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L’Huître & les Plaideurs.

Publié le 17/04/2011

Extrait du document

IX.
L’Huitre, & les Plaideurs.

Un jour deux Pelerins ſur le ſable rencontrent Une Huitre que le flot y venoit d’apporter : Ils l’avalent des yeux, du doigt ils ſe la montrent ;

 

À l’égard de la dent il fallut conteſter. L’un ſe baiſſoit déja pour amaſſer la proye ; L’autre le pouſſe, & dit : Il eſt bon de ſçavoir Qui de nous en aura la joye. Celui qui le premier a pû l’appercevoir En ſera le gobeur ; l’autre le verra faire. Si par-là l’on juge l’affaire, Reprit ſon compagnon, j’ay l’œil bon, Dieu mercy. Je ne l’ay pas mauvais auſſi, Dit l’autre, & je l’ay veuë avant vous, ſur ma vie. Et bien, vous l’avez veuë, & moy je l’ay ſentie. Pendant tout ce bel incident, Perrin Dandin arrive : ils le prennent pour juge. Perrin fort gravement ouvre l’Huitre, & la gruge,

 

Nos deux Meſſieurs le regardant. Ce repas fait, il dit d’un ton de Preſident : Tenez, la Cour vous donne à chacun une écaille Sans dépens, & qu’en paix chacun chez ſoy s’en aille. Mettez ce qu’il en coûte à plaider aujourd’huy ; Comptez ce qu’il en reſte à beaucoup de familles ; Vous verrez que Perrin tire l’argent à luy, Et ne laiſſe aux plaideurs que le ſac & les quilles.

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