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Oral: le singulier

Publié le 16/05/2013

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LE SINGULIER     Quel sens peut-on au donner à ce que nous nommons singulier, et à quels enjeux philosophiques ce concept se rapporte-t-il ?     I)             Qu'est-ce que cela que nous appelons le singulier ? Quelle importance accorder à ce concept ? II)            Le singulier n'est-il réductible qu'à lui-même, ou peut-il être une voie possible vers ce qui est  commun à tous et universel ? Est-il obstacle, ou au contraire une voie possible dans les champs de la connaissance ou encore de la science, par exemple ? III)          Peut-on le cerner par la pensée ou nous échappe-t-il ?     Le singulier est un concept philosophique d’autant plus important qu’il a été traité par des philosophes de tous temps, de Guillaume d’Ockham à Emmanuel Kant, en passant par Søren Kierkegaard. Étymologiquement, le mot provient du latin « singularis «, signifiant unique, personnel. Il amène à nous interroger sur ce qu’il suppose réellement, et sur les raisons pour lesquelles il mérite que nous nous y attardons. Quel sens peut-on alors donner à ce concept que nous nommons « singulier «, et à quels enjeux philosophiques se rapporte-t-il ? Tout d’abord, qu’est-ce que cela que nous appelons le singulier ? Quelle importance faut-il accorder à ce concept ? Puis, le singulier n'est-il réductible qu'à lui-même, ou peut-il être une voie possible vers ce qui est commun à tous et universel ? Est-il un obstacle, ou au contraire une voie possible dans les champs de la connaissance ou de la pensée, par exemple ? Enfin, peut-on le cerner par la pensée ou nous échappe-t-il ?     Qu’est-ce que cela que nous appelons singulier? Par définition, est singulier ce qui se différencie par son unité, ce qui est particulier. Il apparaît donc envisageable de poser dans un premier temps que le singulier se distingue par essence de ce qui est universel. L’universel est accessible. On peut l’appréhender. Par définition, il désigne ce qui peut s'appliquer à toutes et à tous, ce qui peut être reconnu par le monde entier comme utilisable. Selon la métaphysique, il renvoie aussi à ce qui s’oppose au particulier. Or le singulier est unique, et justement particulier, donc  logiquement différent de ce qui l’entoure. Il a pour principe lui-même, il s’auto-affecte. Tout ce qui est est forcément, en soi, singulier. La vie est singulière. Vivre, c’est rencontrer des situations singulières à laquelle aucune humanité n’a eu à faire face jusqu’ici, à laquelle la subjectivité doit répondre. Ce qui se dit singulier est ce qui, par essence, a accès à lui-même, et dont tout ce qui s’y différencie ne peut faire l’expérience. Ainsi, un être subjectif l’est par sa singularité, et en ce sens, un être différent de celui-ci ne peut faire l’expérience de cet « autre «. On peut saisir la singularité de sa propre subjectivité, mais pas celle de ce qui nous entoure. Par opposition, l’universel est commun à tout ce qui subsiste. On peut en faire usage, parce qu’il ne se résume pas qu’à une singularité qui lui est propre. D’autre part, quelle importance faut-il accorder à ce concept ? Kierkegaard accorde une importance certaine à l’individu. Il nous dit que « plus on pense de façon objective, moins on existe «. Selon lui, l’homme en tant que sujet singulier a une importance infinie. Il doit s'occuper de son développement moral sans se soucier de savoir s'il est utile à l’universel. Seule la souffrance qui force l'homme à vivre dans la solitude le conduit à découvrir la valeur de sa singularité. Kierkegaard pense que la sociabilité est une erreur. Le devoir du chacun serait alors d’exploiter uniquement sa singularité d’individu, en excluant le fait de s’intéresser aux autres, à ce qui est dit universel.     Le singulier n’est-il réductible qu’à lui-même, ou peut-il être une voie possible vers ce qui est commun à tous et universel ? Tout d’abord, le talent artistique est considéré comme étant le moyen permettant de jeter un pont entre le singulier et l’universel. Il peut se définir comme l’acte de puiser au plus profond de soi, et se faisant, de toucher l’universel. C’est la capacité à faire œuvre de son vécu et de sa singularité. L'artiste interprète sa singularité, la met en œuvre et la propose à toutes les autres singularités dans la rencontre avec l'œuvre. Par ailleurs, dans « Critique de la faculté de juger «, Kant affirme qu’ « est beau ce qui plaît universellement sans concept «. Autrement dit, est beau ce qui doit plaire à tout homme. L’œuvre d’art est donc belle parce qu’elle est capable de toucher l’universel. Le singulier n’est donc pas forcément réductible à lui-même. Même s’il est vrai que quelque chose de singulier n’est pas à distance de lui-même, et par là « fermé « à ce qui l’entoure, au sens où l’on ne pourrait pas en faire l’expérience, il peut être une voie possible vers l’universel, vers ce qui est commun et accessible à tous. D’autre part, faut-il considérer le singulier comme obstacle ou voie possible dans les champs de la connaissance, ou de la science, par exemple ? On pourrait en premier lieu le considérer comme un obstacle, notamment dans le champ de la science. Le mot science vient du latin « scientia «, qui signifie savoir au général. La singularité pose ici une barrière épistémologique puisque la connaissance scientifique est du côté de l'objet et non du sujet. Une science a prétention à l’objectivité, à l’universalité. Et ce, même s’il est vrai que Descartes trouve dans une expérience singulière, subjective, celle du doute, la certitude de son existence en tant que pensée, "le je pense, je suis", certitude dont tout homme peut aussi faire l'expérience. La science appréhende le monde de manière générale. Toute étude singulière n’entre pas dans son champ d’analyse. Elle tente de bâtir des lois générales qui s’appliqueraient à tout ce qui est, ce qui exclue le fait de se baser sur les particularités que sous-entend le singulier. Cependant, il faut admettre que toute connaissance est rendue possible par notre singularité, c’est-à-dire que pour connaître, il faut d’abord exister en tant que pensée unique, singulière. Pour Kant, toute connaissance est de nature intuitive, et l’intuition, en tant que mode de connaissance immédiat, est propre à l’homme, qui est un être singulier. Tout ce qui est donné l’est parce que nous pouvons le voir. Pour percevoir, il faut vivre.  On peut supposer que l’universel n’est possible qu’à travers le singulier, qui perçoit cette universalité. Pour Guillaume d’Ockham, par exemple, la connaissance s'appuie sur les choses sensibles et singulières, et les universaux sont de simples mots pour permettre à la pensée de se constituer. Le scientifique, lui, dépasse voire contredit ce qu’il perçoit du monde. Il en donne une représentation quantitative, il le mathématise. Il ne se laisse pas guider passivement par ses perceptions singulières, car il questionne le réel et formule des hypothèses générales qui peuvent aboutir à des lois pour expliquer ce réel.     Enfin, peut-on cerner le singulier par la pensée ou nous échappe-t-il ? On remarque une difficulté de la pensée à cerner ce concept. La langue que l’on parle domine nos pensées, parce que la culture qu’elle exprime nous conditionne. Mais le langage a des imperfections. En effet, les mots qui le composent sont généraux, communs, au sens où ils sont collectifs puisqu’ils ont pour but de permettre la communication, de mettre en commun des informations, et parce qu’ils sont communs, ils portent la pensée de toute une société. Ils forment un écran entre nous et nous ; entre ce que l’on éprouve et ce que le mot peut en dire. Notre vie intérieure est unique, singulière. Ce que chacun éprouve est unique. Et parce que la vie, donc la sensation, d’un point de vue phénoménologique, s’inscrit dans l’espace et dans le temps, ce que nous éprouvons dans le temps est unique. Selon Bergson, rien ne se répète. Or, les mots nous font croire que les choses se répètent, qu’elles sont invariables, et plus encore, ils nous cachent même parfois ce que nous éprouvons réellement. Toute singularité et ici recouverte par l’universel, le général. En citant Bergson : « L’influence du langage sur la sensation est plus profonde qu’on ne le pense généralement. Non seulement le langage nous fait croire à l’invariabilité de nos sensations, mais il nous trompera parfois sur le caractère de la sensation éprouvée «. Le mot généralise ce qui est unique, et le langage échappe aux mots toute notre singularité et celle du monde. Wittgenstein nous dit que « les hommes sont pris dans les filets du langage mais ne le savent pas «. De plus, l’universel semble se constituer à partir d’une multitude de singularités. C’est d’ailleurs ce que la métaphysique nomme « instances «. En affirmant résolument leur singularité, Guillaume d’Ockham cherche dans les choses un point de départ pour la philosophie. C’est le projet d’une ontologie réduite à sa plus simple expression. Il demande à l’expérience de montrer comment cet arbre, cette pierre devient pour nous l’élément d’une série – les arbres, les pierres, qui s’apparente à l’universalité. C’est le projet d’un empirisme. Il demande au langage de montrer que l’on peut, par des termes généraux, signifier des choses singulières. Le singulier se fond dans l’universel, ce qui pose également une difficulté à la pensée de le cerner.     En conclusion, le concept du singulier est fondamental en philosophie. Après l’avoir défini, nous avons vu à quel autre concept il est souvent opposé, celui de l’universel. Cependant, nous avons montré que le singulier se trouvait être, malgré cette opposition, une voie possible, mais parfois aussi un obstacle dans les champs de la connaissance, ou encore de la science, et que bien que par définition, il semble être réductible à lui-même, il permet de jeter un pont entre ce qui est dit singulier et ce qui est dit universel, commun à tous. Enfin, nous avons posé la difficulté qu’il pouvait y avoir à cerner ce concept par la pensée. On pourrait alors citer Jean Grenier : « il suffit de dire ce qu'on pense, sans même outrer sa pensée, pour paraître singulier ; à condition de penser quelque chose et non pas à quelque chose «.

« concept ? Puis, le singulier n'est-il réductible qu'à lui-même, ou peut-il être une voie possible vers ce qui est commun à tous et universel ? Est-il un obstacle, ou au contraire une voie possible dans les champs de la connaissance ou de la pensée, par exemple ? Enfin, peut-on le cerner par la pensée ou nous échappe-t-il ?     Qu'est-ce que cela que nous appelons singulier? Par définition, est singulier ce qui se différencie par son unité, ce qui est particulier.

Il apparaît donc envisageable de poser dans un premier temps que le singulier se distingue par essence de ce qui est universel.

L'universel est accessible.

On peut l'appréhender.

Par définition, il désigne ce qui peut s'appliquer à toutes et à tous, ce qui peut être reconnu par le monde entier comme utilisable.

Selon la métaphysique, il renvoie aussi à ce qui s'oppose au particulier.

Or le singulier est unique, et justement particulier, donc  logiquement différent de ce qui l'entoure.

Il a pour principe lui-même, il s'auto-affecte.

Tout ce qui est est forcément, en soi, singulier.

La vie est singulière.

Vivre, c'est rencontrer des situations singulières à laquelle aucune humanité n'a eu à faire face jusqu'ici, à laquelle la subjectivité doit répondre.

Ce qui se dit singulier est ce qui, par essence, a accès à lui-même, et dont tout ce qui s'y différencie ne peut faire l'expérience.

Ainsi, un être subjectif l'est par sa singularité, et en ce sens, un être différent de celui-ci ne peut faire l'expérience de cet « autre ».

On peut saisir la singularité de sa propre subjectivité, mais pas celle de ce qui nous entoure.

Par opposition, l'universel est commun à tout ce qui subsiste.

On peut en faire usage, parce qu'il ne se résume pas qu'à une singularité qui lui est propre.

D'autre part, quelle importance faut-il accorder à ce concept ? Kierkegaard accorde une importance certaine à l'individu.

Il nous dit que « plus on pense de façon objective, moins on existe ».

Selon lui, l'homme en tant que sujet singulier a une importance infinie.

Il doit s'occuper de son développement moral sans se soucier de savoir s'il est utile à l'universel.

Seule la souffrance qui force l'homme à vivre dans la solitude le conduit à découvrir la valeur de sa singularité.

Kierkegaard pense que la sociabilité est une erreur.

Le devoir du chacun serait alors d'exploiter uniquement sa singularité d'individu, en excluant le fait de s'intéresser aux autres, à ce qui est dit universel.  . »

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