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Oedipe Roi, Sophocle - Le Prologue

Publié le 22/10/2010

Extrait du document

oedipe

 

SOPHOCLE, Œdipe Roi (env. 421 avant J.C)

 

Extrait : Le prologue

 

      Le prologue est la 1ère partie d’une tragédie grecque-pro (avant) et logos (discours). C’est un dialogue entre Œdipe et un prêtre du temple de Zeus. Par la suite un autre dialogue s’établira entre Œdipe et Créon, annoncé par la fin de l’extrait.

Le rôle d’un prologue est de délivrer des informations sur l’histoire, le lieu et les personnages. Mais il sert aussi à plonger les spectateurs dans une certaine ambiance.

Le prologue correspond à une scène d’exposition dans le théâtre classique.

 

Problématique : Qu’elle est la double fonction du prologue ?

 

I. Les informations délivrés

 

      1. Les données objectives

 

      La didascalie initiale est explicite quand au lieu de l’action « devant le palais d’Œdipe «, « sur le seuil «. Le lieu est important puisque le palais royal est symbole du pouvoir, politique et de la richesse. Œdipe sort du palais et domine le groupe qui se trouve dans une position de soumission « à genoux «. On remarque aussi que l’auteur fait une référence à la famille des Labdacides, la famille de Thèbes touchée par une malédiction, la fatalité. Avant même de citer de manière explicite « Thèbes « (l. 17, 50), il est sous-entendu par le nom de Cadmos (fondateur de Thèbes) (l. 17, 50, 64, 23). Thèbes est désignée alors sous la forme d’une métonymie.

      D’autres lieux sont aussi mentionnés comme « Pythô « (= Delphes) à la ligne 19. On y apprend que Créon y est allé pour consulter l’oracle d’Apollon (intermédiaire entre les dieux et les mortels).

      Il révèle également l’identité des personnages :

- Œdipe donne lui-même son nom à la ligne 6. Il ne raconte pas son histoire puisque les spectateurs la connaissent déjà.

- Le prêtre se présente lui-même aussi à la ligne 14 : « Je suis, moi, prêtre de Zeus «. Il donne également son statut. Le prêtre reste anonyme contrairement à Œdipe car son nom n’a pas d’importance. Son âge lui donne de la sagesse, de l’expérience. Il joue le rôle de porte-paroles du peuple.

      L’identification des personnages se fait aussi par les costumes. La présentation se fait souvent par le cœur.

      Informations sur les personnes présents mais aussi absents :

 

- Cadmos : fondateur de la cité (l. 1, 23, 28)

- Créon : beau-frère d’Œdipe (l. 55).

- Zeus (l. 14)

- Palas (l. 16) = Athéna                                Influence des dieux

- Ismenos (l. 17) = Apollon (l. 63) = Phoebos (l. 55)

- Apollon : Phoebos (l. 55)

 

      Les liens de parenté sont mis en avant puisque les habitants de Thèbes sont les descendants de Cadmos. La présentation des personnages se fait de manière typiquement grecque puis que le nom de personnage est donné avec celui du père (Créon : « Fils de Ménécée «)

 

      2.   La situation actuelle

 

      On remarque qu’il y a beaucoup de phrases interrogatives et impératives dans la 1ère réplique. Ces types de phrases permettent d’éclaircir l’histoire et de renseigner le spectateur-lecteur. Situation de la ville : la ville subit une épidémie de Peste (déesse porte-torche).

La plupart des habitants, représenté par les enfants, sont en supplication devant Œdipe et devant les dieux « accroupis «, « mêlés de plainte «.

      Sophocle est fait une métaphore en associant la peste avec la mer : Thèbes est associée à un bateau à la dérive « la houle «, « la tête au-dessus des flots «. La mort est mise en avant par la répétition du terme « la mort la frappe «. La maladie de la Peste est personnifiée. Les ravages sont importants car toutes les formes de vies sont touchées « germes «, « fruits «, « troupeau de bœufs «, « les femmes n’enfantent plus la vie «. La mort domine la cité. Comparaison entre la vie et la mort → déséquilibre entre la vie et la mort.

      Le prologue a un rôle informatif mais il ne délivre pas que des informations. L’évocation du passé, du présent et du futur incite le public et sert à présenter le héros de la pièce.

 

II. Le personnage d’Œdipe.

 

      1. La légende selon le prêtre

 

      Le prêtre évoque d’abord la situation actuelle de la cité.

Il revient ensuite le passé glorieux d’Œdipe. Il rappelle que le souverain doit sa couronne à son triomphe sur le Sphinx (l. 28-29) ce qui lui a valu de sauver la ville une 1ère fois. Il parle en termes mélioratifs d’Œdipe qu’il place comme un intermédiaire entre les hommes et les dieux donc un être supérieur « Certes ni moi (…) mais le premier « → concession (raisonnement concessif : certes …mais ; oui…mais, etc.)

      Puis, le prêtre demande clairement à Œdipe des les sauver encore une fois « cette fois encore « (l. 31-32), « A tes pieds nous t’implorons « (l. 32)

      Pour conclure son argumentation, le prêtre fait une sorte de chantage à Œdipe pour le faire culpabiliser en lui disant que s’il ne les aide pas, ils vont tous mourir « prends-garde «, « ne va pas maintenant lui laisser «, « qu’elle soit peuplée → jusqu’aux dernières lignes «. Le prêtre se montre habile en rhétorique (= art oratoire). Il utilise toutes les formes de l’injonction :

- L’impératif : « découvre «, « redresse « (l. 36, 40), « prends garde « (l. 36), « sois-le encore « (l. 40).

- Le subjonctif, qui peut aussi servir d’impératif : « Que la voix d’un dieu te l’enseigne « (l. 33). « Ne vaut-il pas mieux « → question rhétorique.

      Le prêtre rappelle le passé d’Œdipe pour que celui-ci agisse dans le présent et dans l’avenir (mélange temporel). Différentes époques : temps verbaux divers et connecteurs logiques  « naguère «, « jadis «, «autrefois «, « maintenant «, « ensuite «.

 

      2.  L’homme pragmatique

 

(pragmatique = qui sait ce qu’il doit faire, qui sait s’adapter)

      Œdipe apparait proche du peuple, paternel, protecteur, accessible « mes enfants « (l. 1), « mes pauvres enfants « (l. 46), mais néanmoins conscient de sa renommé « Œdipe, au nom que nul n’ignore « → épithète homérique (vient de Homère). Il se sent concerné par le sort de Thèbes : « Si je prêt, si je le puis, à vous donner une aide entière «.

      Ses répliques sont pathétique (registre pathétique) « prit de pitié « (l. 10), « douleur « (l. 49), « mon cœur gémit « (l. 50), « répandre bien des larmes « (l. 52) « pas un de vous qui souffre autant que moi « (l. 47) → hyperbole.

      Œdipe explique qu’il a déjà pris une décision : consulter les dieux. Il n’est plus question d’exploit mais de bon sens « le seul remède que j’ai pu bien peser « (l. 53). Il a donc envoyé son beau-frère Créon à Delphes pour consulter l’oracle, afin de ne pas laisser la ville sans souverain.

      Œdipe se montre inquiet et impatient du retour tardif Créon.  Les dernières répliques apportent le soulagement et l’espoir « chance « (l. 63), « air radieux « (l. 65) « large couronne de laurier florissant « (l. 66), « sauver « (l. 64), « satisfait « (l. 65).

      L’extrait se termine par de l’espoir mais la suite va être désastreuse pour Œdipe.

 

Conclusion : Le prologue répond bien à sa fonction informative mais il suscite également la curiosité du lecteur, l’attente. Cependant, le dramaturge est aussi bien habile puisqu’il trompoe le spectateur. En effet, la peste est présentée comme l’enjeu majeur de la pièce, mais il n’en est pratiquement plus question dans la suite de la pièce. Le fléau est un prétexte à une quête identitaire pour Oedipe. Celui-ci parait sûr de lui, optimiste au début mais le reste de la pièce va dégrader son image de héros puisqu’il passe du statut d’être supérieur à celui de mendiant aveugle.

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      RAPPEL :

 

Œdipe est un nom éponyme : il donne son nom à la pièce.

 

La double énonciation :

Lorsque A parle à B qui lui répond et que l’ensemble est destiné au public, on parle de double énonciation. Elle est toujours présente au théâtre, même lors d’un monologue.

 

Les formes et les types de phrases :

Les formes : affirmative ou négative

Les types : déclarative, interrogative, exclamative ou impérative.

 

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