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L'île des esclaves de Marivaux Extrait de la scène 10

Publié le 10/10/2010

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marivaux

 

Introduction : Le texte étudié est un extrait de la scène 10 de l’île des esclaves, une comédie               en un acte et onze scènes, écrite par Marivaux. Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux était un journaliste, un romancier et un dramaturge de l’époque des Lumières. Il en rencontra d’ailleurs certains philosophes dans les salons parisiens et fut donc influencé par ce mouvement. Cette pièce est à propos d’un renversement de situation entre deux maîtres et leurs valets. L’extrait intervient au moment où Arlequin essaye de séduire Euphrosine mais il n’y parvient pas : ce n’est pas un maître. Il pardonne Iphicrate et lui rend son habit, qui symbolise le pouvoir. Ils invitent alors Cléanthis à reprendre son statut. Elle ne comprend pas, ainsi elle s’insurge contre Arlequin et s’attaque aux maîtres. Nous allons donc étudier la forme et le fond du propos de Cléanthis.

 

     I. La révolte de Cléanthis : un réquisitoire

 

   A) un réquisitoire véhément : les procédés rhétoriques

 

Il y a de nombreuses interjections « Ah ! « « Fi ! « « non « marquant la colère de Cléanthis.

Elle interpelle les destinataires par l’impératif « faites « « vous devriez « « estimez-vous «, le pronom personnel « vous «, prenant ainsi a parti les maîtres.

L’anaphore « riches ? non. Nobles ? non. Grand seigneur ? point du tout. « donne du rythme à ses phrases.

Les phrases exclamatives « vous aurez bonne grâce « « c’était bien la peine de faire tant les glorieux «… et les questions rhétoriques « en valiez-vous mieux ? « « Et que faut-il donc ? « « Entendez-vous, Messieurs les honnêtes gens du monde ? « illustrent l’emportement de Cléanthis.

Elle enrichit son propos par plusieurs sentences « il faut avoir le cœur bon, de la vertu, de la raison « « vous devriez rougir de honte «.

 

   B) L’opposition maître/esclaves

 

Cléanthis ne parle pas en son nom mais pour une classe, elle utilise ainsi les pronoms personnels « nous « et « on «, et devient ainsi la porte-parole de tous les esclaves, ce qui donne une portée plus générale à sa tirade.  

De même, si au début le « vous « s’adresse à Euphrosine et Iphicrate, il prend lui aussi par la suite une portée plus générale, ce qui rend le réquisitoire de Cléanthis dirigé contre tous les maîtres.

Enfin, l’opposition maîtres / esclaves glisse vers une opposition plus générale riches / « pauvres gens «, visible à travers les termes « riche, noble, grand seigneur : vous étiez tout cela « et « de pauvres gens que vous avez toujours offensés, maltraités, accablés «.

 

    II. La dénonciation

   A) La progression de la tirade

 

Cléanthis rebondit sur le mot « exemple « : les humbles donnent l’exemple d’un comportement vertueux tandis que les privilégiés les méprisent.

Le vrai mérite ne réside pas dans la richesse, le rang social des privilégiés, mais dans la bonté du cœur, « la vertu « et « la raison «.

Enfin, Cléanthis s’adresse aux « honnêtes gens « : les « exemples « de pitié, de bonté et de pardon sont donnés par les humbles.

 

   B) Le portrait moral des maîtres

 

A partir d’un relevé des termes qui caractérisent les maîtres, on peut distinguer quelques traits dominants : la richesse matérielle, le rang social et l’orgueil et le mépris des faibles.

Ce sont des traits essentiellement négatif s, qui soulignent leur pauvreté morale.

 

   C) En miroir, le portrait des esclaves

 

Le relevé de leurs caractéristiques fait apparaître leurs principaux traits : l’humiliation, la pauvreté matérielle et la grandeur morale.

 

Conclusion : Cette tirade est un discours véhément, c’est l’expression de la colère de         Cléanthis. Elle dénonce fortement le comportement des maîtres par une leçon morale : le mérite ne tient pas un rang ou à la richesse mais aux qualités de cœur. On retrouve dans ce texte l’influence des Lumières sur Marivaux.

 

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