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Les cibles de candide

Publié le 10/10/2011

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Les cibles de Candide : une violente critique du XVIIIe siècle

 

Que dénnonce voltaire dans ce chapitre ?

 

Introduction

ançois Marie Arouet, dit Voltaire, est sans doute le philosophe des Lumières le plus célèbre et le plus populaire en raison de ses contes philosophiques mais aussi de son combat mené toute sa vie contre les erreurs judiciaires.
Ainsi, lorsqu’il écrit Candide en 1759, trois ans après un terrible tremblement de terre qui a ravagé la ville de Lisbonne, il exprime son point de vue au sujet de l’optimisme. Pour ce faire, l’auteur met en scène un héros, Candide, qui découvre toutes les formes du mal au cours de ses aventures. Nous sommes ici au début du chapitre III, Candide a été chassé du château de Thunder-ten-tronckh et découvre la guerre, le premier mal du monde.
De ce fait, nous sommes en droit de nous demander quels sont les procédés utilisés au sein de la critique, et en quoi Candide est un héros différent des autres.
Par conséquent, nous verrons dans un premier temps comment Voltaire instaure sa vision de la guerre, puis nous nous demanderons quels sont les traits de personnalité de Candide qui font de lui aussi bien un héros exemplaire que différent des autres.

Le progrès n’est possible que si le lecteur prend conscience de son époque. Voltaire va ainsi caricaturer et attaquer avec une ironie acerbe les traits et les institutions de son siècle qui, selon lui, s’opposent au progrès. Fidèle à la formule de Molière dans la préface de Tartuffe, « On veut bien être méchant, on ne veut point être ridicule », Voltaire cherche à faire perdre tout crédit à ses ennemis. Etudions les quatre cibles essentielles du conteur.

 

L’Eglise

Institution la plus attaquée du conte, l’Eglise subit au moins trois types de critiques. Tout d’abord, elle n’est pas opposée à la logique guerrière des Etats belligérants, puisqu’au moment du massacre des armées bulgare et abare (III), les rois font chanter des Te Deum dans leurs camps.

De plus, s’appuyant sur la crédulité des gens simples, l’Eglise se sert de puissantes organisations comme l’Inquisition (VI) pour garder un pouvoir entretenu par la superstition. Intolérante, elle tâche d’éliminer les tenants d’autres religions ou de pensées jugées hérétiques. A ce titre, elle n’hésite pas à faire appel à la délation, au meurtre, à la torture et au mensonge. Manipulant les foules ignorantes, elle se dissimule derrière l’image de la vertu renvoyée au peuple, mais ses membres n’hésitent pas à se laisser aller à leurs désirs : le grand Inquisiteur partage en secret Cunégonde avec un banquier juif. Quant à la vieille, elle est la fille du pape fictif Urbain X. Cette précision traduit la désobéissance de ce pape par rapport au vœu d’abstinence que tout religieux consacré prononce. Qu’un pape transgresse ce vœu de la plus naturelle des manières paraît d’autant plus scandaleux.

Enfin, l’ordre jésuite est toujours proche des puissants, qu’ils soient aristocrates ou commerçants, comme en témoigne la présence du jeune baron chez les jésuites du Paraguay ou la secrète entente entre les esclavagistes et les « fétiches » hollandais qui ont converti le nègre de Surinam (XIX). D’ailleurs, en dépit de sa faible instruction, cet esclave n’a pas de peine à pointer du doigt la contradiction entre le discours affirmant que chaque homme descend d’Eve et d’Adam et la pratique de l’esclavage, signe du mépris de la personne humaine.

 

L’aristocratie

C’est principalement dans le premier chapitre et par l’image du jeune baron que Voltaire brosse le portrait d’une noblesse décadente, orgueilleuse et à mille lieues du réel. Le château du baron ressemble à une propriété banale et le mode de vie est loin de l’opulence. Le discours de Pangloss précise que les châtelains mangent du porc toute l’année, viande la moins chère. Cela n’empêche pas de voir la famille du baron enfermée dans son illusion de puissance, prête à tout pour sauver les apparences. Si Candide n’est pas reconnu comme neveu du baron, c’est parce que son père n’était pas assez noble, bien qu’honnête gentilhomme du voisinage. Ainsi,

la noblesse préfère refuser un homme vertueux et considérer son fils comme un bâtard s’il n’a pas les titres requis. Il en résulte des personnalités involutives, comme le fils du baron qui s’oppose jusqu’au bout à l’union de Candide et de Cunégonde.

L’intolérance et le fanatisme

La devise de Voltaire vieillissant est : « Ecrasons l’Infâme ». Il range sous ce terme

 

l’intolérance et le fanatisme.

De nombreuses manifestations de ces deux vices apparaissent dans Candide. L’autodafé de Lisbonne (VI) illustre les terribles dérives du fanatisme. Mais l’Eglise n’est pas la seule responsable : en Hollande, Candide croise un dangereux prédicateur protestant (III).

 

l'esclavage et la guerre

Ces deux fléaux essentiels portent une atteinte majeure au respect et à la dignité de la personne humaine. La guerre est principalement montrée dans l’horreur extrême, au célèbre chapitre III. Un terrible écho au chapitre XXIII achève d’en peindre la cruauté. En effet, alors que Candide et Martin naviguent vers l’Angleterre, ils voient un amiral condamné à mort pour « n’avoir pas fait tuer assez de monde ». Terrible leçon d’une logique violente, la guerre entraîne l’homme dans un mécanisme infernal. Reste d’un monde barbare entretenu par les rois, sa prétendue noblesse est comme l’harmonie du champ de bataille « telle qu’il n’y en eut jamais en enfer » (III).

Au chapitre XIX, l’esclavage est condamné par la figure du malheureux nègre de Surinam, atrocement mutilé par la stricte application du « code noir ». Etendu à terre, pauvrement vêtu et privé de sa langue maternelle, le noir décrit sa condition avec une résignation inhumaine. L’effet produit est d’autant plus fort que Candide et Cacambo rencontrent ce personnage à leur sortie de l’Eldorado, utopie de tolérance et de liberté.

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