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Manon Lescaut: La rencontre amoureuse

Publié le 16/10/2010

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lescaut

 

Introduction

 

Les premières pages du roman sont consacrées à la présentation des circonstances dans lesquelles l’auteur des Mémoires et aventures d’un homme de qualité a rencontré le chevalier Des Grieux. Le récit de Des Grieux commence aussitôt après et la scène de rencontre se situe presque au début du récit, ce qui souligne son importance dans l’histoire. C’est une rencontre qui est présentée sous le signe du hasard et de la fatalité (souvent associée à une destinée), puisqu’elle est caractérisée par un véritable choc, un coup de foudre. Elle est rapportée à travers une alternance de récit à la première personne et de discours rapportés. Avec le recul du temps, le narrateur est capable d’analyser ce qui, à ce moment-là, l’a atteint, et qu’elle était sa vulnérabilité. Le texte comporte donc une analyse psychologique menée avec lucidité et précision, et parfois une certaine ironie, proche parfois du cynisme. Il est aussi caractérisé par une vision à distance, l’une des originalités du roman. Dès lors, si le récit de cette rencontre violente et bouleversante est aussi le lieu d’une analyse dont les signes prémonitoires sont multiples, il n’en est pas moins révélateur d’une passion fatale dont la seule issue ne pourra être que le malheur.

 

   I. La révélation amoureuse

      A. le coup de foudre

Le portrait très élogieux de la jeune fille : l’adjectif mélioratif « charmante « renforcé par l’adv d’intensité « si «, l’expression « air charmant «.

Le champs lexical de l’amour : « enflammé «, « transport «, « mon cœur «, « désirs «, « sentiments «, « tendresse « et le terme même « amour « revient trois fois.

Le vocabulaire de l’épopée : « je combattis «, « je l’assurai que […] j’emploierais ma vie pour la délivrer «.

      B. la métamorphose de DG

Au début de la rencontre,  il est présenté comme : « excessivement timide et facile a déconcerter «, les termes « sagesse «, « retenue «, « faiblesse « soulignent cette nature.

Une changement radical s’opère souligné par les anthithèses : « moi, qui n’avais jamais pensé […] moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue, je me trouvai enflammé tout d’un coup jusqu’au transport « ; « j’avais le défaut […] mais loin «, insistant par ailleurs sur son inexpérience.

Les verbes introducteurs de parole soulignent encore ce changement de personnalité : « elle reçut toute mes politesses «, « je lui demandai «, « je lui parlai «, « je l’assurai «.

Il lui avoue même son amour alors qu’il vient à peine de a rencontrer : « je lui parlai d’une manière qui lui fit comprendre mes sentiments «.

De plus il utilise un vocabulaire facilement hyperbolique pour exprimer ce qu’il sent en lui. Les termes « enflammé «, « transport «, « éclairé «, suggèrent un élan soudain, une véritable métamorphose, un processus incontrôlable. Cette force cette élan, se traduisent par des actes et des initiatives tout à fait impensables et surprenants, que le narrateur énumère : « je m’avançais «, « je lui demandai «, « je lui parlai d’une manière.. «, « je combattis «, « je l’assurai «.

Discours très déterminé et très assuré comme le souligne l’expression « tant de hardiesse et de facilité à m’exprimer «. L’utilisation du passé simple insiste de plus sur la rapidité de décision et l’immédiate mise en œuvre, presque irréfléchie, des initiatives.

  II. Une écriture révélatrice du caractère tragique de la passion

      A. La mise à distance narrative

Le récit s’effectue après la mort de Manon. Le narrateur est devenu adulte et porte un regard lucide et critique sur cette première rencontre. L’emploi de passé souligne ce décalage temporel. On note aussi deux prolepses (= des anticipations) par rapport au déroulement chronologique de l’histoire : «  qui a causé dans la suite tous ses malheurs et les miens « et « l’ascendant de ma destinée qui m’entraine à ma perte «.

L‘analyse a postériori est souligné par les connecteurs logiques « mais «, « car «, « pour «, « plutôt «.

L’ironie de l’adulte sur l’adolescent passe par de nombreuses exagérations « enflammé «, « coup mortel «, « je combattis «, tendresse infinie «, « la maitresse de mon cœur «

L’allusion à la curiosité «(« nous n’avions pas d’autre motif que la curiosité «) est chargé de tout un poids d’amertume ou de remord ou encore d’une volonté de déculpabilisation

      B. Une femme fatale

L’expression « sans paraître embarrassé « montre l’assurance de Manon.

L’adverbe « ingénument « marque sa coquetterie ou sa duplicité.

Les expressions « Elle n’affecta ni rigueur ni dédain « et « après un moment de silence « confirment les manœuvres mises en place.

De même, ses paroles rapportées au style indirect forment un appel au secours détourné au jeune naïf.

L’oxymore « un aire charmant de tristesse « laisse déjà présager la fin tragique de cette idylle.

Alors que le « je « était sujet des verbes au début du récit, il devient objet : « l’amour me rendait déjà si éclairé «, « l‘ascendant de ma destinée qui m’entraînait «

C. Une passion fatale

A plusieurs reprises dans e texte, le narrateur met en relief la difficulté d’échapper à un destin tragique à un destin tragique. L’exclamation qui ouvre le passage qui ouvre le passage (« Hélas ! Que ne le marquais-je un jour plus tôt ! «) est chargée du regret que les chose n’aient pas pris un cours différent, ce qui est une manière de faire allusion à la suite des événements.

La fatalité de l’amour aussi exprimer à travers les métaphores rappelant le coup fatal qui frappa Phèdre : la passion prend l’apparence d’une sorte d’état second non maîtrisable. La première personne est soit sujet du verbe pronominal souligne l’absence de responsabilité (« je me trouvais «) soit complément d’un verbe dont le sujet est autre (« l’amour me rendait «), rappelant ainsi que la passion atteint un être et le modifie, à l’insu de sa propre volonté et contre elle.

 

Conclusion

Cette scène de rencontre, qui aurait pu paraître banale, est originale en raison de sa structure narrative qui oppose passé et présent afin de mieux faire comprendre le rôle joué par la passion. Cette dernière apparaît dangereuse, néfaste, fatale, comme le confirme la suite du roman avec la mort de Manon. Souvent considéré comme une œuvre libertine (cf les bijoux indiscrets Diderot), ce roman dénonce au contraire cet aspect puisqu’il fait triompher la morale

 

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