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N’y a-t-il d’Art que dans les œuvres ?

Publié le 26/02/2021

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N’y a-t-il d’Art que dans les œuvres ? 

 

 

 

«La vie est une œuvre d'art. » affirme Georges Clemenceau.   L’art, en vertu de l’étymologie latine ars, s’apparente à un savoir-faire et en ce sens désigne une aptitude ou un talent, parce qu’il tend vers une fin, il est assimilé à une technique.  Au sens où on le comprend aujourd’hui, l’Art est intégré à ce que nous nommons les « beaux-Arts » qui regroupent notamment l’architecture ou encore le cinéma d’où son nom le « septième art ».  En effet, l’Art peut s’apparenter à quelque chose de beau, à une esthétique du grec aisthèsis « sensation ».  Mais la beauté est assez abstraite, car qu’est-ce que le beau? Nous avons tendance à attendre de l’art qu’il produise de beaux objets. Mais cette beauté est-elle subjective ou objective ? Peut-on définir des critères de beauté ? Car en effet, la beauté est le critère principal qui permet d’affirmer si nous avons bien  affaire à une œuvre. Mais en revanche, si l’art n’a pas pour résultat le beau, est ce qu’il est toujours possible de dire qu’il y a de l’art sans même avoir une œuvre ?  Notre vie, peut-on dire qu’elle est belle, car comme toute peinture, elle n’est pas donnée, c’est une tâche à accomplir tout au long de sa vie, c’est tout simplement une œuvre.  Mais peut-on dire qu’une vie est heureuse si et seulement si elle est belle, car au final qu’est ce qui caractérise une œuvre d’art ? Est-ce que seuls les œuvres peuvent être identifiés à de l’art ? En outre,  selon Aristote, l’art prend sa source dans le plaisir et l’imitation « Poétique », mais alors peut-on dire que l’art imite la nature. On peut penser que la nature dispose d’un modèle sur lequel s’incarner. En effet, elle donne naissance à des objets ou des êtres qui nous frappent par leur beauté. De plus la variété et la richesse de ses créations semblent sans égales. La nature serait ainsi le modèle de toute création. Cependant si l’art imite la nature, en quoi est-il lui-même le créateur, s’il se contente de reproduire ce qui existe déjà avant lui ? « L’art vise une fin médiocre quand il se borne à imiter la nature » Hegel.  On peut supposer que l’art imite la nature par ses œuvres mais du coup, ne peut-on pas dire que la nature est en elle-même de l’art  puisqu’elle sert de modèle à l’art humain ? Mais donc, s’il existe de l’art naturel ne pouvons-nous pas affirmer que cet art se trouve donc à l’extérieur des œuvres.  C’est ce que nous allons essayer de déterminer tout au long de ce devoirs. Pour cela, dans une première partie nous allons voir que l’art n’existe pas seulement dans les œuvres mais aussi dans notre vie. Dans une deuxième partie, nous essayerons de déterminer la place de la beauté dans les œuvres d’arts quel qu’elles soient. Puis pour finir, nous étudierons si oui ou non  l’art imite la nature.  

 

« Soi-même comme un autre » de Paul Ricœur, en effet une vie est heureuse que si on a la liberté de la mettre en récit. Elle a pour condition d’avoir la forme d’un tout unifié. Mais comment je peux dire que ma vie forme un tout ? Il faut pour cela se baser sur un modèle, le modèle d’une œuvre d’art.  Mais qu’est ce qui caractérise une œuvre d’art ?  De plus, si nous parvenons à montrer qu’effectivement, dans la vie il y a de l’art cela voudrait dire que l’art n’existe donc pas seulement dans les œuvres.  

Pour commencer,  on observe un rapport complexe entre l’art et la technique, car  en effet, l’art c’est une activité de mise en forme d’une matière de telle façon qu’elle produise de la beauté. En revanche, la technique du grec tekhné c’est l’ensemble des productions faites par l’Homme.  De plus, si la vie heureuse est une œuvre qui repose sur un modèle, cela veut dire qu’il y a une matière, un matériau derrière cela. C’est ce que l’on peut appeler la naturalité de la vie biologique, elle se marque notamment par deux phénomènes, la vie et la mort. On peut tout simplement dire que la vie heureuse est un parachèvement de la vie.  C’est donc pour cela qu’il faut un art de vivre, tout simplement une technique. Le tekhné va être réfléchit en opposition avec l’épistème tout simplement parce que la technique réclame un savoir-faire, autrement dit des règles  alors que d’un autre coté l’épistème réclame une connaissance qui repose sur des causes, des vérités.   Et donc, qu’est ce qui caractérise une œuvre d’art ? Du point de vue du spectateur, cela se caractérise par le jugement de gout, mais comme le dit Kant «  nous voulons toujours avoir raison et le partager avec tout le monde ».  Il n’y a pas d’art sans œuvre et il n’y a pas d’œuvre d’art sans art. Car en effet, l’art créer de belles choses et l’œuvre d’art c’est tout simplement la mise en forme de cet esprit créateur. 

Aristote va donc se demander, comment peut  avoir accès au savoir des règles ? Il trouve une hypothèse à sa problématique et montre que en effet, les règles émergent par expérience, on appelle cela des règles empiriques, c’est-à-dire qu’elles s’acquièrent par essais et erreurs.  En revanche, il faut parvenir à nuancer, car il y a des objets techniques qui reposent sur une connaissance théorique des lois de la nature. C’est la technologie.  Mais donc, si l’œuvre d’art est le produit d’une technique, cela veut dire qu’il ne suffit donc pas d’appliquer des règles pour produire une œuvre telle que la vie,  de plus, si l’œuvre d’art est le produit d’un technique, cela voudrait dire qu’il faut de la technique dans notre vie, mais pas seulement, dans tout ce qui se rattache à de l’art, mais si l’œuvre n’est qu’une application technique alors finalement cela n’a rien avoir avec de l’art, mais que pourrait être de l’art sans avoir à être attaché à une œuvre, car comme on l’a dit la vie heureuse repose sur le modèle d’une œuvre et une œuvre repose sur des règles. Autrement dit on ne peut avoir une vie heureuse si et seulement si il y a des règles, si elle est juste et si elle est droite. Mais alors, quelles sont ces règles ? 

Pour essayer de répondre à ce problème, c’est maintenant le rapport Poiésis/ Praxis qui rentre en jeu. Assurément, la Poiésis   produit un résultat extérieur à celui qui produit quant à la Praxis  c’est une action dont le résultat est la transformation de celui qui agit.  De plus, en tant qu’homme nous sommes tous disposés au bonheur, mais pour cela il faut l’exercer correctement et concrètement. Il faut pour cela s’interroger maintenant sur la forme de l’œuvre d’art, car nous avons à mainte reprise dit que la vie heureuse était une œuvre, mais sous quelle forme ? Autrement dit, Qu’est ce qui fait le statut d’une œuvre d’art ? Une œuvre d’art telle que la vie n’est pas une application mécanique des règles. Une œuvre d’art c’est et restera l’exercice de penser.  En effet, lorsqu’un peintre peint une de ses œuvres, l’artiste qui est en lui  pense par l’intermédiaire de celles-ci.  Maintenant, la pensée artistique est une pensée dite sensible car en effet on peut se demander si un jour, le sensible est abandonnée y aurait-il encore de pensée ou bien même de l’art. C’est ce que pense justement Hegel, il affirme la fin de l’art.  Mais qu’est-ce qui distingue la pensée de l’artiste et les autres ? C’est le génie !  C’est Kant qui dans la critique de la faculté de juger va  chercher la notion de génie.  Pour commencer, il faut repartir d’une aporie, donc tout d’abord, nous avons d’un côté les œuvres d’arts donc notamment la vie, qui ne peuvent pas se passer de règles puis nous avons d’un autre côté, ce problème de suivre des règles qui aboutit au faite que finalement nous n’avons pas d’œuvres d’arts.  Ensuite, l’art nécessite un acte de création, c’est-à-dire un génie.  Le génie à la faculté créatrice de règles, il possède un talent, ce talent n’est pas lui-même créé, il est inné, il est donné par la nature.  C’est grâce à cela, que nous pouvons voir qu’il n’y a pas que dans les œuvres que se trouve l’art mais bien aussi dans notre vie à condition qu’il y ait des règles. 

Tout simplement, le génie se caractérise par son originalité, il n’est pas dans l’imitation.   En d’autres mots, l’œuvre introduit de l’absolue nouveauté.  On peut donc affirmer, qu’il ne puisse pas y avoir d’art sans œuvre. Le génie est tout simplement celui qui confère aux œuvres le statut de modèle. Et donc est-ce que la vie est une œuvre d’art ? Cela permet enfin de répondre oui, notre vie est une œuvre d’art puisqu’elle suit  le statut de modèle du génie. Mais cela peut amener à se demander, comment le génie peut-il être un modèle s’il ne sait pas comment transmettre ses règles ? Dans quelle mesure est-ce un modèle ? Car cela pose problème, si l’œuvre d’art est un modèle, si notre vie est un modèle cela invite à l’imitation, mais donc notre vie n’est finalement plus notre vie. 

 

 

Comme on l’a dit, pour  qu’une vie soit heureuse et soit représentée sur le modèle  d’une œuvre d’art, il faut que ce soit une vie belle.  Mais qu’elle est la place de la beauté dans le domaine de l’art ? Comment pouvons-nous affirmer que quelque chose est beau ? Enfin, le beau est-il le véritable but de l’art ? Où est la place de l’artiste le dedans ?  

Léonard de Vinci disait de l’art qu’il était une « cosa mentale », « une chose mentale », il appartient au domaine de l’esprit. Il serait donc davantage spirituelle que matériel. Pourtant, une œuvre d’art est bien matérielle dans la mesure où elle existe comme objet. Le peintre par exemple se trouve confronté à des problèmes matériels, très concrets dans la réalisation de leur œuvre. A ce titre, l’œuvre d’art n’est donc pas uniquement une « cosa mentale ». En outre, à quoi reconnait-on qu’une œuvre est belle ? Les critères esthétiques semblent être ceux des « savants ». Toutefois, beaucoup d’entre eux n’ont pas su repérer le talent qui se cachait derrière Van Gogh, le talent et le génie qu’on lui reconnaitra plus tard. Il n’a en effet vendu qu’un seul tableau de son vivant, dit-on en 1890, par l’intermédiaire de son frère. Si les œuvres sont essentiellement des choses de l’esprit, si elles échappent aux critères de ce qui fait d’un objet quelque chose d’utile, elles apparaissent toutefois comme ce à quoi nous ne pouvons accéder. En effet, Kant remarque que, lorsque nous jugeons un objet beau, nous nous intéressons à sa forme pure, indépendamment de son contenu matériel, voire de son existence. Le beau n’est pas ce qui est représenté, mais dans la façon de le représenter. De plus, le jugement esthétique est formel et non matériel, il exprime une harmonie entre notre esprit et la forme de l’objet qui nous plait. C’est pourquoi nous pouvons trouver belles des formes abstraites, qui ne représentent rien, telle qu’une arabesque.  C’est pourquoi, le plaisir pris à la forme pure est une affaire de gout, et non de connaissance. Le gout est relatif à chacun, nous en sommes plus ou moins dotés à la naissance mais il se cultive et s’éduque par la pratique artistique ou la fréquentation des œuvres. Néanmoins, le gout porte en lui une exigence d’accord universel, quand on trouve une chose belle, on exige que les autres la trouvent aussi, et ce sans preuves ni arguments, puisque le beau n’est finalement pas une vérité en soi. Ce qui fait de l’art selon Kant,  « de la recherche d’un accord  subjectif universel des esprits humains ».  Cette relativité du beau subjectif conduit à la remettre en cause comme finalité de l’art. Aujourd’hui, on dira plus souvent d’une œuvre d’art qu’elle est « intéressante » ou « originale ». Le caractère innovant semble remplacer le beau comme critère de l’art et fournir ainsi un nouveau critère objectif.  C’est pour cela que lorsque l’on parle d’art dans les œuvres, on regarde avant tout sa « beauté » plus que sa signification. De plus, la beauté ne se trouve pas seulement dans les œuvres mais aussi dans la vie ou la nature, car comme dit Platon : « La beauté absolue est seule capable de donner un sens à la vie et à l’existence ». 

La question de la beauté, dans l’Antiquité, est liée essentiellement à la beauté naturelle, qui représente l’idéal ou le modèle de la beauté.  L’art cherchant à rivaliser avec la nature (dont nous parlerons plus en détails dans le prochain paragraphe), ne produit que des imitations, il est artificiel. Hegel explique en quoi l’imitation de la nature demeurait la principale finalité de l’art grec. « Zeuxis peignait des raisins qui avaient une apparence tellement naturelle que les pigeons s’y trompaient et venaient les picorer, et Praxeas peignit un rideau qui trompa un homme, le peintre lui-même » On parle dans ce cas, de « triomphe de l’art ». Il ajout « On peut dire d’une façon générale qu’en voulant rivaliser avec la nature par l’imitation, l’art restera toujours au-dessus de la nature et pourra être comparé à un ver faisant des efforts pour égaler un éléphant ». Ceci que ce soit pour Hegel ou les philosophes modernes, est un renversement total, c’est désormais par rapport à l’homme que la nature est pensée « la beauté artistique, fruit de l’esprit, est supérieur à la beauté naturelle » dans esthétique. De plus, Nietzche va idéaliser l’artiste, et l’opposer au philosophe et aux intellectuels comme Zola. « Seule la vie d’artiste mérite d’être vécue ». Dans La Naissance de la Tragédie,  Nietzche renverse les valeurs établies par certains grecs notamment Socrate. En effet, pour Nietzche « l’art est un remède contre toutes les maladies de la réalité ». En l’occurrence, il défend le monde de l’apparence et de l’illusion.  L’artiste représente à ses yeux « l’homme vrai ».  En revanche, pour Platon, l’artiste détient son talent d’une divinité, comparé à Kant, pour Platon l’artiste ne travaille pas de sang froid pour créer une œuvre.  L’art n’existe pas seulement dans les œuvres, car comme les peintres, les personnes doivent « façonner » leur vie, elle est certes donné naturellement  sans notre consentement, mais c’est à nous par la suite d’en faire une œuvre de telle sorte qu’elle soit libre, juste et heureuse. 

L’art doit imiter la nature. C’est ce qu’affirme Aristote : « Nous prenons plaisir à contempler les images les plus exactes des choses dont la vue nous est pénible dans la réalité, comme les formes d’animaux les plus méprisés et des cadavres » dans Poétique. L’art représente un domaine de l’activité humaine lié à la fabrication, qui prend des formes historiques diverses. Au sens large, c’est tout ce que l’homme ajoute à la nature. Faut-il opposer art et nature ou les voir comme complémentaires ? 

L’imitation, mimesis en grec apport un plaisir à l’esprit humain. C’est la fonction de l’art figuratif, qui s’efforce de donner l’illusion du réel. Platon condamne cet art de l’illusion : si l’art produit de belles apparences trompeuses (comme les raisins) il est moralement condamnable et les artistes doivent être chassés de la cité, « car ces poètes ne créent que des fantômes et non des choses réelles ».  Toujours dans la Critique de la faculté de juger,   Kant voit la nature comme « la source de l’art » : « la nature donne ses règles à l’art ». Pour lui, l’artiste est un interprète  ou un porte-parole de la nature.  Voir en la nature sa seule source, n’est-ce pas réduire l’art à une pure et simple technique ? L’art par l’intermédiaire de la main et des outils est avant tout une création de l’esprit qui transforme notre perception du réel en une réalité spirituelle.  L’art n’existe pas que dans les œuvres, l’art c’est le langage de l’âme, pour Kandinsky (vu dans le livre) un artiste est tout simplement une personne qui porte un regard ouvert sur sa propre vie intérieur. C’est pour cela, que nous pouvons une nouvelle fois affirmer que l’art est bel et bien  présent dans notre vie. En revanche,  pour Platon, l’art ne doit pas représenter la réalité telle qu’elle est, mais l’idéaliser.  Le beau préfigure le vrai. Plotin, disciple de Platon, insiste sur la forme qui idéalise la matière sensible. « Il est clair que la pierre en qui l’art a fait entrer la beauté d’une forme, est belle non parce qu’elle est pierre, mais grâce à la forme que l’art y a introduite ».  Autrement dit, la valeur de l’art est dans la belle forme, quel que soit l’objet représenté.  Cette importance de la forme libre, indépendamment de l’objet, fait voir dans l’art une production libre, par opposition à la production nécessaire et mécanique de la nature et la technique : «  En droit, on ne devrait appeler art que la production par la liberté » dit Kant.  Hegel lui insiste sur l’histoire de l’art comme progrès de l’esprit vers des formes d’expression de plus en plus immatérielle, comme la musique, la poésie… Notre regard sur la nature est  imprégné par l’art, au point que Hegel affirme que c’est bien la nature qui imite l’art, avec par exemple quand on admire un chant de rossignol, c’est qu’il nous semble exprimer des sentiments humains. 

 

 

Pour conclure, l’art n’existe pas que dans les œuvres, l’artiste fait de sa vie une œuvre d’art, sans art il n’y a pas d’œuvres, sans art il n’y a pas de vie.  L’art fait à la fois partie de notre vie, mais c’est aussi d’une manière plus générale, une conception moderne qui se démarque d’une conception classique, avec le beau qui se trouve dans l’esprit de l’homme et non dans l’ordre de la nature. 

 

Sources : beaucoup le cours plus le livre de philosophie et sur léonard de Vinci (exemple raisin plus van Gogh),  laphilosophie 

Vous faites l’effort, avec vos ajouts, d’essayer de ramener vos analyses de la première copie au sujet. Mais alors un autre problème se fait jour sur l’ensemble de la copie (même si j’ai fait apparaître cette remarque en marge de façon ponctuelle) : vos raisonnements ont des problèmes de logique – par exemple vous mêlez des réflexions sur l’œuvre d’art et sur la vie, sans que l’on perçoive toujours le rapport. En dissertation, travaillez vos articulations logiques ; travaillez la rigueur de vos raisonnements ; organisez de façon plus discursive vos idées. Ainsi la phrase en vert dans votre conclusion entre en contradiction avec ce que vous pouvez dire dans votre développement – par exemple voir ma remarque 11. C’est vraiment ce problème de logique qui vous coûte la moyenne, car vos idées ne sont pas inintéressantes pour le sujet.

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