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Lettre 33 Liasons Dangereuses

Publié le 16/10/2010

Extrait du document

 

Problématique : En quoi cette lettre révèle les relations entre les deux personnages ?

 

L’étude de cette lettre tente à montrer la complicité, mais aussi les rapports de force entre les deux protagonistes.

En effet, la Marquise tout d’abord feint de se montrer impressionnée par l’habilité stylistique dont aurait fait preuve Valmont dans la lettre XXIV adressée à la Présidente de Tourvel : « je n’ai plus rien à dire «. Mais derrière cette flatterie (flagornerie), se cache la jalousie d’une femme blessée et donc dangereuse. En fait, elle use ici d’antiphrases.

 

 L'étude de la lettre 33 met par ailleurs, en évidence une relation didactique instaurée entre la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont. En effet, dans cette missive, la jeune femme donne des conseils au libertin sur sa façon d'écrire: «relisez votre lettre, dit-elle, il y règne un ordre". On voit bien à travers cette injonction que la jeune femme a le statut de professeur qui corrige son élève, qui le réprimande. Ce fait est perceptible dès ses premières paroles qui sont à vrai dire des reproches: «la véritable école est de vous être laissé aller à écrire." Il faut comprendre la faute d'écolier. La marquise n'hésite pas à employer un ton premptoire: elle donne des ordres: «songez, voyez, relisez". Outre ces impératifs, elle use de formules s'autorité: «je vous défie", et les questions rhétoriques foisonnent. Ainsi, on a l'impression que dans le couple que forment Valmont et Merteuil, cette dernière a bien le statut -dans tous les ens du terme- de maîtresse et que le jeune homme n'est plus qu'un élève indiscipliné, fautif et par conséquent passible d'une véritable leçon de rappel des règles de l'épistolarité libertine.

Ainsi, on voit bien dans cette lettre didactique argumentée par de nombreux connecteurs logiques:"mais, aussi, de plus..." que Mme de Merteuil applique avec rigueur ses principes qui deviennent ceux de la stratégie épistolaire libertine. Elle efface dès lors le "je" derrière le pronom indéfini "on" et utilis le présent de vérité générale:"A force de chercher de bonnes raisons, on en trouve...". D'ailleurs, pour la marquise, il s'agit de mener un véritable combat comme le démontre le champ lexicale de la bataille:"se rendre, avantage, bat..." Elle met en place une véritable stratégie militaire dont les principes sont énoncés dans le début de la lettre. Dans ce passage, nous retenons son 3ème précepte qui est de prévoir les réactions possibles de l'adversaire et d'en tirer avantage:"à quoi vous servirait, demande-telle à Valmont, d'attendrir par lettres puisque vous ne seriez pas là pour en profiter?" Par le truchement de ces questions rhétoriques, elle admoneste le vicomte qui n'a pas su appliquer ce principe. Elle pique l'orgueil de ce dernier en prétendant que sa "marche ne peut réussir qu'avec des enfants", elle lui signifie qu'il a commis une terrible erreur de tactique, erreur digne d'un débutant: il a sous-estimé l'adversaire.

On peut donc dire que la relation entre les deux protagonistes est régie par des rapports de force.

 

Axe 2 : contraintes, limites de la technique épistolaire

Ou rappel des règles de l’épistolarité libertine

 

a) La lettre favorise la réflexion du destinataire

 

-Mme de Tourvel ne pourra être que touchée par les propos de Valmont, pas convaincue. cf les deux champs lexicaux antithétiques raison/ sentiments. Insistance sur la vertu de la JF : périphrase « une femme à principes «+ « vertu raisonneuse «. C’est un adversaire de taille que s’est choisi V.

 

-Difficulté liée aux limites chronologiques du jeu épistolaire : décalage entre le moment où l’émetteur écrit sa missive et le moment où le destinataire la reçoit. Possibilité de réfléchir avant d’apporter la réponse : cf « A Force de chercher des bonnes raisons, on en trouve, on les dit ... « Pas de spontanéité possible. Faiblesse donc de la stratégie épistolaire

 

b) Préférence pour l’oralité

 

-Nécessité de la parole dans l’entreprise amoureuse, car caractère figé et artificiel de l’écrit : « on ne les arrange pas de même ou plutôt on les arrange « « ordre «. 

 

- La parole et son oralité offrent d’autres armes : 

 

-une palette de nuances plus importantes

 

- la possibilité de « jouer « : voix, larmes 

 

-une immédiateté de la présence physique (parallèle avec le théâtre)

 

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