LES CIRCONSTANCES DE LA PUBLICATION: Madame Bovary de Gustave Flaubert

LES CIRCONSTANCES DE LA PUBLICATION

« La Bovary marche au-delà de mes espérances. Les femmes seulement me regardent comme « une horreur d’homme ». On trouve que je suis trop vrai. Voilà le fond de l’indignation. Je trouve, moi, que je suis très moral et que je mérite le prix Montyon, car il découle de ce roman un enseignement clair, et si « la mère ne peut en permettre la lecture à sa fille », je crois bien que des maris ne feraient pas mal d’en permettre la lecture à leur épouse. »

Flaubert, à Louis Bonenfant, le 12 décembre 1856.

La Copie fut envoyée le 31 mai 1856 à Maxime Du Camp, et c’est dans la Revue de Paris dont il était co-directeur que parut le roman à partir du Ier octobre 1856, après corrections et retouches. La publication s’échelonna sur six numéros. Mais les corrections et les suppressions, même celles qui furent pratiquées sans l’aveu de l’auteur, ne furent sans doute pas suffisantes pour calmer l’indignation de certains lecteurs à l’apparition de cette œuvre nouvelle. Et ce n’est pas le prix de vertu de l’Académie française qui l’attendait, mais au contraire les foudres de la justice. Dès janvier 1857, en effet, des poursuites judiciaires furent entamées pour offense à la morale publique et à la religion. Le procès eut lieu le 31 janvier. Flaubert, l’imprimeur et le gérant de la Revue furent acquittés le 7 février. (Baudelaire n’échappera pas, lui, à la condamnation, en août de la même année, pour ses Fleurs du mal.)

En avril 1857, Madame Bovary paraissait chez l’éditeur Michel Lévy, en deux volumes in-12. Le premier tirage de 6 000 exemplaires fut suivi, en juin, d’un second tirage.