nous ne tenons pas compte des opinions des autres. En plus, les autres peuvent avoir de fauses interprétations de la réalité, et, dans ce cas, le regard porte par l’autrui doit changer.

      En plus, on peut voir que Sartre, dans sa pièce, parle d’enfer, qui est un lieu ou on va au moment où on est mort. Mais, le terme « mort « doit etre compris ici dans un sens figuré; il peut caractériser les hommes, s’ils sont inactifs, s’ils cessent de changer quoique ce soit à ce qu’ils sont, de telle sorte qu’ils ne modifient plus rien en eux qui permettrait aux autres d’avoir sur eux un regard différent. Alors, il y a cette restriction imposée qui donne une nouvelle interprétation de l’affirmation sartrienne, selon laquelle seules les personnes passives vont être jugées par les autres de telle manière qu’elles vont connaȋtre l’enfer à cause de leurs rapports avec les autres.

      L’idée d’enfer peut être concue aussi comme un monde hostile, dans lequel on ne peut pas vivre, à cause des Autres. Il y a dans ce sens des situations dans lequelles il serait souhaitable de se débarasser des Autres, car ils représentent le Mal dans le monde, un mal qui conduit à l’enfer dont parle Sartre. Un bon exemple serait le racisme, qui discrimine certaines personnes seulement en base de faux jugements. Ainsi, les Autres deviennet nos enemis, nos peurs, autrement dit tout ce qui est pire au monde.

 

III)  CONCLUSION(S)

 

L’enfer c’est les Autres – est une citation qui au premier abord paraȋt rendre compte uniquement de la dimension conflictuelle de nos rapports avec les personne qui nous entourent et qui font partie de nos vies. Néanmoins, lorsqu'elle est explicitée, elle rend bien compte de la complexité de nos rapports avec nos semblables. À travers cette formulation, Sartre, dans la piece Huis – clos, met en question les effets que les autres ont sur nous même, l’autre étant représenté non pas comme l’ennemi, l’étranger, mais comme celui qui est sans cesse présent dans notre existence. Les trois personnage de la piece de théatre sont en fait des caractères généralement valables, qui constituent chacun l’enfer des autres. Sartre les bloque dans un décor qui les contraint à coexister, c'est-à-dire à supporter la présence de chacun des deux autres sans aucune possibilité de fuir.

    En conclusion, le problème soulevé par la « remarque «   de Sartre était de savoir comment les relations humaines peuvent devenir insupportables. Il y a donc trois éléments qui structurent sa thèse : il y a d’abord le rapport avec les autres, qui est l’élément fondateur de sa démonstration. En effet, à partir de là, on constate  l’existence d’un encroûtement de certaines personnes et donc aussi par opposition, une liberté de l’action chez les hommes.

 

BIBLIOGRAPHIE

 

   1. Sartre, Jean Paul, Huis clos , Les mouches, Paris, Gallimard, 1989.

   2. Sartre, Jean Paul, L'être et le néant: essai d'ontologie phénoménologique, Paris, Gallimard, cop. 1970

   3. Levy, Bernard-Henri, Le siècle de Sartre: enquête philosophique, Paris, Bernard-Grasset, 2000

   4. http://www.philagora.net/philo-bac/anthro10.htm

 

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[1] Citation reprise sur le site http://www.philagora.net/philo-bac/anthro10.htm

 

« « L'enfer, c'est les Autres.

» Jean-Paul Sartre (1905-1980), Huis c/0s18 Ce verdict, qui clôt la pièce de Sartre, semble confirmer l'un de nos pressentiments : tout serait tellement plus simple si les « autres » n'interféraient dans nos désirs, ligués, semble-t-il, pour nous rendre l'existence infernale.

Faut-il en conclure que ce sont eux les responsables de nos malheurs ? La philosophie sartrienne affirme exactement l'inverse : rien ne nous permet d'accuser autrui de ce que nous vivons, car nous sommes absolument libres de nos choix.

Et même si nos proches peuvent les influencer, nous devons les assumer entièrement.

Mais, parce que cette prise de conscience est difficile et angoissante, nous cherchons souvent le moyen de nous décharger du poids de la culpabilité.

C'est justement le discours que tiennent les protagonistes de Huis clos : la lâcheté de l'un, l'infanticide de l'autre leur auraient été soi-disant dictés par la nécessité. Seulement, dans la pièce, « les jeux sont faits » puisqu'ils sont morts et vient l'heure du jugement dernier.

Un jugement dernier tout à fait particulier : dans l'univers existentialiste de Sartre, Dieu n'existe pas, c'est le regard d'autrui qui nous juge.

Le châtiment des personnages de la pièce sera donc de se supporter réciproquement, autrement dit d'endurer pour l'éternité le rappel de leur responsabilité.

I.:enfer, c'est bien en ce sens les autres, non pas parce qu'ils nous voudraient du mal, mais parce qu'ils incarnent la plus implacable des condamnations en nous renvoyant à nous-mêmes.

N'est-ce pas pour échapper à ce regard que certains crimes se commettent la nuit, à l'insu de tous, comme si l'anonymat protégeait du jugement ? On songe à l'aveu de Goethe : « Pour moi le plus grand supplice serait d'être seul en paradis.

» Car au fond, qu'y aurait-il de pire : ne plus échapper au regard d'autrui...

ou ne plus jamais pouvoir s'y mirer ? u, .!!! e >, w Q) o. :::, e (.9 @ 34 1 Citations philosophiques expliquées. »

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