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l'homme est-il un etre inachevé ?

Publié le 20/01/2011

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En quel sens peut-on dire que l’homme est un être inachevé ?

 

 

L’existence humaine est toujours ouverte et ne peut parvenir à un état de complet achèvement. En effet, cet achèvement marquerait que l’homme aurait trouvé son propre accomplissement dans un bonheur absolu et que son existence pourrait être jugée parfaite. Bien au contraire, l’existence de l’homme est finie et imparfaite, comme si l’homme ne cessait d’être à la recherche de lui-même. Comment se caractérise cet inachèvement ? Doit-on nécessairement voir derrière ce terme une perspective négative révélant un manque originel chez l’homme ?

 

I/ L’homme, un être fini

 

a. Une existence passagère

L’existence humaine est limitée dans le temps, l'homme n'est pas éternel. L’homme appartient à la nature et est soumis à son rythme. A peine né, un être vivant est condamné à mourir. L’existence de l’homme, elle, a un commencement et une fin. Montaigne dit ainsi dans les Essais que « toute humaine nature est entre le naître et le mourir ». La vie de l’homme est toujours dans cet entre-deux, ce qui le distingue de Dieu. Le monde mortel est fragile et la mort menace toujours quiconque est né. La première forme d’inachèvement de l’homme est donc de nature temporelle : contre la nécessité du temps, l’homme ne peut pas lutter et pour certains, une vie sera toujours trop courte pour que soient menés à terme tous leurs projets.

 

b. La soumission à une vie naturelle

Quand bien même il le voudrait, l’homme ne peut échapper aux nécessités que lui impose la nature. Une part de l’existence humaine est déterminée par le fait qu'il a, comme les animaux, des besoins . L’homme subit les influences de la vie végétative : il doit se nourrir, boire, dormir, se protéger, pour pouvoir survivre. Un certain nombre de besoins vitaux doivent être satisfaits.

L’homme subit donc une vie immédiate et naturelle : il ne peut échapper à ces déterminations biologiques qui sont le lot de tous les êtres vivants et supporte le poids de la nécessité.

 

II/ L’homme, un être imparfait

 

a. L’homme est conscient de ses limitations

La vie de l’homme est faite d’inquiétude. Chacune de ses actions lui rappelle que tout ne lui est pas possible. L’homme sait que son existence n’est pas illimitée et que ses désirs se heurtent aux nécessités de la nature : ce savoir est alors pour lui source de souffrance. Contrairement à l’animal qui n’est pas conscient de ses propres imperfections, l’homme a la capacité de se les représenter.

 

b. La conscience d’inachèvement fait naître le désir

Tout désir est né de la sensation d’un manque. Si l’homme désire, c’est qu’il n’est pas tout ce qu’il peut être et qu’il en a laconviction intime. Il est donc possible de définir l’homme comme un être de désir. Plus encore, tout désir est un désir de perfection : et dans l’argent et le pouvoir se sentir plus fort qu’il ne l’est en vérité. Seul un être faible et incomplet peut désirer.

 

c. L’inachèvement est un signe de grandeur

Même si le sentiment d’inachèvement est vécu douloureusement, car il rappelle combien l’homme est faible, cette conscience d’imperfection est toutefois en même temps une grandeur. Cette connaissance, donnée par la conscience, est pour lui une force. Dans les Pensées, Pascal explique ainsi que « la grandeur de l’homme est grande en ce qu’il se connaît misérable ». L’homme sait que tout n’est pas en son pouvoir et qu’il doit œuvrer pour gagner en perfection : c’est ce savoir qui le pousse à agir et à ne jamais se contenter de ce qui lui est donné. Finalement, ce manque est constructif.

 

III/ L’homme, un être perfectible

 

a. La technique, un moyen inventé par l’homme pour combler son inachèvement

L’homme, physiquement, n’a pas les moyens de répondre à tous ses désirs : par exemple, il ne peut pas voler dans le ciel, ni vivre dans des régions sont excessivement hautes ou basses. Mais, grâce à la technique, il peut inventer les moyens qui lui permettront de combler ces impossibilités, et de dépasser ses limites : ainsi, il a créé des avions pour voyager dans le ciel ou fabriqué des vêtements chauds pour se protéger du froid. Par la technique, l’homme vient compenser ses manques originels et peut se fabriquer, par la culture, les outils que la nature avait oublié de lui accorder sous forme d’organes. Telle est la thèse développée par Platon dans Protagoras, dans le récit du mythe de Prométhée : l’homme a volé aux dieux le feu et grâce à lui, il a pu fabriquer des outils permettant de subvenir à ses besoins et d’achever ce que la nature ne lui avait pas donné.

 

b. La liberté, une force donnée à l’homme pour achever lui-même son existence (Conclusion)

On ne peut pas enfermer l’homme dans une définition fixe et indépassable : il ne naît pas tout fait et doit à chaque instant choisir son existence. Il est libre de décider ce qu’il fera de sa vie. Cette liberté n’est possible que pour un être originellement inachevé et incomplet : c’est parce que l’homme ne naît pas déjà parfait et complet qu’il y a du sens pour lui à agir pour combler ces manques. Sartre, dans L’existentialisme est un humanisme montre ainsi que c’est l’homme lui-même qui achève son existence par ses choix libres et ses actions. Si l’homme était né déjà parfait, il n’aurait pu partir à la recherche de lui-même et de projets le menant à se dépasser lui-même.

     Loin d’être une faiblesse et un défaut, l’inachèvement de l’homme est donc une force : c’est cette imperfection qui le mène sans cesse à repousser ses limites et à ne jamais se contenter de ce qui lui est donné immédiatement. L’homme est imparfait, certes, mais toujours perfectible, c'est-à-dire susceptible, un jour, de devenir parfait.

 

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