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Les Représentation De La Femme Chez Chateaubriand Et Musset

Publié le 16/10/2010

Extrait du document

chateaubriand

 

Analyse thématique comparé du thème de la femme

 

Nous verrons dans cette analyse la féminité selon deux idées principales, nous l’évoquerons en rapport direct avec les deux œuvres à l’étude et nous soulèverons les questions relatives à l’imaginaire qu’elle inspire. Ainsi dans la première partie il sera question de l’idéalisation de la figure féminine et de son caractère spirituel se détachant de la réalité. Le corps, dans la deuxième partie du texte sera sillonné, devenant accessoire à une morale sur les passions, il est la transition d’un état d’âme à un autre, établissant les circonstances d’une finalité spirituelle. Ainsi seront traversées les représentations de la féminité et l’imaginaire corporel qu’elle inspire.

 

La féminité est dans La confession d’un enfant du siècle comme dans René est empreinte d’une abstraction à la réalité. D’abord l’esquisse faite de Brigitte, sa psychologie autant que sa physionomie s’ancrent dans un imaginaire surpassant le matériel et s’élevant vers une dimension spirituelle.

 

      « Oui à travers tous ses orages, toutes ces forêts, toutes ces montagnes, elle va et vient, simple et voilée, portant la vie [là] où elle manque, dans cette petite tasse fragile, caressant sa chèvre en passant. […] il me semblait que, si j’avais essayé de l’aider, si j’avais étendu la main pour lui épargner un pas, j’aurais commis un sacrilège et touché aux vases sacrés. « P. 149

 

Observé de l’extérieur, décrite avec une passion enflammée, de façon quasi-mythique; Brigitte rejoint avec toute sa grandeur d’âme, un certain imaginaire religieux. L’évocation d’une perfection morale intouchable, d’une pureté d’âme surélevée, la rend inaccessible sur les plans corporels et émotifs puisque celle-ci semble surpasser les besoins humains, dépasser l’homme même et ses instincts charnels. L’admiration, la surélévation de la femme aimée, articulées par Musset comme par Chateaubriand, se rapprochent du regard que porte l’enfant sur sa mère, naïf, aimant, inconscient de son amour affable. Ainsi sœur et amante matérialisent la figure maternelle et l’amour œdipien, dont la vierge Marie est l’initiatrice. Chateaubriand s’évade ainsi dans un imaginaire féminin qui rejoint la pureté et l’inaccessibilité féminine. Il dépeint une Amélie surhumaine, admirable pour sa pureté intouchée, elle devient symboliquement l’incarnation de Marie. Personnifiant le sacrifice passionnel au nom de la vertu, elle est l’esthétisme sans imperfections de l’imaginaire d’un siècle désabusé.

      « Amélie avait reçu de la nature quelque chose de divin ; son âme avait les mêmes grâces innocentes que son corps ; la douceur de ses sentiments étaient infinie ; il n’y avait rien que de suave et d’un peu rêveur dans son esprit ; on eut dit que son cœur, sa pensée et sa voix soupiraient comme de concert ; elle tenait de la femme la timidité et l’amour, et de l’ange la pureté et la mélancolie. « P.163

 

Les conceptions de Musset et de Chateaubriand sont contradictoires lorsqu’entrent en contexte les perceptions relatives à la corporalité féminine et à la morale impliquée dans l’élaboration de ce thème. Chez Musset le corps est consommé, Brigitte, lorsqu’elle rencontre Octave, est veuve et lui avouera même s’être donnée à un homme avant le mariage. C’est principalement par cette entaille à la chasteté, par se libertinage passionnel que se distancie Musset de Chateaubriand. Brigitte refusera l’amour d’Octave, elle veut extraire son corps aux passions qui l’assaillent, fuir ses désirs.  Il y a transgression de la liturgie corporelle, de la pureté qu’inspire d’abord Brigitte dans La confession d’un enfant du siècle, c’est la chute de la pureté morale par la conquête physique qu’effectue Octave. Brigitte sera prisonnière de son altruisme, sa moralité l’enfermera dans une affection déchirante, irréparable. Une fois dominée corporellement elle sombrera dans une longue déchéance psychologique. Brigitte devenant une amante, s’imprègne d’une humaine imperfection, la supériorité de sa morale, l’idéal de sa féminité n’existe plus.

 

      « … que mon cœur se lave dans tes larmes ; qu’il devienne une hostie sans tache, et que nous la partagions devant Dieu ! Nous nous renversâmes sur la pierre. […] dieu merci, depuis cette soirée, nous ne sommes jamais retournés à cette roche. C’est un autel qui est resté pur ; c’est un des seuls spectres de ma vie qui soit encore vêtu de blanc lorsqu’il passe devant mes yeux. « P.217 La confession d’un enfant du siècle, Musset.

 

La renaissance est chez Musset charnelle, l’autel évoque une scène de baptême ou les amants consomment leurs amours sous le regard de Dieux. Chez Musset, Brigitte renaît par le pêché, sa pureté est étouffée par la vicissitude humaine ainsi elle se vautre dans la passion qui l’enchaîne à Octave. Chez Chateaubriand, Amélie se retire physiquement pour se vouer à la vie sacrée, elle échappe ainsi à sa passion incestueuse, à son péché. Dans les deux romans il y a mort de la corporalité, chez Châteaubriand le trépas symbolique se traduit par un triomphe de la religion et de la chasteté. Amélie renaît pour dévouer l’œuvre de sa vie à Dieu, elle brime ainsi son désir, son corps criant d’une tentation pécheresse. Elle personnifie alors la figure idéalisée de la vierge, empreinte d’une sainte perfection.

 

      « «Dieux de miséricorde, fais que je ne me relève jamais de cette couche funèbre, et comble de tes biens un frère qui n’a point partagé ma criminelle passion ! « « …je presse ma sœur dans mes bras, je m’écrie : « Chaste épouse de Jésus-Christ, reçois mes derniers embrassements à travers les glaces du trépas et les profondeurs de l’éternité, qui te séparent déjà de ton frère! « P.174 René, Chateaubriand.

 

Le thème de la femme est abordé de façon similaire chez Musset et Chateaubriand, c’est la beauté de l’âme qui est mise à nue. La finalité, soit par l’acceptation ou le reniement de la corporalité, livre une morale opposée. D’un côté Musset démontre l’impossibilité de la réussite spirituelle dans un siècle désenchanté, alors que Chateaubriand, célèbre la gloire de la religion comme étant une prééminence morale. Cependant l’élévation divine choisie par Amélie et celle qui est rejetée par Brigitte, sont-elles de véritables baumes sur les plaies du siècle? N’accentuent t’elles pas plus encore l’errance solitaire, n’élargissent t’elles pas la fêlure entre les déceptions de la réalité et les convoitises de l’imaginaire?

 

LA CONFESSION D’UN ENFANT DU SIÈCLE de Musset et RENÉ de Chateaubirand:

Analyse thématique comparé du thème de la femme.

 

Travail remis à Mme Geneviève Sicotte

dans le cadre du séminaire FLIT 318 (Le XIXe siècle : Roman et société)

 

par :

Vanessa Quenneville

 

Université Concordia

Département d’études françaises

2 mars 2010

 

BIBLIOGRAPHIE

 

   A) Ressources sur papier

 

         • MUSSET, Alfred (1993), La confession d’un enfant du siècle, Paris, GF-Flammarion 345 p.

 

         • CHATEAUBRIAND, François- René (1971) Atala René. Le Dernier Abencerage, Barcelone, Collection Folio Classique, Éditions Gallimard 306 p.

 

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