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Marguerite Duras

Publié le 10/09/2012

Extrait du document

duras

Avec à son actif plus d’une cinquantaine d’ouvrages de fiction et de théâtre et une vingtaine de films et de scénarios pour le cinéma, Marguerite Duras a sans doute été un des écrivains français et francophones les plus féconds de ce siècle. Duras a touché un public plus large, voire international, au crépuscule de sa vie, grâce à l’adaptation de l’Amant. Ce roman, prix Goncourt 1984, s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires !

 

                   Marguerite Donnadieu naît en 1914 en Cochinchine française (sud du Viêt Nam). Les bords du Mékong, la chaleur moite, la végétation débordante, le Pacifique – calme apparent, violence absolue – dessinent un paysage pour la jeune fille. Ces premières années laisseront leurs traces indélébiles: les parfums, les saveurs, l'extraordinaire sensualité de l'Asie, les contrastes brutaux (ici l'éden-Cinéma, où la mère joue du piano, là les demeures somptueuses des colons blancs), le cercle de famille, étouffant, terrifiant, avec les deux frères si opposés , la première éducation sentimentale enfin, transgressive déjà, dans les bras de l'amant chinois. Jusqu'à l'adolescence, Marguerite Donnadieu a vécu dans cet Orient extrême, du Viêt Nam à l'Inde, a vécu dans cet Orient extrême, du Viêt Nam à l'Inde.

 

                   Marguerite Duras a fait de la “ belle colonie ” indochinoise où elle a vécu jusqu’à l’âge de dix-huit ans, le cadre quasi-exclusif de sa fiction.Pourtant , elle dit toujours : l'histoire [...] de ma vie, elle n'existe pas [...]. Le roman de ma vie, de nos vies, oui, mais pas l'histoire. C'est dans la reprise des temps par l'imaginaire que le souffle est rendu à la vie«.

 

                   “ Marguerite est une enfant de l’Indochine, écrit Laure Adler. Jusqu’à la fin de sa vie, elle évoquera ses paysages, ses lumières, ses odeurs. Dans cette terre natale dont elle fit le foyer de son écriture, dans cette différence sensorielle qu’elle continuera à cultiver, elle ne cessera jusqu’à sa mort, de se ressourcer ”.

Elle était au dernier rang de la hiérarchie de l’Indochine blanche, l’institutrice de l’école indigène. Ses enfants étaient des petits blancs. De petits jaunes blancs, dit le B.I. Ils parlaient le vietnamien. Vivaient avec les petits Vietnamiens. On leur disait qu’ils étaient français. Ils l’ont cru. اa les a rendus racistes. La mère était raciste, elle aussi. On était des blancs. La forêt. Des tigres. On entendait leur feulement panthères noires, l’animal le plus féroce de la jungle pas Bagheera, d’autres, moins humaines, sur lesquelles il fallait faire le coup de feu. Des sauriens, dans les eaux d’un delta. Des singes que l’on tirait pour le plaisir ou pour les manger. Des échassiers bouffeurs de poissons, que l’on tuait aussi, pour le dîner, malgré le goût.

 

                   La liaison, jugée alors scandaleuse, entre la jeune Française, un peu délurée, et le Chinois à la limousine noire qui est au cœur de ‘l’Amant’, se déroule dans cet Extrême-Orient luxuriant, aux prises avec la puissance coloniale française.

 

                   Le trajet de L'Amant en est un dans l'étrangeté à soi, vers le tiers espace de l'altération

L'Amant est le lieu où s'élabore un tiers espace contre l'aliénation culturelle. L'expérience de la folie, tout comme celle de la non-maternité, indiquent un souhait de dépasser les polarités pour tracer les contours d'un tiers espace d'où surgit le soi comme autre, et l'identité comme altérité et altération infinie. Ce tiers espace est bien celui de la création.

 

                   Dès l'aube de la colonisation et jusqu'à nos jours, trouve dans la littérature un exutoire idéal, l'espace culturel privilégié, propre aux représentations les plus diverses, allant du constat historique, neutre, impersonnel, à la peinture exotique, libre, voire fantaisiste, amusée, plus ou moins ludique.

Vraie ou fausse, l'image de l'Indochine, reflet d'une époque révolue, se trouve définitivement fixée, enclose dans les mots qui, eux, sont producteurs, en tout temps, d'approximations, de fables et de mythes.

 

                   ‘L’Amant’ est une invitation au voyage dans l’espace où l’écriture prend sa source et où l’univers durassien s’enracine. L’histoire rapportée est indissociable des circonstances spatiales particulière, auxquelles les choix poétique de l’auteur donnent une dimension symbolique.

 

                   Le choix du mode autobiographique détourne l’auteur de ‘l’Amant’ d’une approche historique du problème colonial que connaît ,en 1930 , l’Indochine. Il convient de rappeler que la France dirige depuis 1897  la Cochinchine , colonie française où se situe l’action .Pas un mot dans le texte des troubles et des grèves durement réprimés que déclenche le fort mouvement anti-français aux retombés de la crise économique mondiale de 1929 . Rien non plus de la virulente dénonciation politique menée dans ‘Un barrage contre le Pacifique’ (1950) contre la cupidité généralisée des fonctionnaire blancs experts en escroquerie et en corruption . La raison de ce silence politique sont d’ordre esthétique et romanesque : d’ une part, Marguerite DURAS, a abandonné , depuis ‘le vice-consul’ (1965)ce qu’elle appelle le mode déclaratif et avec lui la transparence d’une charge politique directe ; d’autre part, la satire du colonialisme n’étant pas l’objet premier du récit , le racisme manifesté à l’égard de l’amant chinois «  mes frères ne lui adresseront jamais la parole .C’est comme si il n’était pas visible pour eux, comme si il n’était pas assez dense pour être perçu, vu , entendu par eux (…) cela parce que c’est un chinois , que ce n’est pas un blanc «(p.65), ainsi que dans ( pp.72,73,74 ),  l’escroquerie des agents cadastraux (pp37,43,57,69,79) , la misère des enfants de la plaine ou de la mendiante , les privilèges des blancs, ne sont évoqués que d’un point de vue qui tente de retrouver celui de la jeune fille .

                   L’amant chinois est d’une certaine manière la réponse de l’enfant au colonialisme . C’est une façon de rejeter le fatalisme social ,de nier le racisme ambiant , de renier les codes de la société blanche. L’Indochine française des années 30 a donc dans le récit une présence contextuelle et une fonction explicative.

C’est sa situation intermédiaire de blanche pourtant pauvre qui permet au personnage de percevoir la double discrimination sociale et raciale qui sévit dans la colonie. Au sommet de la hiérarchie se tiennent les fonctionnaires blancs.Une fiscalité lourde endette les paysans et creuse les inégalités entre les indigènes pauvres et les riches colons. Les Français vivent en circuit fermé , ils ont leur lycée, leur Club sportif (p.26) et sa piscine privée (p.110) leurs étages réservés dans les restaurants( p.60) , leurs réceptions et leurs soirées (p.111) , leurs luxueux paquebots pour  « aller dîner en France y danser « car « du moment que les bateaux étaient à quai, la France était là « .Ils ne se mêlent pas aux indigènes ou, le cas échéant, la place d’honneur, à côté du chauffeur, leur est réservée dans les cars locaux (p.16).Les femmes sont de belles oisives qui vivent dans l’attente des congés administratifs au cours desquels elles entretiendront le mythe de la vie coloniale.  « Certaines deviennent folles « (p.27).A deux endroits , l’auteur dénonce l’inconduite des hommes préjudiciables à des enfants. Au discret témoignage de leur perversité s’ajoute la dénonciation du problème plus général posé aux jeunes métisses , nés d’une liaison passagère avec une domestique indigène soumise et doublement privés d’identité sociale et raciale :  «  Il y a beaucoup de métisses, la plupart ont été abandonnées par leur père (….) «(p.87)

 

                   A l’opposé des blancs, les indigènes constituent un ensemble humble, à la fois discret et indigent , que la précarité expose à la famine « les enfants-vieillards de la faim endémique , oui, mais nous , non , nous n’avions pas faim, nous étions des enfants blancs «( p.13), aux épidémies , aux fièvres , à l’anémie (p.12,) « tous les enfants ont la pâleur verdâtre de l’anémie, de la chaleur torride «(p .90 ) et à la mortalité infantile. La mendiante est le cas extrême de l’indigence indigène. Elle est l’archétype de la misère humaine  qui prolifère en Orient. Le service des colons entrave mais nourrit : boys et domestiques sont probes et dévoués ; leur zèle à entretenir le bungalow délabré de la mère comme un sanctuaire l’atteste.

                   Les bas d’Occidentale sont « reprisés par Dô «( p.31), et les souliers , ne sont ni les sandales des indigènes ni les sabots de bois des Chinois . Quant aux meubles occidentaux , ils font contrepoids au «  chignions de Chinoise « (p.32) . Méprisés par les colons et les indigènes , les immigrés chinois constituent la population commerçante des postes de brousse et du quartier Saigonais de Cholen, la capitale chinoise de l’Indochine française (p.119).

Le père du Chinois est très riche ( spéculation immobilière, fortune de milliardaire, pratique de l’usure) ce qui  creuse l’écart entre le père et les indigènes.

                   L’amant chinois est une victime particulière de l’humiliation raciste :(pp.65,67,72,74,110) « …elle avait pleuré .Elle l’avait fait sans montrer ses larmes , parce qu’il était chinois et qu’on ne devait pas pleurer ce genre d’amant «(moment d’adieu p.135) , la forme même de l’insulte (l’adjectif « sale «) , les injures suggérées par le procédé de la prétérition (p.72) , la provocation permanente, la quarantaine subit par les proches .

 

                   Dans ce contexte inégalitaire de l’Indochine coloniale , seule la loi du désir fait œuvre de justice : elle subvertit l’ordre social , attire les contraires et couronne les petits et les faibles.

 

Les noms propres des lieux

 

                   Marguerite Duras trouve en eux un objet de fascination : la magie verbale et la féerie exotique «  en face des terres du barrage il y avait le Siam .Le mot m’enchantait «.

 

                   Les lieux évoqués à côté de leur réalisme font apparaître la géographie de l’alternance et de l’exil : Paris et Saigon concentrent les personnages et leurs déplacements dans l’espace .

         Saigon est la ville capitale du roman , fréquentée par tous les protagonistes pour ses quartiers européens et chinois , ses magasins, ses restaurants , ses établissements.

         Paris est le centre des études et de la dissipation du frère aîné (pp.34,39,95,97) et pour l’amant (pp.45,63,64), ainsi que le lieu d’installation de l’écrivain (pp.80,142) . La France et l’Indochine entretiennent les échanges et les nostalgies .La patrie devient le lieu qu’on se choisit au terme de l’errance. Cholen choisit le quartier chinois aux confins de la culture européenne. La mère transférera l’Indochine en France .

 

                   A chacun des personnages se dessine une géographie symbolique :

le Mékong , lieu des rencontres amoureuses

le Gange devient le fleuve de la mendiante et des lépreux

la Loire , fleuve de la mère ………..

 

          Mais en tout cas le Mékong est le lieu principal , lieu du tout en un et image du destin : il emporte les amants  dans le courant du désir et vers la séparation.

La chaîne des montagnes du Siam où commence la forêt est le lieu du jeu avec la mort (pp.35,130) « on reste là sur la vérandah du bungalow face à la montagne du Siam «(p.35) , « je ne sais pas pourquoi je l’aimais à ce point-là de vouloir mourir de sa mort «(p.130)

 

                   Nous pouvons donc voir clairement l’image que dessine Marguerite Duras de l’Indochine , cette terre où elle a passé son enfance et son adolescence et où elle a connu le premier amour. Cette image figure dans plus d’une œuvre et nous l’avons tracée comme elle s’est présentée à nos yeux et à notre imagination dans son roman qui lui a valu le prix Goncourt , ‘L’Amant’.

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« Les lieux évoqués à côté de leur réalisme font apparaître la géographie de l'alternance et de l'exil : Paris et Saigon concentrent les personnages et leurs déplacementsdans l'espace .Saigon est la ville capitale du roman , fréquentée par tous les protagonistes pour ses quartiers européens et chinois , ses magasins, ses restaurants , ses établissements.Paris est le centre des études et de la dissipation du frère aîné (pp.34,39,95,97) et pour l'amant (pp.45,63,64), ainsi que le lieu d'installation de l'écrivain (pp.80,142) .La France et l'Indochine entretiennent les échanges et les nostalgies .La patrie devient le lieu qu'on se choisit au terme de l'errance.

Cholen choisit le quartier chinoisaux confins de la culture européenne.

La mère transférera l'Indochine en France . A chacun des personnages se dessine une géographie symbolique :le Mékong , lieu des rencontres amoureusesle Gange devient le fleuve de la mendiante et des lépreuxla Loire , fleuve de la mère ……….. Mais en tout cas le Mékong est le lieu principal , lieu du tout en un et image du destin : il emporte les amants dans le courant du désir et vers la séparation.La chaîne des montagnes du Siam où commence la forêt est le lieu du jeu avec la mort (pp.35,130) « on reste là sur la vérandah du bungalow face à la montagne duSiam »(p.35) , « je ne sais pas pourquoi je l'aimais à ce point-là de vouloir mourir de sa mort »(p.130) Nous pouvons donc voir clairement l'image que dessine Marguerite Duras de l'Indochine , cette terre où elle a passé son enfance et son adolescence et où elle a connule premier amour.

Cette image figure dans plus d'une œuvre et nous l'avons tracée comme elle s'est présentée à nos yeux et à notre imagination dans son roman qui luia valu le prix Goncourt , ‘L'Amant'.. »

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