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périodiques (presse).

Publié le 08/05/2013

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périodiques (presse). 1 PRÉSENTATION périodiques (presse), publications périodiques (de parution hebdomadaire, bimensuelle, mensuelle, trimestrielle, voire annuelle...) usuellement appelées, en ordre croissant de périodicité, « hebdomadaires «, « magazines «, « revues «. Les périodiques diffèrent des journaux, dont la parution est quotidienne ; ils paraissent en général sur du papier de meilleure qualité. Exception faite de certains hebdomadaires et mensuels d'information générale et d'opinion, ils délivrent le plus souvent une information spécialisée. Leur forme ou contenu éditoriaux ne sont pas forcément dictés par l'actualité. En revanche, les périodiques sont davantage tributaires de la publicité que les quotidiens. Les périodiques ont tiré le plus grand profit de l'importante croissance prise par les médias écrits aux XIXe et XXe siècle, au point d'être en passe, aujourd'hui, d'en devenir le format dominant. 2 LOINTAINS ANCÊTRES DES MAGAZINES 2.1 Le temps des gazettes Les premiers périodiques datent du XVIIe siècle (voir histoire de la presse). Parmi les plus anciens figurent les Nouvelles d'Anvers (1605), la célèbre Gazette de Théophraste Renaudot (1631), le périodique allemand Erbauliche Monaths-Unterredungen (« Discussions mensuelles «, 1663-1668), le Journal des Savants (1665, français), les périodiques anglais Weekly News (1622), London Gazette (1665) et Philosophical Transactions of the Royal Society of London (1665). En moins d'un siècle, les périodiques conquièrent toute l'Europe. Ils se composent pour l'essentiel de courtes recensions de l'actualité diplomatique et se spécialisent souvent dans la publication d'essais sur l'art, la littérature, la philosophie, la science. Lors de sa première parution, le 5 janvier 1665, le Journal des Savants affiche « le dessein [...] de faire savoir ce qui se passe de nouveau dans la république des lettres «. D'autres publications françaises s'inscrivent dans cette veine : les Nouvelles de la république des lettres (revue de Pierre Bayle, fondée à Amsterdam en 1684), le Mercure savant et la Bibliothèque universelle et historique (parue à Amsterdam de 1686 à 1727). Quant au Mercure galant de Jean Donneau de Visé (1672, Mercure de France après 1724), c'est d'abord un recueil d'anecdotes mondaines, mais il se fait aussi l'écho de débats littéraires, telle la querelle des Anciens et des Modernes. 2.2 La censure règne Le XVIIIe siècle confirme l'importance accordée à ces publications, encore réservées, du reste, à des élites alphabétisées ne lisant là que des écrits édulcorés. La place accordée aux débats littéraires ou philosophiques dans les périodiques s'explique par la puissance de la censure, de l'autorisation préalable de parution, du coût du droit de timbre. Ces règles restrictives interdisent, en effet, toute publication d'écrits politiques, sinon dans la sphère la plus immédiate du pouvoir et sous une pointilleuse surveillance. Ainsi, en France, la Gazette de Théophraste Renaudot est officieusement la seule publication à diffuser des informations politiques ; en 1762, elle devient l'organe officiel du ministère des Affaires étrangères tout en changeant de nom (elle devient la Gazette de France). Pour la plupart, les périodiques de la fin du XVIIIe siècle se cantonnent à la diffusion d'une information généraliste et à la recension littéraire et scientifique, sujets qui comportent de moins grands risques de controverses que les questions politiques et qui satisfont l'appétit intellectuel des classes aisées du siècle des Lumières. Encore qu'à l'origine, les écrivains sont très critiques vis-à-vis des « journalistes «, selon l'expression consacrée en 1702 ( voir histoire du journalisme). Ainsi Jean-Jacques Rousseau juge-t-il les périodiques comme des « ouvrages éphémères sans mérite et sans utilité «. Certains journalistes rendent bien ce mépris aux écrivains, tel le grand rival du Journal des savants, le Journal de Trévoux (1701-1767), qui participe activement aux philippiques contre les encyclopédistes et les philosophes, notamment contre Voltaire, coupable d'avoir parlé de la presse comme d'un « fléau «... De l'autre côté de la Manche, sous un régime plus libéral, The Tatler (1709-1711) et The Spectator (1711-1712, 1714), titres créés par les essayistes Richard Steele et Joseph Addison, sont les périodiques les plus célèbres. En Allemagne, il faut retenir Allgemeine Literatur-Zeitung (1785-1849), consacré à la chronique des nouvelles idées littéraires. 2.3 Les « magazines « s'installent En 1731, le périodique anglais The Gentleman's Magazine impose le mot magazine, issu, après altération, du français « magasin «. L'expression entre dans le dictionnaire anglais en 1776. Ainsi, en moins de deux siècles, les périodiques, dont ces fameux magazines qui se multiplieront au XXe siècle, deviennent un canal privilégié de diffusion de l'information, dans le cadre légal ou sous le manteau (avec les fameuses gazettes « de Hollande «, publiées en Allemagne, Suisse, Hollande, et diffusées en France sous le manteau, telles les Gazette de Cologne et Gazette de Bruxelles). Outre l'apparition des cabinets de lecture et l'augmentation du nombre de lectures publiques, leur nombre en France souligne leur succès : ils sont environ soixante-dix pour la période 1750-1787. Parmi les titres les plus importants à Paris, on compte alors, hormis la Gazette, le Journal de Trévoux, le Journal historique et politique (Charles Joseph Panckoucke) ou le Journal encyclopédique qui proclame, en 1758 : « aujourd'hui, tout le monde lit et veut lire de tout « ; et en province, notamment, le Courrier de Monaco, la Gazette de Nice ou l'Abeille de Lille. Ces titres périodiques dominent de loin un paysage de presse qui ne comprend encore qu'une poignée de quotidiens (The Daily Current en Angleterre depuis 1702, le Journal de Paris en France, à partir de 1777). 2.4 Le cap de la Révolution En France, la période révolutionnaire confère un rôle clé à la presse. L'article XI de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (26 août 1789) la libère en effet du carcan de la censure, ce qui se traduit aussitôt par la place de la presse dans le débat politique. La multiplication par neuf, entre 1788 et 1790, du nombre de périodiques en atteste (d'une soixantaine à plus de cinq cents). Au total, on dénombre plus de 1 500 titres pour la seule période 1789-1799 ! 3 LE XIXE SIÈCLE : CROISSANCE ET DIVERSIFICATION Le XIXe siècle marque l'entrée dans l'ère de la politisation, de la diffusion de masse de titres populaires, et l'amorce d'une spécialisation. 3.1 Dans le monde anglo-saxon Les revues mensuelles et trimestrielles d'opinion comportant des articles d'auteurs éminents et d'hommes politiques apparaissent en Grande-Bretagne au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Deux d'entre elles se rendent célèbres : le titre libéral The Edinburgh Review (1802-1929) et The Blackwood's Edinburgh Magazine (1817), publication écossaise du parti conservateur. Avec The North American Review (1815-1940), les États-Unis ne sont pas en reste. S'agissant des hebdomadaires et des mensuels populaires, parfois illustrés, vendus pour quelques cents ou quelques pennies, il apparaissent en Angleterre dans les années 1890. The Mirror (1822-1849), magazine illustré vendu pour deux pennies et The Cornhill Magazine (1860-1939) en sont deux exemples. Le succès de ce type de support est plus frappant encore aux États-Unis, puisqu'à la fin du siècle, dans un marché en plein développement, on dénombre 600 titres. Une spécialisation des titres apparaît également à la fin du XIXe siècle, en Angleterre surtout. Ainsi, les illustrations de mode proposées par The Godey's Lady's Book (1830-1898) marquent la naissance d'une presse féminine. Youth's Companion (1827-1929), puis St. Nicholas (1873-1940) s'adressent aux enfants. Des titres religieux aux revues littéraires, en passant par les hebdomadaires familiaux, tel The Saturday Evening Post, les périodiques se multiplient en se spécialisant. Ce mouvement est renforcé par la multiplication des hebdomadaires illustrés, tel Illustrated London News (1842), dont les couvertures rappellent le succès de l'Illustration en France (1843-1944), de Die Woche (1899-1940) en Allemagne ou de Leslie's Illustrated Newspaper (1855-1922) et de Harper's Weekly (1857-1916) aux États-Unis. Progression des tirages et baisse des prix, croissance des taux d'alphabétisation et diversification du panorama de l'information sont des éléments qui augmentent de façon considérable l'impact et la capacité d'attraction de la presse périodique. 3.2 En France En France, le XIXe siècle répond aux mêmes caractéristiques. Les titres se multiplient à partir de la Restauration et reflètent les combats idéologiques, littéraires et esthétiques du moment. Ainsi, la Minerve française (avatar du Mercure de France) est le porte-parole des classiques et des libéraux. Les romantiques s'appuient sur le Conservateur littéraire, la Muse française (1823-1824). Sur un plan plus politique, les « doctrinaires « (François Guizot, Pierre Paul Royer-Collard), partisans de la monarchie constitutionnelle, fondent le Globe. Les années 1830 voient aussi l'apparition du Correspondant, défenseur de l'Église et de la monarchie, et de la Revue indépendante, titre socialiste et démocrate où écrit George Sand. Deux grandes revues dominent alors la scène : la Revue des deux mondes (1823) et la Revue de Paris (1829). Témoins de cette effervescence du monde des revues plus ou moins politisées : entre 1875 et 1898, près d'une centaine de titres sont fondés, telles la Revue blanche (dirigée à partir de 1881 par les frères Natanson, elle joue un rôle d'avant-garde dans le domaine littéraire), la Revue bleue (1871-1939), la Revue des belles lettres (1875), la Nouvelle Revue (1879), républicaine, puis barrésienne, ou la Revue rouge (1896). Mais la plupart de ces « revues « s'adressent à un public aisé, éventuellement engagé, en tout cas lettré. Il faut donc distinguer ces publications de l'apparition d'un univers de périodiques bon marché préfigurant nos magazines et qui reçoivent les suffrages d'une population toujours plus gourmande de lecture. Cette demande sociale forte (on peut parler de l'amorce d'une conquête des masses) est permise par la transformation des mentalités et du profil culturel de la population : aspiration grandissante à une information précise et diversifiée ; amélioration continue du niveau d'instruction ; ouverture au monde grâce à la révolution des communications et de l'instruction. La diversification des supports de presse passe donc principalement par celle des périodiques populaires. À la charnière des XIXe et XXe siècles, on relève d'abord, comme dans le monde anglo-saxon, le succès de la presse illustrée. On note également une spécialisation. Se développent alors la presse enfantine (Mon journal), agricole (l'Ami des campagnes), les bandes dessinées (l'Intrépide, l'Illustré amusant), et encore une presse féminine, une presse littéraire, des titres spécialisés dans la critique et la recension théâtrale (Coemedia), qui tirent parfois fierté de tirages substantiels. Il faut enfin évoquer, à l'ombre des quotidiens sportifs nés entre 1898 et 1902, l'existence de dix-huit titres spécialisés dans le sport en 1910 ( voir presse sportive). 3.3 L'aube d'une conquête Que ce soit en Grande-Bretagne, en Allemagne, aux États-Unis ou encore en France, à la charnière des deux siècles, le monde de la presse est dominé par les quotidiens, mais les périodiques entrent en force dans les habitudes de consommation. Cette tendance se renforce tout au long du XXe siècle, au rythme même de l'augmentation du temps et des moyens dévolus aux loisirs. 4 XXE SIÈCLE : LES PÉRIODIQUES GAGNANTS. L'EXEMPLE FRANÇAIS 4.1 Les périodiques à l'avant-scène De 1920 à 1939, l'univers des médias écrits se modernise, s'étoffe, accentue sa spécialisation et change de visage. Le marché des quotidiens arrive à saturation. C'est la fin de leur âge d'or. De nouvelles pratiques de lecture, toujours plus variées, s'affirment. L'attitude du public, plus instable et exigeant qu'avant-guerre, marque la fin de la confiance inaltérable dans la génération pionnière des grands quotidiens. Ce phénomène -- ajouté à l'élargissement constant du champ de l'information -- éclaire le succès croissant des périodiques à partir des années trente. Un vaste marché s'ouvre alors. Se côtoient, en nombre grandissant, hebdomadaires politico-culturels, magazines d'information ou de divertissement spécialisés. Cette évolution constitue l'amorce « d'une véritable rupture « dans l'univers de la presse (J.-M. Charron, 1999). 4.2 La politique périodique Parallèlement à l'existence de quotidiens engagés, les périodiques constituent un important canal du débat politique. L'univers des titres politisés est foisonnant, constellé de titres, à l'instar de la presse communiste et cégétiste qui distribue de nombreux et solides titres à la fin des années trente : la Russie d'Aujourd'hui, la Vie ouvrière, le Métallo, Femmes, Regards... Le cas particulier de l'hebdomadaire de gauche le Canard enchaîné (qui sans atteindre des sommets, affiche des tirages notables) souligne cette vogue des périodiques engagés, ici par le canal de la satire et de la dénonciation. Autre trait d'époque, l'apparition d'hebdomadaires engagés de droite et de gauche, à l'aura suffisante pour participer au débat politique : à droite, Candide (1924), Gringoire (1938), Je suis partout (1930), la Flèche (1934) constituent le fer de lance médiatique de l'extrême droite ; à gauche, Vendredi (1935), sorte d'organe de réflexion du Front populaire, est côtoyé par Marianne (1932) ou la Lumière (1936). D'autres publications incarnent la mouvance de la démocratie chrétienne, telles la Jeune République (1920) ou la revue Esprit (1932). 4.3 L'affirmation de la presse magazine Les créations de revues littéraires pérennes -- la Nouvelle Revue française (N.R.F., 1909), les Nouvelles Littéraires (1922) -- témoignent pour leur part de l'effervescence intellectuelle et artistique de l'entre-deux-guerres. Mais la grande gagnante de la période est la presse populaire. Inscrite en germe avant-guerre, sa conquête est une caractéristique des années trente. L'éventail des titres ne cesse de s'élargir et certaines publications sont d'incontestables réussites. Outre l'institution de l'Illustration, plusieurs titres photographiques prospèrent : Miroir du monde, Regards, Miroir des sports, la Petite Illustration, Photomonde, Voilà, Vu... L'exemple emblématique est ici celui de Match. Hebdomadaire sportif illustré de moyenne envergure (80 000 exemplaires), il est transformé et modernisé par Jean Prouvost sur le modèle du magazine américain Life. Le résultat est fulgurant : trois mois après son rachat, en octobre 1938, Match tire déjà 450 000 exemplaires et, un an plus tard, à 1,4 million d'exemplaires ! Outre le développement de la presse du coeur (Intimité, Vénus, Allo Paris, Confidences...), des magazines cinématographiques (Ciné-Mag, Cinémonde, Ciné-Miroir...), de la presse enfantine et pour les adolescents (le Magazine de Mickey, Ric et Rac, Hop-là, Benjamin...), des hebdomadaires satiriques (le Merle Blanc, Marius, l'Os à moelle...) ; outre la vigueur de la presse sportive spécialisée, malgré la concurrence des rubriques sportives des quotidiens (Foot-ball, Coup-franc...) et l'énergie des magazines à sensation (Faits divers, Police et Reportage, Drame, Détective...), la presse féminine se développe avec vigueur. Ici encore intervient Jean Prouvost, avec Marie-Claire qui, lancé en 1937, est tiré à 900 000 exemplaires en 1939 ! 5 DEPUIS 1945 : L'EXPANSION En contrepoint de la crise de diffusion des quotidiens, la principale évolution de la seconde partie du XXe siècle est le succès toujours croissant des périodiques. 5.1 Le temps des news magazines Dans les années cinquante, les hebdomadaires d'opinion, dit news magazines, prennent leur envol. C'est à gauche que naissent deux initiatives qui bouleversent la conception de l'hebdo tabloïd d'information et d'opinion. France Observateur (1950), qui devient le Nouvel Observateur en 1964, puis l'Express (1953), illustrent la naissance d'un genre qui fait florès à partir des années 1960-1970. Le lancement du Point en 1972 confirme la marge de progression de cette catégorie de périodiques, de même que, plus récemment, ceux de l'Événement du Jeudi (1984) ou de Marianne (1995), qui soulignent la vigueur actuelle d'un secteur dont les tirages augmentent sans cesse depuis cinquante ans. 5.2 Un monde florissant Couleurs attrayantes, maquettes et typographies modernisées, hyper spécialisation des titres ouvrant sur tous les secteurs de la société, goût pour les lectures divertissantes à l'heure où le temps libre et les loisirs deviennent des valeurs culturelles communes dominantes... : ces clés favorisent, au-delà du seul secteur des news magazines, l'explosion d'un énorme marché périodique. On ne saurait le décrire dans le détail. On peut du reste illustrer sa santé florissante à travers quelques exemples significatifs. Outre l'audience grandissante de la presse musicale, de voyage et d'évasion, informatique et technique, sur la santé, pour les jeunes, etc., la santé de la presse sportive (plus d'une centaine de périodiques en 2000) est florissante tout comme celle de la presse féminine, avec des valeurs sûres comme Elle et un renouvellement profond dans les années quatre-vingt. La presse à sensation ou presse people fait les beaux jours des années cinquante et occupe aujourd'hui encore une place considérable. Ce journalisme d'indiscrétion sur la vie des vedettes du show-business, des cours royales, de la politique et des médias fonde la réussite de Paris-Match, de France Dimanche et de Gala, Voici, Entrevue, Olla, et, dans un autre registre, de Point de vue-Images du monde ou de Jours de France. L'essor de périodiques de télévision, à partir de 1960-1965, est frappante. Après le pionnier Télé-Magazine (1955), Télé 7 jours (1960), Télé-Poche (1965) et Télérama (1960) font entrer la presse TV dans l'air de la surconsommation. En 1998, sur dix-sept titres, sept dépassent le million d'exemplaires hebdomadaires. 5.3 L'« âge d'or « des magazines En 1997, les seuls magazines représentent 47 p. 100 du chiffre d'affaire de la presse française. Ce pourcentage symbolise ce qui pourrait être à terme une passation de pouvoir entre l'information quotidienne et une information périodique largement soutenue, dans son essor, par l'existence de groupes de presse spécialisés dans les périodiques et par la qualité de support que représentent les magazines pour la publicité. L'ascension et la domination des magazines, qui constituent désormais « un secteur économique majeur « (J.-M. Charron, 1999), est donc l'élément le plus spectaculaire de l'histoire récente de la presse. C'est une spécificité française que ces 1 500 titres, qui forment un univers surpeuplé et émietté à la fois, dont on ne trouve jamais qu'un petit échantillon sur les présentoirs, déjà impressionnants, des maisons de la presse. Pour prendre la mesure de cet envol, deux chiffres : 61 p. 100 des Français lisaient régulièrement un magazine en 1967, et plus de 90 p. 100 en 1994 ; les magazines représentaient 49 p. 100 des tirages en 1975, et 57,4 p. 100 en 1997. Cet engouement renvoie à l'évolution de la société : transformation et diversification des pratiques culturelles et de loisirs, augmentation du temps libre. La force des périodiques dépend donc étroitement d'une spécialisation au contenu identificateur (pratiques spécifiques) renvoyant à un idéal de détente et de loisir par la lecture. Conjugué à la méfiance vis-à-vis de l'information, cette évolution marquée explique en partie l'impasse dans laquelle se trouvent les quotidiens -- qui ne sont pas en reste, nonobstant, puisqu'ils proposent de plus en plus souvent des rubriques régulières de type « magazine «, tels les cahiers de suppléments (Libération, le Monde) ou mettent sur le marché des magazines affiliés (le Figaro en particulier). Le secteur des périodiques vit donc un véritable « âge d'or «, cent ans après que les quotidiens ont connu le leur. Et il est loin d'être inconcevable d'envisager cette situation comme une simple étape dans le déploiement entamé il y a une soixantaine d'années -- encore qu'il faille relativiser en parlant peut-être de reconquête, puisque les périodiques sont tout de même les ancêtres de toute la presse. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« Le XIX e siècle marque l’entrée dans l’ère de la politisation, de la diffusion de masse de titres populaires, et l’amorce d’une spécialisation. 3. 1 Dans le monde anglo-saxon Les revues mensuelles et trimestrielles d’opinion comportant des articles d'auteurs éminents et d'hommes politiques apparaissent en Grande-Bretagne au tournant des XVIII e et XIX e siècles.

Deux d'entre elles se rendent célèbres : le titre libéral The Edinburgh Review (1802-1929) et The Blackwood's Edinburgh Magazine (1817), publication écossaise du parti conservateur.

Avec The North American Review (1815-1940), les États-Unis ne sont pas en reste. S’agissant des hebdomadaires et des mensuels populaires, parfois illustrés, vendus pour quelques cents ou quelques pennies, il apparaissent en Angleterre dans les années 1890.

The Mirror (1822-1849), magazine illustré vendu pour deux pennies et The Cornhill Magazine (1860-1939) en sont deux exemples.

Le succès de ce type de support est plus frappant encore aux États-Unis, puisqu'à la fin du siècle, dans un marché en plein développement, on dénombre 600 titres. Une spécialisation des titres apparaît également à la fin du XIX e siècle, en Angleterre surtout.

Ainsi, les illustrations de mode proposées par The Godey's Lady's Book (1830-1898) marquent la naissance d’une presse féminine.

Youth's Companion (1827-1929), puis St.

Nicholas (1873-1940) s’adressent aux enfants.

Des titres religieux aux revues littéraires, en passant par les hebdomadaires familiaux, tel The Saturday Evening Post, les périodiques se multiplient en se spécialisant.

Ce mouvement est renforcé par la multiplication des hebdomadaires illustrés, tel Illustrated London News (1842), dont les couvertures rappellent le succès de l'Illustration en France (1843-1944), de Die Woche (1899-1940) en Allemagne ou de Leslie's Illustrated Newspaper (1855-1922) et de Harper's Weekly (1857-1916) aux États-Unis. Progression des tirages et baisse des prix, croissance des taux d’alphabétisation et diversification du panorama de l'information sont des éléments qui augmentent de façon considérable l’impact et la capacité d’attraction de la presse périodique. 3. 2 En France En France, le XIX e siècle répond aux mêmes caractéristiques.

Les titres se multiplient à partir de la Restauration et reflètent les combats idéologiques, littéraires et esthétiques du moment.

Ainsi, la Minerve française (avatar du Mercure de France ) est le porte-parole des classiques et des libéraux.

Les romantiques s'appuient sur le Conservateur littéraire, la Muse française (1823-1824).

Sur un plan plus politique, les « doctrinaires » (François Guizot, Pierre Paul Royer-Collard), partisans de la monarchie constitutionnelle, fondent le Globe. Les années 1830 voient aussi l'apparition du Correspondant, défenseur de l'Église et de la monarchie, et de la Revue indépendante, titre socialiste et démocrate où écrit George Sand.

Deux grandes revues dominent alors la scène : la Revue des deux mondes (1823) et la Revue de Paris (1829). Témoins de cette effervescence du monde des revues plus ou moins politisées : entre 1875 et 1898, près d'une centaine de titres sont fondés, telles la Revue blanche (dirigée à partir de 1881 par les frères Natanson, elle joue un rôle d'avant-garde dans le domaine littéraire), la Revue bleue (1871-1939), la Revue des belles lettres (1875), la Nouvelle Revue (1879), républicaine, puis barrésienne, ou la Revue rouge (1896). Mais la plupart de ces « revues » s’adressent à un public aisé, éventuellement engagé, en tout cas lettré.

Il faut donc distinguer ces publications de l’apparition d’un univers de périodiques bon marché préfigurant nos magazines et qui reçoivent les suffrages d’une population toujours plus gourmande de lecture.

Cette demande sociale forte (on peut parler de l’amorce d’une conquête des masses) est permise par la transformation des mentalités et du profil culturel de la population : aspiration grandissante à une information précise et diversifiée ; amélioration continue du niveau d’instruction ; ouverture au monde grâce à la révolution des communications et de l’instruction. La diversification des supports de presse passe donc principalement par celle des périodiques populaires.

À la charnière des XIX e et XXe siècles, on relève d’abord, comme dans le monde anglo-saxon, le succès de la presse illustrée.

On note également une spécialisation.

Se développent alors la presse enfantine (Mon journal), agricole (l’Ami des campagnes), les bandes dessinées (l’Intrépide, l’Illustré amusant), et encore une presse féminine, une presse littéraire, des titres spécialisés dans la critique et la recension théâtrale (Cœmedia), qui tirent parfois fierté de tirages substantiels.

Il faut enfin évoquer, à l’ombre des quotidiens sportifs nés entre 1898 et 1902, l'existence de dix-huit titres spécialisés dans le sport en 1910 ( voir presse sportive). 3. 3 L’aube d’une conquête Que ce soit en Grande-Bretagne, en Allemagne, aux États-Unis ou encore en France, à la charnière des deux siècles, le monde de la presse est dominé par les quotidiens, mais les périodiques entrent en force dans les habitudes de consommation. Cette tendance se renforce tout au long du XX e siècle, au rythme même de l’augmentation du temps et des moyens dévolus aux loisirs. 4 XX E SIÈCLE : LES PÉRIODIQUES GAGNANTS.

L’EXEMPLE FRANÇAIS 4. 1 Les périodiques à l’avant-scène De 1920 à 1939, l’univers des médias écrits se modernise, s’étoffe, accentue sa spécialisation et change de visage.

Le marché des quotidiens arrive à saturation.

C’est la fin de leur âge d’or.

De nouvelles pratiques de lecture, toujours plus variées, s’affirment.

L’attitude du public, plus instable et exigeant qu’avant-guerre, marque la fin de la confiance inaltérable dans la génération pionnière des grands quotidiens.

Ce phénomène — ajouté à l’élargissement constant du champ de l’information — éclaire le succès croissant des périodiques à partir des années trente.

Un vaste marché s’ouvre alors.

Se côtoient, en nombre grandissant, hebdomadaires politico-culturels, magazines d’information ou de divertissement spécialisés.

Cette évolution constitue l’amorce « d’une véritable rupture » dans l’univers de la presse (J.-M.

Charron, 1999). 4. 2 La politique périodique Parallèlement à l’existence de quotidiens engagés, les périodiques constituent un important canal du débat politique.

L’univers des titres politisés est foisonnant, constellé de titres, à l’instar de la presse communiste et cégétiste qui distribue de nombreux et solides titres à la fin des années trente : la Russie d’Aujourd’hui, la Vie ouvrière, le Métallo, Femmes, Regards… Le cas particulier de l’hebdomadaire de gauche le Canard enchaîné (qui sans atteindre des sommets, affiche des tirages notables) souligne cette vogue des périodiques engagés, ici par le canal de la satire et de la dénonciation.. »

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