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mort (philosophie) - philosophie.

Publié le 08/05/2013

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philosophie
mort (philosophie) - philosophie. 1 PRÉSENTATION mort (philosophie), concept de la fin de la vie, et appréhension par la pensée de cette fin en tant que signification, ou non signification. 2 ANALYSE DE LA NOTION 2.1 Ignorer ou penser la mort ? Si dans le monde végétal ou animal, la mort apparaît comme un phénomène naturel qui marque l'ordre dans la reproduction de l'espèce, l'homme a tendance à faire de la mort un événement spécifiquement humain (en témoignent les rituels et les tabous liés à la pratique de la sépulture, qui révèlent les différentes conceptions de la mort selon les civilisations). Face à la mort, deux attitudes extrêmes se font face : l'occultation de la mort par le refus, ou la représentation de la mort comme l'événement existentiel unique qui donne sens à tous les autres. Faut-il donc plutôt penser la mort ou l'ignorer ? Pour la philosophie, depuis Platon jusqu'à la pensée contemporaine, la question de la mort et de son sens se déploie au fil de jugements aussi antinomiques que celui d'Arthur Schopenhauer, pour qui « la mort, c'est le génie inspirateur de la philosophie «, et celui de Vladimir Jankélévitch, selon lequel « on peut douter que le problème de la mort soit à proprement parler un problème philosophique «. 2.2 La mort comme phénomène naturel Du point de vue de la biologie, la science qui étudie la vie, la mort est considérée comme un fait nécessaire à tout organisme vivant, inscrit dans sa nature même d'être physique. Elle est définie comme l'arrêt complet et irréversible des fonctions d'un organisme vivant, avec disparition de sa cohérence fonctionnelle et destruction progressive de ses unités cellulaires et tissulaires. La mort apparaît comme la rupture d'une unité, d'un ordre qui repose sur une indépendance des parties. Si l'on considère la mort naturelle -- et non accidentelle -- comme un processus organique, propre à tout être vivant, celui-ci, à partir du moment où il naît, commence déjà à mourir. La mort est un processus enraciné dans la vie, et c'est en ce sens que Martin Heidegger définit l'être humain en termes d'« être pour la mort «. Dans les thèses matérialistes, de Démocrite à Karl Marx en passant par Épicure ou Lucrèce, la mort a également cette signification biologique de désagrégation de ce qui est composé, la rupture d'une forme biologique. Par conséquent, il ne faut pas aspirer à une immortalité impossible, ni faire de la mort un objet métaphysique ni même éthique, mais accepter les lois de la nature avec la plus grande sérénité. 2.3 La mort comme phénomène humain La mort constitue une menace dans la mesure où l'homme est sûr de sa venue, mais incertain du moment où il partira. Jean-Paul Sartre, dans l'Être et le Néant (1943), démontre l'absurdité de cette situation existentielle face à l'angoisse de la mort, chaque individu n'ayant d'autre choix que d'accepter son destin (voir existentialisme). Cette absurdité est également mise en scène par Eugène Ionesco dans Le roi se meurt (1963). Devant la menace que la mort représente, l'homme tente de s'y préparer, même si elle constitue un objet psychique que l'expérience ne peut lui faire appréhender : nul ne peut expérimenter sa propre mort. La mort vient de surcroît contrarier le projet à long terme dans lequel l'individu s'engage pour donner sens à son essence, à son existence et à ses choix au sein d'un champ de possibles. Par principe, l'homme exclut la mort de ses possibles (puisqu'elle vient y mettre un terme, niant leur existence), mais puisqu'elle peut apparaître à tout moment, elle constitue « [...] la néantisation de toutes mes possibilités, néantisation qui elle-même ne fait plus partie de mes possibilités. Ainsi, la mort n'est pas ma possibilité de ne plus réaliser de présence dans le monde, mais une néantisation toujours possible de mes possibles, qui est hors de mes possibilités. « (l'Être et le Néant). Toute préparation à la mort est donc vaine. Non seulement l'expérience de la mort d'autrui ne me renseigne pas sur ma propre mort, mais au contraire renforce le sentiment que j'ai de ma propre existence et de l'isolement dans lequel me laisse le deuil d'un être cher. Martin Heidegger décline la même réflexion : « On dit : il est certain que "la" mort viendra. On le dit, mais le "on" omet de vue que, pour pouvoir être certaine de la mort, chaque réalité humaine propre doit être elle-même respectivement certaine de son pouvoir-être absolument propre et inconditionnel. On dit que la mort est certaine, et on fait ainsi germer dans la réalité humaine l'apparence qu'elle est elle-même certaine de sa mort «. (Être et Temps). Il reste pourtant une dimension positive dans la philosophie existentialiste : la mort est, selon Martin Heidegger, le fondement constitutif de l'existence dans sa finitude au même titre qu'être au monde et être avec autrui. 3 ATTITUDES PHILOSOPHIQUES FACE À LA MORT La certitude de la mort incite l'homme à chercher les raisons secrètes de ce malheur tragique en dehors de l'ordre naturel, pour le convertir en l'une des problématiques cruciales de la philosophie. 3.1 La mort comme une étape L'une des plus anciennes réflexions sur la mort vient de Platon, dans le Phédon. Socrate, condamné à boire la ciguë, y fait preuve d'une attitude très sereine. Le sage n'a pas peur de la mort parce qu'elle est tout ce que recherche chaque philosophe au cours de son existence : « [...] en s'occupant de philosophie comme il convient, on ne fait pas autre chose que de rechercher la mort et l'état qui la suit « ( le Phédon, IX). Montaigne ne pense pas autre chose en proclamant dans ses Essais : « Philosopher, c'est apprendre à mourir «. L'intention de Socrate est de corriger l'opinion commune qui ne voit pas la relation essentielle qui unit la philosophie à la mort, car elle se méprend sur ce qu'est la philosophie et sur ce qu'est la mort. La mort n'est pour le dualisme platonicien et pour la plupart des religions qu'une séparation salutaire de l'âme et du corps. Le corps meurt, mais l'âme est immortelle en vertu du postulat de la réminiscence. Le philosophe dédaigne le corps, car il est la source de désirs bas, futiles et aliénants et l'obstacle à la connaissance de la vérité. Cette prison de chairs dans laquelle l'âme est enfermée la fait adhérer à ce que le corps désire, la contraint à considérer les réalités au travers des « barreaux « constitués par les sens et enfin la détourne de sa finalité. Or, l'exercice de la philosophie, comme la mort, aboutissent à délivrer l'âme de son « cachot «. Selon Platon, « [...] il serait ridicule qu'un homme qui, de son vivant, s'entraîne à vivre dans un état aussi voisin que possible de la mort, se révolte lorsque la mort se présente à lui. « (Phédon, XII). Dans cette interprétation, qu'elle soit celle de Platon, du dualisme de René Descartes ou de Nicolas Malebranche, la mort n'est pas la fin de la vie, mais la fin de l'épreuve terrestre. Arthur Schopenhauer, dans le Monde comme volonté et représentation (1819), envisage même la mort comme un « affranchissement « de l'individu. Dans un débat plus contemporain, le philosophe spiritualiste Louis Lavelle explique que le fait de concevoir une limite, comme la mort, induit le dépassement intellectuel de cette limite : « La méditation de la mort, en nous obligeant à percevoir nos limites, nous oblige à les dépasser. Elle nous ouvre l'accès non pas d'une vie future qui garderait un caractère toujours provisoire mais d'une vie sur-naturelle (...) il ne s'agit pour nous ni de l'ajourner, ni même de la préparer, mais dès aujourd'hui d'y entrer « (la Conscience de soi, 1933). D'une certaine manière, l'homme a la possibilité de redéfinir le temps à la mesure de l'intensité des événements que la mort lui confère. C'est dans cette perspective que Vladimir Jankélévitch déclare : « Le fait d'avoir vécu un instant éphémère peut être éternel. « (la Mort, 1966) ; pour sa part, Jacques Prévert écrit dans un poème intitulé le Jardin : « Des milliers et des milliers d'années / Ne sauraient suffire / Pour dire / La petite seconde d'éternité / Où tu m'as embrassé / Où je t'ai embrassé / Un matin dans la lumière de l'hiver [...]. « 3.2 La mort, sens de l'existence ? La mort n'acquiert de signification positive qu'en fonction d'une théorie de l'être. Tout homme a conscience que son existence est limitée. Cette conscience suscite des questionnements, relayés ou non par la religion, sur le sens de la condition d'être mortel et entraîne différentes attitudes. Selon Søren Kierkegaard, la mort peut être un stimulant pour l'existence, mais cette représentation n'est pas à la portée de n'importe quel homme. Il oppose « l'homme charnel «, qui préfère satisfaire lâchement des désirs immédiats, à « l'homme sérieux «, à qui la pensée de la mort « [...] donne l'exacte vitesse à observer dans la vie, et [...] lui indique le but où diriger sa course « (Postscriptum aux miettes philosophiques, 1846). L'homme charnel ne considère pas sa vie à l'aune de la mort, c'est-à-dire finalement comme une perspective, puisqu'il se détourne de la course du temps. La vie n'a pas de sens en elle-même, seule compte la jouissance qu'elle procure dans l'immédiateté. De même, l'homme pessimiste ne voit la mort qu'au détriment de la vie : paralysé par l'angoisse, il oublie de vivre. Pour Kierkegaard, ces deux types d'hommes ont en commun un sentiment d'impuissance face à la mort et à la fuite du temps. Dans le cas de l'homme sérieux, la vie est valorisée par la mort. Celle-ci force la prise de conscience existentielle en donnant à chaque moment qui passe une valeur unique et sans retour. L'homme profite de la vie en faisant de chaque instant pleinement vécu une victoire gagnée sur la mort. Kierkegaard rejoint sur ce point la pensée de Friedrich Nietzsche formulée dans Ainsi parlait Zarathoustra (1883) : le sur-homme est celui qui vit sa vie comme s'il s'agissait d'un éternel retour du même, sans remords ni regrets, prêt à revivre à l'infini chaque événement de son existence. Par opposition, le faible, sans cesse penché entre nostalgie et ressentiment, ne manifeste aucune volonté ni aucune moralité. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
philosophie

« la plupart des religions qu’une séparation salutaire de l’âme et du corps.

Le corps meurt, mais l’âme est immortelle en vertu du postulat de la réminiscence.

Le philosophe dédaigne le corps, car il est la source de désirs bas, futiles et aliénants et l’obstacle à la connaissance de la vérité.

Cette prison de chairs dans laquelle l’âme est enfermée la fait adhérer à ce que le corps désire, la contraint à considérer les réalités au travers des « barreaux » constitués par les sens et enfin la détourne de sa finalité. Or, l’exercice de la philosophie, comme la mort, aboutissent à délivrer l’âme de son « cachot ».

Selon Platon, « […] il serait ridicule qu’un homme qui, de son vivant, s’entraîne à vivre dans un état aussi voisin que possible de la mort, se révolte lorsque la mort se présente à lui.

» ( Phédon, XII).

Dans cette interprétation, qu’elle soit celle de Platon, du dualisme de René Descartes ou de Nicolas Malebranche, la mort n’est pas la fin de la vie, mais la fin de l’épreuve terrestre.

Arthur Schopenhauer, dans le Monde comme volonté et représentation (1819), envisage même la mort comme un « affranchissement » de l’individu. Dans un débat plus contemporain, le philosophe spiritualiste Louis Lavelle explique que le fait de concevoir une limite, comme la mort, induit le dépassement intellectuel de cette limite : « La méditation de la mort, en nous obligeant à percevoir nos limites, nous oblige à les dépasser.

Elle nous ouvre l’accès non pas d’une vie future qui garderait un caractère toujours provisoire mais d’une vie sur-naturelle (…) il ne s’agit pour nous ni de l’ajourner, ni même de la préparer, mais dès aujourd’hui d’y entrer » ( la Conscience de soi, 1933). D’une certaine manière, l’homme a la possibilité de redéfinir le temps à la mesure de l’intensité des événements que la mort lui confère.

C’est dans cette perspective que Vladimir Jankélévitch déclare : « Le fait d’avoir vécu un instant éphémère peut être éternel.

» ( la Mort, 1966) ; pour sa part, Jacques Prévert écrit dans un poème intitulé le Jardin : « Des milliers et des milliers d’années / Ne sauraient suffire / Pour dire / La petite seconde d’éternité / Où tu m’as embrassé / Où je t’ai embrassé / Un matin dans la lumière de l’hiver […].

» 3. 2 La mort, sens de l’existence ? La mort n’acquiert de signification positive qu’en fonction d’une théorie de l’être.

Tout homme a conscience que son existence est limitée.

Cette conscience suscite des questionnements, relayés ou non par la religion, sur le sens de la condition d’être mortel et entraîne différentes attitudes. Selon Søren Kierkegaard, la mort peut être un stimulant pour l’existence, mais cette représentation n’est pas à la portée de n’importe quel homme.

Il oppose « l’homme charnel », qui préfère satisfaire lâchement des désirs immédiats, à « l’homme sérieux », à qui la pensée de la mort « […] donne l’exacte vitesse à observer dans la vie, et […] lui indique le but où diriger sa course » ( Postscriptum aux miettes philosophiques, 1846).

L’homme charnel ne considère pas sa vie à l’aune de la mort, c’est-à-dire finalement comme une perspective, puisqu’il se détourne de la course du temps.

La vie n’a pas de sens en elle-même, seule compte la jouissance qu’elle procure dans l’immédiateté.

De même, l’homme pessimiste ne voit la mort qu’au détriment de la vie : paralysé par l’angoisse, il oublie de vivre.

Pour Kierkegaard, ces deux types d’hommes ont en commun un sentiment d’impuissance face à la mort et à la fuite du temps.

Dans le cas de l’homme sérieux, la vie est valorisée par la mort.

Celle-ci force la prise de conscience existentielle en donnant à chaque moment qui passe une valeur unique et sans retour.

L’homme profite de la vie en faisant de chaque instant pleinement vécu une victoire gagnée sur la mort. Kierkegaard rejoint sur ce point la pensée de Friedrich Nietzsche formulée dans Ainsi parlait Zarathoustra (1883) : le sur-homme est celui qui vit sa vie comme s’il s’agissait d’un éternel retour du même, sans remords ni regrets, prêt à revivre à l’infini chaque événement de son existence.

Par opposition, le faible, sans cesse penché entre nostalgie et ressentiment, ne manifeste aucune volonté ni aucune moralité. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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