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Mai 68, la commune étudiante de Paris.

Publié le 14/04/2013

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Mai 68, la commune étudiante de Paris. « La Commune étudiante « est le premier chapitre, signé par le sociologue Edgar Morin, d'un ouvrage intitulé Mai 1968 : la Brèche, et sous-titré Premières réflexions sur les événements. Achevé d'imprimer le 21 juin 1968, c'est un document écrit « à chaud « sur les quelques jours qui ont ébranlé la France. Analysant la commune étudiante (terme utilisé en référence à la Commune de Paris de 1789 et de 1871), Edgar Morin explique pourquoi il considère qu'elle est en passe de devenir un « modèle classique pour les futures mutations de l'Occident «. C'est surtout sa dimension « utopique « qui lui donne toute sa mesure. Un mois après Mai 68, Edgar Morin réussit à déterminer ce qui a effectivement fait de ces événements un moment-clé de l'histoire et une référence. Mai 1968, « la commune étudiante de Paris « « Un modèle classique. Mais, de toute façon, la commune étudiante aura apporté quelque chose de nouveau que n'aurait pas apporté l'évolution. Ce quelque chose de nouveau n'a pas pris encore forme, mais il vient de la rencontre d'un mouvement issu de la jeunesse et des diastases des sectes révolutionnaires marginales. Les idéologies des uns, les préjugés des autres, masquent le visage du sphinx qui arrive dans les brouillards. Marx disait de la révolution française qu'elle était classique, c'est-à-dire présentait à l'état clair et achevé les traits distinctifs dans lesquels prendraient modèle par la suite toutes les révolutions bourgeoises. La commune étudiante de Paris sera peut-être un modèle classique pour les futures mutations de l'Occident. En détruisant la Bastille universitaire, elle a rassemblé, en un instant provisoire et intense, comme furent rassemblés les trois ordres en 1789, tous les ordres de la jeunesse. En transformant la Sorbonne en kermese-forum-laboratoire d'idées, elle a ébauché l'image d'une société-Université ouverte, où l'éducation doit être offerte à tous, où doit régner l'imagination, non la triste bureaucratie, d'où doit être extirpée non seulement l'exploitation économique, mais la racine hiérarchique de la domination. En répercutant la révolte étudiante à tous les horizons de la société, elle a préfiguré le rôle central et vivant que l'Université va jouer dans la société. Bientôt plus de la moitié de la population passera dans les universités, et c'est là que se posera d'abord, et de façon décisive, le problème du dépassement de l'humanité bourgeoise. Le rôle historique de la commune étudiante sera d'autant plus grand qu'elle aura été intensément elle-même. Ce rôle est ignoré aussi bien de ceux pour qui sa mission est de déclencher la révolution ouvrière, que de ceux pour qui sa mission n'est que de proposer des réformes constructives à l'Université. En fait c'est dans l'expérience utopique et non constructive qu'elle a construit un avenir qui concerne toute la société. C'est en se refusant aux compromis immédiats qu'elle est déjà devenue exemplaire. «. Morin (E.), Lefort (C.), Coudray (J.-M.), Mai 1968 : la Brèche. Premières réflexions sur les événements, Paris, Fayard, 1968. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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