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Les lettres persanes

Publié le 14/05/2011

Extrait du document

 

Séance 4 : Se voir à travers le regard de l'autre → Le combat pour la tolérance

 

Les Lettres Persanes « Lettre 30 » de Montesquieu (1721)

 

Tolérance : Fait de respecter la liberté, les opinions, l'attitude d'autrui.

Ethnocentrisme : Attitude consistant à considérer les autres groupes sociaux en privilégiant le point de vue de son propre groupe social.

 

Montesquieu est un des premiers philosophes des Lumières ainsi qu'un magistrat intellectuel. Son roman Les Lettres Persanes est un roman épistolaire (romain par lettres) publié en 1721 anonymement pour contourner la censure et pour attirer le public (titre d'aventure oriental, pour mieux faire passer ses critiques). Les Lettres Persanes sont deux amis qui font le tour de l'Europe et qui racontent par des lettres leur voyage à leurs amis restés en Perse.

Confrontation avec une autre civilisation.

Combat pour la diversité des cultures. La France est la référence culturel (attitude narcissique, égocentrique : Ethnocentrisme) donc il est impossible de se préoccuper de ses défauts. Montesquieu utilise le regard de l'étranger pour créer un effet de décalage, et ainsi porter un regard nouveau sur la société française qui ne se considère plus comme le centre du monde.

 

 

Montesquieu, issu d'une grande famille de parlementaires bordelais a passé une grande partie de sa vie à fréquenter les salons parisiens. Il consacre également énormément d’intérêt et de temps aux voyages. Il est caractérisé par une ouverture d'esprit et une faculté d'adaptation peu commune. Les philosophes du XVIIIe siècle reconnaissent en Montesquieu leur précurseur : ses idées inspirent leur combat. Il a défendu la conquête de la raison, de l'esprit de tolérance et, en politique, la séparation des pouvoirs. Les lettres persanes ont été publiées anonymement en 1721 à Amsterdam. Il s'agit d'un roman épistolaire qui présente la correspondance de deux Persans et leurs compatriotes restés en Perse. Ils font part de leurs étonnements devant le comportement des Parisiens et devant leurs découvertes. Ce procédé permet de faire passer critique, satire et réflexion philosophique sous forme agréable en évitant par la même occasion la censure. Dans l'extrait que nous allons étudier, l'un des Persans raconte une aventure personnelle. A travers le genre épistolaire et le thème du regard, ce texte propose une réflexion philosophique.

 

I. Les marques de l'épistolaire

 

 

1) Les indices d'énonciation

 

- Le locuteur et le destinataire : « Rica à Ibben, à Smyrne ».

 

- Pas d'entête

 

- Lieu dénonciation, date (dans le calendrier persan) + année.

 

- Fiction romanesque qui ramène à la fin du règne de Louis XIV.

 

- « Je » : le locuteur est extrêmement présent, très impliqué à l'importance de l'anecdote personnelle.

2) Des qualités de conteur

 

- Récit avec un certain humour

 

- Il fait un récit en se moquant de lui-même dont la célébrité ne le rend pas orgueilleux.

 

- Énumération, parallélisme : « Si j'étais.. » → comparaison.

 

 

3) Distanciation

 

- Le narrateur à distance fait sentir par l'humour et l'ironie qu'il n'est jamais dupe.

 

- On voit que le personnage est suffisamment lucide et sage pour faire l'expérience de changer d'habit pour voir les réactions et faire ressortir le caractère infantile des Parisiens à réflexion scientifique.

 

 

 

 

II. Le thème du regard

 

 

1) Le Persan regardé

 

- Champ lexical du regard : « vu » « voyait » souvent employé au passif, il subit donc tous les regards, marque d'impolitesse.

 

- « Il faut avouer qu'il a l'air bien Persan » à il fait l'unanimité « partout »

- Le temps : l'imparfait provoque un effet de durée.

 

- Curiosité universelle : tous les ages confondus et tous les sexes.

 

- La curiosité augmente, de plus en plus aiguisée : « lorgnette » on vend le portrait du Persan, c'est un moyen de distraire l'ennui.

 

- Hyperbole : « Tout le monde » « cent » « mille ».

 

2) Le Persan ignoré

 

- Décision expérimentale. Deux raisons à l'expérience : la lassitude et l'expérimentation.

 

- Champ lexical du regard disparaît, il n'est plus regardé.

 

- Brutalité du changement « j'entrais tout à coup dans un néant affreux » l'attention et l'estime publique à « les Parisiens sont superficiels, ils ne jugent que par l'apparence.

 

- Il est devenu anonyme, inintéressant, ignoré.

3) La contre épreuve

 

- Il rappelle son origine et il redevient intéressant : métonymie de l’intérêt → « bourdonnement ».

 

- Parallélisme à la fin du premier paragraphe et en fin de deuxième : « Il faut bien avouer qu'il fait bien Persan » « Comment peut-on être Persan ? » → Implicitement, comment peut-on être autre chose que Parisien ? Ils se prennent pour le modèle.

 

- Le Persan ne se repère que par son habit.

 

 

 

III. Les réflexions inspirées par le texte

 

 

 

1) Mise en cause des Parisiens

 

- Effervescence

 

- Curieux, badauds, superficiels, ignorants, naïfs

 

- Idées toute faites

 

- Instinct de ré-guère (tout le monde veut faire les même chose).

 

- Manque de courtoisie et d'égard

 

2) Réflexion philosophique

 

- L'être humain a du mal à raisonner juste, aucun raisonnement personnel (comportement des Parisiens).

 

- Problème de l'identité de l'être et problèmes des différences.

 

- Montesquieu à travers des attitudes légères et mondaines sous l'image d'un Persan pose des questions profondes : « Il y a t-il une différence de nature ? »

 

 

 

Montesquieu, à travers le personnage du Persan met en valeur le genre épistolaire, souligne l'importance du thème du regard et présente avec vivacité, humour et ironie une anecdote légère qui nous invite à des réflexions profondes. Il nous révèle le rôle de l'étonnement et nous invite à une comparaison implicite entre le Parisien et le Persan au bénéfice de ce dernier et nous amène ainsi à entrer dans la notion de relativité.

 

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