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L'Être Humain Est Peint Sans Ménagements Dans Ses Défauts, Ses Carences.

Publié le 26/09/2010

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 L'Ecole des femmes est une pièce de théâtre en cinq actes de Molière, parue le 26 décembre 1662. Bien que comédie, cette œuvre présente de nombreuses similitudes avec la tragédie. Les plus visibles sont la division de l'histoire en cinq actes, et la rédaction de cette dernière en alexandrins. Elle met en scène des personnages aux caractères variés, mais possédant quasiment tous un travers particulier, amplifié. Cette pièce est donc risible au premier abord. Cependant, nous observons que Molière à développé un projet plus ambitieux que celui d'une simple comédie populaire. Nous constaterons donc la présence d'un scénario amusant, permettant un comique abordable par tous grâce à la mise en scène de personnages humoristiques. Nous observerons ensuite que l'auteur se sert de son œuvre dans un but précis, et fait évoluer les personnages au cours de l'œuvre de façon à donner une leçon au spectateur.  Le comique de l'Ecole des femmes réside, tout d'abord, en son scénario. Il se constitue de plusieurs éléments. Nous observons que l'œuvre est basée sur un long quiproquo, s'étendant sur toute la longueur de cette dernière. En effet, Horace, personnage convoitant Agnès, se confie à monsieur de la Souche qui n'est autre qu'Arnolphe, faux bourgeois voulant prendre Agnès pour épouse (il parle d'ailleurs de monsieur de la Souche à Arnolphe dans la quatrième scène du premier acte, l'insultant par la même occasion : « C'est, je crois, de la Zousse, ou Souche, qu'on le nomme «). Mais ce quiproquo n'est pas unique. Ainsi, un quiproquo que nous pourrions qualifier d'éphémère, intervient dès le début de la scène IV de l'acte I, durant laquelle Horace explique à Arnolphe éprouver un amour pour une femme, sans citer son nom, et qui n'est pourtant nul autre qu'Agnès (d'où la surprise d'Arnolphe lorsqu'il l'apprend : « Ah je crève ! «). Le comique du scénario se base donc de façon importante sur la confusion entre les noms des personnages et les personnages eux mêmes, il existe donc un vaste jeu de noms. Ces quiproquos sont également ponctués de plusieurs scènes quelques peu burlesques, telle la seconde de l'acte I, qui voit les domestiques se bousculer et malmener leur maître, Arnolphe. Mais, outre un simple assemblage de confusions entre les caractères, cette œuvre est surtout une parodie du genre tragique. On verra donc ainsi des personnages, notamment Arnolphe et Horace, employer l'héroï-comique, narrant leur « conquête « d'Agnès de façon guerrière et épique (comme la réplique d'Horace dans la quatrième scène du premier acte nous le prouve : « En amour, comme en guerre, avance les conquêtes «).La fin diverge cependant de la tragédie grâce à un coup de théâtre, Agnès et Horace étant unis grâce au retour soudain de leurs pères respectifs, elle est heureuse. Bien qu'utilisé de multiples fois, le synopsis de la pièce (schéma répétitif que nous pourrions résumer à : scène d'exposition, lettre, retrouvailles, dénouement) produit donc toujours un effet divertissant sur un publique extrêmement diversifié.  Nous observons donc que Molière dénonce les excès des Hommes. En effet, à travers l'amplification des défauts des personnages, il montre aux spectateurs les effets néfastes que peuvent avoir les excès, dans la vie. Le personnage le plus emblématique des travers qu'il faut, selon l'auteur, dénoncer, est sans nul doute Arnolphe. Son aspect, comique au premier abord, laisse peu à peu place à des désordres caractériels inquiétants. Les défauts de l'être humain sont donc mis en avant de façon à inviter le spectateur à rester bon. Molière cherche donc à donner une véritable leçon d'humanité.  Cette leçon, se traduit par l'arrivée, au cours de l'œuvre, de personnages de raison, qui interviennent pour faire réfléchir Arnolphe, lui faire prendre du recul. Le caractère illustrant le plus cette tendance raisonnable est sans nul doute Chrysalde, qui représente un mode pensé communément admis. Le spectateur prend conscience de son rôle à la simple écoute de son nom, signifiant littéralement « Voix d'or «, donc personne de raison. Cependant, Chrysalde, malgré tous ses efforts (notamment dans la première scène du premier acte, durant laquelle il tente de prouver à Arnolphe qu'il vaut mieux une femme maline qu'une femme bête), Arnolphe continue de s'enfoncer dans la folie, faisant preuve d'une détermination effrontée, maladive (nous le constatons lorsque le barbon coupe la parole à son compagnon, durant leur dialogue, et fera cesser la discussion sur : « Un chacun est chaussé de son opinion ! «). Cependant, Chrysalde conclura la pièce. Il existe donc un important contraste entre Chrysalde et Arnolphe, le premier revêtant le costume d'honnête homme, tandis que le second accumule les travers. Nous pouvons donc supposer que Molière utilise cette dissimilitude pour faire comprendre au spectateur le chemin qu'il faut suivre pour atteindre l'idéal moral qu'est l'honnête homme. Mais, l'auteur se servira également de la crainte inspirée par les conséquences de la folie d'Arnolphe, au cours de la pièce.  En effet, la folie de ce personnage aura de nombreuses répercussions sur son individu. Nous avons observé précédemment que le caractère d'Arnolphe pouvait être risible. Ce comique de dérision vient cependant du fait que le personnage est ridiculisé (il se fait, par exemple, insulter tout au long de la pièce sans pouvoir répliquer). Arnolphe est aussi trahi par un ami, Horace, à qui il promet aide, soutien (notamment lorsqu'il donne de l'argent à ce dernier, dans la quatrième scène du premier acte : « Ma foi, c'est m'obliger, que d'en user ainsi «), avant de savoir qu'il convoite Agnès. Il y'a donc présence d'une ironie, néfaste pour Arnolphe car, à cause de sa folie, le personnage fini cocu, qui plus est par un ami qu'il aide, alors qu'il faisait tout pour l'éviter. De plus, dominant dans un premier temps, plein d'assurance (comme il l'exprime à Chrysalde dans la première scène du premier acte : « En femme, comme en tout, je veux suivre ma mode «), il passe à dominé dans un second, et se soumet à la volonté d'Agnès, femme qu'il désirait stupide (comme il l'exprime durant la scène d'exposition : « Et de qui la soumise, et pleine dépendance «). Par la suite, nous observons une véritable souffrance du personnage, à cause de sa défaite face à Horace. Arnolphe est tombé, au cours de la pièce, véritablement amoureux d'Agnès (ce dernier exprime sa souffrance de façon très intense, comme dans son long monologue de la première scène du quatrième acte : «J'étais aigri, fâché, désespéré contre elle «). A terme, cette souffrance, ce désespoir, le contraint à s'abaisser aux insultes (notamment envers Horace, durant la première scène du quatrième acte : « Non parbleu, non parbleu, petit sot mon ami «). Cela marque le début d'une régression du personnage (qui se terminera même par une privation de parole dans la dernière scène du dernier acte, que nous identifions grâce à l'onomatopée « Oh ! «, et la didascalie « s'en allant tout transporté et ne pouvant parler «). Finalement, Arnolphe finira seul, abandonné de tous. Cela lui confère un air tragique. Le destin d'Arnolphe permet donc à Molière de donner une leçon de morale au spectateur.  En effet, l'auteur aborde ainsi de nombreux domaines de réflexion moraux. Le premier est sans nul doute l'excès. L'Ecole des femmes nous montre qu'il ne faut jamais être obsédé par une idée (une « Marotte «, comme nous le dit Chrysalde dans la première scène du premier acte), au point de dénigrer la réalité, la raison. Il est donc primordial, pour l'auteur, de montrer au spectateur les travers à éviter, pour s'approcher de l'idéal de vertus qu'est l'honnête Homme. L'honnête Homme doit, d'ailleurs, se montrer humble, courtois et cultivé, mais surtout, il refuse tout excès et sait dominer ses émotions. Nous voyons donc qu'il s'agit de l'inverse d'Arnolphe. Cette œuvre aborde également, plus subtilement, le thème de l'éducation des enfants. En effet, à travers l'évocation de l'enfance d'Agnès, le spectateur peut se poser des questions sur l'instruction à donner à la jeunesse. Nous notons cependant que Moli e;re a déjà abordé ce même thème dans l'œuvre précédent l'Ecole des femmes : l'Ecole des Maris, parue en 1661, soit un an avant la pièce que nous étudions. L'écrivain donne donc, en plus d'une simple règle de morale, des pistes de réflexions pour le spectateur.  Nous pouvons donc en conclure que_ l'Ecole des femmes_ n'a pas une seule fonction de divertissement. En effet, nous observons que la volonté de Molière de faire rire le peuple s'estompe peu à peu pour laisser place à un projet plus vaste : faire réfléchir le spectateur sur des problématiques morales. La priorité de l'auteur est donc que le caractère de la personne visionnant la pièce s'approche de celui de « l'honnête Homme «. Il s'agit donc de la recherche d'une utopie morale. Nous pouvons donc nous poser une question : la poursuite de cette chimère ne nous entraine telle pas vers des excès similaires à ceux que Molière dénonce ?

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