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Lettre aux femmes battues

Publié le 12/10/2014

Extrait du document

FRANCAIS - EXPRESSION ECRITE. A vous, femmes fortes, De la difficulté de votre combat, je suis consciente. De la peur que vous éprouvez chaque jour un peu plus à l'égard de vos hommes, j'en suis révoltée. En revanche, vous porterez autant d'amour à ces hommes qu'ils ne vous affligeront de coups. Vous faîtes preuve d'une volonté de fer, d'un espoir permanent, tout cela m'oblige à admirer votre force. Or bien que vous soyez de véritables guerrières contemporaines, vous n'en êtes pas moins des êtres humaines, ayant leur part de faiblesse et de peur. Ceux qui voudraient écrire en votre faveur n'en ont point le courage, à quoi bon s'occuper d'une vie qui n'est pas la leur, au risque de se retrouver dans une situation précaire ? Il faudrait être totalement fou. Lorsque que vous hurlez de douleur, ils vous crachent les injures les plus sales. Lorsque vous pleurez de souffrance, ils vous assènent de coups. Mais qu'attendez-vous ? Le coup fatal pour renoncer au silence ? Vous êtes battues et vous devriez vous taire ? Le silence n'a jamais résolu aucun problème. Vous n'êtes pas la seule dans cette affreuse situation, vous n'êtes pas la seule à vivre aux côtés d'un monstre imbécile, tapant sur vous comme il défoulerait ses pulsions colériques. Est-ce une attitude normal, de ne pouvoir ainsi réprimer ses colères ? Ces fous sont atteint psychologiquement, or ce n'est en aucun cas une raison pour excuser leurs actes. Ce sont des lâches ! Ces hommes qui frappent plus faible qu'eux. Mais vous êtes bien trop apeurées pour vous défendre, et vous savez pertinemment que si vous n'osiez, ne serait-ce que vous débattre, la punition pour ce geste de rébellion vous sera d'autant plus douloureuse que les précédentes. Alors vous encaissez. Vous demeurez muette. Où est l'honneur de frapper une masse inerte, souffrante ? Où trouvent-ils la force de se regarder dans le miroir le lendemain, après avoir roué de coup la femme qui dort à leurs côtés ? Comment peut-on faire violence à sa femme lorsque l'on prétend éprouver un quelconque amour envers elle ? [argument ad hominem] Ils sont lâches, terriblement lâches. Et après, ça se dit être un homme ! Ils vous frappent et prétendent être droits et humains ! [argument par l'absurde] Tout être humain possède une fierté, plus ou moins exacerbée, et souhaite forcément la préserver aux yeux de leurs proches, je le conçois et l'approuve. Vos tyrans sont orgueilleux et désirent le rester coûte que coûte. C'est la raison pour laquelle ils vous frappent, sachant pertinemment que de cette manière là, ils ne se risquent pas à perdre leur fierté d'homme dominant et puissant. Il se font la gloire d'un combat gagné d'avance. Ils se déchaînent sur vous tels des animaux, ils vous traitent tels des objets et se confondent d'excuses après. C'est si facile de faire du mal et demander le pardon ensuite. Ils soulagent leur conscience, en espérant avoir votre accord pour la continuité d'une vie qu'ils vous promettent normale, mais qui ne le sera jamais plus, et ce dès le premier acte de violence. Certes ils s'excuseront pour leurs actes, mais ils recommenceront. [argument par concession] Vous leur accordez un pardon qu'ils ne méritent pas, car comme le disait Jean Anouilh : « on ne doit jamais battre une femme, même avec une fleur. » [argument d'autorité] « La violence est injuste, d'où qu'elle vienne. » disait Sartre. [argument d'autorité] Alors non, vous ne méritez pas les coups que vous recevez. Alors non, cela ne sert à rien de culpabiliser, ce n'est pas la vôtre de faute, c'est la leur et uniquement la leur. Car malgré les réprimandes et les blâmes, vous demeurez les innocentes. Qui sont-ils pour corriger des femmes, sont-ils plus savants, plus intelligents ? De quel droit se permettent-ils de lever la main sur vous ? Puisque quand on aime, on ne frappe pas. Ils vous injurient devant vos enfants, encore imprégnés de l'odeur nauséabonde de l'alcool à trop fort dose. Quel exemple ! Ils vous menacent si vous envisagez la séparation ; appelle-t-on cela la liberté ? Toutefois, dans leurs yeux noirs de rage, la date du prochain sévisse est déjà programmée. Alors vous pensez être condamnée, vous tremblez lorsque vous songez à fuir. En somme, vous êtes perdues et ne sachez plus quoi faire. Mais gardez à l'esprit que vous n'êtes plus seules. Mon écrit restera sans doute sans réponse, peut-être n'en aurez-vous même pas le droit à la lecture, sous peine de subir à nouveaux les coups de vos furieux. La honte s'emparera d'eux lorsque la lâcheté condamnera leur âme, je le conjure. Vos tyrans me reprocheront de me mêler de ce qui ne me regarde pas, et de dramatiser des choses qui n'ont pas lieu de l'être. Bien entendu, battre sa propre femme, c'est faire preuve de bon sens, c'est le témoignage d'un immense respect envers autrui. [ironie] Les femmes ont le droit, le droit de parler. Mais la peur est quelques fois plus puissante que toute bonne volonté. Vous êtes seules face au regard menaçant de vos tyrans qui ne détiennent aucune puissance, si ce n'est une domination honteuse sur vous. Ici, c'est nous qui détenons la puissance d'un changement possible. Et ce sont toujours nos impuissances qui nous irritent. La société ferme les yeux et prétend ne pas entendre vos hurlements de douleur. L'humanité reste silencieuse lorsqu'il s'agit de danger. Pourquoi s'attaquer à un problème de société tant qu'il ne concerne pas notre propre personne ? Le peuple se tait et se désole, camouflant son égoïste sous une fausse impuissance. Mais ne pas croire aux règles, aux limites et aux problèmes, nier l'impuissance et la soumission : c'est croire à l'action. Sans cela, ce fayot de l'humanité restera tel qu'il est aujourd'hui. Alors agissons, pour vous.

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