Devoir de Philosophie

méthode du commentaire de philo

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

Le commentaire de texte en philosophie

 

Le principe général du commentaire (= ce qui est attendu) est de faire apparaître quel est le problème posé par le texte, quelles sont les voies empruntées pour sa résolution, quels sont ses éléments originaux, inattendus et aussi quels sont ses points d’ombre. Il y a ce qui est affirmé dans le texte, il y a sa structure argumentative-logique (qui vise à rendre le propos aussi incontestable que possible), il y a ses formulations, son style, ses stratégies textuelles (ironie, antiphrase, allusions, interpellations, aplomb, références diverses explicites ou implicites etc.) : c’est à vous de démêler ces niveaux différents mais imbriqués ; parfois ce qui est affirmé paraît simple mais finalement ne l’est pas, parfois le texte s’emballe dans sa propre logique, parfois aussi le style, la rhétorique viennent suppléer une logique discutable.

Il est essentiel pour vous de saisir aussi vite que possible ce qu’il y a d’original dans un texte (motif d’étonnement, de curiosité, de séduction) et de ne pas vous dérober devant ce que vous ne comprenez pas très bien et que vous devrez élucider. Il peut bien sûr arriver que ce que vous ne comprenez pas immédiatement soit précisément ce que le texte a de plus intéressant.

 

La préparation du texte (30 mn mini)

-       Soulignez l’idée principale

-       Découpez les moments de l’argumentation en écrivant dans la marge à droite le thème du §.

-       Entourez les concepts qui structurent l’argumentation (et que vous devrez expliciter et développer).

-       Reliez les continuités lexicales, conceptuelles (reprise, transformation, écho etc.).

-       Dans la marge à droite, une petite croix à chaque fois qu’il y a un passage important dont vous savez qu’il faudra rendre compte (parce que c’est visiblement important, parce que de façon inattendue l’argumentation prend une autre orientation, parce que vous savez que le passage est un écho d’un autre texte du même auteur ou d’un autre, etc.).

-       Dans la marge à droite un point d’exclamation (voire deux) pour repérer le ou les moments surprenants (dans l’idée, dans la formulation).

-       Soulignez en pointillés les passages (mots, phrases) que vous ne comprenez pas très bien (ou bien pour lesquels vous comprenez qu’il y a un malentendu possible : parce que le mot n’a plus le même sens aujourd’hui (« industrie », « immédiatement », « derechef », « fin » etc .) ou bien parce que l’auteur semble lui donner un sens très particulier (voire deux sens différents dans un même extrait).

-       Observez le point de départ de l’argumentation (qui n’est pas nécessairement la première phrase de la première ligne) et le point d’arrivée : s’il semble être le même, à quel prix ? (restriction du champ d’application de l’idée, abandon de perspectives) ; s’il est différent, grâce à quoi la position initiale a-t-elle pu être déroutée, transformée ?

-       Dans la marge à gauche, notez par des tirets, des petites croix tous les éléments du texte que vous prévoyez de développer dans votre commentaire ; s’il le faut, notez les concepts voisins, les proximités lexicales (si l’auteur parle par ex. du monde, notez – si c’est pertinent – qu’il ne parle pas inclusivement de la société ; s’il parle des animaux, parle-t-il de tous les animaux ? etc.) ; notez aussi dans cette marge à gauche toutes les références comparables (d’autres philosophes qui ont une position voisine ou bien antagoniste) ; notez des exemples possibles (qui iraient dans le sens de l’auteur, ou bien qui ne colleraient pas du tout avec ce qu’il dit). L’essentiel est de bien faire la distinction entre ce que l’auteur dit et ce qui relève de votre propre commentaire et l’enjeu est de comparer la marge à droite – l’auteur – et la marge à gauche – vous. Il est fréquent d’avoir à reconnaître que les objections qu’on peut faire spontanément à un texte de philosophie sont incluses dans l’argumentation de l’auteur et que le texte y a répondu par avance. Trop fort !   

La structure de votre commentaire

I) Introduction

- a) Quelle notion ?

            - ou bien vous le dites platement («  Quand on s’interroge sur la conscience … ; le pire, à éviter absolument : «  De tout temps, les zhommes se sont interrogés sur … »)

            - ou bien avec un exemple qui se reproche de ce dont parle l’extrait (un exemple parlant : parce qu’il est riche, parce qu’il est typique, parce qu’il est ouvertement problématique  et qu’il vous intéresse, qu’il est d’actualité, qu’il vous turlupine etc.)

            - ou bien avec une citation (finaude : qui est en rapport avec l’extrait et que vous pourrez comparer ensuite)

            Dans tous les cas : il faut qu’on comprenne clairement de quelle notion du programme il sera question.

 

- b) Quel est le problème posé par l’extrait/l’auteur : interdit de prélever une phrase du texte car il faut exposer nettement quel aspect de la notion (a)) traite l’extrait. Ici, faites attention à bien distinguer la notion, le thème, la question, le problème ! 

 

- c) la problématique (n’est pas un programme) en trois temps annonce quelles questions doivent être débattues

            1) Pourquoi peut-on penser (comme l’auteur) que … ( = vous annoncez de façon pbtique ce que l’auteur semble dire  d’original quant à la notion ; dans cette partie, vous allez – dans le développement – exposer le point de vue de l’auteur en essayant d’en saisir la logique interne).

            2) « Plan progressif » ou bien « plan dialectique » : dans le premier cas, vous abondez dans le sens de c)1)  et vous chercherez à voir s’il n’est pas possible d’étendre la position de l’auteur à d’autres cas ; dans le deuxième cas, vous demanderez s’il n’est pas possible de contester un point ou plusieurs du c)1). Bien sûr, vous le faites de façon explicite, pas formelle (ne dites pas «  je vais contester ce que dit Platon «  mais qq chose du genre «  Pourtant, est-il sûr que …/Cependant, faut-il admettre que …/Mais est-ce que …).

            3) Retour à c)1) ; si votre argumentation est progressive ou dialectique, il faut bien tirer les conséquences (positives dans la plan progressif ; restrictives dans le plan dialectique) de ce qui aura été produit dans le c)2).

 

 

II) Développement

Présentation de l’extrait

-       Commence toujours par une présentation générale, ou bien de l’auteur, ou bien du texte, ou bien de l’extrait (ou bien des trois bien sûr) : circonstances pertinentes (que vous exploiterez par la suite), horizon historique, filiations intellectuelles : tout ce qui peut contribuer à mieux faire comprendre le champ réflexif de l’extrait. Evitez donc les tunnels biographiques (« JJR, célèbre auteur français ») pénibles parce qu’inutiles.

 

Analyse du texte (qui correspond à votre I)c)1)

 

-       Présentation analytique de l’extrait : vous utilisez alors toute votre préparation (IP, moments, mouvement du texte) en ayant soin d’éviter la paraphrase plate (il dit que, puis il dit que et enfin il conclut). Cette présentation générale a pour but de faire sens à l’analyse détaillée des différents moments.

-       Signalez aussi de quel registre il s’agit ; si c’est intéressant, essayez de caractériser le style de l’argumentation.

-        

-       Examen ligne à ligne du texte, systématique.

 

Commentaire (qui correspond à votre I)c)2)

 

III) Conclusion (qui correspond au I)c)3)

1)   Récapitulation intelligente de ce que vous avez dit et qu’on peut retirer du texte

2)   Prise de recul par rapport à vos propres affirmations

3)   Retour à I)a) : est-ce que cet incipit était justifié ? Si votre I)a) était une citation, c’est ici le moment de la reprendre, par exemple en la reformulant (ie, en proposant une variante à laquelle l’auteur de l’extrait aurait pu penser) ; si votre incipit était un exemple, un événement, alors vous devez être en mesure de donner dans cette partie conclusive un sens médiat. Il est très important que votre devoir fasse retour sur lui-même, aussi bien du point de vue formel (votre point d’arrivée n’est probablement pas tout à fait le même que votre point de départ) que du point de vue conceptuel : vous devez comprendre que ce qui est attendu d’un commentaire de philosophie, ce n’est pas telle ou telle idée, jugement, vérité mais d’être un travail authentique de réflexion, si bien que si votre travail est bien mené, vous êtes plus riche quant au problème posé une fois votre travail achevé.

Liens utiles