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Candide, Voltaire, 1759 Les cibles et les procédés de Voltaire dans Candide

Publié le 20/02/2012

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Les cibles dans Candide

Le progrès n’est possible que si le lecteur prend conscience de son époque. Voltaire va ainsi caricaturer et attaquer avec une ironie acerbe les traits et les institutions de son siècle qui, selon lui, s’opposent au progrès.

 

L’Eglise

Institution la plus attaquée du conte, l’Eglise subit au moins trois types de critiques.

-       La religion ne s’oppose pas à la guerre, au contraire elle l’encourage

Tout d’abord, elle n’est pas opposée à la logique guerrière des Etats belligérants, puisqu’au moment du massacre des armées bulgare et abare (chap III), les rois font chanter des Te Deum dans leurs camps.

-       La religion est intolérante, elle a un pouvoir totalitaire et arbitraire (chap VI : les 2 portuguais ne sont pas catholiques + inquisition)

-       La religion ne respecte pas ses propres règles : désobéissance du pape par rapport à son vœu d’abstinence + l’Inquisiteur partage Cunégonde avec un juif

De plus, s’appuyant sur la crédulité des gens simples, l’Eglise se sert de puissantes organisations comme l’Inquisition (chap VI) pour garder un pouvoir entretenu par la superstition. Intolérante, elle tâche d’éliminer les tenants d’autres religions ou de pensées jugées hérétiques.

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« infernal.

Reste d’un monde barbare entretenu par les rois, sa prétendue noblesse est comme l ’harmonie du champ de bataille « telle qu’il n’y en eut jamais en enfer » (III).

Au chapitre XIX, l’esclavage est condamné par la figure du malheureux nègre de Surinam, atrocement mutilé par la stricte application du « code noir ».

Etendu à terre, pauvrement vêtu et privé de sa langue maternelle, le noir décrit sa condition avec une résignation inhumaine.

L’effet produit est d’autant plus fort que Candide et Cacambo rencontrent ce personnage à leur sortie de l’Eldorado, utopie de tolérance et de liberté.

La parodie des genres littéraires à la mode La parodie est omniprésente dans le conte.

Volt aire se sert de genres à la mode pour exprimer le plus efficacement ses idées.

Deux catégories littéraires sont particulièrement parodiées : le conte et le roman sentimental.

Le conte Les caractéristiques du conte sont observées tout en étant poussées à l ’extrême.

Le monde initial du château rappelle l’univers des contes de fées.

L’élément perturbateur que constitue le baiser échangé avec Cunégonde pousse le héros à chercher un rétablissement de sa situation initiale.

S’adjoint alors le genre du roman d’éducation, puisque Candide évolue grâce à la multitude d’épreuves qu’il traverse.

Il comprend mieux le monde et acquiert une autonomie.

Ainsi, la métairie semble correspondre à l’idéal auquel parvient le héros après de multiples tribulations.

Ayant tout perdu, il finit plus heureux encore qu’au début : en plus d’avoir retrouvé celle qu’il a aimée, il acquiert une quiétude et une forme de bonheur.

Mais à la différence du conte traditionnel, les péripéties sont volontairement i nvraisemblables et exagérées.

L’am our de Cunégonde se transforme en pitié et le bonheur se réduit à manger « des cédrats confits et des pistaches ».

Cette fin n’a rien de commun avec l’épilogue des contes, qui offre au héros de nombreux enfants, la richesse, la royauté ou d’autres caractèr es propres à faire rêver.

Candide est rendu au monde avec une réalité froide à appréhender.

Lui qui n’a pas été capable de se satisfaire de l’Eldorado (XVIII) parvient à une vie certes sage, mais finalement modeste.

Le merveilleux du conte s’abîme alors dans une série de déceptions poussant le lecteur à remettre en question ses propres illusions.

Le roman sentimental Le roman sentimental est également tourné en dérision.

Cunégonde est l’objet du désir qui pousse Candide à tuer, à fuir et à quitter l’Eldora do.

Toujours tourné vers cet amour inaccessible, il ne voit qu’elle, en partie sans doute car la fille du baron est la seule femme de son âge en sa présence.

T oujours mû par le désir de la retrouver, il est déçu à la fin de sa quête, car il la découvre vie illie et acariâtre.

L’a- t- elle toujours été ou bien cette évolution est -elle le fruit des horreurs subies ? Peu i mporte, Candide comprend l’illusion de l’amour adolescent et perçoit alors la vanité de sa quête.

Par cette morale à l’encontre des romans sent imentaux, Voltaire s’amuse à détruire les rêves qui éloignent du réel.

Un style à l’efficacité implacable Le style de Candide a assuré à Voltaire une place dans les mémoires de tous les élèves du secondaire.

Près de 250 ans après sa parution, et en dépit des profondes transformations du monde, ce conte continue de marquer les esprits bien au- delà de ce qu’il paraît être : le témoignage d’une époque finissante.

C’est que l’antiphrase, la satire, la parodie, la froideur et l’emploi systématique du décalage sont aujourd’hui encore d’une efficacité remarquable.

L’antiphrase L’antiphrase consiste à suggérer une pensée en formulant l’idée contraire.

Par là, elle sert l’ironie omniprésente dans le conte.

Son emploi permet à Voltaire de suggérer la distance entre une illusion et le réel ou de sous -entendre une logique effrayante.

Dès le premier chapitre, le lecteur comprend par antiphrase la très relative richesse du baron, la relation de Pangloss avec la petite servante ou encore la véritable origine de Candide.

Les différentes cibles étudiées précédemment ne sont pas jugées de manière explicite, mais leurs méfaits sont montrés et les conclusions s’imposent d’elles - mêmes.

Procédé plus efficace qu’une condamnation ouverte et argumentée, l’antiphrase se prête merveil leusement à l’esprit d’un conte où le héros, par sa candeur, découvre avec des yeux étrangers le monde et ses horreurs.

La satire La satire atteint une efficacité remarquable dans les portraits qui sont faits de l’aristocratie et de certaines conduites intolérantes, cruelles.

Ainsi, au chapitre XXII, les malversations et la corruption d’un officier de police brossent un portrait effrayant de la justice française.. »

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