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naïf, art - peinture.

Publié le 15/05/2013

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naïf, art - peinture. naïf, art, production picturale, sculpturale ou architecturale élaborée par une personne qui, en général, n'a pas reçu de formation artistique préalable. L'art naïf ne doit pas être confondu avec l'art populaire ou folklorique ni avec l'art brut (bien que, parfois, la frontière soit fragile). Les artistes naïfs ont été le plus souvent des autodidactes. De nombreuses expressions ont été utilisées pour évoquer ces pratiques (art inné, art instinctif, néoprimitivisme) et leurs auteurs (peintres du dimanche, maîtres populaires de la réalité, primitifs modernes, etc.), mais aucune ne semble vraiment satisfaisante. Si l'art naïf est en général étranger à l'histoire des styles, des écoles, des avant-gardes, ses auteurs, même s'ils n'ont bénéficié d'aucune formation intellectuelle ou savante, ne vivent pas hors du monde et sont sensibles soit à des sources locales comme celles des images d'Épinal ou des arts et traditions populaires (ferronnerie, poterie, travail du bois, tissage, broderie, dentelle à l'origine de la fabrication des objets usuels et cultuels, des ex-voto, des enseignes), soit à des modèles académiques largement diffusés, du calendrier des postes d'antan aux catalogues et aux publicités du monde moderne. Le premier art naïf authentique, celui du monde rural, relevait souvent de l'imagination créatrice d'artisans habiles, dans un espace vivant de manière relativement autarcique ; il a été ruiné par les productions en série de la révolution industrielle qui ont tué l'imaginaire et banalisé les formes ; longtemps méprisé, il s'est trouvé valorisé par le romantisme et les revendications nationales du XIXe siècle avant de devenir objet d'ethnographie. L'art naïf de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, très différent, semble intimement lié au déracinement urbain. Il survalorisa une nature perdue présentée dès lors comme idyllique, dans l'optique d'une vision passéiste et nostalgique. Il recréait un « Âge d'or «, se référant à des sources bibliques, mythologiques, exotiques, légendaires, oniriques, parfois pré-surréalistes. Il ne voulait pas représenter le quotidien ; il l'idéalisait. Il n'a, par ailleurs, jamais eu d'ambition contestataire ou révolutionnaire. Il revisitait les modèles convenus, avec la gaucherie d'une perspective aléatoire, avec un dessin d'une précision méticuleuse, des couleurs vives, des sujets narratifs à la signification apparemment simple. Il se montrait volontiers religieux ou mystique. En France, les meilleurs représentants de cet art naïf furent le peintre Henri Rousseau, dit le « Douanier Rousseau «, le sculpteur de rochers breton, Adolphe-Julien Fouéré (1842-1910) dit « l'ermite de Rothéneuf «, le décorateur-architecte Ferdinand Cheval (1836-1924) dit « le Facteur Cheval «, constructeur d'un palais idéal à Hauterives dans la Drôme. Le premier d'entre eux bénéficia du patronage de peintres reconnus (postimpressionnistes, fauves, cubistes), de marchands, de critiques, de poètes et écrivains surréalistes, ce qui le valorisa et permit le développement de la peinture naïve. Les avant-gardes comme le Blaue Reiter de Kandinsky soulignèrent d'ailleurs l'importance de l'art naïf dans la genèse de l'art moderne. L'exposition de Paris, en 1937, révéla nombre de ces artistes ouvriers et artisans tels Louis Vivin, Camille Bombois, André Bauchant, Dominique-Paul Peyronnet, Séraphine Louis, Jean Eve, René Rimbert, Adolf Dietrich. Les expositions se multiplièrent après la Seconde Guerre mondiale : Knokke-le-Zoute en 1958, Baden-Baden en 1961, Paris et Rotterdam en 1964, exposition itinérante en Europe des naïfs américains en 1967-1968, Zurich en 1975, Paris à nouveau en 1976 et la rétrospective Douanier Rousseau en 1984-1985 au Grand Palais. Nombreux sont aujourd'hui les peintres naïfs reconnus en Europe : Lagru et Caillaud en France ; Metelli, Rosina Viva et De Angelis en Italie ; Vivancos en Espagne ; Delattre en Belgique ; Greffe et Van Veert aux Pays-Bas ; Braren et Thegen en Allemagne ; Théophilos en Grèce. Les pays socialistes, privilégiant un art attaché au folklore national avaient vu se développer de véritables écoles de peinture naïve, en Pologne avec Nikifor et Ociepka, en Tchécoslovaquie avec Hubacek et Rehak, en URSS avec le groupe Zemlja et le Géorgien Pirosmanisvili et, enfin, en Yougoslavie avec l'école de Hlebine où s'illustrèrent Generalic, Mraz, Hegedusic, etc. L'art naïf s'est largement manifesté en Amérique, dans la tradition de l'art des pionniers et des portraitistes ambulants ; Grandma Moses et Hirshfield en sont deux représentants célèbres. En Amérique du Sud, aux Antilles, à Haïti, l'art naïf, toujours en rapport avec les traditions ancestrales, est souvent lié au culte vaudou. À Cuba, comme dans la plupart des pays socialistes, il a été vivement encouragé par l'État. Parfois, l'art naïf est devenu, de par son succès populaire et commercial, une véritable industrie aussi florissante que stéréotypée, non dénuée d'un état d'esprit réactionnaire. Des musées consacrés à l'art naïf existent à Laval, où est né le Douanier Rousseau, et à Nice. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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