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L'homme qui court de Malevitch

Publié le 13/11/2013

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Histoire des arts Dans le cadre de l'épreuve « histoire des arts »,je vais vous présenter un tableau de Kasimir Malevitch datant des années 1933-1934, « L'homme qui court ». Dans un premier temps, nous étudierons l'oeuvre dans son contexte, en relation avec des éléments biographiques de son auteur et ainsi comprendre les raisons pour lesquelles Malévitch a peint ce tableau. Puis nous passerons à la description et à l'interprétation pour finir par expliquer l'intérêt que je porte à ce tableau. I. Malevitch est un peintre russe d'origine polonaise né en 1879 et mort en 1935, ce qui signifie que « L'homme qui court » fait partie des dernières oeuvres de sa vie. Il est par ailleurs le fondateur d'un courant artistique appelé le « suprématie » qui correspond au maniement de formes simples ayant un caractère géométrique et unicolore. Ce courant cherche à montrer le caractère infini de l'espace. Si le suprématisme représente un art complètement abstrait, pourquoi Malevitch s'en est-il détourné pour revenir à une peinture à mi-chemin entre abstrait et figuratif ? Et pourquoi cela vers la fin de sa vie ? En 1929, il fut accusé de subjectivisme par le pouvoir soviétique. Au cours des années 1930, durant la montée du communisme en URSS, Malevitch fut sans cesse attaqué par la presse et emprisonné à la prison de Leningrad où il fût torturé. Ainsi avec toute l'atmosphère de suspicion de plus en plus pesante contre lui et son oeuvre (carré blanc sur fond blanc) le peintre se voit contraint de passer à un art plus figuratif et concret pour les autorités russes. II. Au premier plan, un homme pris en pleine course est représenté. On remarque dans tous les tableaux figuratifs de Malevitch (ex: le « bûcheron », le « coupeur de foin ») que les personnages prennent une place centrale et imposante sur la surface des tableaux. Cet homme vêtu d'un pantalon blanc et d'un haut vert, les extrémités de son corps (mains, pieds..) sont noires, son bras droit est tendu comme s'il recherchait quelque chose. On devine des cheveux et une barbe blanche autour de son visage qui semble être transparent. Un ovale noir se détache derrière ce masque comme si cela été son vrai visage. Le peintre lui-même désignait ce personnage comme étant à la recherche de leur vrai visage, soit leur réelle identité. Chose difficile durant la monté du communisme où la « recherche de l'unité » et le but de ne faire qu'un seul homme étaient des principes fondamentaux du régime. Tout comme la grande croix chrétienne, estimée à l'arrière-plan à gauche, de couleur rouge représentant le communisme et dont la base est noire et comme pourrie prouvant ainsi que le régime refuse et interdit toute religion à part le culte de la personnalité voué à Staline. Au fond du tableau à droite, au même niveau que la croix, on remarque deux maisons, l'une rouge et l'autre blanche, elles n'ont ni portes ni fenêtres et pourraient donc rappeler les bâtiments de la prison de Leningrad où l'auteur y a été enfermé. Celles-ci sont séparées par une épée à l'extrémité sanglante comme si l'épée blanche représentée la justice où seuls les criminels vont en prison et qu'elle est à présent souillée par le sang pour avoir emprisonné des artistes ou autres personnes luttant pour la liberté. Au niveau de la forme, celle-ci est plutôt géométrique. Quant aux couleurs, on note la présence de blanc, de rouge et de noir qui sont les couleurs fondamentales du suprématisme. Dans l'ensemble les couleurs sont vives et chaudes, ce qui donne l'impression que l'auteur garde un certain optimisme envers l'aboutissement de sa lutte, qu'il ne verra malheureusement jamais car il mourra avant. Le tout sur un fond bleu symbolisant la vérité, opposer aux mensonges de la propagande. Le bleu représente aussi la liberté où l'on peut y voir un message d'espoir de la part du peintre. Pour expliquer le fait que ses pieds et mains soient de couleur noire, on peut émettre l'hypothèse que l'homme est allé en prison et que celle-ci la « noirci » par la faute en le condamnant. Étant donné que le noir symbolise le péché et la mort, sans doute est-il proche de la mort comme l'était Malevitch à ce moment. Le peintre a volontairement positionné son personnage de sorte qu'il aille à l'encontre du sens conventionnel de lecture d'un tableau, ou même d'un livre pour les Occidentaux. Par ce tableau, Malevitch démontre bien qu'il est contre le système imposé par le régime soviétique car même avec les pieds de l'homme qu'ils ont souillé par le péché, celui-ci continue de fuir la répression, la perte d'identité, l'injustice et la prison en courant. III. Au début, je l'avoue, j'avais choisi ce tableau pour l'unique raison qu'il correspondait bien à la thématique donnée. Mais en travaillant sur cette oeuvre, en essayant de la comprendre malgré le peu d'information la concernant, j'ai eu l'impression de ressentir la souffrance de Malevitch ainsi que celle de tous les artistes luttant pour un même but, la liberté. Mais c'est surtout l'histoire que porte ce tableau et son auteur qui m'ont le plus émue. Voir à quel point le peintre n'a pas perdu espoir malgré la prison, les persécutions mais aussi face au rejet de son art, le suprématisme, de la part du gouvernement, est étonnant. Un tel courage a forcé en moi une sorte d'admiration ainsi qu'un intérêt plus profond pour Malevitch.

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