Les Confessions de Rousseau

Les Confessions de Rousseau (écrites de 1765 à 1770, publiées en 1782 et en 1790). — Rousseau, irrité contre la vie et se croyant poursuivi par un complot, a voulu faire l'histoire de son âme afin de montrer qu'il était digne d'un meilleur sort; les Confessions sont donc un plaidoyer. Rousseau, affamé de sincérité, convaincu d'ailleurs que son moi est original et intéressant, a voulu s'épancher dans l'âme de ses lecteurs et se peindre dans toutes ses complications; ces confessions sont une autobiographie lyrique. Rousseau, prophète de la nature, annonciateur d'une société nouvelle, a voulu prouver que ses idées n'étaient pas pure utopie, qu'elles avaient été réalisées au moins une fois, en lui, et qu'elles étaient justes et bonnes puisque Rousseau, l'homme de la nature, vaut plus que les autres hommes; les Confessions sont donc une pièce de son système. Rousseau est sincère; il pousse la sincérité jusqu'à s'accuser, avec une intempérance cynique, de sentiments bas et d'actions déshonorantes. Mais son imagination déforme la réalité, et il faut bien se garder de le croire toujours sur parole. Comme plaidoyer et comme preuve d'un système, les Confessions ne comptent pas; mais les modernes ont été séduits par le récit lyrique de ce malheureux qui étale son âme à nu.