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MADAME BOVARY, II° partie, ch V: Ce fut un dimanche de février et l'on s'en retourna vers Yonville

Publié le 29/05/2011

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bovary

   Nous savons dès la fin de la première partie du roman la faillite du mariage de Charles Bovary et d'Emma. Le couple emménage à Yonville et très rapidement Léon Dupuis, clerc de notaire occupe une place privilégiée dans l'univers d'Emma. Mais la pensée d'un amour possible entre elle et le clerc n'a pas traversé son esprit. Le chapitre V s'ouvre sur une scène qui va faire découvrir à Emma un horizon nouveau. Au milieu de la banalité, elle va distinguer Léon comme l'objet possible d'un sentiment plus intense, en le voyant à côté de son mari. Elle qui a de nombreux griefs contre Charles va prendre conscience qu'elle ne l'aime pas, et qu'elle est capable d'aimer un autre. Il s'agit d'un moment important, qui aura des conséquences essentielles.  C'est une scène de récit. La composition chronologique fait apparaître une suite de plans brefs constitués par les éléments du décor d'abord, par les personnages ensuite, et soulignant la médiocrité de chacun d'eux. Quelques rares détails, choisis avec soin, laissent voir la possibilité d'un rêve d'amour pour Emma.    PLAN du COMMENTAIRE :  1. Le récit d'une promenade dominicale  2. Les personnages  3. Le retour à la réalité    1. Le récit d'une promenade dominicale :  Le récit prend l'allure d'une description avec son temps de prédilection : l'imparfait. La précision de la date a valeur de symbole : l'hiver, la neige → décor d'une vie triste, sans horizon, d'une atmosphère lourde et sans gaieté. On assiste à une promenade fade et tristounette. Les détails se succèdent pour donner une impression de morne, à l'image de l'existence d'Emma (au début, la neige ; à la fin de l'extrait, le givre). Le récit, rapide, ne comporte que les notations significatives : Flaubert ne décrit pas pour le plaisir de décrire, chez lui, la description a un rôle : elle permet au roman de progresser. Sont désignés : les 4 personnages participant à la promenade, puis le lieu et la destination : une filature de lin en construction comme but de promenade n'est pas de nature à passionner un esprit romanesque comme celui d'Emma. La médiocrité du quotidien sert de toile de fond à cet épisode. Avec un brin d'ironie, est dessiné un groupe, avec le quatuor des notables, puis en retrait les enfants, et le domestique Justin qui ferme la marche. Le terme « apothicaire « est rapproché avec ironie des noms illustres « Napoléon et Athalie « donnés aux enfants.  Le narrateur, dans ce début de récit, intervient et formule un jugement de manière moqueuse (« rien n'était moins curieux que cette curiosité «). La description qui suit donne une impression sinistre de mort : on ne voit pas un bâtiment en construction (qui doit avoir une « importance future « : quel ridicule !), mais une bâtisse en ruine plutôt et décrite à l'état d'abandon ; des éléments hors d'usage, en désordre, déjà vieux (« roues rouillées «) avant d'avoir servi. On s'étonne qu'un site aussi lugubre et dépourvu de vie puisse être choisi comme but d'une sortie un jour de détente et de loisir. Ce décor accentue le côté sans joie de la promenade ; on est obligé d'établir une correspondance : un décor sinistre → un groupe de personnes où l'ennui domine.    2. Les personnages :  Les 4 personnages sont successivement évoqués ; chacun a ses caractéristiques, mais ils ont en commun la médiocrité : médiocrité des êtres, médiocrité d'une vie. Mais il y a des différences dans cette banalité : Emma peut ainsi percevoir ce qui distingue Charles et Léon. Pour la première fois, elle met en parallèle son mari et un autre homme.  Par ordre d'apparition dans le récit :    ●HOMAIS : c'est d'abord lui qui est dans l'objectif du narrateur. « Homais parlait « :une phrase très brève suffit à faire le tour du personnage. Dans le roman, Homais est celui qui parle et pontifie ; « Il expliquait « : imbu de lui-même (d'où son souci pédagogique !), ses péroraisons dessinent un personnage médiocre, pédant, fat, et qui ici reste accroché à la réalité pratique : ce qui l'intéresse, c'est «la force des planchers, l'épaisseur des murailles «. C'est un esprit étriqué.  ●EMMA : elle est au centre de la scène et le narrateur lui cède alors la place. C'est le point de vue interne qui s'affirme ici. Elle se laisse aller à la rêverie. La phrase où Homais explique est structurée, construite avec netteté, logique ; elle contraste avec la phrase peu structurée, aux contours plus flous qui montre Emma perdue dans ses pensées.  Son attitude (« s'appuyait un peu sur son épaule «) suggère la recherche d'un appui, d'un compagnon chez une femme faible et frileuse en quête d'un peu de chaleur dans un monde froid et triste. L'image d'Emma regardant au loin le soleil symbolise les 2 aspects de cette femme : une quête de la passion et un vécu quotidien ennuyeux  ●CHARLES : un simple mouvement de tête d'Emma, et voila Charles. « Homais parlait «, « Charles était là « : phrase aussi brève, et choix du verbe Etre pour caractériser Charles ; on voit bien que Charles, réduit à ses habits, n'est pas de nature à répondre aux attentes et aux rêves d'Emma. Le lecteur le voit à travers les yeux d'Emma et les termes péjoratifs indiquent les sentiments d'Emma à son égard : « des lèvres tremblotaient/ stupide/ dos irritant à voir/ la platitude du personnage « : le regard est impitoyable, cruel, sans indulgence ; c'est un portrait sans nuance où tout est détestable. Emma éprouve pour son mari une répulsion physique, et son mépris pour lui relève presque de la perversion (« goûtant une sorte de volupté dépravée «).  ●LEON : le pas en avant (« Léon s'avança d'un pas «) le fait apparaître au premier plan. Le personnage de Charles est en harmonie avec le décor de la promenade, celui de Léon est plus en harmonie avec les rêves romanesques d'Emma. La progression du sentiment ressenti- et du rêve- est marquée par le vocabulaire de la sensation : « froid, pâleur, langueur, douceur «. Et Léon devient presque un héros romantique plein de charme ; par opposition à Charles, le rustre, Léon, aux yeux d'Emma, a l'élégance et la prestance du héros qui incite à l'élan amoureux et sensuel. Mais cette tentative d'élévation des sentiments tourne court : la chute de la phrase marque aussi la fin du rêve (« où le ciel se mire «) ; fin de l'illusion et du mirage. Car aucun des personnages n'échappe à la médiocrité.    3. Le retour à la réalité :  Maladresse de l'enfant, panique, cris du père, intervention du domestique, et surtout de Charles qui l'accable définitivement aux yeux d'Emma. Le cri d'Homais interrompt la rêverie d'Emma. L'incident est d'une banalité extrême ; il brise le court moment d'enchantement qu'a connu Emma, et il met fin à la promenade.  C'est un geste normal (le couteau sorti de la poche) qui accentue la réaction d'Emma : il lui paraît vulgaire et augmente d'autant son mépris qu'une attirance est née envers Léon. Emma a toujours renié son origine paysanne ; pour la première fois, elle sent son attirance vers Léon, d'autant plus nette qu'est grande son aversion pour son mari.  L'épisode se termine d'une manière aussi brusque et ponctuelle qu'il avait commencé : une indication de temps (« le givre tombait «), une indication de lieu (« on s'en retourna vers Yonville «).    C'est à ce moment que le récit va prendre un tournant. Emma renie ce qu'elle a été avant son mariage, et au début de sa vie avec Charles. Cet épisode est à la fois un bilan et une amorce. Chaque personnage y est présenté à tour de rôle à travers le prisme du regard d'Emma. Cette promenade raconte la médiocrité de la vie quotidienne à Yonville, la médiocrité aussi des rêves. Flaubert relate avec une ironie froide le moment banal où va se jouer le destin de l'héroïne de son roman.

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« presque de la perversion (« goûtant une sorte de volupté dépravée »).●LEON : le pas en avant (« Léon s'avança d'un pas ») le fait apparaître au premier plan.

Le personnage deCharles est en harmonie avec le décor de la promenade, celui de Léon est plus en harmonie avec les rêvesromanesques d'Emma.

La progression du sentiment ressenti- et du rêve- est marquée par le vocabulaire de lasensation : « froid, pâleur, langueur, douceur ».

Et Léon devient presque un héros romantique plein de charme ; paropposition à Charles, le rustre, Léon, aux yeux d'Emma, a l'élégance et la prestance du héros qui incite à l'élanamoureux et sensuel.

Mais cette tentative d'élévation des sentiments tourne court : la chute de la phrase marqueaussi la fin du rêve (« où le ciel se mire ») ; fin de l'illusion et du mirage.

Car aucun des personnages n'échappe à lamédiocrité. 3.

Le retour à la réalité :Maladresse de l'enfant, panique, cris du père, intervention du domestique, et surtout de Charles qui l'accabledéfinitivement aux yeux d'Emma.

Le cri d'Homais interrompt la rêverie d'Emma.

L'incident est d'une banalité extrême ;il brise le court moment d'enchantement qu'a connu Emma, et il met fin à la promenade.C'est un geste normal (le couteau sorti de la poche) qui accentue la réaction d'Emma : il lui paraît vulgaire etaugmente d'autant son mépris qu'une attirance est née envers Léon.

Emma a toujours renié son origine paysanne ;pour la première fois, elle sent son attirance vers Léon, d'autant plus nette qu'est grande son aversion pour sonmari.L'épisode se termine d'une manière aussi brusque et ponctuelle qu'il avait commencé : une indication de temps (« legivre tombait »), une indication de lieu (« on s'en retourna vers Yonville »). C'est à ce moment que le récit va prendre un tournant.

Emma renie ce qu'elle a été avant son mariage, et au débutde sa vie avec Charles.

Cet épisode est à la fois un bilan et une amorce.

Chaque personnage y est présenté à tourde rôle à travers le prisme du regard d'Emma.

Cette promenade raconte la médiocrité de la vie quotidienne àYonville, la médiocrité aussi des rêves.

Flaubert relate avec une ironie froide le moment banal où va se jouer ledestin de l'héroïne de son roman.\Sujet désiré en échange :Victor HUGO, Les Misérables, I, VII, 3. »

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