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Littérature - Fin de Partie

Publié le 08/03/2011

Extrait du document

1) Le terme de «refuge« appliqué par Hamm au lieu où vivent les personnages vous semble-t-il approprié ?    Dans «fin de partie « de Samuel Beckett, les personnages évoluent dans un espace qui fonde le sens de l'½uvre si Hamm qualifie cet espace de «refuge«, lieu ou les personnages trouvent protection et sérénité il est en fait bien plus complexe que ça. En effet les personnages semblent tous vouloir s'évader mais leur dépendance les empêche de quitter les lieux, ils évoluent selon une hiérarchie précise où chaque chose à sa place, et où rien n'est laissé au hasard.  Nous allons analyser dans un premier temps ce substitut de refuge, puis nous verrons le fonctionnement du refuge, et pour finir l'emprisonnement que cet espace créée.        L'espace dans fin de partie est un espace clos défini par une organisation très géométrique. Dès le début de la pièce, le décor est défini en largeur « Aux murs de droite et de gauche «, en profondeur « vers le fond « et en hauteur « deux petites fenêtres haut perchées « . Les deux poubelles de Nell et Nagg constituent une mise en abyme : elles sont un autre espace à l'intérieur du premier. Ces différentes lignes convergent en un point central « Au centre, […] Hamm « sur son fauteuil à roulettes. Clov arpente l'espace abstrait mis en place par l'auteur, au sens propre comme au sens figuré traçant des lignes horizontales entre les deux fenêtres par le déplacement et le regard, ses pas imposent une certaine chorégraphie symétrique, ils sont précisément comptés.  Après ce tracé horizontal, Clov s'occupe des verticales en montant sur l'escabeau sous la fenêtre de gauche, puis droite, pour tirer les rideaux avant de répéter le même mouvement, cette fois en regardant par la fenêtre. Cette organisation spatiale marque le rétrécissement de l'existence des personnages et offre l'image d'un vide intérieur : il s'agit de trouver sa place pour ne plus en bouger : Clov ne peut pas s'asseoir, Hamm ne peut pas être debout. Clov lui-même affirme « J'aime l'ordre, un monde où tout serait silencieux et immobile et chaque chose à sa place dernière, sous la dernière poussière «    Le décor quand à lui instaure dès le début une ambiance de fin de monde avec la «Lumière grisâtre«, un intérieur sans meubles, et les rideaux tirés, ainsi que les draps blancs sur les poubelles de Nell et Nagg qui donnent un air funèbre à la pièce. Par ailleurs, c'est un endroit où il fait froid, Neil et Nagg en souffrent, Hamm réclame un plaid (p.87) Cette mise en scène dépouillée et abstraite ne permet pas une identification du temps ni de l'époque où se déroule la pièce. C'est un temps figé, qui n'avance pas et les personnages sont tous coincés dans ce non-temps, dans un espace morne aux allures de fin de monde.    Cet espace clos et restreint fait de «briques creuses« est tout de même un refuge puisque les personnages y vivent malgré l'ennui, le froid et le vide. Aucun d'entre eux ne se résout à quitter «le home de Hamm«, ce «vieux refuge« pour affronter le monde extérieur. Ils évoluent tous selon un rapport hiérarchique, et une dépendance flagrante non seulement à ce lieu mais également aux autres personnages.          Comme dans chaque famille, - si l'on considère les personnages de «Fin de partie« comme une famille à part entière – il y a dans le refuge un «chef de maison«. Ici, c'est Hamm, son emplacement au centre fait de lui le pivot d'un monde en décomposition. Il est le seul à connaître la combinaison du coffre, il nourrit les personnages (Nell lui réclame une dragée). Il détient donc supériorité économique.  Le paradoxe crée par Samuel Beckett fait que ce personnage central, censé rayonner sur les dimensions de l'espace ne peut voir, d'où la nécessité d'interroger sans cesse Clov sur sa place : son désir est d'être au centre, le plus minutieusement possible. Chaque personnage semble avoir une place bien définie. Il y un équilibre à respecter et les personnages ne peuvent et ne doivent se déplacer, à part Clov, dont le départ marquerait la fin de cet équilibre (la mort?).    C'est une hiérarchie décalée que nous propose «Fin de partie« car les rôles parents/enfants et maître/valet sont très confus et souvent inversés. La vie de Hamm dépend des services de Clov, sa cécité et son infirmité le placent en position de faiblesse, et pourtant Clov lui obéit presque à chaque fois. Durant tout le texte nous assistons à ce rapport de force entre maître et valet «tu ne peux pas partir« / «tu n'auras plus jamais de calmants«.  Les parents qui sont mis dans les poubelles, est un autre exemple de cet inversement des rôles. Lorsque Nell réclame une dragée avec insistance à Hamm, on pourrait se demander lequel des deux est le fils. Hamm échange les rôles il lui interdit cette dragée pour le punir, il se met en situation de force par rapport à Nell, il devient le père.    Le pathos ici repose sur la dépendance qu'on les personnages les uns envers les autres, bien qu'ils se haïssent. Nell et Nagg sont un couple, ils vont par deux «deux poubelles l'une contre l'autre«, leurs poubelles sont côte à côte, dans leur attitude on ressent un certain attachement, Nell demande à Nagg si elle veut une moitié du biscuit, si elle a froid, lui raconte l'«histoire du tailleur«, ces personnages sont donc unis par un lien.  Par ailleurs même si Hamm est le chef, il ne peut subsister sans Clov. Cette dépendance est autant physique (médicaments, nourriture, services) que psychologique (ordre de l'affect) car Hamm a peur que Clov parte, il tente à tout prix de le retenir, il a peur de la solitude que provoquerait sa disparition. Clov lui-même est dépendant de Hamm, il n'ose pas partir. On comprend que Clov est redevable à Hamm lorsqu'il évoque C'est son père de substitution.          Ces personnages qui sont tous si dépendants les uns les autres, ont cependant des rêves. Ils désirent tous échapper d'une manière ou d'une autre à la triste réalité de ce refuge. Dans un certain sens, ce lieu est une prison : personne ne s'enfuit de cet endroit, pas même le rat qui, s'il s'est apparemment sauvé, « n'ira pas loin « comme le prédit Hamm. Ce lieu est donc une prison à laquelle les personnages ne peuvent échapper autant physique puisqu'elle est délimité par les murs, les parents sont enfermés dans des poubelles «boucle-le« dit Hamm a Clov ; mais aussi psychologique : c'est un monde ou l'ennui et la répétition sont maîtres, les personnages sont prisonniers de leur routine, piégés dans leur propre haine et dépendance.    Les personnages tentent tous l'évasion, ils ont des rêves.  Nell et Nagg, personnages dénués de toute mobilité, évoquent des souvenirs. Se souvenir devient un moyen d'oublier leur infirmité. Ils évoquent ainsi des lieux géographiques réels : le lac de Côme en Italie et Sedan dans les Ardennes. Ces deux événements sont des souvenirs de promenades, chose que le couple ne peut plus faire.  Hamm préfère l'évasion par le rêve, il peut ainsi s'imaginer sans handicap et sans frustration : « Si je dormais je ferais peut-être l'amour. J'irais dans les bois. Je verrais…le ciel, la terre. Je courrais. On me poursuivrait. Je m'enfuirais. « (31)  De même, il évoque un voyage imaginaire aux côtés de Clov : « Allons-nous en tous les deux, vers le Sud ! Sur la mer ! Tu nous feras un radeau. Les courants nous emporteront, loin, vers d'autres…mammifères ! « (50)  Clov quand à lui, dès le début évoque son envie de partir, il s'isole à plusieurs reprise dans sa cuisine aux dimensions parfaites «trois mètres sur trois mètres sur trois mètres«, seul endroit où il peut échapper à la tyrannie de Hamm, il peut ainsi disparaître, sans vraiment partir.  Ce fantasme de quitter le refuge devient un «jeu«, une habitude chez les personnages.    Et pourtant, l'ailleurs est cet «autre enfer«. «Hors d'ici c'est la mort« prétend Hamm. Lorsque le rat s'échappe du refuge Clov affirme qu'il «n'a pas besoin d'aller bien loin«.  Dehors il règne la même ambiance de fin du monde : lorsque Clov regarde par la fenêtre, il affirme  «il n'y a plus de soleil« (46), il nie la possibilité même d'un rayon de soleil. L'espace est le même partout, il devient universel « Il fait gris. […] Noir clair. Dans tout l'univers. «  L'extérieur est également marqué par la pénurie : « Il n'y a plus de nature « « Il n'y a plus de marée « ; Quelle que soit la direction où Clov braque sa lunette, c'est « zéro «, le néant «rien à l'horizon«, et d'après Clov, tout l'univers pue le cadavre, et l'herbe n'est pas plus verte chez le voisin.  Même l'élément humain venu de l'extérieur est condamné, selon Hamm : « S'il existe il viendra ici ou il mourra là. Et s'il n'existe pas ce n'est pas la peine. «      L'intérieur, qui est un «refuge« pour les personnages semble aussi être une prison, une cage à oiseaux où l'évasion est le seul enjeu. Bien que l'endroit accueille les personnages, c'est un endroit sordide qui sent la fin et la mort, dont ils ne peuvent s'échapper. Et même s'ils s'échappaient l'extérieur semble être identique, aussi morne et malsain que l'intérieur, c'est avant tout un espace psychologique, cet espace vide et creux sera le même où qu'ils aillent, car les personnages sont tous «déjà morts« de l'intérieur.    2) En quoi la pièce Fin de partie joue-t-elle avec les attentes du spectateur ?      «Fin de partie« est une pièce originale appartenant au «théâtre de l'absurde«, une pièce a pour fonction première de divertir le spectateur, de le faire rêver, de le transporter. Or, « fin de partie « ne comble en rien les attentes du spectateur. Nous allons voir les procèdes qu'à choisi Beckett afin de provoquer chez le spectateur un sentiment d'ennui et de malaise.  Nous étudierons tout d'abord la scène d'exposition peu commune, puis le    Dans le théâtre classique, la première scène a pour fonction d'exposer l'obstacle qui s'immisce sur le chemin du sujet dans sa quête de l'objet ; de présenter les personnages, d'installer le ton de la pièce, tout en posant l'illusion théâtrale. Or, il n'y a rien de tel dans le début de Fin de partie, puisqu'il s'agit d'une pièce sans acte ni scène.  Dans Fin de partie , les règles du théâtre traditionnel sont complètement chamboulées. De fait la scène d'exposition n'a rien a voir avec les scènes d'exposition du théâtre classique, il n'y a ni présentation des personnages, ni intrigue, ni explications concernant la suite du texte.  Le décor est dépouille, sombre «une lumière grisâtre« et sans artifices, ce qui déçoit d'entrée le spectateur, par ailleurs il ne nous renseigne ni sur le lieu ni sur l'époque. L'espace scénique est quasi vide : un vieux drap, un fauteuil à roulettes et un tableau retourné. L'incipit nous plante dans un temps et un espace non référentiels.      Avec l'annonce de la fin dès le début par Clov «fini, c'est fini, ça va finir, ça va peut-être finir«, on ne laisse plus de doute au spectateur. Cette «annonciation de la fin avant la fin crée un véritable paradoxe, occultant tout suspense et curiosité chez le spectateur, en lui annonçant d'entrée que la pièce n'aura pas d'issue. Par ailleurs La théâtralité apparaît dès le début.. De fait, Clov est là pour « donner la réplique « , obéissant aux ordres de Hamm. Les personnages indiquent leur rôle d'acteur «c'est à moi de jouer«, rendant visible tous les artifices du théâtre.    Loin de construire l'illusion théâtrale, le début de «Fin de partie« vise au contraire à exhiber l'artifice du théâtre. Par ailleurs les premières pages, exposent d'emblée le vide et l'ennui qui va s'ensuivre. On peut dire que cette ouverture symbolise la fin, une fin programmée et lente.        Si l'incipit de la pièce déjoue les attentes du spectateur, il en est de même pour le déroulement de la pièce qui semble ne pas vouloir finir : durant tout le long « quelque chose suit son cours «.Le principal ennui dans la pièce réside dans l'absence d'action. En effet, l'absence totale d'intrigue ne permet pas l'ancrage du spectateur dans la pièce et les personnages sont condamnés à répéter dans cesse les mêmes scènes.  Le spectateur doit lui-même réussir à redonner un sens à ce qu'il voit.  Durant toute la pièce il n'y a aucun retournement de situation, le drame est statique, l'action a disparue, « quelque chose suit son cours «. La pièce n'a pas de fin ( on s'attendait au départ de Clov, mais finalement celui-ci reste) mais commence par la fin. Le temps de la pièce est circulaire, tout recommence. L'absence de suite linéaire est troublante et angoissante pour le spectateur. A l'inverse de la tragédie qui est une représentation d'une action noble menée jusqu'à son terme dans Fin de partie, nous sommes face à une discontinuité de l'action et la pièce est plus proche de l'art abstrait que d'un drame.    Dans «Fin de partie« le temps ne passe pas. On peut voir dans les didascalies que le silence semble envahir l'espace scénique. Beckett semble chercher à faire entendre le silence : « un long silence se fit entendre « dit Hamm de manière paradoxale avec l'opposition silence/entendre. En effet, dans les didascalies du textes, on peut relever à peu près 400 « un temps « qui contribuent à créer un rythme lent dans la progression du récit pour le lecteur, mais aussi le spectateur qui assiste littéralement à ces petites ruptures que créent ces indications. La pièce semble rythmée par des soupirs, des pauses, des arrêts... Les personnages semblent avoir des difficultés à penser, ils veulent sans cesse gagner du temps (Hamm ne veut pas que Clov parte) et au même temps de manière très paradoxale voir arriver cette fin «j'aimerai tomber«.    Les personnages sont antipathiques et décevants, le spectateur ne parvient pas à s'identifier et s'attacher à eux. Il n'y pas de héros ni de antihéros, que des corps malades, souffrants, attendant la mort arriver. Hamm est aveugle et paralysé, Clov ne peut s'asseoir sa démarche est «raide est vacillante«, Nell et Nagg croupissent dans leurs poubelles.  Les personnages de Beckett parlent, non parce qu'ils ont quelque chose à transmettre, mais seulement pour éviter de se taire. Leur langage est donc marqué à la fois par le vide et la peur. Il s'agit de se rassurer sur soi et sur le monde, de combler le vide.          La pièce de Samuel Beckett semble appartenir au «théâtre de l'absurde«, né dans les années 1940, type de théâtre en rupture avec totales par rapport aux genres classiques (comédie, drame...),il consiste dans l'épuration de la dramaturgie classique, l'action dramatique disparaît et les personnages attendent un dénouement qui ne vient pas. Les seuls actions sont vouées à la futilité : chute d'un objet,dialogues mécaniques, insensés et incohérents...La présence même des personnages sur scène est absurde, les corps exposés sont symbole de dégénérescence : amputés, transformés. Tous ces symboles visent à exprimer la contingence de l'espèce humaine. L'origine de ce style théâtral étant du au traumatisme à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le théâtre de l'absurde est volontairement pessimiste, il provoque chez le spectateur un sentiment d'angoisse.    Ainsi le but de Samuel Beckett dans son ½uvre est de signifier le non-sens «Nous ne sommes pas en train de signifier quelque chose ?« demandera Hamm à Clov qui lui répondra, désabusé «Nous, signifier ! Ah ! Qu'elle est bonne !«. Mais si les procédés utilisés par l'auteur sont là pour susciter angoisse et ennui chez le spectateur, en jouant avec ses attentes, ils permettent également de le placer à distance : si le spectateur n'est pas transporté par la beauté de la pièce, il peut néanmoins réfléchir au sens profond de la pièce. Car aussi «absurde« que soit «fin de partie«, elle demeure tout de même une ½uvre fabriquée et construite qui veut signifier quelque chose.  Ici, Samuel Beckett tente de matérialiser l'i-représentable : la mort, synonyme de fin. Et cette fin est largement exposée dans la pièce : fin du langage, fin des moyens, l'usure de la condition humaine (cécité, vieillissement, mort).  Bien qu'elle ne soit pas source de divertissement, la pièce nous invite à une vraie réflexion sur la nature humaine, de la vie et de la mort.    Par ailleurs, la pièce semble également être une métaphore de l'après guerre : un monde qui a perdu tous ses repères et ses valeurs. Les personnages qui sont tous infirmes et vieux représentent les « mutilés de la guerre«. Les souvenirs qu'évoquent Nell et Nagg représentent les regrets, la nostalgie de l'avant-guerre. L'évocation de la nature est toujours de l'ordre du regret «il n'y a plus de nature«. La manque d'humanité des personnages, l'absurdité des échanges et cette ambiance de fin du monde semblent caractériser cette ambiance pessimiste de l'après-guerre, comme la plupart des pièces du théâtre de l'absurde, «Fin de Partie« nous expose les sentiments, la vision déchirée de l'auteur par rapport à son époque.            «Fin de partie« est une pièce noire, avec un décor de fin de monde, un temps qui ne s'écoule pas, des didascalies renforçant l'attente et l'impatience de la fin. En totale rupture avec la dramaturgie classique, elle déjoue toutes les attentes du spectateur par un manque d'action et un sentiment de vide omniprésent qui ennuie autant les personnages que le spectateur qui se fait témoin de l'absurdité de la pièce. Cependant elle permet la réflexion, sur la vie mais surtout l'absurdité de celle-ci. Une vie absurde est synonyme de mort et de fin.   

« et Nagg sont un couple, ils vont par deux «deux poubelles l'une contre l'autre», leurs poubelles sont côte à côte,dans leur attitude on ressent un certain attachement, Nell demande à Nagg si elle veut une moitié du biscuit, si ellea froid, lui raconte l'«histoire du tailleur», ces personnages sont donc unis par un lien.Par ailleurs même si Hamm est le chef, il ne peut subsister sans Clov.

Cette dépendance est autant physique(médicaments, nourriture, services) que psychologique (ordre de l'affect) car Hamm a peur que Clov parte, il tente àtout prix de le retenir, il a peur de la solitude que provoquerait sa disparition.

Clov lui-même est dépendant deHamm, il n'ose pas partir.

On comprend que Clov est redevable à Hamm lorsqu'il évoque C'est son père desubstitution. Ces personnages qui sont tous si dépendants les uns les autres, ont cependant des rêves.

Ils désirent touséchapper d'une manière ou d'une autre à la triste réalité de ce refuge.

Dans un certain sens, ce lieu est une prison :personne ne s'enfuit de cet endroit, pas même le rat qui, s'il s'est apparemment sauvé, « n'ira pas loin » comme leprédit Hamm.

Ce lieu est donc une prison à laquelle les personnages ne peuvent échapper autant physiquepuisqu'elle est délimité par les murs, les parents sont enfermés dans des poubelles «boucle-le» dit Hamm a Clov ;mais aussi psychologique : c'est un monde ou l'ennui et la répétition sont maîtres, les personnages sont prisonniersde leur routine, piégés dans leur propre haine et dépendance. Les personnages tentent tous l'évasion, ils ont des rêves.Nell et Nagg, personnages dénués de toute mobilité, évoquent des souvenirs.

Se souvenir devient un moyend'oublier leur infirmité.

Ils évoquent ainsi des lieux géographiques réels : le lac de Côme en Italie et Sedan dans lesArdennes.

Ces deux événements sont des souvenirs de promenades, chose que le couple ne peut plus faire.Hamm préfère l'évasion par le rêve, il peut ainsi s'imaginer sans handicap et sans frustration : « Si je dormais jeferais peut-être l'amour.

J'irais dans les bois.

Je verrais…le ciel, la terre.

Je courrais.

On me poursuivrait.

Jem'enfuirais.

» (31)De même, il évoque un voyage imaginaire aux côtés de Clov : « Allons-nous en tous les deux, vers le Sud ! Sur lamer ! Tu nous feras un radeau.

Les courants nous emporteront, loin, vers d'autres…mammifères ! » (50)Clov quand à lui, dès le début évoque son envie de partir, il s'isole à plusieurs reprise dans sa cuisine aux dimensionsparfaites «trois mètres sur trois mètres sur trois mètres», seul endroit où il peut échapper à la tyrannie de Hamm, ilpeut ainsi disparaître, sans vraiment partir.Ce fantasme de quitter le refuge devient un «jeu», une habitude chez les personnages. Et pourtant, l'ailleurs est cet «autre enfer».

«Hors d'ici c'est la mort» prétend Hamm.

Lorsque le rat s'échappe durefuge Clov affirme qu'il «n'a pas besoin d'aller bien loin».Dehors il règne la même ambiance de fin du monde : lorsque Clov regarde par la fenêtre, il affirme«il n'y a plus de soleil» (46), il nie la possibilité même d'un rayon de soleil.

L'espace est le même partout, il devientuniversel « Il fait gris.

[…] Noir clair.

Dans tout l'univers.

»L'extérieur est également marqué par la pénurie : « Il n'y a plus de nature » « Il n'y a plus de marée » ; Quelle quesoit la direction où Clov braque sa lunette, c'est « zéro », le néant «rien à l'horizon», et d'après Clov, tout l'universpue le cadavre, et l'herbe n'est pas plus verte chez le voisin.Même l'élément humain venu de l'extérieur est condamné, selon Hamm : « S'il existe il viendra ici ou il mourra là.

Ets'il n'existe pas ce n'est pas la peine.

» L'intérieur, qui est un «refuge» pour les personnages semble aussi être une prison, une cage à oiseaux où l'évasionest le seul enjeu.

Bien que l'endroit accueille les personnages, c'est un endroit sordide qui sent la fin et la mort, dontils ne peuvent s'échapper.

Et même s'ils s'échappaient l'extérieur semble être identique, aussi morne et malsain quel'intérieur, c'est avant tout un espace psychologique, cet espace vide et creux sera le même où qu'ils aillent, car lespersonnages sont tous «déjà morts» de l'intérieur. 2) En quoi la pièce Fin de partie joue-t-elle avec les attentes du spectateur ? «Fin de partie» est une pièce originale appartenant au «théâtre de l'absurde», une pièce a pour fonction première dedivertir le spectateur, de le faire rêver, de le transporter.

Or, « fin de partie » ne comble en rien les attentes duspectateur.

Nous allons voir les procèdes qu'à choisi Beckett afin de provoquer chez le spectateur un sentimentd'ennui et de malaise.Nous étudierons tout d'abord la scène d'exposition peu commune, puis le Dans le théâtre classique, la première scène a pour fonction d'exposer l'obstacle qui s'immisce sur le chemin du sujetdans sa quête de l'objet ; de présenter les personnages, d'installer le ton de la pièce, tout en posant l'illusionthéâtrale.

Or, il n'y a rien de tel dans le début de Fin de partie, puisqu'il s'agit d'une pièce sans acte ni scène.Dans Fin de partie , les règles du théâtre traditionnel sont complètement chamboulées.

De fait la scène d'expositionn'a rien a voir avec les scènes d'exposition du théâtre classique, il n'y a ni présentation des personnages, ni intrigue,ni explications concernant la suite du texte.Le décor est dépouille, sombre «une lumière grisâtre» et sans artifices, ce qui déçoit d'entrée le spectateur, parailleurs il ne nous renseigne ni sur le lieu ni sur l'époque.

L'espace scénique est quasi vide : un vieux drap, un. »

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