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Les Aveux de Phèdre

Publié le 30/04/2013

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Question d’analyse Le corpus présente deux textes : les deux textes en question sont extraits de Phèdre, une tragédie écrite par Jean Racine et publié en 1677. On peut tout de suite constater qu’ils portent sur le même sujet, en l’occurrence : l’amour de Phèdre pour son beau-fils, Hippolyte. C’est dans ces deux passages qu’elle avouera sa flamme, dans un premier temps à Oenone, sa confidente, et dans un second temps à Hippolyte lui-même. De quelle façon l’amour de Phèdre pour son beau-fils est-il déclaré   dans ces deux aveux ? On relève tout d’abord qu’Oenone est à l’origine de ces deux aveux. En effet dans le premier elle cherche à faire avouer à Phèdre cet amour et pose beaucoup de questions telles que   « Aimez-vous ? « vers 258, « Pour qui ? « vers 260 et c’est ensuite, dans la scène 5 de l’acte I, qu’elle encouragera Phèdre à dévoiler sa flamme à Hippolyte, son mari Thésée étant décédé. Mais, même si ce-dernier est mort, Phèdre se sent coupable dans ses deux aveux. « J’ai concu pour mon crime une juste terreur « vers 307, texte 1. « Venge-toi, punis-moi d’un odieux amour « vers 699, texte 2. Cet amour est assimilé à un crime, et, comme on peut le constater, la mort est présente dans les deux extraits : Phèdre veut mourir. « Je voulais en mourant prendre soin de ma gloire « vers 309, texte 1. Cette mort se fait plus concrète dans le second texte où les actes rattrapent les paroles « prête-moi ton épée ; Donne. « vers 710-711, texte 2. Ce sont deux moments forts de la pièce. On peut relèver le registre tragique présent dans ces deux passages, la situation est sans issues, l’amour est associé à la souffrance. « J’ai pris la vie en haine et ma flamme en horreur « vers 308, texte 1. Phèdre, en héroïne tragique, reste noble, digne et lucide même dans ces situations extrêmes connaissant l’issue logique de cette histoire. De plus, dans les deux extraits, la reine rejette la faute sur Vénus. « Je reconnus Vénus et ses feux redoutables, D’un sang qu’elle poursuit tourments inévitables. « vers 277 – 278, texte 1, et « Ces dieux qui se sont fait une gloire cruelle De séduire le cœur d’une faible mortelle. « vers 681 – 682, texte 2. Elle instaure la fatalité, un amour impossible qui la tue et contre lequel elle ne peut pas lutter puisqu’il vient d’une dignité inatteignable. À cet aveu, Hippolyte et Oenone ont la même réaction, ils sont très surpris. « Hippolyte ? Grands dieux ! « vers 264, texte 1, et « Dieux ! qu’est-ce que j’entends ? « vers 663, texte 2. Ils invoquent tout deux les Dieux en signe de malheur. Oenone ira encore plus loin : « Ô désespoir ! ô crime ! ô déplorable race ! « vers 266, texte 1, le parallélisme de construction et la gradation ascendante   insistent bien sur sa surprise et la façon dont elle prend de plus en plus conscience de la situation désastreuse qui lui est présentée. En comparaison, Hippolyte reste plus silencieux, les mots lui manqueraient-ils ? Il songe plus à son père « Oubliez-vous que Thésée est mon père, et qu’il est votre époux ? « vers 664, texte 2. Phèdre le détrompe brusquement, Hippolyte pense avoir mal compris, le discours étant peu explicite. Contrairement à son aveux à Oenone, Phèdre, dans la première tirade, utilise essentiellement des sous-entendus qui se font d’ailleurs de moins en moins implicite vers la fin « Que de soins m’eût coûtés cette tête charmante ! Un fil n’eût point assez rassuré votre amante : […] Moi-même « vers 657 – 658, texte 2. Elle avoue petit à petit alors que quand elle se confiait à sa nourice elle est directe. Mais, alors qu’elle aurait encore pu se retracter, Hippolyte s’excusant d’avoir mal interprété, « j’avoue, en rougissant, Que j’accusais à tort un discours innocent. « vers 677 – 678, texte 2, la reine se lance dans un aveu désespéré.  On peut remarquer que Phèdre change entre le début de son premier aveu à Oenone et la fin de son second à Hippolyte. En effet, au commencement, celle-ci n’arrive pas à prononcer le nom du destinataire de son amour qu’elle nomme par périphrases telles que « Ce prince si longtemps par moi opprimé « vers 263, texte 1. C’est finalement Oenone qui le nommera, ce dont Phèdre se sentira soulagée. « Hippolyte ? […] C’est toi qui l’as nommé ! « vers 264, texte 1. Dans le second extrait on observe également une progression. Au début celle-ci le vouvoie « Et Phèdre avec vous descendue « vers 661, texte 2. Elle parle même d’elle à la troisième personne, peut-être parce qu’il est plus facile pour elle d’avouer ainsi. Mais, dans la deuxième tirade, elle finira par le tutoyer et lui déclarer directement : « Ne pense pas qu’au moment que je t’aime « vers 673, texte 2. À noter que le « je t’aime « est tout de même placé au détour d’une phrase, comme si ça lui échappait. De ce côté là, on peut constater que Phèdre se maitrise dans le premier aveu mais à la fin de son aveux à Hippolyte, elle finit par perdre le contrôle et se laisse submerger par son amour. « Je t’ai tout avoué ; je ne m’en repens pas « vers 312, texte 1, à l’inverse de « Cet aveu si honteux, le crois-tu volontaire ? « vers 694, texte 2 : la question étant rétorique, la réponse est bien évidemment non, contrairement à son premier aveu. Alors qu’elle restait prudente au début – peut-être pour sauvegarder son honneur qui est très important pour elle – elle finit par tout révèler. On remarque un ponctuation plus forte « Hélas ! je n’e t’ai pu parler que de toi-même ! « vers 698 ou « Que dis-je ? « vers 693, texte 2, ce qui montre le trouble dans lequel elle se trouve et les sentiments forts qu’elle éprouve. On peut se dire que c’est parce que c’est la deuxième fois qu’elle avoue et, surtout, parce que c’est à l’être aimé.  Ces deux aveux différent sur certains points ; dans le premier texte elle parlera d’Hippolyte tout de suite « Tu connais ce fils de l’Amazone « vers 263, texte 1, alors que dans le second elle commencera par son défunt mari, qu’elle assimilera à Hippolyte ensuite « Je brûle pour Thésée : […] Il avait votre port, vos yeux, votre langage « vers 634 - 641. Dans cette citation, c’est le père qui tient du fils et non le fils qui tient du père, or, normalement c’est l’inverse. On peut se dire qu’ainsi, Phèdre effectue une mise en valeur d’Hippolyte qui a toujours eu beaucoup de respect et d’admiration pour son père. Ici, on peut faire un parallèle avec le premier aveu où, elle fera également une comparaison entre le père et le fils «  Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père « vers 290, texte 1. Mais Phèdre ira tout de même plus loin dans son aveu à Hippolyte en reécrivant l’histoire du minotaure (que Thésée avait abattu): « Par vous aurait péri le monstre de la Crète, […] Ma sœur du fil fatal eût armé votre main. Mais non : dans ce dessein, je l’aurais devancée « vers 649 – 653, placant Hippolyte à la place de Thésée et elle-même à la place de sa sœur, Ariane. Elle le place sur un piédestale, en héros. « Digne fils du héros qui t’a donné le jour « vers 700, texte 2, ce qui ferait donc d’Hippolyte quelqu’un d’encore plus grand qu’un héros puisqu’il et plus grand que son père.  Dans le premier aveu elle parle de son mariage avec Thésée, source d’ennuis puisqu’il est à l’origine de sa rencontre avec Hippolyte « À peine au fils d’Egée Sous les lois de l’hymen je m’étais engagée […] Athènes me montra mon superbe ennemi « vers 269 – 272, texte 1. À chaque fois que Phèdre évoque son mari, dans les deux textes, c’est pour l’associer à son beau-fils. Dans les deux extraits, la reine évoque la cruelle marâtre qu’elle a été avec le prince pour tenter en vain d’oublier son amour « J’excitai mon courage à le persécuter. Pour bannir l’ennemi dont j’étais idolâtre « vers 292 – 293, texte 1, et « J’ai voulu te paraître odieuse, inhumaine ; Pour mieux te résister, j’ai recherché ta haine. « vers 685 – 686, texte 2. Phèdre déclare donc cet amour douloureux et impossible, poussée par Oenone, à travers un registre tragique. Elle raconte son comportement cruel envers son beau-fils et ce mariage maudit avec Thésée qui l’a amenée à rencontrer Hippolyte.

« la faute sur Vénus.

« Je reconnus Vénus et ses feux redoutables, D'un sang qu'elle poursuit tourments inévitables.

» vers 277 - 278, texte 1, et « Ces dieux qui se sont fait une gloire cruelle De séduire le coeur d'une faible mortelle.

» vers 681 - 682, texte 2.

Elle instaure la fatalité, un amour impossible qui la tue et contre lequel elle ne peut pas lutter puisqu'il vient d'une dignité inatteignable. À cet aveu, Hippolyte et Oenone ont la même réaction, ils sont très surpris.

« Hippolyte ? Grands dieux ! » vers 264, texte 1, et « Dieux ! qu'est-ce que j'entends ? » vers 663, texte 2.

Ils invoquent tout deux les Dieux en signe de malheur.

Oenone ira encore plus loin : « Ô désespoir ! ô crime ! ô déplorable race ! » vers 266, texte 1, le parallélisme de construction et la gradation ascendante   insistent bien sur sa surprise et la façon dont elle prend de plus en plus conscience de la situation désastreuse qui lui est présentée.

En comparaison, Hippolyte reste plus silencieux, les mots lui manqueraient-ils ? Il songe plus à son père « Oubliez-vous que Thésée est mon père, et qu'il est votre époux ? » vers 664, texte 2.

Phèdre le détrompe brusquement, Hippolyte pense avoir mal compris, le discours étant peu explicite.

Contrairement à son aveux à Oenone, Phèdre, dans la première tirade, utilise essentiellement des sous-entendus qui se font d'ailleurs de moins en moins implicite vers la fin « Que de soins m'eût coûtés cette tête charmante ! Un fil n'eût point assez rassuré votre amante : [...] Moi-même » vers 657 - 658, texte 2.

Elle avoue petit à petit alors que quand elle se confiait à sa nourice elle est directe.

Mais, alors qu'elle aurait encore pu se retracter, Hippolyte s'excusant d'avoir mal interprété, « j'avoue, en rougissant, Que j'accusais à tort un discours innocent. » vers 677 - 678, texte 2, la reine se lance dans un aveu désespéré.  On peut remarquer que Phèdre change entre le début de son premier aveu à Oenone et la fin de son second à Hippolyte.

En effet, au commencement, celle-ci n'arrive pas à prononcer le nom du destinataire de son amour qu'elle nomme par périphrases telles que « Ce prince si longtemps par moi opprimé » vers 263, texte 1.

C'est finalement Oenone qui le nommera, ce dont Phèdre se sentira soulagée.

« Hippolyte ? [...] C'est toi qui l'as nommé ! » vers 264, texte 1.

Dans le second extrait on observe également une progression.

Au début celle-ci le vouvoie « Et Phèdre avec vous descendue » vers 661, texte 2.

Elle parle même d'elle à la troisième personne, peut-être parce qu'il est plus facile pour elle d'avouer ainsi.

Mais, dans la deuxième tirade, elle finira par le tutoyer et lui déclarer directement : « Ne pense. »

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