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Les Fables et l'argumentation indirecte: Les animaux malades, La cour du Lion, Les obsèques de la lionne.

Publié le 19/09/2010

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Question de corpus : Les animaux malades, La cour du Lion, Les obsèques de la lionne.

 

Le corpus est composé de 3 textes; Les animaux malades, La cour du Lion et Les obsèques de la lionne. Ils sont tous extrait des Fables de La Fontaine, un grand écrivain français du XVIIè siècle. À travers son œuvre l'auteur voulait exprimer son point de vue sur la société au temps du roi soleil. Nous en venons donc à la problématique suivante; Comment ces fables mettent elles en scène une satire de l'absolutisme du roi et une critique de la cour au temps de Louis XIV ? 

Une satire étant une critique virulente nous suivrons le plan suivant pour répondre à la question; en premier lieu; Une satire de l'absolutisme, avec en sous partie; La cruauté du pouvoir, L'absence de liberté, Une justice à sens unique. Puis dans la deuxième partie; L'hypocrisie et la Rivalité entre les courtisans, cette dernière partie est titrée; Une critique de la cour de Louis XIV. 

 

I.Satire de l'absolutisme

 

                   Ces textes exposent la cruauté du pouvoir, c'est à dire l'absence de compassion du roi envers son peuple. Dans La cour du Lion, à la ligne 26-27 : « Ce Monseigneur du Lion-là Fut parent de Caligula «. En comparant le roi Lion à Caligula, un empereur sanguinaire, et tyrannique, l'absolutisme écrasant est bien mis en évidence. Ceci est également représenté dans les Animaux malades de la peste à la ligne 59, où pour enrailler la pandémie de peste, le Lion, pense qu'il faudrait sacrifier une personne; celle qui est la moins respectable. L'âne révéla qu'il avait brouté une petite quantité d'herbe sur une prairie où cela lui était interdit. Les animaux sautèrent sur l'occasion pour désigner l'âne: « Sa peccadille fût jugée en cas pendable «. Sa petite erreur, ici définit par le terme peccadille, fut prise comme prétexte à son exécution. En résumé nous remarquons que le pouvoir absolutiste du roi est souvent utilisé à mauvais escient. 

 

                   Ensuite on remarque que Jean de la Fontaine dénonce une absence de liberté, en particulier la liberté d'expression. En effet les serfs ne peuvent s'exprimer sans contraintes sous peine de s'attirer la colère du roi. En témoigne, dans La cour du Lion « ...dis le moi :parle sans déguiser (Le Lion). L'autre (Le renard) aussitôt de s'excuser, Alléguant un grand rhume: il ne pouvait que dire Sans odorat «(l29-32). Le roi fait une redondance pour connaître le point de vue du Renard, mais celui-ci afin de ne pas prendre de risque, ment. Le manque de liberté d'expression est donc bien mis en évidence. Parallèlement on retrouve cette critique dans Les obsèques de la lionne, à la ligne 33, « Le Monarque lui dit:  « Chétif hôte des bois, Tu ris, tu ne suis pas ces gémissantes voix «. En utilisant le terme ''Chétif'', le monarque montre sa supériorité face au Cerf, pour qu'il exécute son ordre. Une fois de plus la liberté d'expression et l'égalité sont transgressées. À travers ses récits l'écrivain dévoile l'absence des droits individuels. 

 

                 Enfin le romancier dévoile une justice à sens unique, c'est à dire que bien souvent les faibles sont pris comme bouc émissaires au profit des plus puissants. Cela est notamment représenté dans La cour du lion à la ligne 18-19; « Sa grimace déplut: le Monarque irrité L'envoya chez Pluton faire le dégouté «. A travers la métaphore de Pluton, on voit bien que la remarque de l'ours déplait au roi, il juge donc utile de l'éliminer. On retrouve également cette injustice dans Les animaux malades de la peste lors de l'énonciation de la morale; « Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir « Grâce à l'opposition puissant / misérable et blanc / noir, La Fontaine met en évidence la dérive d'une justice profitant seulement à une élite à l'insu des plus faibles.  

 

II.Critique de la cour de Louis XIV

 

                 En premier lieu, on remarque que l'hypocrisie est omniprésente, en témoigne dans la morale Des obsèques de la lionne (l.21): «Peuple caméléon, peuple singe du maître « ou encore dans  celle de La cour du Lion « Ne soyez à la cour, si vous voulez y plaire, Ni fade adulateur, ni parleur trop sincère «. On relève la comparaison du peuple au caméléon, et au singe, ainsi que la répétition ni, insistant bien sur le fait, que pour rester dans la cour du roi et profiter de ses avantages, il faut être malin et savoir se débrouiller pour toujours être bien vu par son monarque. Ainsi Jean de la Fontaine accuse indirectement tous les courtisans de Louis XIV, qui cache bien leur point de vue pour soutenir leurs  intérêts personnels, en dépit de la sincérité. 

 

                 Ensuite, la rivalité entre les nobles de la cour est également dévoilée. On relève dans Les animaux malades de la peste à la ligne 48 « Au dire de chacun, étaient de petits saints. «. Le mot ''saints'' faisant allusion à la religion et le diminutif ''petits'' à l'innocence, chacun essaye de paraître le plus fidèle à son roi possible. On retrouve cette compétition dans Les obsèques de la lionne à la ligne 28-29 : « Un flatteur l'alla dire, Et soutint qu'il l'avait vu rire «. Le terme ''flatteur'' a une connotation négative, il traduit la rivalité obscène qu'entretiennent les courtisans. Pour conclure, l'écrivain révèle la concurrence perpétuelle entre les gens de la cour, et dénonce les vis mis en œuvre pour gagner la reconnaissance du roi. 

 

En conclusion on remarque que Jean de la Fontaine à travers ses récits se moque et dénonce les dérives de son roi face à ses serfs, ainsi que l'hypocrisie de tous les courtisans perpétuellement en conflit pour se faire bien voir et de ce fait asservir leurs intérêts personnels. On note l'originalité de l'auteur; il utilise ses écrits mettant en scène des animaux, d'apparences insouciantes et communes comme carapace afin de se protéger du pouvoir arbitraire du roi. Nous pouvons faire un parallèle final avec les œuvres de Molière, où celui-ci met en scène non pas des animaux mais des humains, et à travers les différents registres notamment le registre comique, critique également sa société.

 

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