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Les arts de 1900 à 1909 : Histoire

Publié le 30/12/2018

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FEMMES ÉCRIVAINS. Au début du siècle, parmi les femmes de plume, rares sont celles qui publient romans et poèmes sous leur propre nom. Utilisant parfois celui de leur mari, comme Lucie Delarue-Mardrus. elles adoptent souvent un pseudonyme, parfois masculin (Marie de Régnier devient ainsi Gérard d'Hou-ville). L'amour et la nature sont les thèmes privilégiés d'une littérature féminine qui n’inquiète guère les hommes écrivains. Pourtant, on crie au génie d’Anna de Noailles tandis que Colette, qui profite alors d'une célébrité tapageuse, gagne son in-dépendance. En 1905, deux ans après le premier Gon-court, les femmes de lettres les plus en vue créent le prix Vie heureuse (futur Femina). Peu à peu, elles conquièrent une plus grande liberté d’expression et une meilleure reconnaissance de leur talent. Certaines, comme Rachilde autour du Mercure de France, accueillent chez elles artistes et écrivains. Elles peuvent ainsi, sans abandonner le rôle social qui leur est dévolu par la tradition, témoigner d’une réelle activité intellectuelle; leurs salons deviennent le lieu qui concilie le mieux féminité et littérature aux yeux de leurs contemporains.

LITTÉRATURE: ENTRE ENGAGEMENT ET UNIVERS INTIME. En 1900, la mort d'Oscar Wilde à Paris annonce le déclin d’un esprit fin de siècle précieux et décadent. Après l’âge d’or du symbolisme, la littérature contemporaine ravive des motifs réalistes pour peindre le monde comme il va. Sensible aux injustices de la société de son temps, Zola a été l’un des premiers à prendre position à l’occasion de l’affaire Dreyfus. Désormais, les écrivains s’engagent de plus en plus en faveur d’idées politiques ou de valeurs spirituelles. Barrés défend ainsi le nationalisme, Péguy le catholicisme. D’autres, comme Loti, répondent à l’appel impérieux des pays lointains et exploitent la veine exotique. Mais la ville vivante, toute proche, devient elle-même un univers pour les auteurs de romans populistes ou de feuilletons policiers: Maurice Leblanc crée Arsène Lupin, Gaston Leroux, Rouletabille. Cependant, en marge, des poètes épris d’absolu aspirent à un idéal de pureté et de dépouillement extrême. Après Mallarmé, Valéry poursuit une quête austère. Leur pari, difficile, sera à l’origine d’une certaine modernité littéraire.

 

 

SARAH BERNHARDT. À cinquante-six ans, l’actrice, travestie, incarne l’Aiglon au destin tragique. L’inoubliable Dame aux camélias, au sommet de la gloire, relève le défi et remporte l’un de ses plus grands succès. Diction parfaite, intensité dramatique, technique et talent remarquables lui permettent de jouer les rôles les plus divers et de toujours obtenir l’adhésion d’un public subjugué. Sa célébrité, nourrie également par ses extravagances, est établie jusqu’en Amérique. Choisissant ses auteurs (Victorien Sardou, Paul Hervieu, Edmond Rostand) et surtout ses personnages, achetant son propre théâtre auquel elle donne son nom, multipliant les représentations et les tournées en France et à l’étranger, la grande Sarah a mené elle-même sa carrière. Elle sait aussi prendre des risques, défend des textes classiques (ses interprétations de Phèdre et d’Athalie resteront mémorables) et l’œuvre de poètes (dont celle de Victor Hugo). Surtout, jusqu’à sa mort en 1923, elle ne cesse de jouer, malgré la maladie puis une amputation, laissant le souvenir d’une personnalité hors du commun ayant donné sa vie pour le théâtre.

LES MONSTRES SACRÉS. Parmi les gloires du théâtre français en 1900, de grands auteurs: après Victorien Sardou, dont les drames historiques sont des succès depuis le milieu du xixe siècle, le plus célèbre est certainement Edmond Rostand qui donne, trois ans après Cyrano, un second chef-d’œuvre, F Aiglon. Le nombre de 'dramaturges étonne autant que celui des pièces créées durant cette décennie: celles de Brieux, Capus, Donnay, Fabre, Hermant, Hervieu, Lavedan sont jouées par les plus grands acteurs du moment, Réjane, Lucien Gui-try, Firmin Gémier et, à la Comédie-Française, Julia Bartet, Mounet-Sully ou Le Bargy. Ces derniers, tragédiens réputés pour leur interprétation des pièces classiques, savent également briller dans le répertoire contemporain. La popularité des comédiens auprès du public est immense, entretenue par la presse (avec Gil Bios ou Comœdia) et les cartes postales éditées en série, la photographie les immortalisant dans leurs plus grands rôles (ainsi Édouard de Max dans Prométhée). Leur forte présence dans la société fait de ces monstres sacrés des figures de la Belle Époque.

 

 

DE NOUVELLES VOIES POUR LE THÉÂTRE. À l’époque des tragédies classiques et des drames historiques montés à grands frais, un autre théâtre investit les scènes parisiennes. Inclassable, il illustre un ton différent, caustique ou incisif, allant de l’humour parfois acide de Feydeau à la critique acerbe.de Mirbeau, en passant par l’ironie de Tristan Bernard ou la fantaisie de Jarry. À partir de 1902 se succèdent les pièces à thèse du théâtre de mœurs où s’illustre le jeune et brillant Henry Bernstein. Les textes sont servis par l’excel-lence des comédiens, parfois interprètes fétiches d’un auteur. Poil de carotte voit ainsi le triomphe d’un écrivain, Jules Renard, et d’une actrice, Suzanne Desprès. Mais c’est aussi celui du metteur en scène, Antoine. Depuis plus de vingt ans, celui-ci tente d’explorer des voies nouvelles pour la création théâtrale, s’attachant au choix des pièces comme au jeu des comédiens et faisant évoluer la mise en scène qui les lie. Directeur de l’Odéon en 1906, il y monte œuvres nouvelles et établies. Ses expériences seront décisives pour ses successeurs et contribuent à la naissance du théâtre contemporain.

SCÈNES ÉTRANGÈRES. À la fin de sa carrière, la tragédienne italienne Eleonora Duse se révèle l’interprète idéale d’Ibsen, sous la direction de Lugné-Poe, fondateur du théâtre de l’Œuvre. Cette rencontre témoigne d’une renaissance de l’art dramatique à travers l’Europe, grâce à la personnalité d’acteurs, de metteurs en scène et de directeurs de théâtre. Ainsi, Stanislavski, cofondateur du Théâtre d’art de Moscou, ou Meyerhold au Théâtre dramatique Vera Komissaijevskaïa de Saint-Pétersbourg. De son côté, Edward Gordon Craig règle sa première mise en scène dramatique à Londres en 1903, publie ensuite à Berlin son Art du théâtre et en 1908 crée à

 

Florence l’importante revue The Mask. En Suisse, Adolphe Ap-pia, qui est aussi un théoricien, poursuit ses recherches. C’est à Berlin où il fonde sa troupe que s’impose la figure dominante de Max Reinhardt. Montant les pièces d’auteurs français, anglais et irlandais, russes, Scandinaves et bien sûr allemands et autrichiens, utilisant au mieux des ressources techniques nouvelles (lumières, musique, danse), il constitue son propre répertoire, d’une richesse et d’une diversité incomparables.

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