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matière (philosophie) - philosophie.

Publié le 08/05/2013

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matière (philosophie) - philosophie. 1 PRÉSENTATION matière (philosophie), terme définissant généralement la substance dont sont faits les corps, qui peut prendre diverses formes, ou qu'on oppose à la forme. Rejeton étymologique du mot latin mater (mère), la matière comporte la même connotation végétale que le mot grec hylè : c'est, originellement, le tronc de l'arbre qui sustente les rameaux. Par suite, le terme désigne le bois en général, et le matériau de construction en particulier (charpentes). En tant que matière dite première, c'est-à-dire primordiale, elle se caractérise par son indétermination, sa plasticité et sa qualité tactile ou tangible. Depuis Aristote qui en fixe le concept, la matière, quoique résistible, fait figure de principe passif (négatif et quantitatif) opposable au principe actif (positif et qualitatif) de la forme, comme la puissance s'oppose à l'acte et, aux dires du philosophe luimême, « comme la femelle désire le mâle «. Pour l'essentiel, la scolastique médiévale (saint Thomas) ne dérogera pas à cette définition. Déterminée comme informe, multiple, indifférenciée et inconnaissable, elle se situe toutefois au principe du mouvement ou du devenir. Avec Descartes, et à la suite de Galilée et de Copernic, ce concept est identifié à celui de l'étendue (res extensa), par opposition à la pensée (res cogitans) : c'est, comme tel, l'étant qui occupe l'espace. L'univers physique ou corporel ainsi désigné est dès lors susceptible d'intelligibilité : il peut faire l'objet de mesures et de calculs (en géométrie), et donner lieu à des opérations extrinsèques à la pensée (en mécanique). Telles sont les principales acceptions -- antiques puis modernes -- d'un concept dont l'usage courant ne se départit pas actuellement. 2 MATÉRIALISME ET IDÉALISME « Comprenons que l'âme, écrit épicure, est un corps subtil répandu dans tout l'agrégat «, soit dans l'organisme. Tel peut se résumer le matérialisme antique dont Démocrite passe pour l'initiateur. On notera que la plupart des protagonistes présocratiques de l'hylozoïsme le préparent, car ils procèdent à l'identification de l'organisme (ou de l'être) primordial, avec l'un des quatre éléments auxquels ils accordent la prééminence : soit la terre, l'eau (Thalès), l'air (Anaximène, Diogène d'Apollonie) et le feu (Héraclite). L'atomisme de Démocrite se représente toutefois la matière comme un champ dynamique et alternatif intégrant lesdits éléments. Il est polarisé par les atomes (invisibles et insensibles) et le vide (infini) au sein duquel des réactions chimico-physiques ou mécaniques se produisent aléatoirement pour former, déformer ou désintégrer des agrégats d'atomes que sont les corps. Chez les stoïciens, héritiers supposés de la sophistique par-delà Platon, ce champ est polarisé par des corporels et des incorporels (événements). Ils gravitent au sein d'une totalité organique pensée comme milieu homogène divisible à l'infini, lui-même animé d'un mouvement d'alternance (expansion et résorption) : c'est le pneuma de Zénon et de Chrysippe, souffle matériel igné qui embrase le Grand Tout solidaire du monde. Si le rationalisme de Leibniz ne connaît ni vide, ni atomes, le pneuma des stoïciens peut être comparé au mouvement micrométrique qui anime l'harmonie préétablie et qui détermine la matière, non plus comme étendue, mais comme force : la monade est l'agent de cette unification dynamique. Au-delà de cette tradition, l'enjeu de l'identification de l'âme au corps comporte, chez les épicuriens et les stoïciens notamment, une connotation politique. En effet, à la distinction horizontale de la matière et de la pensée d'inspiration aristotélicienne, se superpose leur hiérarchisation verticale : la matière est déterminée comme inférieure à l'esprit. De fait, depuis au moins Platon, la tradition philosophique relègue la matière au titre d'étant fondamentalement hétérogène et, par là, postérieure à la pensée. Dans sa République, Platon procède en effet à une division du travail en fonction de cette hiérarchisation. C'est ainsi que le philosophe-roi est affranchi des tâches matérielles et ne règne que par l'esprit. Il se modèle en réalité sur le démiurge qui, dans le Timée, a oeuvré à la configuration organique et proportionnée des quatre éléments, en fécondant la khôra, matrice des formes immuables que sont le Idées : comme telle, la matière peut être comparée au chaos des cosmogonies antiques. Beaucoup plus tard, chez Kant par exemple, la matière demeure opposable à la raison comme la nécessité à la liberté. L'enjeu de cette question relève donc de la priorité qu'il convient d'accorder à l'un ou à l'autre terme d'un dualisme ainsi établi, attesté et reconduit dans toute l'histoire de la pensée occidentale. Aux représentants de l'idéalisme pour lesquels l'intelligible détermine le sensible, s'opposeront par conséquent les matérialistes pour qui les Idées (Platon), la forme (Aristote), la substance pensante (Descartes), les formes a priori (Kant) ou morphologiques (Husserl) de la sensibilité, sont autant de dénégations du déterminisme matériel de la pensée : « La question de savoir si la vérité objective est accessible à la pensée humaine n'est pas une question théorique, c'est une question pratique. C'est dans la praxis que l'homme doit faire la preuve de la vérité «, écrit par exemple Marx. Et ce dernier d'ajouter : « Le point de vue de l'ancien matérialisme est la société bourgeoise ; celui du nouveau matérialisme, est la « sociétécité «, c'est-à-dire de l'être-en-société comme tel. Il s'agit ici de prendre ses distances par rapport au matérialisme antique mais également à l'égard du monisme d'Holbach et de La Mettrie selon qui la matière est susceptible de « penser «, ou encore de Hobbes pour lequel tout est matière, y compris Dieu. Si le nominalisme de Berkeley ne voit dans le concept de matière « qu'un mot introduit par les philosophes pour semer une confusion favorable à l'athéisme «, alors il n'y a d'étant digne de ce nom que celui « dont l'existence consiste à être perçue « (Esse est percipi). 3 MATIÈRE ET EXPÉRIENCE Ainsi s'ouvre la carrière expérimentale de la matière, rompant à la fois avec ceux qui l'investissent d'un pouvoir actif (Leibniz), comme à l'égard de ceux qui la déterminent comme inerte (Descartes). Et quand Newton prétend que « ce n'est pas l'affaire de la philosophie expérimentale d'enseigner les causes des choses au-delà de ce que les expériences en peuvent prouver «, on songe à Kant écrivant : « Que toute notre connaissance commence avec l'expérience « -- même si elle n'en procède pas -- « il n'y a là aucun doute ; car par quoi le pouvoir de connaître serait-il éveillé et mis en exercice, si cela ne se produisait pas par des objets qui frappent nos sens, et en partie produisent d'eux-mêmes des représentations, en partie mobilisent notre activité intellectuelle pour comparer ces représentations, pour les lier ou les séparer, et élaborer ainsi la matière brute des impressions sensibles en une connaissance des objets qui s'appelle expérience ? « Dès lors, il n'y a pas lieu « d'espérer connaître d'un objet quelconque plus que ne renferme l'expérience possible de cet objet « ou de « prétendre ne serait-ce qu'à la moindre connaissance permettant de [le] déterminer selon sa constitution [tel qu'il] est en soi «. La théorie de la gravitation ouvre en outre la voie aux sciences expérimentales qui prennent leur essor au XIXe siècle. La référence à la biologie chez Engels notamment, explique en partie le caractère évolutionniste que revêt le matérialisme dit dialectique. Le « matérialisme historique «, d'un terme forgé par ce dernier, envisage les modes matériels de production économique et sociale en tant qu'ils conditionnent les structures de la société, du droit et des idées ; bref, la « sociétécité « est le champ de cette expérience comme praxis. Dès lors, le statut philosophique du concept de matière est posé en termes axiologiques. D'où le titre d'idéologie conféré à la philosophie : soit en tant que partie visible de l'iceberg discursif exprimant ainsi sa vocation de dénégation des rapports de force sociaux sous-jacents dont elle procède cependant ; soit en tant que vraie théorie, c'est-à-dire praxis, puisque ces rapports sont l'expression de nécessités concrètes. 4 MATIÈRE ET ÉNERGIE D'enjeu métaphysique puis idéologique qu'il a été, le concept de matière tombe en désuétude. Les conquêtes techniques (électricité) ou technologiques, ainsi que les récents développements enregistrés par la physique nucléaire et l'astronomie, ont concouru à son évanescence : pour être mieux adapté aux exigences conceptuelles et discursives des découvertes scientifiques qui se succèdent à un rythme entropique depuis lors, le terme d'énergie, notamment, a tendance à le supplanter. L'interchangeabilité théorique et généralisée des notions de masse, de vitesse et d'énergie, ainsi que l'émergence d'entités aussi complexes et relatives que les antiparticules, ne peuvent qu'aggraver la crise que connaît cette notion, au point qu'on en soit venu à concevoir l'éventualité d'une antimatière. C'est que le modèle géométrique qui le fonde au moins depuis Descartes, ou encore le caractère métaphysique (au sens étymologique et symptomatique du terme) qu'il revêt dans la tradition philosophique, connaît avec la théorie de la relativité par exemple une crise sans précédent. Dépourvu de pertinence discursive ou opérationnelle comme de toute consistance ontologique, il ne satisfait qu'à titre de métaphore ou de résidu sémantique historique, à la démarche -- d'inspiration sinon empiriste, du moins phénoménologique -- adoptée par la philosophie contemporaine (de Husserl à Mach, en passant par Bachelard). D'où la tentative, du reste fort originale, de parvenir à résorber l'un des termes du dualisme invétéré de la forme et de la matière, qui est celle, entre autres, d'un Bergson, lorsqu'il écrit par exemple : « La perception est à la matière dans le rapport de la partie au tout «. À la dichotomie plus ou moins tranchée ou à l'interchangeabilité avérée des attributs de l'un ou de l'autre terme, on ne peut dès lors, en effet, que substituer « une différence de degré et non de nature «. De fait, pour se maintenir à titre de concept, la notion de matière ne semble plus promise qu'à devoir différer d'elle-même ; soit, à une différance infinie. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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« Dès lors, le statut philosophique du concept de matière est posé en termes axiologiques.

D’où le titre d’idéologie conféré à la philosophie : soit en tant que partie visible de l’iceberg discursif exprimant ainsi sa vocation de dénégation des rapports de force sociaux sous-jacents dont elle procède cependant ; soit en tant que vraie théorie, c’est-à-dire praxis, puisque ces rapports sont l’expression de nécessités concrètes. 4 MATIÈRE ET ÉNERGIE D’enjeu métaphysique puis idéologique qu’il a été, le concept de matière tombe en désuétude.

Les conquêtes techniques (électricité) ou technologiques, ainsi que les récents développements enregistrés par la physique nucléaire et l’astronomie, ont concouru à son évanescence : pour être mieux adapté aux exigences conceptuelles et discursives des découvertes scientifiques qui se succèdent à un rythme entropique depuis lors, le terme d’énergie, notamment, a tendance à le supplanter. L’interchangeabilité théorique et généralisée des notions de masse, de vitesse et d’énergie, ainsi que l’émergence d’entités aussi complexes et relatives que les antiparticules, ne peuvent qu’aggraver la crise que connaît cette notion, au point qu’on en soit venu à concevoir l’éventualité d’une antimatière.

C’est que le modèle géométrique qui le fonde au moins depuis Descartes, ou encore le caractère métaphysique (au sens étymologique et symptomatique du terme) qu’il revêt dans la tradition philosophique, connaît avec la théorie de la relativité par exemple une crise sans précédent.

Dépourvu de pertinence discursive ou opérationnelle comme de toute consistance ontologique, il ne satisfait qu’à titre de métaphore ou de résidu sémantique historique, à la démarche — d’inspiration sinon empiriste, du moins phénoménologique — adoptée par la philosophie contemporaine (de Husserl à Mach, en passant par Bachelard).

D’où la tentative, du reste fort originale, de parvenir à résorber l’un des termes du dualisme invétéré de la forme et de la matière, qui est celle, entre autres, d’un Bergson, lorsqu’il écrit par exemple : « La perception est à la matière dans le rapport de la partie au tout ».

À la dichotomie plus ou moins tranchée ou à l’interchangeabilité avérée des attributs de l’un ou de l’autre terme, on ne peut dès lors, en effet, que substituer « une différence de degré et non de nature ». De fait, pour se maintenir à titre de concept, la notion de matière ne semble plus promise qu’à devoir différer d’elle-même ; soit, à une différ ance infinie. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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